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Les enjeux scientifiques opérationnels dans l’appui aux politiques publiques

Pilier 3 : Gestion de l’espace côtier marin

3. Les enjeux scientifiques opérationnels dans l’appui aux politiques publiques

L’identification et la caractérisation des pressions anthropiques et des vulnérabilités qu’elles installent dans les différentes composantes du milieu marin constituent la première étape par laquelle la recherche apporte son appui aux politiques publiques. Certains des enjeux ont été décrits dans les deux piliers précédents. L’identification et la compréhension des vulnérabilités doivent permettre de construire des indicateurs pertinents de l’état des milieux.

Cependant, l’action du législateur, qui vise à réguler différentes

activités pour qu’elles ne détériorent pas cet état, voire conduisent à son amélioration, doit également s’appuyer sur la compréhension des impacts de ces pressions. Cette compréhension est encore très lacunaire, car les pressions sont multiples, interactives, etc. Par exemple, l’effet des mélanges de contaminants à faibles doses est très mal connu, mais suspecté d’être plus important que la simple addition des effets de chaque substance (effet cocktail). Néanmoins, les écosystèmes affectés par cette imprégnation chimique subissent aussi généralement des dégradations physiques dont les conséquences sont encore plus radicales par la perte d’habitats fonctionnels. Rappelons aussi que la connaissance de la profondeur, notamment près des côtes, là où elle peut varier rapidement, reste un enjeu majeur au 21e siècle afin de mieux connaître et modéliser les interactions entre les phénomènes hydrodynamiques (comme les tsunamis par exemple) et la topographie des fonds.

Dans ce contexte, les autorités publiques sont aujourd’hui en charge de définir des objectifs de qualité des espaces marins, de mettre en œuvre des mesures appropriées de protection et/ou de reconquête des milieux et de développer des indicateurs des effets de ces politiques. Une telle politique environnementale, en milieu côtier et littoral particulièrement, doit se fonder sur la concertation d’une part et sur l’intégration de l’expertise scientifique d’autre part.

La compréhension des impacts des activités humaines sur les milieux marins côtiers et littoraux permettra d’identifier des critères de qualité pour les différents indicateurs, ainsi que les pressions à faire décroître.

Enfin, l’efficacité des politiques publiques demande à être évaluée a posteriori. Les modalités de cette évaluation ne sont pas triviales et devront reposer sur la compréhension des trajectoires des écosystèmes et de leur capacité de résilience. La dimension cinétique est ici fondamentale.

L’Ifremer, le CNRS, l’IRD, le SHOM, le BRGM, le MNHN et les Universités investissent fortement sur ces différents sujets, au travers de leurs réseaux nationaux de surveillance et d’observation, au travers d’actions d’ampleur nationale ou internationale menées par des réseaux de laboratoires (comme RESOMAR), et des projets de recherche menés plus localement et l’axe 5 du LABEX MER porté par l’UBO. Il s’agit par exemple des risques liés à l’évolution physique du milieu littoral, aux impacts des événements extrêmes et du changement climatique, ou de la caractérisation et du suivi des écosystèmes marins (DCSMM), qui constituent des enjeux majeurs et font l’objet de nombreuses recherches collaboratives et

d’observations et études en appui aux politiques publiques, en métropole et en Outre-mer. La volonté est aujourd’hui, via des concertations nationales (comme celle précisément organisée dans le cadre de l’élaboration du programme Mer), ou inter- organismes, de mettre en cohérence et en communication l’ensemble de dispositifs et centre de compétences afin de construire un système coordonné de recherche et d’expertise, susceptible d’agir à la fois sur le plan des recherches fondamentales nécessaires, que sur celui de l’appui aux politiques publiques.

Modélisation côtière opérationnelle

L’ambition d’un système de modélisation côtière opérationnel est de restituer, au travers de formalismes mathématiques et de méthodes numériques, le meilleur niveau de compréhension du fonctionnement de l’environnement (physique, chimique, sédimentaire et biologique) afin d’en prédire les évolutions sous la pression d’une combinaison de forçages. Il s'agit de coupler le modèle dynamique d’océan régional et côtier avec les modèles d’atmosphère, de vagues, de sédiments, les modèles biologiques, et les modèles littoraux (ces derniers ayant l’objectif de représenter les échelles plus fines dans les zones peu profondes affectées par le déferlement des vagues). Afin d’améliorer le couplage des modèles dynamiques avec les modèles sédimentaires, biogéochimiques et biologiques, il convient d’optimiser la représentation des échanges verticaux, notamment au niveau des couches limites de fond et de surface. Un meilleur interfaçage est nécessaire entre les modèles du domaine côtier, ceux des domaines plus au large et ceux du littoral, afin de quantifier les transferts de matière et d’énergie entre ces différents domaines. Enfin, des progrès en stratégie d’acquisition et d’assimilation de données in situ devront être accomplis du fait de la spécificité des observations du domaine côtier (radars haute fréquence pour les courants par exemple) et de leur faible densité au regard des échelles spatiales des processus dynamiques. La mise en place d'un service d'océanographie opérationnelle côtière (décision CIMER décembre 2009) devra s'accompagner d'un dialogue renforcé avec la communauté nationale des chercheurs en océanographie côtière et littorale. La prospective « océanographie opérationnelle » (voir pilier 1) sera l'occasion de mobiliser la communauté scientifique sur cette question.

Régulations des activités maritimes

Les activités développées dans l’espace marin, notamment celles qui sont en lien avec les nouveaux enjeux des énergies marines, nécessitent des données d’observation in situ pour la recherche et pour la sûreté maritime. Elles requièrent également que soient précisées leurs qualifications juridiques

Observatoire socio-économique des activités maritimes

À la manière des observatoires de l’environnement naturel, il est nécessaire de développer une observation des activités maritimes. La collecte, le stockage et la mise à disposition de ces informations sont indispensables à toute politique de planification des usages et de développement d’une économie maritime active. Ils doivent couvrir les champs de la pêche, de l’aquaculture, des usages récréatifs, de l’extraction, du transport et des énergies nouvelles.