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S´ election de Multifonctions ` a Valeurs Convexes Compactes : S´ election de Steiner

1. Introduction

Une des questions fondamentales de l’analyse multivoque est de relier celle-ci `a l’analyse univoque. Cela peut se faire grˆace `a la notion de s´election.

On appelle s´election de la multi-application F sur X `a valeurs dans Y , toute application f v´erifiant : f (x)∈ F (x), pour tout x dans X.

L’existence de s´elections est assur´ee par l’axiome de choix, mais l’existence seule n’est pas en g´en´eral porteuse de renseignements suffisants. Aussi, est-il souhaitable de pouvoir identifier des s´elections qui h´eriteront des propri´et´es de la multi-application originelle. S’agissant ici d’analyse, ces propri´et´es seront des propri´et´es de continuit´e, de diff´erentiabilit´e, de mesura- bilit´e etc.... Pour ce qui est de continuit´e, un des r´esultats les plus connus est le th´eor`eme de E.Michael [10].

Th´eor`eme 1.1 Soit X un espace m´etrique paracompact et Y un espace de Banach. Si F est une multi-application semi-continue inf´erieurement, d´efinie de X `a valeurs ferm´ees, convexes de Y , alors elle admet une s´election continue.

S’agissant de mesurabilit´e, citons le th´eor`eme de Ryll-Narzewski [8].

Th´eor`eme 1.2 Si F est une multi-application `a valeurs ferm´ees dans IRn tel que, ∀ x ∈ IRn

, l’application qui `a w associe dF(w)(x) est mesurable, alors il existe une application

f mesurable tel que, ∀ w, f(w) ∈ F (w).

Un des moyens pour d´efinir une s´election est d’ˆetre capable d’identifier un point ”remar- quable” pour chaque valeur prise par la multi-application F (x). Ceci ne peut ˆetre possible que si l’on poss`ede suffisamment de renseignements sur cet ensemble. Pour notre part, nous nous sommes int´eress´es au cas assez courant, o`u F (x) est un convexe compact en dimension finie. En effet, dans ce cas, la notion de ”centre” nous fournit un moyen naturel pour choisir un point remarquable. De nombreuses possibilit´es sont offertes, citons `a titre d’exemple le centre barycentrique, le centre de Chebischev, le centre analytique, le centre de Steiner ... Nous nous proposons dans ce travail d’´etablir que la s´election obtenue par le choix du centre de steiner est celle qui h´erite le mieux des propri´et´es de la multi-application. En effet, nous ´etablirons que cette s´election conserve le caract`ere lipschitzien, que si la multi-application est en un certain sens diff´erentiable, il en est de mˆeme de la s´election de Steiner, qui lui est associ´ee et que le centre de Steiner d’une int´egrale n’est autre que l’int´egrale de la s´election de Steiner, etc ....

Ensuite nous ´etablirons quelques comparaisons avec les s´elections obtenues par le choix des autres centres, notamment celles obtenues par le choix des centres barycentrique et de che- bischev. Enfin, nous proposerons un algorithme de minimisation d’une fonction convexe.

2.Notations et rappels

Dans ce qui suit, on adoptera les notations suivantes : CK(IRn) d´esigne l’ensemble des com-

pacts, convexes, non vides de IRn,

h.,.i le produit scalaire usuel de IRn et

k.k la norme qui lui est associ´ee.

B et S d´esignent respectivement la boule unit´e et la sph`ere unit´e de IRn. Pour une partie

A born´ee de IRn, nous noterons

kAk = sup

x∈Ak.k. La distance de x `a K ∈ CK(IR

n) est d´efinie

par :

dk(x) = inf

y∈K kx − yk

L’exc`es de K sur L, ´el´ements de CK(IRd) est donn´e par :

e(K,L) = sup

x∈K

dL(x).

On appelle distance de Hausdorff not´eeH entre deux ´el´ements K et L de CK(IRn), le nombre

d´efini par :

H(K,L) = max[e(L,K); e(K,L)].

Pour une multi-application F d´efinie de IRn `a valeurs dans IRn, notons gr(F ) le graphe de F et dom(F )={x ∈ IRn / F (x)6= ∅} son domaine.

On rappelle maintenant les notions de continuit´e que l’on va utiliser par la suite : voir par exemple le livre d’Aubin et Cellina [1].

