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PANDÉMIE DU COVID-19 : IMPACTS ET GESTION DE LA CRISE

II- Efficacité des mesures de gestion de la pandémie

Les résultats obtenus montrent que 30% des entreprises industrielles, en particulier dans le textile et l’alimentation, ont enregistré une baisse de 30% de leur chiffre d’affaires lors de la première vague de propagation de l’épidémie.

De leur côté, les entreprises de services ont subi une perte de 40%. De plus, 65% des entreprises s’attendent à une nouvelle baisse dans le cas d’une deuxième vague et 71% prévoient une chute de plus de 20%.

Quant au niveau de préparation, 29% des établissements industriels déclarent avoir déjà mis en place une stratégie ou être en train de se préparer à affronter la deuxième vague. En ce qui concerne les ressources, les entreprises entendent recourir à des capitaux principalement humains et financiers.

Pour endiguer la prochaine vague, les entreprises ont trois possibilités de financement. Elles peuvent recourir à des types financement hétérodoxes, renégocier les termes de la garantie avec les banques ou utiliser les prêts formels traditionnels.

Ces modes de financement indiquent une évolution de la manière et de la méthodologie de travail, entraînant des gains d’efficacité dans la mise en œuvre. En effet, plus de 18% des entreprises interrogées déclarent avoir fourni des efforts pour accroître leurs capacités dans le domaine du télétravail.

Concernant la gestion des ressources humaines, 40% des entreprises attendent un protocole de réduction des salaires, tandis que 63% se concentrent sur le renforcement des procédures et des mesures de santé pour faire face à la deuxième vague.

Pour accompagner et appuyer les entreprises, il est nécessaire de faciliter l’accès aux sources de financement, créer une cellule de gestion de crise, soutenir l’exportation et mettre en place de nouveaux mécanismes d’aide à la production.

La crise liée au Covid-19 a toutefois eu un impact positif sur l’environnement, en Tunisie comme partout dans le monde. En effet, le confinement a permis de réduire significativement la pollution de l’air.

La concentration de dioxyde d’azote (NO2), de dioxyde de soufre (SO2) et de monoxyde de carbone (CO) produits principalement par les véhicules et les activités industrielles a diminué de 40% en mars et avril 2020 dans la plupart des régions de la Tunisie, par rapport à la même période en 2019. Par ailleurs, l’ozone a connu une croissance d’environ 20% dans le Centre Ouest de la Tunisie et une légère baisse de 10% dans le Nord-Ouest et le Sud de la Tunisie (INM, 2020).

Le schéma suivant montre les taux d’augmentation et de diminution des quatre principaux pollueurs de l’air en Tunisie : TABLEAU 13 : Répartition des entreprises et des emplois par taille

Région SO2 NO2 O3 CO Région SO2 NO2 O3 CO

TUN -49.31 -54.73 11.97 -17.3 ZAG -77.24 -74.43 10.63 -44.5

BIZ -72.43 -73.18 23.79 -36.19 MON -86.08 -52.46 -0.99 -29.8

NAB -76.66 -63.11 6.12 -33.06 MAH -77.24 -46.54 -5.67 -17.44

KEL -71.73 -76 -0.72 -25.45 SOU -73.73 2.13 -3.12 -28.8

TAB -89.73 -64.08 -3.29 -39.74 GAF -87.2 -41.31 -8.42 -20.04

ADR -89.73 -64.08 -3.29 -39.74 SFA -25.56 -0.74 -11.91 -2.76

JEN -92.97 -62.51 -0.14 -37.01 GAB -22.54 18.89 -16.68 -8.72

KEF -83.7 -48.02 2 -26.77 JER 32.69 119.39 -13.55 1.26

BEJ -91.95 -67.98 3.12 -44.63 MED -62.72 15.22 -27.8 -10.57

SIL -91.59 -62.63 14.23 -30.52 TAT -25.75 37.83 -28.28 -6.2

THA -87.21 -44.82 15.08 -20.27 TOZ -82.73 -23.47 -12.22 -13

KAI -89.31 -59.73 -8.93 -34.22 KEB -67.91 -45.1 -19.82 -10.26

SBZ -91.33 -40.24 -9.75 -20.92 REM 1.45 11.37 -25.33 -2.8

KAS -82.98 -26.16 5.93 -17.3 ELB -16.11 -0.86 -19.6 -2.35

Le taux d’émission de GES en Tunisie a donc baissé naturellement grâce à la diminution de l’activité économique et de la demande globale, ainsi qu’à la limitation des activités sociales et l’utilisation des moyens de transport. Ce décroissement, sur près d’un trimestre, aura nécessairement un impact sur la capacité de la Tunisie à honorer l’accord de Paris.

