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Les enjeux et les tensions autour de la création d’un parc national dans la

national dans la métropole marseillaise 

La relation entre Marseille et son environnement a évolué à travers le rapport de celle-ci à la colline et au littoral. Acteurs associatifs et collectivités locales ont participé à cette évolution.

Alors que les calanques font aussi partie de l’environnement marseillais, « pendant très

longtemps, Marseille ne s’est jamais occupée des calanques, c’était un territoire donné. C’était là, on en profitait et puis c’était tout » relate le chargé de mission développement local

de la DATAR594. Le directeur de la DREAL PACA considère : « Que dans les vallées du

Mercantour on s’appuie sur la richesse écologique considérable du massif du Mercantour, ça coule de source. Que dans l’aire marseillaise on s’appuie sur la richesse environnementale des calanques pour se développer est moins évident »595. Ce constat résume bien le rapport distancié de Marseille à son environnement. Pourtant, la place des calanques a évolué et sa

protection s’est renforcée, passant d’un « espace récréative d’une agglomération de plus d’un

million d’habitants » à un parc national596. Et aujourd’hui, celui-ci s’inscrit dans la politique de métropolisation de Marseille.

593

INSEE (2012), Chiffres clés. Marseille, pp. 1-2. Chiffres de 2009.

594 Entretien n° 11, p. 289 595 Entretien n° 13, p. 302 596 Entretien n° 13, p. 301

129 Pour simplifier la structure des territoires administratifs, le comité pour la réforme des collectivités locales, présidé par Édouard Balladur, proposait en 2009 la création de collectivités locales au statut particulier de « métropoles ». Il en proposait onze premières,

dont Marseille597. Certaines villes françaises traversent alors un processus de

« métropolisation » telles que Lyon avec le « Grand Lyon » et Paris avec « Paris Métropole » et le « Grand Paris ».

Selon les travaux de la chercheuse en SIC Dominique Pagès sur la métropole parisienne : « Les grandes métropoles sont beaucoup plus que des agglomérations ou des villes « élargies », elles sont une réécriture en profondeur de nos modes d’habiter, de circuler, d’appartenir à un territoire. Elles sont donc affaire de représentations et de symboles sans cesse renouvelés. Emanations de villes emblématiques mais en rupture avec leur géographie, leur passé […], elles se constituent en nouvelles légendes territoriales devant attirer à la fois l’attention

mondiale et susciter la fierté locale »598.

Nous proposons d’examiner la création du Parc national des Calanques à travers la construction de la métropole marseillaise en tant qu’il participe au processus. Selon la géographe Cynthia Ghorra-Gobin, « la métropolisation se présente, depuis une dizaine d’années environ, comme un concept et pour certains comme un nouveau paradigme permettant d’appréhender les dynamiques spatiales et territoriales liées à la ville et à son

développement et ainsi clarifier les enjeux de l’aménagement du territoire »599. Ainsi, l’étude

de la création du parc national par rapport au territoire métropolitain trouve sa pertinence de par les enjeux que la notion de métropolisation permet de révéler. Le parallèle entre la création du parc national et la métropolisation est d’autant plus intéressant que le Parc national des Calanques constitue le premier parc français à se construire dans une métropole, les autres parcs se situant plutôt dans des territoires ruraux et montagnards. Ce chapitre mettra en évidence les enjeux et tensions qui traversent la création du parc national dans le contexte de la métropolisation de Marseille.

597

Ces collectivités locales disposeraient des compétences communales et départementales. Comité pour la réforme des collectivités locales (2009), « Il est temps de décider », rapport au président de la République, La Documentation française

598

PAGES Dominique (2010), « La métropole parisienne et ses récits : du projet de territoire à une possible identité narrative dialoguée ? », Quaderni n° 73, p. 10

599

GHORRA-GOBIN Cynthia (2010), « De la métropolisation : un nouveau paradigme ? », Quaderni n° 73, p. 25

130

1. Marseille et son environnement

1.1. La « reconquête environnementale et patrimoniale »600 

Marseille est délimitée par une contrainte topographique. La mer Méditerranée et les collines limitent le développement de l’urbanisation. Ce territoire est alors le lieu de l’interface entre villes densément peuplées et nature. Le rapport de la ville avec son environnement a été compliqué constate l’économiste Bernard Morel : « La ville de Marseille a pendant très longtemps, jusqu’aux années 1950-1960, été enfermée dans son espace limité par les collines et la mer. Pour beaucoup de Marseillais, ce qui était au-delà des collines, c’était le monde

rural et la campagne »601. Pourtant aujourd’hui, la cité phocéenne semble se réconcilier avec

son environnement. La géographe Claudine Durbiano fait état d’une « reconquête

environnementale et patrimoniale »602. Elle rend compte des périodes clés qui ont marquées

les collines de l’aire métropolitaine marseillaise.