D´efinition 2.1 Une multi-application F d´efinie de IRndans IRn `a valeurs compactes est dite semi-continnue sup´erieurement au sens de Hausdorff (s.c.s) si : pour tout x0 de IRn on a: ∀

ε > 0 ∃ η > 0 tel que : F (x0+ ηB)⊂ F (x0) + εB

Proposition 2.2 En dimension finie, si F est une multi-application `a valeurs compactes, non vides, alors F est semi-continue sup´erieurement si et seulement si elle est de graphe ferm´e.

D´efinition 2.3 Une multi-application F d´efinie de IRndans IRn `a valeurs compactes est dite semi-continue inf´erieurement au sens de Hausdorff (s.c.i) si : pour tout x0 de IRn on a :

∀ ε > 0 ∃ η > 0 tel que : F (x0)⊂ F (x0+ ηB) + εB.

D´efinition 2.4 Une multi-application F de IRn dans IRn est dite continue si elle est `a la fois s.c.s et s.c.i .

Pour K ´el´ement de CK(IRn), on d´efinit la fonction d’appui de K not´ee σ(K,.) par : Pour tout p dans IRn

La proposition suivante pr´esente quelques propri´et´es fondamentales de la fonction d’appui : Proposition 2.5 L’application qui `a p on associe σ(K,p) est sous-lin´eaire. Si pour tout p de IRn et pour tout K,L dans CK(IRd) elle v´erifie les assertions suivantes :

i) σ(K,p) = σ(−K, − p);

ii) σ(K + L,p) = σ(K,p) + σ(L,p); iii) σ(λK,p) = λσ(K,p) ∀ λ ≥ 0.

Pour une ´etude d´etaill´ee de la fonction d’appui, on pourra consulter [7], [4] et [2] 3. Le centre de Steiner

Le centre de Steiner d’un convexe compact de IRn admet de nombreuses caract´erisations,

et de riches propri´et´es. Pour une ´etude d´etaill´ee, on pourra consulter le livre d’Aubin et Frankowska [2] ainsi que l’article de Saint-Pierre [12] qui offre une fine analyse et une riche bibliographie sur le sujet.

D´efinition 3.1 Pour K ´el´ement de CK(IRn), on appelle centre de Steiner de K le point de

K not´e St(K) donn´e par la formule suivante :

St(K) = n Z

s

p σ(K,p) α(dp)

α ´etant la mesure de Lebesgue sur la sph`ere S telle que α(S) = 1.

Cette d´efinition n’est pas la d´efinition originelle mais celle due `a Shepard [13]. C’est la mieux adapt´ee `a notre propos.

Rappelons quelques unes des propri´et´es du centre de Steiner.

Proposition 3.2 [2] Le centre de Steiner poss´ede les propri´et´es suivantes : i) Si K est sym´etrique (K =−K), St(K) = 0;

ii) L’application s, qui a K ´el´ement de CK(IRn) associe St(K) centre de Steiner de K est additive et pour tout λ∈ IR s(λK) = λs(K);

iii) L’application s : K −→ St(K) d´efinie de CK(IRn

) muni de la distance de Hausdorff H, `a valeurs dans IRn, est n-Lipschitzienne;

iiii) Pour tout K ´el´ement de CK(IRn), le centre de Steiner St(K) est un ´el´ement K.

Une autre caract´erisation du centre de Steiner s’obtient `a partir du sous-diff´erentiel de la fonction d’appui. Rappelons que le sous-diff´erentiel d’une fonction convexe v not´e ∂v(.) est d´efini par :

∂v(p) ={γ ∈ IRn,

∀q ∈ IRn v(q)

On d´esigne par m(∂σ(K,p)), l’´el´ement de norme minimale du sous-diff´erentiel en p de la fonction d’appui. Le centre de Steiner est alors caract´eris´e par :

Proposition 3.3 [5] Pour K ´el´ements de CK(IRn), le centre de Steiner de K est caract´eris´e

par :

St(K) = n Z

B

m(∂σ(K,p))dp

Pour un convexe compact K, et pour tout p∈ IRn, d´esignons par FK(p) l’ensemble :

FK(p) ={x ∈ K : hx,pi = σ(K,p)}

Le sous-diff´erentiel ∂σ(K,p) en p de la fonction d’appui est ´egal `a FK(p); cet ensemble est

presque partout r´eduit `a un point, ce qui nous permet d’obtenir la caract´erisation du centre de Steiner suivante :

Proposition 3.4 [12] Pour K ´el´ement de CK(IRn), le centre de Steiner de K est caract´eris´e par : St(K) = Z s FK(p) dα(p) Remarque

Cette forme peut ˆetre int´eressante pour la d´etermination explicite du centre de Steiner, dans le cas o`u K est un poly`edre.

