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d Migration dans de nouveaux biotopes

IV. Els Trocs (2014 et 2016), M Rojo-Guerra

1.

Présentation générale

Le gisement d’Els Trocs est situé dans le centre des Pyrénées espagnoles à proximité du village de San Feliú de Veri (Huesca). Il est situé sur le versant sud à près de 1600 m d’altitude au niveau d’un corridor naturel proche des sources des rivières Ésera et Isábena. Les fouilles ont été effectuées entre 2009 et 2016 sous la direction de Manuel Rojo-Guerra. La grotte est composée d’une seule petite chambre de 15 m de long sur 6 m de large. Sur l’ensemble du gisement, une superficie de 53 m2 a été fouillée (figure 35). L'occupation s'étend de la fin du 6e millénaire à la fin du 4e millénaire av.J.-C. La grotte a donc été occupée pendant toute la période néolithique (Rojo-Guerra et al., 2014; Rojo-Guerra et al., 2015). Les environs immédiats du site sont les plaines de Partida qui étaient exploitées encore jusqu'au milieu du siècle dernier. Des sondages ont été effectués dans les environs immédiats du site. Ils ont documenté différents épisodes de « brûlis » qui pourraient être compatibles avec des tâches agricoles visant à défricher la forêt pour la création de cultures et/ou pâtures (Uría-Blanco, 2013).

Figure 35 : situation de Els Trocs à gauche relevé topographique (plan et profil) de la partie de la grotte fouillée, I. García-Martínez de Lagrán à droire photographie de l’entrée de la grotte, medelca

2.

Chronologie et horizons culturels prélevés

La stratigraphie a été séparée en quatre grands ensembles chronoculturels.

Le premier ensemble, Trocs I, était représenté sur une vingtaine de centimètres d’épaisseur. Il a été daté de 5315-4830 B.C (Mams-16163 6285 ± 25 B.P; Beta -316514 6050 ± 40 B.P). La plupart des tessons retrouvés sur le gisement provenaient de cette couche, 60%, du total comprenant notamment un pavement en céramique avec plus de 15 000 tessons. Des foyers de grandes dimensions et plusieurs fosses de différentes tailles dont deux, grandes et rondes, placées au centre de la chambre ont été mis au jour. Des ossements humains appartenant à au moins sept individus et présentant des stigmates de violence ont été relevés en position secondaire (Rojo-Guerra et al., 2013). Les analyses de phytolithes ont déterminé une utilisation des ressources en graminées locales réparties sur le pavement de céramiques interprétées comme une surface plus confortable, tout en isolant le sol de la grotte de l'humidité (Lancelotti et al., 2014).

Le second ensemble, Trocs II, était légèrement plus épais que la couche précédente. Il a été daté à 4500-4340 B.C (Beta-316511; 5590 ± 40 B.P). L’ensemble a été caractérisé comme un niveau de régularisation du sol, au sommet duquel était disposée une chaussée, faite de petites et moyennes pierres. Plusieurs structures de combustion bien conservées ont été trouvées parmi notamment l'un des plus grands foyers placé au milieu de la grotte.

Le troisième ensemble, Trocs III, était la séquence sédimentaire la plus importante. Elle a été enregistrée sur environ 50 cm d’épaisseur. Elle a été datée entre 3950- 2910 B.C (Mams-16165; 5035 ± 23; Beta-316510; 4410 ± 40 B.P). Deux fosses ont été retrouvées à l'extrémité de la cavité, ou des ossements humains, en position secondaire et dépourvue de tout signe de violence, y ont été déposés avec d'abondants restes fauniques. Plusieurs foyers nouveaux ont été identifiés. Le sommet de cet ensemble est documenté par un épisode d’effondrement de la grotte. La chute de nombreux blocs, notamment au niveau de l’entrée, explique probablement l'abandon de la grotte.

Le dernier ensemble, Trocs IV, a été caractérisé sur une dizaine de centimètres d’épaisseur. Quelques artefacts de l’époque romaine mélangés au dernier niveau d’occupation néolithique ont été découverts.

L’assemblage faunique était composé d’amphibiens, de mammifères, d’oiseaux et de reptiles. À ce jour, il s’agit de la seule séquence stratigraphique complète depuis le début du Néolithique qui a couvert la période entière avec un assemblage faunique aussi important pour la péninsule ibérique. Un total de 4657 restes de caprins et d’ovins ont été déterminés. Ils ont représenté près de 80% des restes identifiés (Rojo-Guerra et al., 2013, 2014).

Les vestiges lithiques ont été retrouvés en faible quantité, à peine 300 pièces. Ils o n t p r i n c i p a l e m e n t é t é d é c o u v e r t s d a n s Tr o c s I I e t Tr o c s I I I . L ' é t u d e s u r l'approvisionnement a déterminé que 41,1% du silex documenté n’était pas local et comprenait principalement des morceaux élaborés ou des petits nucléus déjà préparés (Mazzuco et al., 2014). Ils auraient été ramassés plus au sud près des sources de l’Isábena et l’Ésera, dans les contreforts ou même dans les zones de plaine. Des microlithes géométriques ont été utilisés comme points de projectiles et comme faucilles de lames pour des tâches agricoles (Rojo-Guerra et al., 2013).