1.1.1. L’évolution du rapport aux collines 

La première période correspond à la « phase agro-sylvo-pastorale » durant laquelle « la

colline faisait alors partie de l’espace vécu et utilisé quotidiennement »603. « La colline était

donc intimement liée à la vie économique et sociale des communautés urbaines et

villageoises »604. Mais les collines ont progressivement perdu leur activité socio-économique

avec « la perte de rentabilité de l’agriculture, l’exode agricole et l’urbanisation » dont nous

avons préalablement fait état605. Bien que quelques exploitations viticoles persistent, le quasi

abandon de l’agriculture a permis à la forêt de se développer à nouveau. Et la chasse est devenue une des rares activités pratiquées dans les collines.

Dans les années 1960-1980, « la colline abandonnée » est devenu « espace-rejet »606. La ville

en a fait son dépotoir puisque s’y trouvaient des décharges municipales ou sauvages, des lignes à haute tension et des encombrants (voitures volées par exemple). Les collines ont alors été victimes d’un phénomène de « ghettoïsation ». Elles étaient « le lieu d’implantation des catégories sociales défavorisés » et étaient fréquentées pour la prostitution et la consommation

600

Nous faisons ici référence à l’article : DURBIANO Claudine (2003), « De la marginalisation à la reconquête environnementale et patrimoniale des collines de l’aire métropolitaine marseillaise », Rives nord-méditerranéennes n° 15, [en ligne], disponible sur : http://rives.revues.org/15, pp. 1-8

601

MOREL Bernard (1999), Marseille. Naissance d’une métropole, Paris, Montréal : l’Harmattan, p. 21

602

DURBIANO Claudine (2003), op. cit., pp. 1-8

603 Ibid., p. 2 604 Ibid., p. 2 605 Ibid., p. 2 606 Ibid., p. 3

131

de drogues607. En revanche, l’activité cynégétique se développait et les sociétés de chasse

privées prospéraient puisque « grâce à une clientèle exclusivement urbaine, ils ont trouvé dans

cette pratique une nouvelle rentabilité »608.

Dans les années 1960, un Schéma directeur d’aménagement de l’aire métropolitaine marseillaise (SDAAMM) avait été initié en prenant en compte les collines. Celui-ci a été un échec puisque le SDAAMM devait aboutir à la constitution d’une communauté urbaine.

Pourtant il a permis, avec la mise en place du Plan d’occupation des sols (POS)609 et la

montée des enjeux environnementaux, de lancer quelques actions de protection en termes de maîtrise de l’urbanisation et de lutte contre l’incendie. Les associations de protection de la nature ont également joué un rôle important en étant moteurs du classement du site des Calanques en 1975 puis de la montagne de la Sainte-Victoire en 1983.

Dans les années 1990, les espaces périurbains agricoles et les espaces périurbains naturels ont

acquis des « valeurs écologiques, paysagères et patrimoniales »610. Inversement, « la ville

dev[enait] pour beaucoup le lieu de l’encombrement et du mal-vivre »611. Comme nous

l’évoquions dans le premier chapitre, il s’agissait d’un phénomène également observé à l’échelon national : « la campagne devient un gisement de « produits émergents » comme

espace de loisirs, de liberté, de ressourcement à côté de la ville où on travaille »612. Les

associations de protection de la nature se sont alors attelées à protéger les collines en s’appuyant sur la demande sociale. En effet, Claudine Durbiano relève qu’une enquête

effectuée sur les « objets métropolitains » de l’agglomération avait mis en lumière

« l’importance des espaces naturels comme objets emblématiques et fédérateurs, au premier

rang desquels on trouve la Sainte-Victoire et les Calanques »613. Les collectivités locales ont

également participé à la revalorisation du territoire dans un contexte de ralentissement de l’urbanisation. Après trente ans de « bétonnisation », elles se sont engagées dans l’aménagement du territoire en s’appuyant « sur une meilleure maîtrise de la croissance urbaine et de l’organisation spatiale ainsi que sur une meilleure prise en compte des valeurs

environnementales et patrimoniales »614. Par exemple, lors de cette décennie, des Plans

intercommunaux de débroussaillement et d’aménagement forestier (PIDAF) ont été instaurés 607 Ibid., p. 3 608 Ibid., p. 3 609

On parle dorénavant du Plan Local d’Urbanisme (PLU).

