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Ce premier chapitre est une entrée en matière concernant mon objet de recherche. Il vise à montrer, dans un premier temps, pourquoi mon intérêt s’est porté sur celui-ci, en lien avec des raisons personnelles et qui découlent de mon parcours professionnel, mais aussi par rapport aux tensions scientifiques et politiques qu’il suscite et qui en font un sujet percutant et socialement vif. Puis, dans un second temps, des élements de cadrage historique et sociologique, attenant à la notion de race, à l’idéologie coloniale et lusotropicale du sujet sont apportés, ainsi qu’une mise en perspective d’études sociologiques et antropologiques qui ont jalonnées la construction de la nation.

I.1. Un objet de recherche alliant passé et présent

I.1.1. Une question socialement vive voire tabou

S’intéresser à la colonialité, ce n’est pas appréhender le colonialisme, notamment en tant que situation de soumission de certains peuples colonisés, au travers d’un appareil administratif, politique, militaire et idéologique métropolitain. Il s’agit plutôt de comprendre un phénomène historique, un processus réellement plus complexe que le colonialisme. C’est un type de pouvoir matérialisé par « des relations coloniales qui ne se sont pas limitées aux dominations économiques, politiques et/ou juridico-administratives du centre sur la périphérie. Elles ont également impliqué une importante dimension épistémique et culturelle. » (Hurtado, 2009). La perpétuation de ce régime de pouvoir qui pénètre le politique, l’institution, les connaissances, le savoir mais donc aussi les rapports sociaux et raciaux entre individus, peut paraitre difficilement repérable au Brésil. En effet, l’imbrication construite d’une tradition historique et sociale fondée sur le mythe d’une démocratie raciale unique et la réalité d’un profond métissage généralisé combiné à un rapport au passé ambigu, pourrait viser à rendre ce processus invisible voire inexistant bien qu’opérationnel.

L’évocation de cet objet intimement combiné à l’histoire coloniale, à l’esclavage et à la notion de race comme entité structurante de ces rapports met parfois des interlocuteurs mal à l’aise, silencieux, voire incrédules ou dubitatifs. Le sujet est sensible car ce concept de colonialité du pouvoir, du savoir et de l’être demande à être étudié par ce qu’Henri Lefebvre préconise, c’est à dire « son trajet dans la pratique, dans le vécu » (Deulceux & Hess, 2009, pp. 24-25).

Le fait colonial et ses conséquences est une question que nous pouvons qualifier de question « socialement vive » car ils sont liés à une volonté de répondre aux enjeux mémoriaux

du présent (Falaize, 2010, p. 30). Leur compréhension et la diffusion de leur enseignement sont en quelque sorte imbriquées dans des désirs qui s'opposent : il a toujours été lié à une volonté de la part des ex-puissances colonisatrices de montrer les bienfaits, les aspects « positifs » de cette oeuvre qui se voulait émancipatrice (à l'exemple notamment en France de la promulgation de la Loi controversée de 2005 qui visait la reconnaissance du rôle positif de la France lors de la colonisation en Afrique du Nord) , mais il est lié évidemment à d'autres aspects « négatifs », à l'exemple, entre autre, de la soumission et de l'exploitation des colonisés et concernant la colonisation portugaise, à l'esclavage qui prit sous leur domination une dimension exceptionnelle.

C'est une question qui suscite des débats controversés, et des relents de souvenirs et d'affects qui rendent cet enseignement délicat et complexe. L’l'histoire coloniale est l'histoire du passé mais aussi l'histoire immédiate car elle se caractérise par une affectivité encore présente aujourd'hui. Dans le domaine colonial, l'histoire est vraiment inséparable d'une mémoire encore en partie au moins vivante et non reconstruite a posteriori (Coquery-Vidrovitch, 2006).