A partir de la proposition 3.4 ci-dessus, on peut voir le centre de Steiner comme ´etant le centre de gravit´e de la mesure µK, image par FK de la mesure de lebesgue α sur S ; on a

alors la caract´erisation suivante :

Proposition 3.5 Pour K ´el´ement de CK(IRn), le centre de Steiner de K est caract´eris´e

par :

St(K) = Z

∂K

xdµK (x)

C’est d’ailleurs en tant que centre de gravit´e de la mesure de courbure que le centre de Steiner fut introduit en 1840 par J. Steiner pour une courbe plane convexe de classe C2 [14].

Nous pouvons pr´eciser le r´esultat (iiii) de la proposition 3.2

Proposition 3.6 Soit K est un ´el´ement de CK(IRn). Si K est d’int´erieur non vide, alors

le centre de Steiner de K est dans l’int´erieur de K.

D´emonstration

Montrons qu’elle est de graphe ferm´e.

Soit (xn,yn) une suite convergente vers (x,y) et qui v´erifie yn ∈ FK(xn), pour tout n ∈ IN.

Montrons que y ∈ FK(x).

Puisque yn∈ FK(xn) ∀ n ∈ IN, on a l’´egalit´e suivante :

∀ n ∈ IN hxn,yni=σ(K,xn).

Soit

∀ n ∈ N hxn,yni≥hxn,pi ∀ p ∈ K.

Par passage `a la limite dans l’expression ci-dessus, on obtient :

hx,yi≥hx,pi ∀ p ∈ K. alors

hx,yi≥σ(K,x) K ´etant ferm´e donc y ∈ K. On en d´eduit que :

σ(K,x) ≥ hx,yi ≥ σ(K,x). Par cons´equent, y ∈ FK(x). Ce qui conclut la preuve du lemme.

Soit hp(.) l’application d´efinie sur IRn `a valeurs dans IR par :

hp(q) = inf x∈FK(q)

hp,xi.

Le lemme qui va suivre nous fournira une propri´et´e de continuit´e de l’application hp(.).

Lemme 3.8 L’application hp(.) est semi-continue inf´erieurement.

D´emonstration Soit λ < hp(q). Alors pour tout x∈ FK(q), on a λ <hp,xi, et donc

hp,FK(q)i ⊂ ]λ, + ∞[

Pour p∈ IRn l’application qui `a x associe hp,xi est continue. D’apr`es le lemme 3.7 la multi- application FK(.) est semi-continue sup´erieurement. Ce qui entraˆıne par composition que la

multi-application hp,FK(.)i est semi-continue sup´erieurement.

Par cons´equent, il existe un voisinage Vq de q tel que, pour tout z ∈ Vq

i.e. ∀ x ∈ FK(z), λ < hp,xi, en prenant la borne inf´erieure sur les ´el´ements de FK(z), on

d´eduit que λ < hp(z)

On conclut que, pour λ < hp(q). Il existe un voisinage Vq de q tel que :

∀ z ∈ Vq hp,FK(z)i ⊂ ]λ, + ∞[.

i.e. λ < hp(z) ∀ z ∈ Vq, l’application hp(.) est donc semi-continue inf´erieurement. Ceci

ach`eve la preuve du lemme.

D´emonstration de la proposition 3.6

Par translation, on peut se ramener au cas o`u St(K) = 0. Supposons que 0 est un ´el´ement de la fronti`ere de K. Soit P un hyperplan d’appui de K en 0.

Alors, il existe p de norme 1 tel que :

P ={x ∈ IRn

/hp,xi = 0} , et pour tout q∈ K on a : hp,qi ≥ 0. Alors

hp(q) = inf z∈FK(q)

hp,zi = σ(K,p) ≥ 0.

