Pour répondre aux objectifs décris précédemment cette section détaille
briève-ment le comportebriève-ment mécanique du béton en traction. Une attention particulière
est apportée à la description de la zone de micro-ssuration associée à la propagation
de ssure. Enn le comportement du béton sous sollicitation thermique est abordé.
1.2.1 Comportement mécanique du béton
Le béton est un matériau composite isotrope possédant un comportement
mé-canique quasi-fragile. Ce comportement non-linéaire bien que diérent en fonction
du type de solicitation appliquée [6] provient de sa structure hétérogène complexe
(mélange de ciment, sable, graviers et eau). Cette hétérogénéité favorise le
déve-loppement en amont de la ssure la Fracture Process Zone ou FPZ . La
courbe contrainte/ouverture d'entaille (ou CMOD pour crack mouth opening
displacement ) de la gure 1.1 illustre ce comportement complexe sur une poutre
entaillée dans le cas d'une soolicitation de exion.
Le comportement quasi-fragile se décompose en 3 parties :
une partie linéaire (segment AB) dans laquelle le matériau est strictement
élastique, la réponse du matériau est directement proportionelle à l'eort
Figure 1.1 Courbe contrainte/ouverture d'entaille d'un matériau quasi-fragile
comme le béton et illustration de la zone située au sommet de la ssure pour
dié-rentes phases du chargement.
appliqué. Aucun endommagement mécanique n'est mesuré dans cette partie.
une partie non-linéaire (segment BC) qui correspond à l'apparition de
micro-ssurations. A ce stade, un ensemble de micro-ssurations est formé autour
de la future zone d'initiation de la ssure. La n de cette partie (point C)
correspond au pic de chargement appliqué au matériau. Ce point d'inexion
désigne l'instant d'initiation de la ssure.
la dernière partie (segment CD) est appelée zone d'adoucissement . Elle
est également non-linéaire et correspond à la propagation de la ssure ainsi
qu'à d'autres phénomènes décrits ci-après. Comme on peut le voir pour un
niveau de chargement correspondant au point C', le front de ssure est noyé
en amont et en aval de la FPZ.
1.2.2 Caractéristiques de la FPZ
Les diérent mécanismes conduisant au développement de la FPZ sont présentés
sur la gure 1.2. La diversité de ces mécanismes illustre la diculté à dénir ce
qu'est réellement une ssure et notamment sont extrémité supérieure qu'on
pour-rait appeler le front de ssure . En eet, la présence de ponts granulaires
ou de zones de frottements entre les lèvres de la ssure ne permet pas de dénir
clairement sa longueur. Par ailleurs, la ssure progresse par coalescence entre les
micro-ssurations ce qui ne permet pas de dénir ecacement une frontière entre
la ssure et la zone micro-ssurée.
Figure 1.2 Les diérents mécanismes à l'oeuvre dans la zone d'élaboration de la
rupture [7].
Le développement de la FPZ est central pour la compréhension du comportement
du béton à la rupture. Sa caractérisation constitue un enjeu majeur dans le domaine
de la mécanique de la rupture encore aujourd'hui [8, 9] puisqu'elle est responsable
notamment de l'eet d'échelle et de l'énergie de ssuration. L'emploi de diérentes
techniques expérimentales a permis au cours du temps de caractériser la FPZ. Une
instrumentation par bre optique a permis de conclure que la largeur de la FPZ était
de l'ordre de 3 fois la taille des plus gros granulats [10] conrmant ainsi les prédictions
de modèles théoriques [11]. Une analyse par corrélation d'images numériques (CIN)
a montré la relation entre la taille de la FPZ et la hauteur de l'éprouvette [12].
Des mesures par rayons X eectuées à diérentes étapes de la ssuration et sur des
bétons dont la taille maximale des granulats est diérente ont été menées [13]. Les
résultats obtenus montrent que la FPZ est d'autant plus large que la taille maximale
des granulats augmente (gure 1.3).
Figure 1.3 Comparaison des zones de micro-ssurations à partir d'images
ob-tenues par rayons-X dans des bétons avec une taille maximale des granulats
dié-rente [13].
Ces techniques bien qu'ecaces pour mettre en évidence et caractériser la FPZ
ne sont pas systématiquement applicables en réalité car elles ne permettent pas de
s'aranchir des contraintes d'une auscultation sur site. En eet les mesures par bre
optique ou par rayons X impliquent d'instrumenter le coeur du béton ce qui n'est
pas possible sur les structures déjà existantes. D'autre part une méthode comme
la CIN nécessite des conditions expérimentales particulières et non adaptées à de
grandes surfaces d'investigation.
Depuis quelques années, l'émission acoustique a été mise en oeuvre pour la
carac-térisation de l'endommagement du béton. On présentera par la suite son principe,
ses avantages et inconvénients.
1.2.3 Comportement du béton sous sollicitation thermique
La sollicitation thermique du béton modie sa micro structure. En dessous de
100 C, la première transformation concerne l'évaporation de l'eau libre. Les
mou-vements de l'eau dans le béton (libre ou liée) provoquent plusieurs phénomènes de
retrait de dessiccation, de gonement et de ssuration qui conduisent à la dilatation
diérentielle entre la pâte de ciment et les granulats. Cette zone tend à se dégrader
et à se ssurer. La teneur en eau est importante dans les phénomènes de
transforma-tion des hydrates et de transferts hydriques [14]. Deux des conséquences importantes
de ces changements sont l'augmentation de la porosité et la baisse de la résistance
mécanique et du module d'élasticité. Pour exemple, la porosité peut augmenter de
20% à 200 C [15, 16]. L'augmentation de la température provoque une dilatation
du béton (jusqu'à 2 % pour 200 C) [17]. La diérence des coecients de
dilata-tion entre le mortier et les granulats conduit à l'apparidilata-tion de micro-ssuradilata-tions
(gure 1.4). Le module d'élasticité en compression chute de 10% ou 30% selon les
auteurs en fonction de la température [18].
Dans le document
Détection et évaluation de l'endommagement mécanique du béton par émission acoustique
(Page 31-35)