3.

Méthodologie appliquée au site

Lors des campagnes de fouilles 2014 et 2016, 98 et 32 échantillons ont été effectués dans les différentes parties accessibles du gisement dans les différents niveaux d’occupation du site. Un échantillonnage exhaustif a été effectué pour observer si une conservation différentielle des propagules pouvait être remarquée en fonction des activités pratiquées au cours de l’occupation, ainsi qu’un changement dans les taxons parasitaires en fonction de l’attribution chronologique. Les échantillons ont été topographiés. Les prélèvements ont été réalisés en plans et en colonnes stratigraphiques. Trois colonnes stratigraphiques ont été réalisées sur différents emplacements de la cavité.


VI. La Baume d’Oulen (2016), R. Furestier, C. Gilabert,

P. Guillermin, L. Slimak & N. Teyssandier

1.

Présentation générale

La Baume d’Oulen se situe dans sur les communes du Garn (Gard) et de Labastide-de-Virac (Ardèche) dans la partie médiane des gorges de l’Ardèche à 220 m d’altitude. Il s’agit d’un vaste abri de 50 m sur une hauteur de de 10 à 15 m. Les premières mentions de fouille remontent au XIXe siècle, mais le site a sûrement été fréquenté et pillé depuis plus longtemps. Les premières véritables fouilles ont été entreprises par faut P. Raymond, de 1896 à 1907. La grotte a été occupée dès le Paléolithique. Ces occupations ont en premier focalisé les recherches entreprises sur le site. À partir des années 1950, des fouilles ont été opérées pour caractériser plus précisément les niveaux néolithiques de l’abri. En premier les fouilles ont été dirigées par J. Cauvin et P. Ducos en 1957 et 1958, puis sous la direction de J.L. Roudil et F. Bazile, entre 1977 et 1990 (Roudil, 1987 ; Roudil, 1988; Roudil & Van Willigen, 2002). Il fait partie des gisements majeurs ayant documenté la néolithisation de l’Europe occidentale. Les niveaux néolithiques ont documenté des couches de fumiers fossiles issus du parcage de petits ruminants. Des fouilles ont été reprises récemment, en 2015 avec deux équipes travaillant conjointement à la caractérisation des niveaux Paléolithiques et Néolithiques. Les niveaux néolithiques ont été fouillés sur une vingtaine de mètres carrés sous la direction de R. Furestier et C. Gilabert, principalement au niveau de la partie est l’entrée de l’abri.

2.

Chronologie et horizons culturels prélevés

Les niveaux néolithiques anciens (ensemble 5 et 6). Les deux couchent ont été attribué au Cardial. La couche 6 était constituée d’ un limon cendreux avec un cailloutis calcaire plus ou moins abondant. Elle a livré de nombreux tessons de céramique très fragmentée, avec des décors effectués à la coquille et une industrie lithique également abondante avec une matière première locale. Des objets de parure, dentales et colombelles, ont également été retrouvés. Elle est interprétée comme une occupation intense du site. L’ensemble 5 était composé de cendres argileuses sur une épaisseur irrégulière sur le gisement. Elle a livré moins de matériels que la couche précédente. Elle a livré une céramique attribuée au Cardial final avec des décors de cannelures verticales et obliques. Le mobilier lithique de ces deux couches démontre de deux types de production : le premier effectué sur des ressources locales débitées sur place avec de nombreux

éclats retrouvés, le second vise une production de lames régulières (et secondairement de quelques éclats) débitées en percussion indirecte (Defranoult, 2019).

Les ensembles 3 et 4 ont été rattachés au Chasséen typique. L’ensemble 4 correspondait à un limon argileux avec des lits bruns cendreux et la couche 3 un limon brun plus ou moins argileux dépourvu de cailloux. Les niveaux ont livré peu de mobilier malgré l’épaisseur importante de certains secteurs. Le mobilier retrouvé se rattache au Chasséen typique avec des récipients carénés, une industrie lithique sur lame en silex blond. Par contre ces couches ont révélé des structures de combustion remarquables. Il s’agit de foyers aménagés dans des cuvettes subcirculaires creusées dans le limon.

Les ensembles 1 et 2 ont été attribués au Néolithique final, appartenant à la culture Ferrières. Le mobilier céramique y était abondant et typique avec une industrie lithique sur éclat. Cette couche a livré une bonne quantité de céréales carbonisées, Triticum monococum (engrain).

3.

Méthodologie appliquée au site

Deux types de prélèvements ont été réalisés :

• 21 prélèvements ont été réalisés en colonne stratigraphique sur les coupes disponibles (figure 36)

• 4 prélèvements ont été réalisés sur les niveaux du Néolithique Final