En effet : hp(q) > 0, car sinon pour tout x ∈ K, hp,xi = 0, ce qui contredit le fait que K est

d’int´erieur non vide; du fait de la semi-continuit´e inf´erieure de hp(.), il existe un voisinage

Vq de q tel que :

∀ x ∈ Vq hp(x) > 0.

Les ensembles FK(.) sont presque partout r´eduits `a un point. Alors hp(.) est presque partout

´egal `a hp, FK(.)i. Par d´efinition du centre de Steiner, on a :

hp ,St(K)i = hp, Z s FK(q) dα(q)i d’o`u hp ,St(K)i = hp, Z s hp(q) dα(q)i > 0.

Ceci contredit le fait que hp ,St(K)i = 0. Ce qui compl`ete la preuve.

Nous proposons ici quelques r´esultats li´es `a la diff´erentiabilit´e, `a l’int´egration, aux multi- mesures et `a l’optimisation.

4. Centre de Steiner et diff´erentiabilit´e

De mˆeme que la s´election de Steiner conserve les propri´et´es de tangence.

Soit X une partie d’un espace norm´e. x0 ∈ X, on d´esigne par F un filtre plus fine que le

filtre des voisinages de x0.

D´efinition 4.1 Soient F et G deux multi-applications d´efinies sur X `a valeurs dans un espace norm´e Y . F et G sont dites F-tangentes en x0 si :

lim

F

H[F (x),G(x)] kx − x0k

= 0.

Nous avons alors la propri´et´e suivante :

Proposition 4.2 Soient F et G deux multi-applications d´efinies sur une partie X d’un espace norm´e, `a valeurs convexes, compactes, non vides de IRn et F-tangentes en x0, alors

les applications centre de Steiner sF(.) et sG(.) sont F-tangentes en x0.

D´emonstaration

Le r´esultat d´ecoule de mani`ere imm´ediate de la majoration suivante :

k sF(x)− sG(x)k≤ n H[F (x),G(x)].

Un moyen usuel pour d´efinir une notion de diff´erentiabilit´e pour les (multi) applications, est de d´efinir une notion de tangence et de choisir une classe de (multi) applications ap- proximantes. Dans [5], S. Gautier a propos´e le choix suivant pour les multi-applications approximantes.

D´efinition 4.3 une multi-application A: IRn →−→IRn est dite affine si :

∀x, x0

∈ domA et λ ∈ [0,1] on a

A(λx + (1− λ)x0) = λA(x) + (1

− λ)A(x0).

Proposition 4.4 Si A est une multi-application affine alors la s´election de Steiner sA(.) est

la restriction au domaine de A d’une application affine. D´emonstration

Pour tout x, x0

dans le domaine de A et pour tous λ dans [0,1], on a par d´efinition

sA(λx + (1− λ)x0) = St(A(λx + (1− λ)x0))

La multi-application A ´etant affine, on a donc l’´egalit´e suivante :

sA(λx + (1− λ)x0) = St(λA(x) + (1− λ)A(x0))

Compte tenu de l’additivit´e du centre de Steiner, on obtient :

sA(λx + (1− λ)x0) = λSt(A(x)) + (1− λ)St(A(x0)),

ce qui entraˆıne l’´egalit´e :

Par cons´equent, la s´election de Steiner sA(.) est la restriction au domaine de A d’une

application affine.

D´efinition 4.5 une multi-application F d´efinie de X `a valeurs dans IRn est dite

F-diff´erentiable en x0 s’il existe une multi-application affine A d´efinie, sur X `a valeurs

ferm´ees dans IRn, continue en x0 et tangente `a F en x0.

La proposition suivante d´ecoule directement des propositions 4.2 et 4.4. Proposition 4.6 Soit F : X −→ CK(IRn

) une multi-application F-diff´erentiable en x0

et soit A la multi-application affine tangente. Alors la s´election centre de Steiner sF(.) est

F-diff´erentiable en x0 et admet comme application affine tangente la s´election sA(.).

Remarque

En particulier, si X est ouvert et siF est le filtre des voisinages de x0, la s´election de Steiner

est Fr´echet-diff´erentiable en x0.

Rappelons qu’un vecteur v est un vecteur du cˆone contingent `a X en x0 si et seulement si

pour tout ε > 0, G(x0,v,ε)∩ X 6= ∅ o`u :

G(x0,v,ε) ={x0+ t(v + εu) , 0≤ t ≤ ε , u ∈ B} .