Aujourd'hui, la vision de ce fait a quelque peu évoluée, « le rapport colonial n'est pas le bon rapport entre les peuples, parce qu'il postule l'idée d'une inégalité de civilisation et donc la légitimité d'une mise sous tutelle, à quoi nous, contemporains, ne pouvons plus souscrire » (Ernst, 2006, p. 114). Néanmoins, l’imaginaire est encore nourri de cette conception et il est primordial de s’interroger sur une possibilité ou non de dépasser les tabous de l'imaginaire colonial (Blanchard, Lemaire, & Bancel, 2008).

I.1.2. Un sujet en lien avec mon parcours professionnel et personnel

« La trace ne figure pas une sente inachevée où on trébuche sans recours, ni une allée fermée sur elle-même, qui borde un territoire. La trace va dans la terre, qui plus jamais ne sera territoire. La trace, c’est manière opaque d’apprendre la branche et le vent : être soi, dérivé à l’autre. C’est le sable en vrai désordre de l’utopie. La pensée de la trace permet d’aller au loin des étranglements de système. Elle fêle l’absolu du temps. Elle ouvre sur ces temps diffractés que les humanités d’aujourd’hui multiplient entre elles, par conflits et merveilles. Elle est l’errance violente de la pensée qu’on partage. » (Glissant, 1997, pp. 18-20).

Cette pensée de la trace que l’écrivain et poète martiniquais Edouard Glissant nous propose dans ses œuvres, détient un pouvoir philosophique, épistémologique et identitaire puissant et qui fait sens pour moi. La trace, ce n’est pas simplement un marqueur plus ou

moins visible laissé par quelqu’un ou que l’on laisse soi-même intentionnellement ou pas. Elle ne nous appartient plus dès lors qu’elle est présente. C’est un dépassement de ce qu’elle représente, une sorte d’appartenance-dépossession chargée de possibles exploitables. Elle fige le temps, qui, par son existence cesse alors sa course infernale et infinie. Elle renseigne alors sur une époque donnée, un moment précis, sur une personne, qui, grâce à elle, va être identifiée. Elle est donc fortement ancrée dans un temps présent qui se déroule dans le passé d’un individu, d’un groupe, du monde. Mais pour le, la ou les découvreurs de traces, elle est perçue dans son potentiel informatif et explicatif du temps présent et de l’avenir. Dans ce qu’elle peut induire de mieux, c’est-à-dire un souvenir heureux, marquant, un fait illustre car partagé ou intime, mais aussi de pire, un traumatisme dévoilé ou ravivé, une action destructrice, des plaies difficiles à panser…

Pourquoi évoquer cette notion de trace ? Car elle est intimement liée à la temporalité et donc à l’Histoire. J’ai toujours été fasciné par l’Histoire. Non pas une fascination qui s’est exercée comme une domination ou une immobilisation stérile qui coupe du monde, mais bien une attirance jouissive car elle permet d’imaginer et de penser. Elle est venue à moi comme objet de pensée et de réflexion car elle autorise à se voir en tant qu’individu appartenant à une vaste communauté de vivants, de morts et parfois de ressuscités ; à s’ancrer dans une évolution marquée par des civilisations si différentes et en même temps si proches. Elle m’est apparue également sous cette interrogation : que nous apprend le passé ? Quel est le lien entre l’époque d’hier et celle d’aujourd’hui ? Le fil conducteur qui relie le temps, les espaces, c’est l’humain. Et en accord avec Edouard Glissant, la politique à adopter est celle « d’une poétique du monde » passant par la notion de relation. C’est ce qui est commun à l’Histoire et plus particulièrement aux histoires : « il n’y a pas connaissance du monde tant qu’il y a pas connaissance d’une relation, c’est la quantité réalisée de tous les particuliers du monde, il ne faut pas qu’il en manque un seul » (Glissant, 2004). L’écrivain souligne ici un point important. Pour chercher ce lien, l’Histoire est transformée en entité autonome par un contenu théorique et en discipline qui va être enseignée. D’après Michel de Certeau, « Envisager l’histoire comme une opération, ce sera tenter, sur un mode nécessairement limité, de la comprendre comme le rapport entre une place (un recrutement, un milieu, un métier…) et des procédures d’analyses (une discipline) » (De Certeau, 1975, p. 64). Cette opération historiographique, si l’on veut qu’elle soit exemplaire, se doit de « faire savoir, faire comprendre, faire sentir », c’est-à-dire reconstruire le passé par « sa dimension visible » mais aussi sa « dimension vécue » (Krzysztof, 1999, p. 62). En cela, la notion de mémoire est pour moi intéressante à questionner et peut permettre la construction d’une histoire autre, qui ne prendrait pas la forme d’un récit à vocation universalisante et focalisé, à l’image de ce que l’on nomme en France le roman national, c’est-à-dire une narration des grands faits établis par des Grands Hommes dont