610

DURBIANO Claudine (2003), op. cit., p. 5

611 Ibid., p. 5 612 Ibid., p. 5 613 Ibid., p. 5 614 Ibid., p. 5

132 dans les Bouches-du-Rhône. Mis en place en concertation avec les acteurs de l’espace naturel, ils s’impliquaient dans le développement durable, notamment dans la lutte contre le risque

incendie ou l’organisation de l’activité touristique et agricole. 

1.1.2. L’évolution du rapport au littoral 

Le littoral est touché par de nombreuses pollutions, notamment avec l’industrie productrice d’alumine et l’exutoire de Cortiou. Les acteurs ont, à plusieurs reprises, fait part de ces deux problèmes environnementaux, en entretiens ou lors des ateliers de concertation organisés dans

le processus de création du Parc national des Calanques615.

Le procédé de production de l’aluminium à partir de bauxite a été découvert en 1886. La production industrielle se développait rapidement en France et le pays resta le premier producteur mondial jusqu’en 1940. Les principaux gisements de bauxite se trouvaient dans le sud et sud-est de la France, principalement dans les Bouches-du-Rhône et le Var. Ainsi, un grand nombre d’industries productrices d’aluminium se trouvait dans la région marseillaise,

dont Péchiney616. À partir de 1960, celles-ci rejetaient les résidus de la transformation de la

bauxite en alumine dans la mer, les sites de stockage étant saturés. Ces « boues rouges » ont eu un impact sur la biodiversité. Bien que le groupe industriel Péchiney, devenu RioTintoAlcan, ait diminué les rejets en mer, ceux-ci restent problématiques pour les

protecteurs de la nature617.

Avant 1896, les eaux usées de Marseille étaient rejetées dans le Vieux-Port. Ensuite, l’exutoire de la calanque de Cortiou a été créé pour déverser les eaux usées et pluviales dans

la mer618. Ces rejets en mer ont entraîné une pollution, notamment avec la présence de métaux

lourds. Aujourd’hui, bien que le traitement des eaux se soit amélioré avec la création d’une

station d’épuration notamment, l’exutoire continue de déverser en mer une eau polluée619.

Le littoral a également été « dénaturé » par la pression urbaine et l’aménagement qu’il a

connu à la fin du XXe siècle. Historiquement, la cité phocéenne était une ville de pêcheurs et

de marchands. La mer faisait partie intégrante de la vie des Marseillais. « Mais à présent, elle

615

Entretien n° 3, p. 163 ; Entretien n° 8, pp. 182-183 ; Entretien n° 1 p. 362 ; GIP des Calanques (2009), Atelier sur l’organisation des usages marins. Réunion n° 4 du 24 septembre 2009, compte-rendu, 9 p.

616

FISCHER André (1962), « L'industrie de l'aluminium en France », L'information géographique Vol. 26, n° 4, pp. 139-151

617

RioTintoAlcan (2009), Conduite des résidus de bauxite Gardanne Cassis, diaporama de présentation pendant l’atelier thématique du GIP AtOUM4 du 24 septembre 2009, 15 p.

618

PLAUCHUD VAUCHER Jacky et VAUCHER Barney (2012), op. cit., pp. 71-74, pp. 78-81 ; N.C., « Marseille : les Calanques menacées de pollution », www.20minutes.fr, mis en ligne le 23.07.2012, disponible sur : http://www.20minutes.fr/planete/974899-marseille-calanques-menacees-pollution (consulté en octobre 2013)

619

MPM (2009), Point d’information sur les rejets à Cortiou , diaporama de présentation pendant l’atelier thématique du GIP AtOUM4 du 24 septembre 2009, 16 p.

133 n’est plus, pour la plupart, un lieu de travail ni de vie » constate l’agrégé d’histoire Olivier

Boura620. Marseille est le premier port français avec un trafic de 85 633 millions de tonnes

métrique de marchandises échangées devant Le Havre (63 517) et Dunkerque (47 629)621.

Selon Simon Ronai, directeur du bureau d’études Orgeco et intervenant à l’Institut Français de Géopolitique, le port de Marseille connaît pourtant un déclin économique important

vis-à-vis de ses concurrents du nord de l’Europe et du bassin méditerranéen622. Son déclin dans les

classements l’illustre. Il était le deuxième port européen dans les années 1980 et encore à la quatrième place du classement en 2010. En 2012, il était cinquième d’Europe derrière

Rotterdam (441 527), Anvers (184 136), Hambourg (130 938) et Amsterdam (94 261)623. En

2013, le port de Marseille perdait également sa place de premier port européen au profit du

port espagnol d’Algésiras624. L’historien Olivier Boura ajoute : « les gens, aujourd’hui, ils

sont là, ils vivent au bord de la mer. Mais pas avec elle. Pour la plupart, elle n’est plus qu’une

sorte de terrain de jeu »625. Le chargé de mission développement local de la DATAR fait

également ce constat : « Marseille a été pendant très longtemps fâchée avec la mer »626. Il

explique par la suite que ce phénomène se retrouve dans toutes les villes portuaires, qui au

XIXe siècle se sont détournées des ports qui représentaient des zones de troubles.