Pour un tel vecteur v, si nous prenons pour F le filtre trace sur X du filtre engendr´e par les gouttes G(x0,v,ε), la proposition 4.4.6 nous indique que sF(.) est directionnellement

d´erivable dans la direction v.

5. Centre de Steiner et int´egrabilit´e

On va introduire des notions de mesurabilit´e et d’int´egrabilit´e de multi-applications dont on pourra trouver les d´efinitions dans les ouvrages de r´ef´erence suivants : le livre d’Aubin et Frankowska [2] et celui de castaing et Valadier [4].

Soit (Ω,Σ) un espace mesurable.

D´efinition 5.1 Une multi-application F de Ω vers IRn est dite mesurable si pour tout ouvert

O de IRn, on a :

F−1(O) ={x ∈ O F (x) ∩ O 6= ∅} ∈ Σ.

Il existe de nombreuses formulations ´equivalentes de cette notion, par exemple : Proposition 5.2 Les assertions suivantes sont ´equivalentes :

i) F est une multifonction mesurable.

ii) Pour tout ferm´e C de IRn F−1(C) est mesurable.

iii) ∀ x ∈ IRn l’application dF(.)(x) est mesurable.

une application `a valeurs dans l’espace m´etrique (CK(IRn),H).

La mesurabilit´e de F en tant que multi-application est alors ´equivalente `a la mesurabilit´e de l’application F .

D´efinition 5.3 [3] Soient (Ω,Σ,µ) un espace mesur´e, F une multi-application mesurable de Ω dans IRn. On d´efinit l’int´egrale de F par :

Z Ω F (ω) dµ(ω) = Z Ω f (ω)dµ(ω)/ f s´election int´egrable de F  .

Dans le cas o`u la multi-application est `a valeurs dans CK(IRn) et la fonction d’appui de

l’int´egral est donn´ee par :

∀ p ∈ IRn σ( Z Ω F (ω) dµ(ω),p) = Z Ω σ(F (ω),p) dµ(ω).

D´efinition 5.4 une application ϕ : Ω x IRn −→ IRn

est dite de Carath´eodory si ϕ(.,.) est s´epar´ement mesurable par rapport `a la premi`ere variable, et continue par rapport `a la seconde.

Lemme 5.5 Soit ϕ : Ω x IRn

−→ IRn une application de Carath´eodory. Alors pour toute

application mesurable f : Ω−→ IRn, l’application ω

−→ ϕ(ω,f (ω)) est mesurable.

La d´emonstration de cette proposition est d´etaill´ee dans le livre d’Aubin et Frankowska [2]. D´efinition 5.6 Une multi-application F de Ω `a valeurs dans IRn est int´egrablement born´ee s’il existe une application g positive dans L1(Ω,Σ,µ) tel que :

∀ ω ∈ Ω F (ω) ⊆ g(ω)B. Le th´eor`eme principal de cette section est le suivant :

Th´eor`eme 5.7 Soient (Ω,Σ,µ) un espace mesur´e et F une multi-application de Ω `a valeurs dans CK(IRn), mesurable et int´egrablement born´ee. Alors, le centre de Steiner de l’int´egrale de F est l’int´egrale de la s´election centre de Steiner de F :

St( Z Ω F (ω) dµ(ω)) = Z Ω sF(ω) dµ(ω). D´emonstration

L’application qui `a K associe son centre de Steiner est Lipschitzienne par rapport `a la distance de Hausdorff. Ceci entraˆıne que l’application : sF(.) = St o F (.) est aussi mesurable.

La multi-application F ´etant int´egrablement born´ee, on en d´eduit que la s´election sF(.) est

int´egrable.

Par d´efinition du centre de Steiner, on obtient : l’´egalit´e suivante :

Z Ω sF(ω) dµ(ω) = n Z Ω [ Z s p σ(F (ω),p) α(dp)]dµ (ω).

Si nous posons f (ω,p) = p σ(F (ω),p), f est mesurable et on a pour tout p∈ S k f (ω,p) k≤ kF (ωk k p k2≤k g(ω) k .

