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L’enseignement ha tien était et est reposé sur des conceptions linguisti ues discutables, contestables et contestées qui ne cesse de générer la crainte, l’insécurité, le

traumatisme, l’avenir incertain au plan académi ue, socioprofessionnel, entrepreneurial.

Cet enseignement empêche tout effort personnel déplo é par l’apprenant pour la prati u e

orale de peur u ’on ne commette des erreurs » ou des « fautes » et que le créole

emp c he aux apprenants d’apprendre le fran ais selon les dires de nos témoins. Ainsi

comme le souligne Sauvage, J. et Demougin, F., (2012 : 119), « un autre axe

sociodidactique concerne la formation initiale et continue des enseignants. Nous

considérons ue l’enseignant du primaire (fondamental) est avant tout un professeur de

langue et à ce titre, une partie de la formation doit consister à modifier les représentations

du plurilinguisme, du fran ais, de l’enseignement-apprentissage du français en contexte

(plurilingue), et de l’oral. Avant de construire des compétences métalinguisti ues et

didactiques en français, il est parfois nécessaire de réconcilier certains enseignants avec la

langue française. Les élèves-maîtres selon la détermination locale sont en effet

eux-mêmes pour une part, en insécurité (pragma)-linguistique et survalorisent le « vrai

français ». Ainsi, les enseignants ont tendance à viser comme seul objectif ou objectif

prioritaire, l’enseignement du fran ais normé, et à participer ainsi – de façon

non-consciente bien sûr – à la dévalorisation des pratiques langagières des élèves et à leur

insécurité (pragma)-linguistique

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». Face à cette représentation de pratiques, « rien

n’incite à penser u’un ue lcon ue vernaculaire non standard puisse être en soi un

o st acle à l’apprentissage. Le pro lè me de fond, c’est l’ignorance de part et d’autre de ce

u’e st le langage. Notre tâche, à nous, (Socio)-Linguistes, c’est (d’agir sur cette

représentation et d’apporter un éclairage) à cette ignorance

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et d’améliorer les

103 La glottophobie est comprise comme une pratique « linguicidaire » pour montrer à partir des actes répréhensibles la tendance périlleuse et le désaccord frontal repérés dans la représentation sociale des interactants des deux langues (créole et français) : un acte créolophobe et francophobe.

104 L’institution scolaire dans le monde francophone –souligne Francard, M., (1997 : 170-176) accroîtrait l’insécurité linguisti ue en développant à la fois la perception des variétés linguisti ues régionales et leur dépréciation au profit d’un modèle m thi ue et inaccessi le ( le bon » français souvent assimilé au français de Paris ».

105 Labov, W., (1993 :326), Le sens commun, Le parler ordinaire, La langue dans les ghettos noirs des Etats-Unis, Les Editions de minuit.

pratiques sociales ordinaires à partir des « pratiques transposables selon les « théories du

contexte ». Ainsi une langue ui ne participe pas à la construction de l’environnement

immédiat de l’apprenant peut tre considérée comme étant une langue étrangère. Ce qui

est pire, selon les données du corpus, la langue première de l’apprenant est interdite non

seulement dans la classe, mais aussi dans la cour de la récréation. Interdire aux

apprenants de parler en créole où le fran ais oral n’est pas enseigné est un acte périlleux,

créolophobe, francophobe, « linguicidaire » et suicidaire. Ceci est souligné noir sur blanc

sur les panneaux d’affichage où l’on informe ha it uellement les apprenants sur les

activités de l’école. De plus, le créole est interdit m me dans les cours de créole où l’on

répète massivement en entrant dans la classe : le créole est interdit ! Or selon un principe

sociologique : « toute interdiction est une invitation à la chose défendue ». Implicitement,

on invite l’apprenant à l’effet inverse parce u’il ne connaît d’autres langues ue le créole

comme force émancipatoire. L’enseignant de créole se trouve lui aussi dans ses petits

souliers de quatre ans, non seulement il doit tout le temps expliquer aux apprenants qui

mettent son enseignement en ue stion, mais aussi il doit lutter afin d’aider les

responsables et les autres enseignants à bien comprendre la portée de la question du

