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UNE

HOLLANDE

EN

MINIATURE

D ans la vallée q u i s’a r r o n d i t en c o r ­ beille à peine fra n c h i le défilé de S aint-M aurice, le p r in te m p s est pas­ sé m a îtr e dans l’a r t du feu d ’artifice. Ses soleils, ses gerbes, ses épis, ses chandelles n ’é claten t pas d ’u n seul coup, p o u r u n u n iq u e e n c h a n te ­ m e n t, mais, téléguidés p a r les c o u ­ rants, f o n t d u r e r Ja féerie. A peine les prem ières fusées d ’o r des fo rs y ­ thias se sont-elles éteintes sur les terrasses au-dessus de M o n th e y , que les cerisiers et les p ru n ie rs d u J a p o n p r é p a r e n t leurs fo n tain es de pétales roses. C h o ë x et O u tre -V iè z e m e t ­ t e n t la d e rn iè re m a in à leu r im m a ­ térielle p a ru re de m ariage, tandis q ue dans la te rre plus fro id e de la plaine c’est l’e m b ra se m e n t m u ltic o ­ lore de milliers de jonquilles et de tulipes p o u r le plus so m p tu e u x b o u ­ q u e t final.

Q uelle surprise, quel d ép ay se m e n t p o u r l’au to m o b iliste d e passage a y a n t e m p r u n té la r o u te q u i relie Saint-M aurice à M o n th e y et qui d é c o u v re soudain, peu après Mas- songex, u n e H o lla n d e en m in ia tu r e !

S o u v en t, d e v a n t cette in c o m p a ra b le vision, son rav issem en t est tel q u ’il ne résiste pas au désir d ’aller c o n ­ te m p le r de plus près la p la n ta tio n et d ’ac h e te r sur place les fleurs de soie et de lum ière.

P a r quel étra n g e h a sard cette c u l­ t u r e insolite s’est-elle im p la n té e d a n s ce p e t i t coin d u Bas-Valais ? C o m ­ m e n t a -t-o n réussi à a c c lim ater des fleurs qui ré c la m e n t des co n d itio n s assez particulières ? A ces questions, M m e N o élie R u p p e n , la responsable actuelle, ré p o n d v o lo n tie rs et re ­ trace l’h isto ire de c e tte a v e n tu re te n té e il y a e n v iro n v in g t-c in q ans p a r les p a re n ts R u p p e n et qui, dans sa belle réalité, est d e v e n u e le ty p e m êm e de l’e x p lo ita tio n familiale.

— Des essais a v aien t déjà été faits dans la plaine p a r des spécialistes. Ici le te rra in se p r ê ta it t o u t à fait à ce genre de c u ltu re ; la te r r e y est fro id e et lo u rd e, e x a c te m e n t ce q u ’il f a u t à la tu lip e q u i s u p p o rte m al les arrosages et, p ar-là m êm e, ne se p la ît guère en sol plus c h a u d et sec. T o u t le reste n ’a été q u ’u ne lo n g u e

suite d ’expériences, avec ce que cela c o m p o r te de travail, de ténacité, de persévérance.

— D e quelle im p o r ta n c e est v o tr e p la n ta tio n ?

— C in q mille m è tre s carrés p o u r les jonquilles, a u t a n t p o u r les tu li­ pes. A fin d ’é c h e lo n n e r la p r o d u c ­ tio n , n o u s a v o n s mis u n e p a rtie du te r r a in à l’o m b r e de la m o n ta g n e , alors q u e l’a u tre est exposée au soleil de la plaine. Le n o m b r e de fleurs récoltées n ’est pas en r a p p o r t d ire c t avec la surface p lantée, car e n v iro n le tiers des fleurs ( tr o p petites) est sacrifié p o u r p r é p a r e r le d év e lo p ­ p e m e n t idéal de l’o ignon. La m ala­ die, et s u r t o u t les ro n g eu rs, causent aussi de sérieux dom m ages. Il est d o n c difficile de d o n n e r des p ré c i­ sions. D isons que n ous cueillons a p p r o x im a tiv e m e n t c e n t mille tu li­ pes et v in g t mille jonquilles.

D an s le d o m a in e de l’agriculture, c o m m e d ’ailleurs dans d ’autres sec­ teurs, rien n ’est jamais acquis ni d éfin itif ; la c u ltu re de la tulipe n ’éch appe pas à ce tte loi.