Actuellement, la ville de Marseille se réapproprie sa façade maritime, notamment avec des opérations d’aménagement effectuées sur le port dans le cadre du projet Euroméditerranée.

Entre autres, la façade maritime a accueilli un nouveau quartier « la Cité de la

Méditerranée » : « Cette transformation, symbole d'une métropole en mouvement, transforme la silhouette de la ville et marque le renouveau de la métropole et son dynamisme économique

retrouvé. Elle s'inscrit avant tout dans l'objectif de réouverture de la ville sur la mer et de

réaménagement de l'interface entre la ville et le port »627.

620

BOURA Olivier (1998), Marseille ou la mauvaise réputation, Paris : Arléa, p. 155

621

American association of port authorities, « World port rankings – 2012 », aapa.files.cms-plus.com, disponible sur : http://aapa.files.cms-plus.com/Statistics/WORLD%20PORT%20RANKINGS%202012.pdf (consulté en août 2014)

622

RONAI Simon (2009), « Marseille : une métropole en mutation », Hérodote n° 135, p. 129

623

American association of port authorities, « World port rankings – 2012 », aapa.files.cms-plus.com, disponible sur : http://aapa.files.cms-plus.com/Statistics/WORLD%20PORT%20RANKINGS%202012.pdf (consulté en août 2014)

624

VAYSSE Clémentine, « Comment le port d’Algésiras a doublé celui de Marseille », www.marsactu.fr, mis en ligne le 05.03.2014, disponible sur : http://www.marsactu.fr/economie/comment-le-port-dalgesiras-a-double-celui-de-marseille-33340.html (consulté en août 2014)

625

BOURA Olivier (1998), op. cit., p. 155

626

Entretien n° 11, p. 289

627

Euroméditerranée, « La cité de la Méditerranée : la reconquête de la façade du littoral »,

www.euromediterranee.fr, disponible sur : http://www.euromediterranee.fr/themes/mer/la-cite-de-la-mediterranee-la-reconquete-de-la-facade-du-littoral.html (consulté en octobre 2013) ; en gras dans le texte.

134 L’étude du rapport entre la ville de Marseille, les collines et le littoral, permet de révéler une évolution vers une prise en compte et une intégration de la ville et de son environnement. Celui-ci est progressivement pris en compte dans l’ensemble des politiques locales, non seulement en termes de protection de la nature, mais également d’aménagement du territoire par exemple. Notamment, la « reconquête » de la façade maritime est le fruit d’une politique d’aménagement de la métropole. Avant d’y revenir, nous reviendrons sur le massif des calanques qui constitue l’interface entre Marseille et son littoral.

1.2. La protection du massif des calanques 

Les calanques tirent leur nom du provençal calanco qui signifie « découpé » mais renvoie

également au repos et au refuge. Ce sont des « falaises abruptes de calcaires » apparues il y a

douze mille ans de la rencontre de la mer Méditerranée avec les massifs628. Ce sont aussi des

criques nées de cette rencontre et qu’on nomme également calanque : Callelongue, Sormiou,

Morgiou, Sugiton, En-Vau, etc629.

Pour l’éditrice marseillaise Jeanne Laffitte et l’économiste Olivier Pastré, « il est trois façons

de voir les calanques »630. D’abord il s’agit d’un site scientifique, par la biodiversité qui s’y

trouve, en termes de faune, de flore et d’écosystèmes, avec des espèces rares et endémiques. Ensuite, il compte de grandes richesses archéologiques. Le commandant Cousteau y fit, à ces débuts, de nombreuses découvertes. Puis, Henri Cosquer découvrit une grotte aux peintures

rupestres, dont l’importance et la qualité sont comparables à Lascaux631. Ensuite, elles sont

qualifiées de « paradis des sportifs » où de nombreuses activités sportives sont pratiquées

« avec ou sans autorisation »632. Enfin, il s’agit du « plus bel écrin des cabanons », ces

anciennes cabanes de pêcheurs datant du début du XXe siècle633. Cette caractérisation

simplifiée nous donne une première idée de notre terrain d’étude. Mais ajoutons dès à présent une « quatrième façon de voir les calanques » qui nous semble indispensable à la bonne compréhension de ce site. Avec un et demi à deux millions de visiteurs par an en terre et en

mer, le site des calanques est un lieu très touristique et ce, depuis longtemps634.