créole et du français. Cela permet d’entrevoir u ’agir sur la représentation des pratiques

de l’autre est une lutte permanente et profonde entre les différents t pes de tensions

comme les tensions linguistiques, culturelles, économiques, institutionnelles, sociales et

politiques. Selon les données du terrain, les responsables et les enseignants pratiquent

relativement le créole acrolectal. Ils n’arrivent pas vraiment à prendre une distance par

rapport à la pratique « inter-résolectale ». Et la pratique acrolectale a des conséquences

sur l’apprentissage du français oral des apprenants. L’on a parfois constaté u’ils ne sont

pas vraiment conscients de leurs pratiques orales, il faut dire ue l’utilisation du créole

acrolectal est aussi une mar ue de prestige, de promotion sociale et d’appartenance au

groupe scolarisé par rapport à l’ensemble qui est relativement scolarisé et alphabétisé.

Les parents eux aussi, u’ils soient scolarisés ou non r vent de voir leurs enfants

s’exprimer en français. Le créole acrolectal est pour eux aussi un signe d’apprentissage

du français. De plus, ils ne cessent de rectifier le parler de leurs enfants en portant des

corrections sur la prononciation d’un mot, d’une phrase en fran ais dans une conversation

ou un dialogue familial en créole, par exemple, sur les tensions entre (/i/ [i]) et (/u / [y]),

sur le (/r/ [R]) et (/w/ [w]). Ainsi, le créole acrolectal est un signe d’honneur et de

respect. Nous comprenons u’ic i la langue pour les interactants joue pleinement une

double fonction : la fonction communicative et la fonction symbolique dans

l’enseignement / apprentissage. Non seulement la langue s’expli ue lui-même, mais elle

sert aussi à expliquer les sciences, les non sciences et la vie de ceux qui la pratique. Pour

s’ faire afin de ne pas s’en faire, le recours à la perspective pragmatique et didactique

de l’oral est une priorité afin de toucher la plaie du doigt. Il s’agit de pointer les besoins

et les problèmes communicatifs des apprenants selon les données sociolinguistiques et

sociodidactiques des créolophones. Au fait u’à l’oral, nous sommes dans une réalité

d’usages vivants, le recours à la pragmatique des interactions, variées et variables est

aussi une stratégie pragmatique et didactique pour le passage de la science faite à la

science en action. Les variétés « inter-résolectales » collectées nous permettent de

comprendre les différentes tensions entre les variétés résolectales suivantes : telle

idiolectale, ethnolectale, régiolectale, dialectale, sociolectale, technolectale provoquent

d’autres tensions sociales sous-jacentes. La variation idiolectale, par exemple, est un acte

créateur morpholexical et morphosyntaxique, une stratégie pragmati ue de l’interactant

dans le jeu et l’enjeu de ses mots dans le contexte d’usages. L’interactant créolophone

peut décider d’effectuer des emprunts de parole en fonction de l’échange. Tous ces points

ciblés constituent des variables sociolinguistiques et sociodidactiques importantes à

prendre en compte. De plus, l’on a ien o se rvé u’ à l’autre out de l’interaction, il a

l’effet réellement produit et la conscience de son interlocuteur ue c’est ien telle

pratique variétale qui a été utilisée en s’appu ant sur les caractéristi ues m orpholexicales

et morphosyntaxiques des énoncés par la mise à proximité et à distance des deux langues

(créole et français). Ce répertoire « inter-résolectal » est un ensemble coloré, connoté,

ps chosocial et contextualisé dans le sens de Brom er g et de Cha r ol, c’est logi ue dans

le sens de Trognon et de Batt, c’est actionnel et communicationnel pour Zacklad et

interculturel pour G.D. Véroni ue , c’est tout un continuum de variétés résolectales et

contextualisée pour Blanchet et Bulot parce u’ il n’ a pas de limite étanche entre les

variétés « inter-résolectales ». C’est la non-séparabilité entre les variétés résolectales

jus u ’alors o se rvées.

1.3.3. Perspective pragmatique et didactique de l’oral : deux démarches spécifiques

et complémentaires

La présente recherche tente de proposer un projet pragmatique et didacti ue de l’oral

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