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Energie et macronutriments

Les recommandations nutritionnelles pour les femmes allaitantes sont basées à la fois sur les besoins antérieurs à la gestation (dépendants de l’âge, de l’activité

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physique…) et sur les besoins propres à la lactation. Un nourrisson consomme en moyenne 750 ml de lait maternel par jour et les 525 kcals qu’ils apportent sont aussi nécessaires à leur production. Cependant, nombre de nutriments servant à la production et à la composition du lait proviennent des stocks accumulés pendant la grossesse et un tiers de la dépense énergétique supplémentaire On estime donc que l’apport énergétique supplémentaire nécessaire aux femmes allaitantes se situe entre 70 et 380 kcals par jour et bien qu’il dépende des besoins antérieurs à la grossesse, on considère qu’en dessous de 1800 kcal par jour, la baisse de l’apport énergétique deviendrait délétère pour la mère et l’enfant.

2. Protéines

Si l’apport en protéines de la mère est insuffisant, la teneur en caséine du lait maternel peut en pâtir mais la teneur protéique du lait maternel reste assez faible (entre 0,08 et 0,12 g/l), ce qui fait que l’augmentation des besoins en protéines de la femme allaitante est plutôt minime. Les recommandations sont donc les mêmes que pour la population « normale » : 11 à 15 % de l’apport énergétique total.

3. Glucides

Le lactose fournit 40 % de l’énergie du lait maternel. Il possède un rôle à la fois énergétique et structural puisqu’il sert la synthèse de novo du galactose qui entre dans la constitution des cellules cérébrales mais aussi ans leur métabolisme. Il a aussi pour fonction de favoriser l’absorption du calcium et du fer et d’aider à la colonisation des intestins par le lactobacillus bifidus. La concentration en lactose ne varie quasiment pas en fonction de l’alimentation de la mère allaitante, cependant, si la mère est en état de dénutrition sévère, la production peut en être réduite [62].

4. Lipides

Ils sont la première source d’énergie du lait maternel. Leur teneur augmente avec la durée de la lactation et leur quantité et distribution qualitative dépendent de l’alimentation de la mère. Si la part recommandée de lipides dans l’apport énergétique total reste identique à celui de la population « générale » (35 à 40 %), il faudra surtout veiller à leur proportion et leur qualité. Ainsi, la consommation maternelle de poissons gras (maquereau, hareng, saumon) et d’huiles végétales riches en oméga 6 et 3 (colza, pépins de raisins, noix…) permettra d’améliorer le

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statut du lait de femme en acide arachidonique et DHA, important pour le développement cérébral du nourrisson [62,63].

Pour la mère, un apport augmenté en oméga 3 pourrait permettre de prévenir la dépression post-partum. En effet, après l’accouchement, les réserves maternelles en DHA se renouvellent lentement et souvent sur une période de six mois, ce qui est corrélé selon certaines études à la dépression post-partum. Des études montrent qu’un faible taux de DHA dans le lait maternel et une consommation réduite de poissons sont associés à une augmentation du risque de dépression post-partum. Comme le suggèrent certaines études in vivo, ces changements d’humeur pourraient être liés aux effets des AGPI sur la synthèse et le métabolisme de certains neurotransmetteurs comme la sérotonine dont le rôle dans la dépression n’est plus à démontrer [8].

B. Micronutriments 1. Minéraux

Les quantités de minéraux du lait maternel sont adaptées aux possibilités des fonctions rénales du nourrisson.

a) Fer

Le fer intervient dans les échanges respiratoires et joue un rôle capital dans de nombreuses réactions métaboliques. Avec un besoin très élevé durant la grossesse et des réserves, de ce fait, souvent au plus bas, le fer est généralement supplémenté pour compenser les pertes subies lors de l’accouchement et parce que les recommandations, fixées à 10 mg par jour ne sont pas toujours atteintes par l’alimentation seule ; surtout chez les mères allaitantes consommant peu, voire pas de viande rouge.

b) Calcium

Durant l’allaitement, le calcium obéit à des mécanismes de régulation visant à augmenter son absorption, diminuer son excrétion et améliorer la mobilisation du calcium osseux. Mais les recommandations, fixées à 1200 mg de calcium par jour par les femmes allaitantes, impliquent une consommation importante de produits laitiers pour être atteintes. De plus, des apports insuffisants en calcium pour la mère sont délétères puisque ses

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réserves osseuses sont mobilisées au profit de la composition calcique de son lait maternel.

c) Zinc

Essentiel à la croissance et à l’immunité, le zinc a aussi un rôle antioxydant. Les apports nutritionnels recommandés pour ce minéral sont de l’ordre de 19 mg par jour pour les femmes allaitantes. En conseillant aux mères allaitantes de préférer consommer des céréales complètes, on arrive à couvrir les besoins avec l’alimentation seule.

2. Vitamines

La composition en vitamines du lait maternel est dépendante du statut en vitamines de la mère et/ou de ses ingesta (pour ces derniers, cela est particulièrement vrai pour les vitamines B1, B2, B6, B12, E et A).

a) Vitamine A

Elle est impliquée dans le fonctionnement de la rétine et du système immunitaire ainsi que dans la croissance et du renouvellement tissulaire

L’apport nutritionnel conseillé est de 950 μg par jour et ce besoin peut être couvert par l’alimentation à condition d’y intégrer de façon régulière, la consommation de poissons gras et de beurre, qui en sont particulièrement riches.

b) Vitamine D

La vitamine D favorise l’absorption du calcium et du phosphore. Elle intervient également dans la reproduction et le système immunitaire.

Les apports nutritionnels conseillés pour cette vitamine sont de 10 μg par jour et les carences en sont plutôt fréquentes chez les femmes allaitantes. Les populations plus à risques sont : les végétariennes strictes à cause de la limitation de leur régime (on trouve la vitamine D principalement dans les poissons gras), ainsi que les populations peu exposées aux rayonnements solaire (peau foncée, port du voile, enfermement, climat peu ensoleillé…) du fait que la vitamine D s’active par une exposition aux rayonnements UV.

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Ainsi, les recommandations de 10 μg doivent être respectées et une supplémentation en vitamine D active s’avère souvent nécessaire.

c) Vitamine E

Le principal rôle de la vitamine E est antioxydant.

Les apports recommandés pour les mères allaitantes sont de 12 mg par jour et on la retrouve surtout dans les huiles végétales et margarines, ainsi que dans les fruits et légumes (teneur faible mais deuxième source d’apport de par leur place importante dans la ration)

d) Vitamine B9

La vitamine B9 (aussi appelée folates ou acide folique) participe à la synthèse de l’ADN et de l’ARN, au métabolisme cérébral et nerveux, et au renouvellement cellulaire.

Les apports recommandés pour les femmes allaitantes sont de 400 μg par jour. Cette valeur peut être atteinte par l’alimentation seule à condition de veiller à la consommation quotidienne de légumes crus et en particulier les légumes à feuilles vertes (chou, épinards, salade…).