— V oyez-vous, t o u t p e u t être re ­ mis en qu estio n d ’u n e année à l’au­ tre ! L’a u to m n e d ern ier, au m o m e n t de c o n sacrer u n i m p o r t a n t investis­ sem en t à l’ach a t de n o u v e a u x oi­ gnons, le p ro b lè m e s’est posé de c o n tin u e r o u d ’o p te r p o u r u n e a u tre culture.

— Q u ’est-ce q u i a fin a le m e n t d é ­ te rm in é v o tr e choix.

— U n iq u e m e n t la g a ran tie de l’achat de la récolte p a r l’Associa­ tio n suisse des invalides qui est n o tr e p rin cip al client. Sans cette assurance d ’écoulem ent, nous ne p o u rrio n s plus p r e n d r e de tels risques ; la t u ­

lipe est u n e fle u r e x tr ê m e m e n t déli­ cate, d o n t le te m p s de cueillette est rig o u re u s e m e n t m in u té . A peine une to u c h e de c o u le u r a-t-elle te in té le calice ferm é q u ’il f a u t m e t t r e en b ra n le la cueillette p o u r le len d e­ m ain. Passé d e u x jours, c ’est déjà t r o p o u v e r t p o u r l’ex pédition.

— Si vous deviez cesser c e tte ex­ p lo ita tio n , n ’au riez-v o u s pas q u el­ ques reg rets ?

— S e n tim e n ta le m e n t, p eu t-être... car to u te la fam ille p a rtic ip e à l ’a­ v e n tu r e ; de plus, certaines de nos cueilleuses v ie n n e n t chez nous depuis plus de v in g t ans ! Mais à p a r t ça !...

C o m m e re n tab ilité, a u ta n t la p o m ­ m e de te r r e ! Il y a m o in s de tra v a il et s u r t o u t m o in s de risques !

E t voilà !... P e u t- ê tr e u n jo u r ne v e r r a - t- o n plus dans le v e r t des prés de M assongex le c h a m p de tulipes m u ltico lo res, pareil à u n c h a to y a n t tapis d ’O r i e n t ; mais a u jo u r d ’hui, la d o u c e u r d ’avril est c o m m e une prom esse. C o m m e n t ne pas incliner à l’o p tim ism e q u a n d , au c œ u r des calices satinés, les abeilles b o iv e n t la liq u e u r de soleil et q u e p a r milliers les c lo ch ettes d ’o r des jonquilles c a rillo n n e n t le p r i n t e m p s !

Lettre à mon ami Fabien, Valaisan émigré Mon cher,

« Fête comme chez vous » cela signifie, dans certaines bourgades de ce pays, faites beaucoup de bruit.

C ’est que le « dynamisme » valaisan a parfois besoin de s’exprim er avec des moyens explosifs de la même famille verbale, quitte à voir p a r la suite passer à « l’ombre » leurs utilisateurs !

Enfin, tu vois de quoi je veux parler puisque toutes les agences, y compris celle qui est télégraphique et suisse, par-dessus le marché, en ont fait leurs gorges chaudes.

Mais le responsable étant une des treize étoiles de cette revue, je ne vais pas insister outre mesure.

Sache simplement, p o u r changer de sujet, que Saillon est le seul bourg médiéval d a ta n t du X I I e siècle et que d ’aucuns rêvent d ’en faire un « Saint- Pascal-de-Vence » en atte n d a n t que l’on transforme ce canton to u t entier en parc national de la Suisse.

A ce propos, on se b a t ferme chez nous, parce que le souci de protéger « l’environnement », m ot affreux et récent, est devenu la religion de cette fin de siècle, rem plaçant celle qui nous ava it amené à croire aux œufs de Pâques et à l ’envol des cloches à Rome, formules plus imagées, il fau t en convenir, que la « transubstanciation ».

Donc, en bref, on se soucie du paysage qu ’il s’agit de ne point abîmer. La solution la plus rigide serait bien entendu de ne plus construire ni routes, ni maisons, ni rien du tout. N ous aurions ainsi un parc naturel assuré. E t des Weber et autres idéalistes pourraient venir se prom ener dans nos lieux solitaires en toute quiétude.

L ’autre solution, la plus libérale, serait bien entendu de continuer à vendre nos alpages à des « groupes financiers » d ont on ne connaît généralement ni le nom ni la source d ’enrichissement, ce qui les rend plus prestigieux aux yeux de ceux qui espèrent devenir leurs partenaires en affaires. E t ce pays n’en manque pas.

