• Aucun résultat trouvé

Nom vernaculaire : Tang-ra-kweenga (Moore)

III. Matériels et Méthodes

V.2 Enquête ethnobotanique

Dans les villes et les zones urbaines à cause de l’acculturation des jeunes générations, de l’éloignement des sites de récolte des plantes, il existe de réels besoins de marchés, assurés par les marchands de plantes ambulants ou installés dans les divers marchés. Ces herboristes (hommes, femmes de tous âges) délivrent toutes les parties de plantes fraîches ou sèches, ils sont de très bon

conseil en cas d’automédication. L’acculturation des jeunes générations explique la moyenne d’âge de ces tradipraticiens à cinquante ans.

Le Burkina Faso est l’un des pays à faible niveau d’alphabétisation, l’analphabétisme se retrouve en forte proportion au sein de ces tradipraticiens. Nous remplissions la fiche d’enquête après avoir traduit la question en dialecte local (Mooré). Souvent ils étaient réticents et méfiants donc ils refusaient de nous répondre. Certains évoquaient la protection de la propriété intellectuelle.

La phytothérapie ou utilisation de plantes dans le but de prévenir ou guérir des maladies existe depuis les temps immémoriaux. Certaines populations (chinoises, grecques, égyptiennes, romaines, hindoues...) parce que possédant l’écriture, ont très tôt consigné dans des écrits diverses recettes, préservant ainsi leurs connaissances dans ce domaine. Cependant pour la majorité des tradipraticiens, le savoir s’est transmis de génération en génération par la tradition orale. Ceci est comparable à une étude faite en Côte-d’Ivoire ou la tradition orale constitue essentiellement le moyen de préservation et de transmission des connaissances [88]. Le fait qu’il n’y ait qu’une tradition orale est un facteur limitant. D’où la nécessité impérieuse d’une transcription.

Les Africains n’ayant toujours pas maîtrisé l’écriture pour la transcription de leurs langues, en sont toujours à vouloir sauver leur tradition orale de l’oubli et du mépris des autres et ce faisant, risquent de ne pouvoir sauvegarder leurs connaissances dans ce domaine qu’au prix de multiples batailles à mener et à gagner [89].

Les tradipraticiens peuvent être regroupés en trois catégories, conformément à l’étude menée par Nacoulma G et al (1996) sur le plateau Mossi [84] :

- Les thérapeutes de religions traditionnelles, qui croient en l'immortalité de l'esprit des êtres et donc à la survie de leurs ancêtres qui peuvent se réincarner parmi leurs descendants. Ils croient en l'existence d'un Dieu suprême, créateur unique et transcendant, Dieu esprit invisible, omniprésent, foncièrement bon, assisté de bons génies (esprits bienfaisants ou esprits des ancêtres) chargés eux de prévenir et protéger les hommes contre le mal que pourraient leur faire les esprits malfaisants et autres mauvais génies.

Les "traditionalistes" utilisent des fétiches, des amulettes pour invoquer ces esprits intermédiaires.

Ils utilisent essentiellement des méthodes ésotériques et mystiques, ainsi que des matériaux minéraux, animaux et végétaux pour leurs pratiques. C'est parmi eux que l'on compte les devins et autres sorciers.

- Les thérapeutes musulmans, marabouts pratiquant la médecine et la divination. Mais la plupart du temps les plus efficaces ont conservé les acquisitions thérapeutiques traditionnelles et ont seulement surajouté quelques rites musulmans comme les récitations des versets du Coran, les prières et les manipulations occultes avec les génies.

- Les thérapeutes chrétiens, peu nombreux du fait que pendant très longtemps, l'église avait combattu et interdit les pratiques dites occultes, mystiques ou ésotériques. Ils pratiquent la médecine tout en évitant certains rituels et pratiques ou en les remplaçant par des rites chrétiens surtout catholiques car les protestants eux continuent de les interdire [90].

On rencontre parmi tous ces tradipraticiens, des thérapeutes simples, des thérapeutes-devins, et des devins. L’empreinte de la magie et du mysticisme reste indissociable [91]. Néanmoins leurs bases rituelles restent les mêmes et visent à préserver le secret de leurs sciences et de leurs médications.

