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Entretien avec Mr H., infirmier

Dans le document UNIVERSITE DE PROVENCE Aix-Marseille I (Page 135-139)

Durée : 20mn

Partie non directive

La chambre d’isolement pour le patient psychotique c’est un soin qui peut l’aider le patient à se… à se… à calmer son angoisse de morcellement parfois… Mais il ne faut pas qu’elle dure trop longtemps non plus… et il faut au niveau chimiothérapeutique, il faut quelque chose pour supporter cet enfermement qui parait carcéral…

Normalement, on le voit toutes les 2 heures, mais ça se fait pas forcément, c’est selon le travail qu’on a : on y a va pour le goûter, la cigarette… Normalement en chambre d’isolement tu dois y aller toutes les 2 heures, l’évaluer sur son état d’angoisse, s’il délire…

Q.3 : Qu’avez-vous pu observer chez ces patients en isolement : dans leurs comportements, les manifestations de leurs émotions ?

De l’angoisse… typiquement, tu retrouves les wc bouchés, c’est la peur que quelque chose sorte du trou, qu’il tombe dans le trou…

Mais dans ma pratique professionnelle, il n’y a pas beaucoup de schizophrènes qui vont en chambre d’isolement, il y a beaucoup de psychopathes, de bipolaires en phase maniaque…

Mais, chez les schizophrènes, c’est comme s’ils avaient une faculté à s’adapter.

Quand ils sont trop angoissés, ils viennent te demander de les isoler. Il y a trop de stimuli, comme la télé qui leur parle, besoin d’un moment de sécurité…

Au niveau de l’angoisse, ce qu’on voit beaucoup au niveau des schizophrènes, c’est les wc bouchés : peur de tomber dedans, que quelque chose sorte du trou… Après tu es là pour les rassurer…

Q.4 : Pensez-vous que votre intervention auprès d‘eux en chambre d’isolement ait pu les aider à se sentir mieux ?

Oui je pense que ça peut les rassurer, le fait de verbaliser leur angoisse, leurs hallucinations s’ils en ont. C’est pas évident qu’ils se livrent eux-mêmes…

C’est à l’infirmier d’évaluer s’il y a des barrages, des attitudes d’écoute… ils sont souvent… enfin… notre présence les rassure car ils savent qu’on n’est pas loin…

Q.1 : Quelle(s) attitude(s) avez-vous à l’égard des patients hospitalisés en chambre d’isolement ?

(Silence)

Ça dépend les cas… il y a des patients qui nécessitent la présence de plusieurs hommes, mais pas tellement les schizophrènes…

L’attitude qu’on a ?... une attitude cadrante c’est sûr ! J’emploierai peut être une douce fermeté… ils savent que… surtout garder la distance thérapeutique !... ils savent que je suis pas leur copain, je suis calme mais je peux répondre à leur passage à l’acte. C'est-à-dire les maîtriser. C’est souvent le cas…

Mais surtout, il ne faut pas avoir peur. Ils le sentent, ça peut accentuer leur angoisse…

Q.2 : Que ressentez-vous dans ce moment-là par rapport à ces patients isolés ?

J’ai jamais ressenti de peur avec les schizophrènes… justement avec une attitude rassurante, même s’il est en phase d’agitation, tu arrivera facilement à faire tomber l’agressivité chez eux… et même un schizophrène en plein délire… par exemple, une attitude que j’ai toujours employé : le vouvoiement… les insultes sont fréquentes, mais tu les prends pas pour toi… et savoir user de l’humour quand le patient y est accessible… l’humour est très important…

Partie non directive

Le problème, c’est le culte du renfort d’hommes. Dans certains pavillons, si dans un quart dès qu’il y a des femmes, sans évaluer l’état clinique du patient, ils appellent systématiquement un homme. C’est parfois nécessaire quand il y a clash, quand c’est clastique… c’est nécessaire c’est certain, mais le renfort homme pour un psychopathe par exemple, la présence féminine peut diminuer la tension. S’il voit que tu es costaud, comme cela a pu m’arriver, ils te disent « tu veux te battre ? Viens ! »… c’est pas forcément la présence d’un homme… mais les femmes peuvent faire tomber l’agressivité…. Ils savent qu’on frapper pas une femme…

Les hommes sont toujours mis en avant… l’autre fois, il fallait qu’on soit 6 pour une injection, pour la contention… il y a des situations très chaudes… très chaudes… il faut savoir gérer…

Quand tu rentres dans la chambre d’un patient très agité, très agressif, tu rentres pas n’importe comment ! Tu établis au préalable une stratégie avec des collègues infirmiers. Le premier qui entre s’en prend plein la tête… il y a plusieurs techniques : le matelas en entrant dès qu’on ouvre la porte, comme ça en poussant, le drap mouillé qu’on jette dessus aussi…

Quand tu sais qu’il va y avoir passage à l’acte… (Il m’explique avec ses mains, la position des différents infirmiers et celle du patients, sur la table). Il y en a un qui se met en recul derrière le patient, et trois autres devant. Il y a un seul interlocuteur, un seul qui parle. L’agressivité du patient doit se focaliser sur une personne. C’est généralement quelqu’un d’expérience qui le fait… et quand il y a agressivité, il fait signe et celui qui est derrière le cravate…

Les jeunes DE font un peu n’importe quoi… au lieu de faire tomber l’agressivité… la fait remonter…

Pour finir sur une touche rigolote : un jour un patient schizophrène à qui j’apporte son traitement per os me dit « assis toi là petit gars… ». Il me dit « c’est le pastis… t’as oublié les olives ! »… c’était sympa… mais il faut pas rentrer dans leur délire… puis il m’a dit « oh regarde, une belle carpe qui passe… »…

(Il rit, puis il fait silence, et reprend)

En psychiatrie, il faut rire… c’est tellement… ça te prend… tu prends toute la souffrance des autres… même si tu fais la bulle… entre collègue on en parle… les patients aussi, c’est important de les faire rire…

(Il se lève, prêt à partir)

Et puis ce qui est important c’est de pas montrer que t’as peur, sinon, t’es foutu…

Dans le document UNIVERSITE DE PROVENCE Aix-Marseille I (Page 135-139)