l’objectif est clairement à visée patriotique. Un réinvestissement de cette notion, par exemple en la travaillant comme un objet d’étude, peut, à mon sens, prendre un rôle de médiation, de passeur entre le passé, le présent et l’avenir. Ma vision de l’Histoire est une donc aussi une vision dynamique et tournée vers le futur, vers la compréhension d’une quête de sens et vers la création de possibles comme l’affirme si bien Paul Ricoeur ou encore Michel de Certeau qui indique que l’histoire ouvre au présent un espace propre : « marquer un passé, c’est faire une place au mort, mais aussi redistribuer l’espace des possibles » (De Certeau, 1975, p 118). Ce goût revendiqué pour l’histoire, la mémoire, les traces du passé est lié également et je dirais même avant tout, à mon histoire personnelle. Comme de nombreux autres individus, je me place moi aussi dans une lignée familiale et sociale qui, depuis vos premiers pas vous façonne, vous oriente avec plus ou moins de ténacité suivant les individus. Dans mon cas, sans en avoir véritablement conscience pendant assez longtemps, cette attirance pour le passé pourrait peut-être s’expliquer par un lien fort mais invisible avec celui-ci, un lien organique, biologique absent physiquement mais très présent dans mon corps et mon âme car fondateur de mon être-étant. La certitude d’appartenir au passé, bien qu’étant bien réelle au présent. Avec cette sensation à peine palpable, ou je dirais plutôt voilée d’un manque, d’une absence presque normalisée car faisant partie de moi intégralement.

Puis, un jour, vient la confrontation avec le monde réel, codifié socialement et familialement. Je dois répondre à la question scolaire : « Prénom et profession du père ? » La non-présence physique de la figure paternelle m’a placée dans une position ambigüe. Qu’allais-je répondre ? Rien ? Ce n’était pas possible, mon père n’est pas rien. Faire un trait comme pour barrer la question et couper court à cette interrogation pénible et intrusive ? Ce n’était pas possible. Ce serait un signe à la fois trop faible, trop insignifiant mais également trop percutant et douloureux dans la litéracie, selon l’expression de Jack Goody, qu’inconsciemment je voudrais rassembler et écrire plus tard, bien plus tard…

Cette anecdote dans mon parcours de vie se pose néanmoins, avec d’autres choses dans le déroulé de ma vie, comme un jalon qui, petit à petit, m’a amené à me questionner sur le passé, le sens de l’existence et sur ces liens justement entre passé, présent et futur.

Cette idée de travail de l’histoire que je viens d’évoquer, va de pair avec un travail sur mon histoire. On retrouve ici l’entrelacement de l’Histoire collective commune à tous et de l’histoire individuelle et personnelle indissociable de la Grande Histoire, tout comme cette dernière ne peut exister sans les histoires des peuples, des groupes, des individus quels qu’ils soient.