Par cons´equent, l’application f est int´egrable par rapport aux deux variables et d’apr`es le th´eor`eme de Fubini n Z Ω [ Z s p σ(F (ω),p) α(dp)]dµ(w) = n Z s p σ( Z Ω F (ω)dµ (ω),p) α(dp) = St( Z Ω F (ω)dµ (ω)).

Ce qui ach`eve la d´emonstration du th´eor`eme.

Corollaire 5.8 Soit F une multi-application continue d´efinie sur IR `a valeurs dans CK(IRn). Soit G(t) =

Z t

a

F (u)du, alors l’application centre de Steiner sG(.) est d´erivable de d´eriv´ee

sF(.). D´emonstration On a : sG(.) = St(G(t)) = St( Z t a F (u) du). Le th´eor`eme 5.7 entraˆıne sG(.) = Z t a sF(u) du

F ´etant continue, alors sF(.) l’est aussi et par suite sG(.) est d´erivable de d´eriv´ee sF(.).

6. Centre de Steiner et multi-mesures

Le but de ce paragraphe est d’interpr´eter et de g´en´eraliser le th´eor`eme 5.7 en terme de multi- mesures.

Rappelons tout d’abord, quelques d´efinitions et r´esultats relatifs aux multi-mesures, figurant dans la th`ese de Godet-Thobie [6].

(Ω,Σ,µ) d´esigne un espace mesur´e, muni d’une mesure finie µ, (Ak)k≥1 d´esigne une suite de

parties non vides de IRn

Nous dirons que la s´erie de terme g´en´eral (Ak) est convergente, si toute s´erie de terme g´en´eral

(xk)k≥1 avec xk ∈ Ak, est convergente. L’ensemble des sommes de telles s´eries sera appel´e la

somme de la s´erie (Ak).

D´efinition 6.1 On appelle multi-mesure sur (Ω,Σ) toute multi-application `a valeurs non vides M de Σ dans IRn v´erifiant :

i− M(∅) = {0} ;

ii−Pour toute suite (Ak)k≥1 de parties de Σ deux `a deux disjointes, la s´erie de terme g´en´eral

M (Ak) est convergente et a pour somme M ( ∪ k≥1Ak).

Dans le cas o`u la multi-mesure M est `a valeurs convexes, compactes et non vides, on peut caract´eriser les multi-mesures en terme de fonction d’appui et on a la proposition suivante : Proposition 6.2 [6] Soit M une multi-application d´efinie sur Σ `a valeurs dans CK(IRn),

les propri´et´es suivantes sont ´equivalentes : i− M est une multi-mesure

ii− ∀p ∈ IRn , l’application de Σ dans IR qui `a A dans Σ associe σ(M (A),p) est une mesure. Rappelons qu’une multi-mesure M est dite born´ee s’il existe un born´e Q de IRn tel que pour tout A de Σ, M (A) est inclue dans Q.

Enon¸cons le th´eor`eme de Radon-Nikodym pour les multi-mesures.

Th´eor`eme 6.3 [6] Soit M une multi-mesure sur (Ω,Σ,µ) `a valeurs dans CK(IRn) pour

laquelle il existe un born´e Q v´erifiant M (A) ⊂ µ(A)Q, pour tout A de Σ . Alors, il existe une multi-application Γ `a valeurs dans CK(IRn) tels que :

i− ∀p ∈ IRn ∀A∈ Σ σ(M (A),p) = Z A σ(Γ(ω),p)dµ(ω). ii− ∀ A ∈ Σ M (A) = Z A Γdµ =  Z A f dµ f ∈ sΓ  ,

o`u sΓ d´esigne l’ensemble des s´elections mesurables de Γ.

Consid´erons le centre de Steiner, pour ´etendre aux multi-mesures, le r´esultat du th´eor`eme 5.7.

Th´eor`eme 6.4 Soit M une multi-mesure born´ee `a valeurs dans CK(IRn) et soit ”m” l’ap- plication d´efinie de Σ `a valeurs dans IRn par :

∀ A ∈ Σ m(A) = St(M (A)). Alors, l’application ”m” est une mesure.

D´emonstration

On a m(∅) = St(M(∅) = St({0})) = 0.

Soient A,B ∈ Σ tel que A ∩ B = ∅. Comme M est une multi-mesure, on a : m(A∪ B) = St(M(A ∪ B).