628

VERGE-FRANCESCHI Michel (2013), Marseille. Histoire et dictionnaire, Paris : Robert Laffont, p. 669

629

DUMAS Marc (2011), Les 100 mots de la provence, Paris : Presses universitaires de France, p. 20

630

LAFFITTE Jeanne et PASTRE Olivier (2012), Les 100 mots de Marseille, Paris : PUF, p. 31

631

Le scaphandrier de Cassis donna son nom à la grotte.

632

LAFFITTE Jeanne et PASTRE Olivier (2012), op. cit., p. 31

633

Ibid.

634

PNF, « Présentation : Parc national des Calanques », www.parcsnationaux.fr, disponible sur : http://www.parcsnationaux.fr/layout/set/fiche/content/view/full/7570 (consulté en novembre 2014)

135 Les géographes Marie Goiffon et Jean-Noël Consales délimitent trois périodes dans la protection des calanques. La première correspond à des « classements anciens et ponctuels »

par la loi de 1930635. La deuxième correspond à « la protection massive face à l’urbanisation

des Trente Glorieuses »636. Finalement, la troisième phase renvoie aux années 1980-1990

« vers le lancement du Groupement d’Intérêt Public des Calanques »637. « La protection du

massif est donc ancienne. Elle s’appuie sur une démarche ascendante, déterminée par une participation constante de la société civile aux débats, notamment par l’intermédiaire

d’associations de défenseurs et d’usagers des Calanques » constatent les géographes638. Nous

allons à présent aborder cette histoire de la protection du massif des Calanques sans toutefois en faire une présentation exhaustive. Nous nous appuierons sur des travaux scientifiques, mais

également sur l’ouvrage Calanques, un siècle d’amour et de vigilance des militants Jacky

Plaucud Vaucher et Barney Vaucher639. Ils ont tous deux participé à la mobilisation pour la

protection du site au travers de diverses associations640.

1.2.1. Les premiers classements (1910‐1945) 

La protection du site des Calanques remonte à la fin du XIXe siècle. Il s’agissait alors de

« protéger ces espaces littoraux remarquables de l’urbanisation et de la pression foncière

d’une part, ainsi que du tourisme et de la fréquentation excessive d’autre part »641. En effet, à

cette période, certains notables de la bourgeoisie marseillaise constataient la détérioration du massif et proposaient alors de le protéger. Deux associations, le Club Alpin Français et les Excursionnistes Marseillais, ont rapidement relayé cette volonté de protection. Les associations se sont fortement mobilisées contre plusieurs projets, dont l’extension de la carrière Solvay à Miou qui fabriquait de la soude. Le 13 mars 1910 a eu lieu, à Port-Miou, le premier rassemblement pour la sauvegarde de la calanque face à l’exploitation industrielle : « c’est la première du genre, une véritable prise de conscience » relèvent les

militants Jacky Plauchud Vaucher et Barney Vaucher642. En 1923, cent-deux associations se

635

GOIFFON Marie et CONSALES Jean-Noël (2005), « Le massif des Calanques (Marseille-Cassis) et la Pointe des Châteaux (Saint-François, Guadeloupe) », Méditerranée n° 105, [en ligne], disponible sur : 

http://mediterranee.revues.org/339, p. 4 636 Ibid., p. 4 637 Ibid., p. 5 638 Ibid., p. 4 639

PLAUCHUD VAUCHER Jacky et VAUCHER Barney (2012), op. cit., 211 p.

640

Ils se sont impliqués dès les années 1960 au sein du Club Alpin Français et des Excursionnistes Marseillais. Jacky Vaucher Plauchud s’est également mobilisée au sein d’Union Calanques Littoral .Quant à Barney Vaucher, il est grimpeur est écrivain.

641

GOIFFON Marie et CONSALES Jean-Noël (2005), op. cit., p. 2

642

136 sont réunies pour former un « Comité de Défense des Calanques ». En 1927, la ville de Marseille émet le souhait que les Calanques de Port Pin, En Vau et l’Oule, considérées

comme très fréquentées, soient classées comme sites pittoresques643. Á la suite de la loi de

1930 qui permet de mettre en place des « sites classés » et des « sites inscrits », le Comité de Défense des Calanques s’est mobilisé en faisant pression sur les élus locaux afin d’obtenir ces

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