De mon point de vue, il est nécessaire de souligner que ce travail de l’histoire passe nécessairement par un travail de mémoire. Celui-ci se traduirait par « la nécessaire

confrontation à l’autre, et par la négociation de sa place, en particulier dans les récits du passé qui structurent les identités individuelles ou collectives » (Crivello, 2010, p. 15). En Amérique latine, ce travail n’échappe pas à cette étape de reconstruction et d’appropriation historique et identitaire et semble même prendre une dimension particulière. L'acte mémoriel en Amérique latine pénètre le présent dans sa dimension politique et « la mémoire s'admet plurielle et ambivalente et entraîne un travail de mémoire qui n'est pas de l'ordre d'une éthique de la transcendance mais qui est au cœur des conflits d'appartenance sociale » (Mendez, 1999, p. 207). Nous voyons bien, au travers de ces citations, que cette notion de relation est primordiale et traverse les deux histoires. En effet, l’individu lui-même a besoin de travailler son histoire. Le sujet a besoin de développer son historicité : c’est-à-dire de « travailler » son histoire, pour en produire une à son tour. L’historicité rend compte de la capacité d’un sujet de s’appuyer sur son héritage, d’en assumer le poids, l’actif comme le passif, pour créer à son tour une histoire, dans un double mouvement de singularisation et de transmission. C’est une des hypothèses de travail développé par le socio-clinicien Vincent de Gauléjac qui souligne, entre autres, que « l'individu est multidéterminé, socialement, inconsciemment, biologiquement, et ces déterminations multiples le confronte à des contradictions, contradictions qui l'obligent à faire des choix, à inventer des médiations, à trouver des "réponses", des issues, des échappatoires (…) (Gauléjac & de Gauléjac, 2007, p. 27). Cette quête de sens historique, mémoriel et identitaire n’est pas un chemin tout tracé et sans embuches. Le sujet peut développer, souvent à son insu, tout un tas de mécanismes de défense pouvant passer par le rejet, le déni, l’éloignement de ce passé car il peut se faire sentir comme trop douloureux, trop flou et imprécis mais également à la fois trop proche et trop étranger. Ceci nous rapproche du conflit entre « identité héritée » et « identité acquise » qu’a théorisé Vincent de Gauléjac. Il s’agit de pointer ici, un problème de temporalité. Comment se rattache-ton à son passé ? De quelle manière il nous traverse ? Et plus généralement, comment les institutions politiques, éducatives et sociales d’un pays sont-elles traversées par le passé mais surtout l’histoire-mémoire de celui-ci ?

Ces questionnements sont d’ordre personnel au départ. Ils représentent un intérêt qui se laisse entrevoir au travers des bribes que je viens d’énoncer sur mon parcours de vie. Pourtant, et ce, jusqu’à assez tard dans mon processus de recherche, je vais analyser le choix de mon sujet de recherche comme un choix émanant essentiellement de mon parcours scolaire et professionnel. J’ai ainsi effectué une Licence d’Histoire et j’ai décidé de passer une année d’Erasmus à Lisbonne pour achever mon cursus, dans l’objectif de parfaire à la fois mes connaissances historiques sur l’Histoire du Portugal et de ses colonies, entre beaucoup d’autres centres d’intérêts, mais également de me perfectionner dans la langue portugaise apprise au lycée. Il m’a donc semblé logique et pertinent de choisir l’espace et le territoire

brésilien comme aire d’analyse. De plus, le fait de choisir délibérément un thème qui devrait encore se construire bien sûr, mais que j’affectionnais et tout en étant étranger à mon histoire personnelle de vie, me donnait l’illusion de débutante que j’allais ainsi pouvoir rester neutre et objective pour traiter le sujet de manière scientifique, comme les règles élémentaires de la recherche en Sciences de l’Education l’exigeait, tout comme le travail de l’historien le requière, travail que j’avais aussi pratiqué donc en apprenti-historienne que j’ai été pendant trois ans. Le cloisonnement entre « vie professionnelle » d’un côté, et « vie intime » de l’autre me rassurait, pensais-je. En fait, cette séparation choisie et théoriquement mise en place n’était qu’un leurre à ma propre conscience. En réalité, j’ai conscientisé au fil de ma recherche et principalement lors de l’analyse de mes données ainsi qu’au début de la rédaction de la thèse, que mes choix théoriques, méthodologiques, idéologiques, et même mes choix formels de ce travail d’écriture, n’étaient pas le fruit du hasard, mais étaient, bel et bien, intimement liés à mon histoire et à ce que je suis aujourd’hui, à cet instant « t ». La quête de mes origines du côté paternel, et plus particulièrement l’histoire et le vécu de ma famille paternelle en tant que telle symbolise un morceau de l’histoire de l’immigration des portugais en France dans les années 60, a orienté, inconsciemment au départ, ces différents choix. Et notamment celui, en réalité très intime, d’apprendre la langue portugaise qui m’était jusqu’alors complètement inconnue, tout comme la proximité avec mes racines lusophones. Je reprends volontiers à mon compte cette phrase de Vincent de Gauléjac qui écrit lui-même lorsqu’il « s’autorise à penser », qu’« en écrivant ces lignes, je me rends compte qu'il y a une récursivité entre l'histoire de vie et les choix théoriques, que les influences s'effectuent dans les deux sens. » (De Gauléjac, 2007, p 36). Mes problématiques sont clairement déterminées par mon histoire personnelle, familiale et sociale ainsi que mon parcours de vie qui peut symboliser cette identité acquise toujours en mouvement et en progression, mais qui plus est, mes positionnements théoriques, méthodologiques et idéologiques ont également une influence sur le déroulement de mon chemin de vie.

