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Elections Egyptiennes 2012

Dans le document Numéro spécial CRISES … (Page 73-76)

Par Zakaria Boualem était que la politique est une source de problèmes. Dans la famille, le mot même de siyassa (politique) était prononcé à voix basse, et généralement pour signifier qu’il fallait s’éloigner de cette malédiction avant qu’une pluie mauvaise ne s’abatte sur les têtes. Rien d’étonnant dans ces conditions à constater que la carrière d’électeur de Zakaria Boualem ait débuté par une série retentissante d’actes d’abstention. En parallèle et moyennant finances, notre héros s’est fait une spécialité de geindre en public sur sa situation de locataire du plus beau pays du monde. Rappelons qu’un locataire est un individu qui s’acquitte de ses impôts sans espérer de service public en retour – seule l’occupation du sol est facturée – et est menacé d’expulsion aumoindre grognement jugé antipatriotique.

« Gagnons du temps : nous sommes complètement skyzo, c’est clair. Chez nous, on peut croiser des trafiquants de drogues pieux, des prostituées moralisatrices, des marxistes royalistes, des mamans qui imposent trois tenues de mariages traditionnelles à leur fille alors qu’elles-mêmes ont épousé leur conjoint habillées en Catherine Deneuve, etc.

Suivre un marocain pendant une journée, c’est traverser avec lui les référentiels, se promener entre les langues, basculer entre plusieurs systèmes de pensée, le tout dans une espèce d’insouciance qui peut laisser penser que cette diversité est une richesse. C’est pourtant loin d’être le cas, puisqu’on peut également durant la même journée l’écouter tenir des propos sans rapport avec la réalité et encore moins avec son comportement. A force de répéter que nous allions harmonieusement tradition et modernité, nous avons fini par y croire. A moins de réduire la modernité à la technologie,

ou la tradition aux rites, il faut bien Impossible, nos lois ne le sont pas. Elles sont même parfaitement en mesure d’envoyer la moitié de la population en prison si elles étaient appliquées à la lettre. Plutôt que de se poser clairement la question du « comment vivre ensemble », nous nous sommes aménagés des espaces de liberté discrets, qui se sont transformés en zones d’hypocrisie plus étendues, puis en schizophrénie généralisée.

Le résultat, c’est une société où la liberté individuelle se vit mais ne se défend pas en public, où on opte pour le discours le plus moralisateur et conservateur par habitude et par lâcheté intellectuelle, et où la valeur suprême finalement, se détache d’elle-même : le culte des apparences »

Dès que la publication de l’article de Zakaria Boualem est apparue sur le web, les réactions furent nombreuses, non pour désapprouver ses révélations que certains esprits hypocrites jugeraient d’antipatriotiques, mais surtout pour abonder dans le même sens critique de l’auteur et d’amorcer la réflexion. En voici quelques propos :

« Le culte des apparences nous perdra, et seulement lorsqu’on aura réellement tout perdu qu’on pourra peut-être bâtir du tout neuf, solide et probablement plus durable. En attendant, il sera toujours bon de rappeler que l’habit ne fait et ne fera jamais le moine ! »

« Nous sommes schizophrènes même linguistiquement, bien que notre pays soit toujours aussi mal placé en terme de scolarité et d'alphabétisation. Le fameux "Bonjour A Lalla"

commence à réveiller en moi des envies de contradictions avant de blâmer les Marocains... »

« Cet article nous montre juste qu'on vit dans une société où l'apparence, la frime et le seuil de popularité au niveau social sont les seules valeurs dont on dispose et dont on est le plus fier !!! »

« Un des meilleurs si ce n’est le meilleur moyen pour comprendre les origines du clivage de l’âme, du corps et de l’esprit du « marocain » : il suffit d’observer comment l’on éduque les enfants dans notre beau pays. De voir par exemple, que plus que d’habitude, il n’existe de cohérence ou de congruence dans le discours tenu par deux adultes envers un enfant. Comme si de manière quasi statistique, l’union maritale entre une femme et un homme ne pouvait, à terme, qu’engendrer des rapports dissymétriques, concurrentiels et finalement antagonistes sur le plan de la pratique éducative. Quels repères encore petit ». Comme si la période de l’enfance devait être une période où il fallait se prémunir des apprentissages de base. Comme aussi si le fait de changer subitement et radicalement d’avis (en haussant le ton…) à propos de ce qui était

quelques minutes auparavant encore permis, n’était pas de nature à alimenter jour après jour, anniversaire après anniversaire, les germes d’une schizophrénie dévastatrice…, une sorte de bombe à retardement prête à exploser à n’importe quelle occasion, de préférence de manière inattendue et pour pas grand chose (en tous les cas pour le commun des mortels et même pour les compatriotes, ce n’est pas compréhensible, c’est davantage quelque chose qui se ressent, se flaire…). Quel foutu sens de l’adaptation faut-il à des êtres, pour se développer dans un tel environnement ! Que d’efforts consacrés à surmonter, de hautes luttes, ses frustrations alors qu’il faudrait en principe (et si l’on veut le bien de nos petites têtes crépues) leur donner les moyens de développer pleinement leurs capacités et leurs talents. Et dire que certains y parviennent ! Chapeau bas ! Le Marocain, par certains aspects, peut être aussi un sacré artiste !!! »

« La première forme de schizophrénie c'est que nous parlons des "marocains" et pas de "nous".

« Relis l'article, dès les deux premières phrases, Zakaria Boualem écrit: "GagnONS du temps : NOUS sommes complètement schizo, c’est clair.

Chez NOUS, on peut croiser..." Donc, il faut aller chercher notre schizophrénie ailleurs que dans les mots qu'on emploie pour la désigner, c'est-à-dire là où elle est profondément enracinée.

Lorsqu'ils ont bombardé la Corée, le

Dans le document Numéro spécial CRISES … (Page 73-76)

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