Cette médecine traditionnelle se caractérise par l’absence de posologies, de dosage précis, des notions de contre indication, d’interaction et de toxicité. Cette utilisation empirique est un facteur limitant pour la médecine traditionnelle. Les légitimes réserves et réticences concourent à démystifier, démythifier les rituels qui entourent les plantes utilisées, les parties cueillies, les additifs et solvants utilisés, les modes d’extraction des principes actifs et autres formes médicamenteuses, les modes d’administration et autres choix de voies d’administration.

En usage interne ce sont les infusions, les décoctions et les macérations les plus utilisées. Il faut noter que les boissons à base de plantes agissent mieux sur un estomac vide [92]. Les tradipraticiens suggèrent de répartir la dose quotidienne en deux ou trois prises.

Les plantes sont préparées dans des récipients en terre ou dans des récipients, émaillés. Les récipients en métal lourd (Al, Fe, Cu, Zn, Pb, etc.) sont évités; parce que nous semble t-il, pouvant réagir avec certains constituants chimiques des drogues (tanins, flavonoïdes par exemple).

cinq litres et plus) évidées neuves sont utilisées (que l’on peut penser riches en (amylases) du fait que leur pulpe contenait des hétérosides cyanogénétiques (la linamarine) hydrolysables par des amylases [93].

La partie de plante conseillée est déterminante comme nous le rapporte Oddy Mnimh P [94] car les différentes parties peuvent avoir des propriétés très divergentes. Certaines parties d’une même plante pouvant être toxiques alors que d’autres seront alimentaires ou médicinales [cas de Calotropis procera (feuilles et racines)].

De façon générale, les fleurs se préparent en infusion, les feuilles en infusion et décoction, les racines et écorces en décoction, macération. Certaines racines et écorces demandent à être mises à macérer deux à trois heures, parfois une demi-journée, dans l’eau froide ou le solvant approprié avant toute préparation. Ceci pour une meilleure efficacité [95].

Certaines préparations exigent un certain pH (acide ou basique). C’est le cas des plantes mucilagineuses dont le mucilage se libère plus facilement en milieu alcalin.

Il faut adjoindre parfois des plantes pour améliorer ou corriger, goût, aspect, couleur et arôme.

Les plantes sont utilisées fraîches ou sèches. Lorsqu’elles sont fraîches, les doses sont doubles des sèches du fait qu’en séchant elles perdent plus de la moitié de leur poids en eau.

La pharmacopée moderne donne les dosages en cuillerées (à café, à soupe) ou en grammes par litre de liquide.

La pharmacopée traditionnelle africaine utilise encore plusieurs autres formes de dosages, qui ont pour mérite essentiel de refléter l’environnement culturel africain.

Il s’agit des bottes (petite, moyenne ou grande) utilisées pour sécher, vendre ou conserver les tiges feuillées, écorces et racines à travers l’Afrique et surtout au Burkina Faso.

- les poignées (à une main ou à deux mains) ce sont les mesures utilisées pour les feuilles, fleurs, fruits, graines).

- les pincées (petite pincée à deux doigts et pincées à trois doigts) mesures utilisées pour les poudres diverses.

Il faut apporter des soins particuliers au dosage conseillé car cela a une grande importance pensons-nous car :

- Lors d’un sous-dosage il y aura inefficacité

- En cas de surdosage on occasionnera des effets secondaires.

Le Khaya senegalensis quatre fois cité comme plante médicinale anti-inflammatoire a été l’objet d’une étude de l’activité anti-anti-inflammatoire ce qui a validé son utilisation dans l’inflammation (Lompo M et al) [96]. Le Combretum

micranthum ainsi que le Guiera senegalensis n’ont pas montré une influence

notable sur la synthèse des prostaglandines, elles n’ont pas une action anti-inflammatoire [97]. Aucune étude de l’activité anti-anti-inflammatoire n’a été faite sur les huit autres plantes. Parmi ces huit plantes notre intérêt s’est porté sur le

Gardenia sokotensis Hutch, très utilisé en médecine populaire contre le

La dose prescrite pour le Gardenia sokotensis Hutch est de 46 g/l, soit une botte en décoction pendant une semaine.

Aucun effet indésirable ni de contre-indications n’a été mentionné pour cette plante.

Documents relatifs