Cette relation de réciprocité entraine une prise en considération épistémologique comprenant l’idée clé des effets instituants qui modifient, transforment l’institué. Le processus d’institutionnalisation ne doit pas être compris comme instaurant une relation hiérarchique, où une partie serait ou deviendrait par le processus même supérieure à une autre partie, mais plutôt, comme deux instances égales, car déterminantes et structurantes pour le sujet-chercheur, qui influent les unes sur les autres par l’intermédiaire de ce sujet-chercheur qui lui, est traversé de toute part mais à des moments différés. Ces influences s’effectuant lors de temporalités qui peuvent varier suivant l’évolution du parcours de vie et la maturation des problématiques scientifiques. René Lourau, qui avait choisi la dialectique pour déchiffrer le monde, a travaillé cette triadicité, institué, instituant, institutionnalisation. D’après Patrick

Bellegarde, ces trois moments de la dialectique « sont si pratiques pour redonner aux mouvements du temps et aux luttes leur épaisseur si on veut respecter le rapport entre l’objet réel et l’objet de connaissance » (Bellegarde, 2002, p. 56). Dans son livre Implication, Transduction, Lourau ajoute à sa définition de l’implication, « la relation de l’homme à sa vie ». On voit ici sa préoccupation pour cette idée-notion-concept d’implication, qui donne à voir et à comprendre les « rapports à » « que l’intellectuel refuse, consciemment ou non, d’analyser dans sa pratique, qu’il s’agisse des rapports à ses objets d’étude, à l’institution culturelle, à son entourage familial ou autre, à l’argent, au pouvoir, à la libido et en général à la société dont il fait partie. Alors que l’intellectuel se croit très capable d’analyser et d’objectiver ce qui arrive aux autres, y compris, parfois, à des catégories d’intellectuels dont il s’exclut d’office » (Lapassade & Lourau, 1971, p. 200).

I.1.3. Un objet de recherche qui montre des tensions et un intérêt scientifique, politique et éducatif au sein de nos sociétés contemporaines

L’histoire coloniale, de l’esclavage et du métissage au Brésil sont des thématiques qui ont été largement traitées au cours de l’histoire sous plusieurs angles d’analyses et selon des perspectives théoriques s’inscrivant dans diverses disciplines. J’en reprends d’ailleurs un certain nombre dans ce travail que j’ai pensé en lien avec des perspectives qui ont guidé ma réflexion tout au long de ces années. Parmi elles s’est dessinée la volonté de comprendre, dans la lignée de l’histoire du temps présent, comment se structure la société brésilienne contemporaine post-coloniale en lien avec cet imaginaire colonial et la complexité de ce métissage valorisé et glorifié dans les années 1930 et qui reste encore aujourd’hui un trait social marquant et un marqueur de la « brésilianité » contemporaine. Parler de colonialité du pouvoir, c’est parler de la race comme notion régulatrice des relations sociales marquées par