Et il y a l ’entre-deux, qui consiste à tenter quelque chose, ci ou là. Ainsi, le peuple s’aperçoit que les paysans de m ontagne ça ne servait pas seulement à dem ander des subsides, mais aussi à « conserver la nature ».

E t alors, s’écriait l ’autre jour un homme politique, notre objectif est m aintenant de « conserver ces conservateurs » : tout un programme.

Il y a u ra it bien entendu, encore d ’autres formules : celle, p a r exemple, d’arriver à persuader les gens de ce pays que la spéculation est un péché. Mais au fait, ceux qui s’y adonnent s’en confessent-ils aujourd’hui ?

... En attendant, nos Valaisans se livrent à d ’autres jeux. Ainsi, qui, dans quelques années, n ’aura pas fait sa fusion de communes ? M artigny, Sion, Viège et Brigue, ont réussi, Sierre est en route et d ’aucuns se sont demandé s’il s’agissait dans tous les cas de « mariages d’am our ».

A quoi je répondrai que c’est là une question d ’appréciation, car l’am our est une notion relative : il est fait pour un dixième d ’élan spontané et pour les neuf autres de spasmes laborieusement préparés.

C ependant, si l’homme a besoin d ’amour, il a aussi besoin de h a ïr quelqu’un ou quelque chose, afin d ’avoir de temps en temps un déversoir pour sa bile. Et comme certains n ’ont pas toujours des Italiens sous da main, p o u r s’exciter l’esprit, ils s’en prennent à leurs voisins immédiats préte x ta n t des barrières communales pour se trouver réciproquement de détestables étrangers. Les fusions supprim ent cela et c’est un folklore qui disparaît.

A p a r t cela, le « cycle » d ’orientation d ont je te parlais est en bonne voie. En discutant, nos élus en vinrent inévitablement à parler de l’opportunité du latin grâce auquel on a pu diviser p endant des siècles le monde en deux : les gens bien qui le savaient et les béotiens qui l’ignoraient.

A ujourd’hui, on commence dans beaucoup de milieux à être moins sui­ de ce schéma et un m agistrat eut même l'audace d ’affirmer que l’on pouvait peut-être sauver la civilisation occidentale sans savoir décliner « rosa, rosae, rosan, rosa ». C ’est bien probable, en définitive. Mais à toi de juger.

Comme j’ai appris le latin et même le grec ancien, je préfère terminer ma vie en me sentant un être supérieur. Ç a fait tellement chaud au cœur !

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 p a r R a p h y R a p p a z 27 H o n r iz o n ta le m e n t

1. Col, pointe, glacier, combe et forêt du val Ferret. 2. En ce lieu du centre du Valais, on peut s’y baigner ou s’y cloîtrer. 3. U n des villages les plus pittoresques du Valais central. - D ans vlan. 4. E n voie de disparition dans les vallées latérales du V a ­ lais - A la fin ou au début de tous les jours de la semaine. - Il m anque l’ultime p o u r faire de l ’eau. 5. P honétiquem ent : baie des Alpes valaisannes. - C onsentem ent h a u t-v a - laisan. - Village dans le H au t-V alais. 6. Il était autrefois a b o n d an t le long du R h ô ­ ne en Valais. - Bien q u ’elle a it p ratiq u em en t disparu, son nom est demeuré dans toute la plaine d u Valais. 7. D iphtongue. - Vu. - De celui de Gamsen, il ne reste que des ruines. 8. D ans une chanson de F ernand R a y n a u d où il est question d ’éponge. - Fer­ me sans fin. 9. N o m français d ’Eischoll. - D e droite à gauche : oiseau qui s’élève faci­ lem ent en cage. 10. Niées. 11. H a m e a u du vieux Chablais.

Verticalem ent

1. P o in t de vue valaisan. 2. Evêque de Sion 1271-1273 (nom de famille). 3. D e bas en h au t : genre de culture physique devenu fo r t à la mode. - N o m à rebours d ’une d y ­ nastie suédoise d o n t le fo n d a te u r se pré­ nom m a G uatave. 4. P rénom féminin. - Il y en a plus d ’un dans les montagnes v a la i­ sannes. 5. Epoque. - O n en m et dans la fondue. - T itre anglais sans fin. 6. Cercle. - H a m ea u hérensard. - Participe à rebours. 7. Œ u v r e célèbre d ’un grand poète latin. - E ndroit. 8. D ette à rebours. - Localité h aut- valaisanne. 9. C et alpage de la vallée de Bagnes est connu p o u r ses bouquetins. 10. H a m ea u dans le centre du Valais, col dans le Bas-Valais (deux mots).

B

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