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aux ell'els physiologiques, et, sous prétexte qu'en bien des cas il

ne parait exister aucune ressemblance entre les deux, certains médecins se sont bornés ou se bornent de parti pris à tenir compte exclusivementdes effets observés sur le malade.

A la vérité, ces dénégations de parti-pris reposent sur des

faits d'observationjustes et irréfutables.Mais il faut s'entendre.

C'est qu'il s'agit ici de la question des spécifiques. Ceux-ci

s adressent aux causes morbides elles-mêmes et ne relèvent

plus d'une modification fonctionnelle;.ils portent entièrement

sur le microbe sans intéresser à peine l'organisme. Or l'action

des spécifiques n'est malheureusementqu'un cas tout par¬

ticulier de l'action thérapeutique, puisque à peine deux ou trois

maladies en sont justiciables : la syphilis avec le mercure et l'iode, l'impaludismc avec la quinine, le rhumatisme aigu avec l'acide salicylique. 11 se trouve doncque, dans deux ou trois cas bien limités, il existe des remèdes héroïques dontnous ne pou¬

vons pas discuter physiologiquement le mode d'action, puis¬

qu'ils produisent des effets curateurs remarquables à desdoses

même où, normalement, il est impossible d'en tirer la plus petite modification fonctionnelle de tel ou tel appareil. Mais, à part ces exemples, bien maigres à la vérité, par lesquels nous voyons le médicament agir d'une manière spécifique et souve¬

raine contre l'agent même de la maladie, combien sont plus

nombreuses pour ne pas dire qu'elles constituent encore à peu près toute lanosologie actuelle les maladies où l'action thérapeutique doit se borner et se borne à produire sur l'orga¬

nisme lui-même les modifications capables de changer l'évolu¬

tion morbide! Si dans le premier cas, mais très rarement, on a la chance exceptionnelle de pouvoir tuer directement lagraine,

dans le second et presque toujours, il faut s'attacher, faute de mieux, à modifier le terrain. Et cette modification, recherchée à l'aide de l'agent thérapeutique,s'adresse évidemment aux diver¬

sesfonctions qui président à la défense de l'organisme ou à

celles que 1a, maladie a compromises : c'est-à dire qu'exalter les

fonctions amoindries ou insuffisantes d'une part, ramener à leur

allure ou à leur sensnormal les fonctions exagérées ou déviées

d'autre part, tel est le double rôle du thérapeute dans la

majo-rite des circonstances. Or, comment le remplirait-il d'une ma¬

nière efficace et certaine s'il n'avait déjà jugé, par une expéri¬

mentation physiologique personnelle ou scientifiquement éta¬

blie, où vont porter spécialement, et à quel degré, et par quel mécanisme, les armes dont il se sert? Nous savons que chaque

médicament possède une action élective sur tel ou tel appareil : c'est là le principe de l'électivité médicamenteuse que tout mé¬

decin ne peut perdre de vue dans chacune de ses interventions

sur le malade. Or, nous devons ce principe exclusivement à l'expérimentation physiologique, appliquée soit à l'homme,

soit

depréférence, d'abord, à l'animal.

Est-ceàdire pourtantque l'action thérapeutique mérite d'être

confondue avec l'action physiologique ou, en d'autres termes, qu'elle ne soit qu'une action

physiologique bien mise

à

profit?

Il y aurait là, certes, à notre sens, une exagération manifeste

dont nous ne sommes nullement complice. Ce que nous avons voulu dire, au contraire, c'est qu'on doit chercher, dans la

mesure du possible, à se rendre compte de l'une par l'autre;

qu'en quelques cas, les elfets

physiologiques

permettent

de

pré¬

voir les effets thérapeutiques; que, souvent, ils permettent

seuls

de les expliquer. Au reste, nous allons tâcher, par quelque exemple typique, de bien mettre en relief ce genre de rapports.

Nous y verrons la différence, la discordance qui peut exister

entre effets thérapeutiques et effets physiologiques et, malgré

tout, le lien qui les unit et les explique,en dernière analyse, les

uns par les autres.

Considérons les effets de la digitale.

Donnée dans un cas d'hydropisie par maladie du cœur, la digitale produit comme effet thérapeutique utile une diurèse

considérable qui peut réussir à faire disparaître l'hydropisie.

La digitale a par suite été mise avec raison parles médecins au nombre des diurétiques. On n'en connaît pas, quant à présent,

de plus précieux. Cependant, administrée à l'homme

sain,

elle

ne provoque pas d'augmentalion des urines, elle

tend

même au contraire à restreindre la sécrétion urinaire.

Voilà donc la divergence manifeste, inexplicable en

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-rence et bien propre à servir d'arguments aux ennemis des doctrines rationnelles. Mais précisément raisonnons et nous verrons peut-être s'effrondrer cette prétendue contradiction.

Cest que l'effet diurétique de la digitale n'est pas un effet simple et direct : c'est la conséquence de tout un enchaîne¬

ment de phénomènes. L'examen attentif des modifications fonc¬

tionnelles qui se produisent chez le malade sous l'influence de cette substance permet déjà en partie de reconnaître la filiation de quelques uns d'entre eux. Mais l'expérimentation physiolo¬

gique est seule capable de démêler l'enchaînement précis des

faits observés, car elle seule permet de remonter à leur point

de départ, c'est-à-dire à l'actionprimordiale du médicament sur

le cœur. Nous apprenons en effet, grâce à elle, que l'augmen¬

tation dans l'énergie du cœur fait élever la tension artérielle, et cettedernière condition force enfindecompte lasoupaperénale.

Mais pourquoi la diurèse apparait-elie chez l'homme malade

et non chez l'homme sain? On trouve la réponse à celte question en remarquant que les conditions crééesparlamaladie

sont différentes de celles de l'état normal : Dans le cas nous nous sommes placés, le cœur est affaibli, la tension vasculaire estdiminuée tandis quela tension veineuseestplus forte, et c'est

cet état anormal de la circulation qui a faitnaître une

hydropi-sie. Dans ces conditions, la diurèse qui dépend, comme on le sait, de la tension vasculaire, se relève avec cette dernière; chez l'individu sain, l'élimination rénale déjà parfaite (1) sous l'influence d'une tension normale ne saurait recevoir d'impul¬

sion nouvelle.

Mais la digitale n'agit pas autrement chez l'homme malade

que chez l'homme sain : dans tous les cas, son action porte sur le cœur, et si les effets secondaires, tels que la diurèse, sont différents, c'est que les conditions de l'intervention

médicamen-(1) Les fonctions de l'organisme s'exercentà l'état normal avec un certain luxe:

consomption de luxe (Biddes et Schmidt) respiration de luxe (Mosso, Ch. Richet, Pachon). Si l'on doit admettre une fonction maxima, à l'état normal, c'est bien la sécrétionurinaire, chargée d'éliminer les déchetsetlespoisons solubles résultant de la vie des tissus.

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teuse ne sont pas les mêmes. En

thérapeutique, le médicament,

s'adresse à l'organisme, mais à

l'organisme malade, c'est-à-dire

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