L’additivit´e de l’application centre de Steiner entraˆıne :

m(A∪ B) = St(M(A) + St(M(B)) = m(A) + m(B).

On conclut que, pour une suite finie (Ak)1≤k≤n d’´el´ement deux `a deux disjoints de Σ on a :

m( 1≤k≤nAk) = n P k=1 m(Ak).

Montrons que m est σ−additive.

Soit (Ak)k≥1 une suite d’´el´ements de Σ disjoints deux `a deux. On a :

m( k≥1Ak) = St(M (k≥1∪ Ak)). soit m( ∪ k≥1Ak) = n Z s p σ(M ( ∪ k≥1Ak),p) α(dp). Donc m( ∪ k≥1Ak) = n Z s X k≥1 p σ(M (Ak),p)α(dp).

Comme pour tout n, on a la majoration :

n P p k=1 σ(M (Ak),p) ≤ kQk

le th´eor`eme de convergence domin´ee de Lebesgue nous donne alors

m( k≥1Ak) = n P k≥1 Z s p σ(M (Ak),p)α(dp) = P k≥1 St(M (Ak) = P k≥1 m(Ak).

Ainsi m est une mesure.

Soit F une multi-application de Ω `a valeurs dans CK(IRn), mesurable et int´egrablement

born´ee. D´efinissons la multi-application M sur Σ par

∀ A ∈ Σ M (A) = Z

A

F dµ.

Il est ais´e de montrer que M est une multi-mesure sur Σ. En appliquant le r´esultat du th´eor`eme 5.7, on obtient :

Le th´eor`eme 6.4 signifie que l’application m(.) = St(M (.)) est une mesure qui a pour densit´e l’application sF(.).

Plus g´en´eralement, on a le th´eor`eme suivant :

Th´eor`eme 6.5 Soit Q un born´e de IRn et soit M la multi-mesure d´efinie sur Σ `a valeurs

convexes, compactes, non vides de Q tel que :

∀ A ∈ Σ M (A)⊂ µ(A) Q.

Alors, l’application ”m” d´efinie dans IRn est une mesure s´election de M , et a pour densit´e l’application centre de Steiner de Γ. Γ ´etant la densit´e de M :

∀ A ∈ Σ m(A) = Z

A

sΓ(ω) dµ(ω).

D´emonstration

Γ est int´egrable born´ee. En effet, pour tout A∈ Σ on a M (A)⊂ µ(A) Q. et donc Z A Γ(ω) dµ(ω) Z A Q dµ(ω).

Il en r´esulte que pour tout A∈ Σ et p ∈ IRn

σ( Z A Γ(ω) dµ(ω),p)≤ σ( Z A Q dµ(ω),p).

Γ ´etant `a valeurs dans CK(IRn), on a par suite

Z A σ(Γ(ω),p) dµ(ω)≤ Z A σ(Q,p) dµ(ω)

L’in´egalit´e ayant lieu pour tout A de Σ, il existe Np ⊂ Ω de mesure nulle tel que

σ(Γ(ω),p)≤ σ(Q,p).

Pour tout ω de Ω\Np, compte tenu de la s´eparabilit´e de IRnet de la continuit´e en p de σ(.,.),

on obtient :

µ ´etant finie et Q born´e. Ceci prouve que Γ est int´egrablement born´ee. Le r´esultat ´enonc´e s’obtient alors en appliquant `a Γ le th´eor`eme 5.7 7. Centre de Steiner et optimisation

Dans ce paragraphe, nous allons donner une autre caract´erisation du centre de Steiner en utilisant les projections et d´efinir un algorithme qui converge vers le minimum d’une fonction convexe f sur IRn en utilisant le centre de Steiner.

Caract´erisation du centre de Steiner par la projection

L’ensemble CK(IRn) peut ˆetre plong´e, `a l’aide de la fonction d’appui, dans l’espace vectoriel H des fonctions d´efinies de IRn `a valeurs dans IRn continues et positivement homog`enes. On munit cet espace de la norme k.ks d´efinie par :

kfks = Z skf(x)k 2 α(dx) 12 .

Notons h.,.is le produit scalaire associ´e `a la norme k.ks:

∀ f,g ∈ H hf,gis=

Z

s

f g(x) α(dx).

H muni du produit scalaire h.,.is est un espace pr´ehilbertien.

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