On estime à 289772 tCO2 la baisse des émissions de CO2 engendrée par la diminution de la production d’électricité en 2020. Il faut rappeler qu’en en 2016, le secteur de l’électricité a été le principal émetteur de CO2 (9,1 millions de tonnes), suivi par les transports (7,1 millions de tonnes), l’industrie et la construction (5,1 millions de tonnes), l’industrie (5,06 millions de tonnes).

En outre, la consommation de carburants routiers a diminué en 2020 de 5% par rapport à 2019. Elle représente 66% de la consommation totale des produits pétroliers. Par la réduction du transport aérien, l’utilisation du kérosène en 2020 a baissé de de 66% par rapport à l’année précédente.

L’impact sur les ressources naturelles a été également évalué comme positif et bénéfique. Malgré sa brièveté, le premier confinement a grandement favorisé la régénération des ressources renouvelables, surtout halieutiques. L’offre de produits de la pêche a diminué de -45%, en mars 2020 par rapport à l’année précédente. Les rythmes biologiques (période de repos) ont été strictement respectés pour certaines espèces. Ainsi, une augmentation des prises des pêcheurs est à prévoir durant la période post-Covid. La crise sanitaire aura révélé qu’une politique d’arrêt ou de repos biologique rend possible la réduction de la pression exercée sur les ressources biologiques, et surtout la régénération des stocks et de la biodiversité.

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Concernant la gestion des déchets solides, la pandémie a eu un impact tout aussi positif. En effet, la quantité de déchets ménagers produite a fortement diminué, contribuant ainsi à la réduction des GES. Par contre la gestion des quantités impressionnantes de déchets spéciaux, notamment hospitaliers, a posé un véritable problème au pouvoir et aux structures concernées, étant donné le manque de moyens pour réagir à un tel imprévu.

Lors du confinement, la Tunisie a réussi la digitalisation de ses activités dans de nombreux secteurs, démontrant une grande capacité à changer de modèle économique et à réduire les interactions physiques consommatrices de ressources naturelles. Un changement important a été effectué en matière de prestations de services numériques durant la période de confinement (en matière d’éducation, de santé, de commerce, de gouvernance, etc.). Ce changement s’est matérialisé dans les prestations de l’État de manière spectaculaire, ce qui pourrait avoir des effets positifs sur l’empreinte écologique, surtout si l’on évite les déplacements inutiles et que l’on redéfinisse la mobilité en envisageant des modes de transports doux. Ainsi, les capacités de résilience du pays se sont améliorées grâce à ce déploiement des technologies digitales.

Une digitalisation pro-environnementale (verte) est à poursuivre dans le futur. Toutefois, il est nécessaire de quantifier ses effets sur la consommation d’énergie.

Le changement de comportement des tunisiens au cours de la période de confinement dans la manière d’acheter et de consommer s’est cristallisé dans l’usage efficace des produits et la diminution des déchets et des pollutions. La fermeture des restaurants et des cafés a poussé la population tunisienne à cuisiner à la maison et à redéfinir leur rapport aux produits alimentaires. Ce qui s’est répercuté sur la quantité de déchets et la qualité nutritionnelle. Selon une enquête de l’INS réalisée au cours des deux premières semaines de confinement, environ 89% des personnes interrogées ont déclaré être conscients du gaspillage alimentaire et 93 % d’elles ont estimé que le confinement a eu un effet déterminant sur ce point.

D’un autre côté, la productivité des ressources a augmenté sensiblement. La FAO évalue à 30% le ration de nourriture gaspillée, un taux que le confinement a drastiquement réduit. Il est donc crucial de capitaliser sur ce changement de comportement afin de garantir une plus grande efficience dans le futur.

Le confinement a aussi bénéficié à la biodiversité et l’arrêt partiel ou total des activités humaines a stoppé la dégradation des aires protégées et des espaces verts urbains.

ENCADRÉ 4 : Principales mesures d’ordre financier et fiscal prises par le Gouvernement pour limiter les