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CHAPITRE VIII – SYNTHÈSE DES DISCUSSIONS

VIII. 2 Effets du labour conventionnel et du semis direct sur les paramètres phénologiques

A l’image des résultats obtenus, on constate que les deux systèmes de culture en SD et en LC influencent de manière claire les paramètres phénologiques des cultures étudiées.

Pendant la première campagne agricole, les résultats obtenus montrent une certaine précocité de levée du blé pour les parcelles menées en SD par rapport à celles conduites en LC. Il est important de rappeler que les parcelles expérimentales étaient soumises aux mêmes conditions à l’exception du paillage qui caractérisait celles menées en SD. Le paillage a permis de garder une température relati- vement fraîche et une humidité du sol suffisantes pour créer les conditions favorables à une levée précoce. Selon Blanco-Canqui et Lal (2007) et Lal et al., (2007), la présence d'un mulch en surface dans les systèmes de conservation limite l’évaporation et augmente la rétention en eau dans les pre- miers centimètres de sol. Ainsi l’imbibition en eau de la graine acquiert une humidité suffisante du lit de semences, en partie conditionnée par les opérations finales de préparation du sol (Labreuche et al., 2014). Ces mêmes auteurs montrent que le type de préparation du sol joue un rôle sur la température du lit de semences. En semis direct, le sol se réchauffe moins, ce qui se traduit par une levée précoce. Ces résultats concordent avec ceux trouvés par Karssen (1982).

Contrairement aux résultats de la première campagne, la seconde enregistre une levée précoce en faveur des parcelles menées en LC pour la culture du blé et de petit pois. Plusieurs facteurs peuvent intervenir pour rendre compte d’une levée difficile en SD. Il s’agit premièrement d’une répartition irrégulière de la paille sur la surface de la parcelle. En effet, les orges ou les blés d’hivers implantés sur un précédent blé sans labour peuvent pâtir de difficultés liées à la régularité et la densité des résidus de récoltes qui perturbent la levée (Heddadj et al., 2014). La densité des résidus de récolte pour la deuxième campagne est plus élevée par rapport à la première : 4,4 t.ha-1 contre 3,5 t.ha-1.

La levée difficile peut être aussi expliquée par les quantités de précipitations reçues avant la date du semis : 76,46 mm pour la première campagne contre une pluviométrie nulle pour la seconde cam- pagne.

Le blé se caractérise par une grande capacité d’adaptation à diverses conditions environnemen- tales. Son rythme de développement, qui dépend des conditions du milieu et du génotype, peut per- mettre à la plante d'échapper à des stress biotiques et abiotiques d’ordres pédologiques et/ou clima- tiques. La première campagne montre une différence de précocité au stade d’épiaison de deux jours

72 en faveur des parcelles menées en SD. La figure 46, prise durant cette campagne, montre que les parcelles menées en LC sont soumises à l’effet de l’ombre d’un brise-vent de cyprès durant la matinée, ce qui diminue la durée photopériodique de ces dernières par rapport à celles conduites en SD.

Figure 46. Vue sur les parcelles expérimentales menées en LC (campagne 1).

Les blés sont sensibles à la photopériode et nécessitent une période de jours longs pour permettre la transition de l’état végétatif vers l’état reproducteur de l’apex de la plante. Les besoins en jours longs à la sortie de l’hiver retardent les stades de la différenciation des pièces florales (Oury et al., 2013). Parcevaux et Huber (2007), rappellent que pour leur métabolisme, les végétaux ont besoin d’énergie grâce à la photosynthèse. Dans ce cas, le rayonnement visible est le véhicule de cette éner- gie.

Le retard au stade d’épiaison pour le LC par rapport au SD, peut être expliqué en partie par la faible quantité de précipitations intervenue durant ce stade qui a affecté les deux systèmes de cultures différemment : en LC l’évaporation était importante alors qu’en SD elle était atténuée par l’effet du paillis qui a permis de maintenir une certaine humidité du sol. En effet, Séguy et al., (2009), montrent que dans les systèmes menés en SD, la couverture végétale joue le rôle de couverture thermique. Elle protège le sol contre l’évaporation intense et limite les pertes de chaleur pendant la nuit. La tempéra- ture du sol sous une couverture végétale est donc tamponnée et l’amplitude thermique y est limitée.

Pour la seconde campagne, la précocité au stade d’épiaison chez la culture de blé tendre est en faveur des parcelles menées en LC avec une différence de huit jours par rapport à celles conduites en SD. Cette situation est vraisemblablement liée aux faibles précipitations et aux hautes températures ayant marqué cette période. Dans ce cas, il faut prendre en compte, d’une part, l’effet du paillis sur le

73 maintien d’une humidité du sol en SD et d’autres part l’effet du stress hydrique sur les mécanismes d’esquive de la culture en LC. L’interaction entre ces deux effets, semble une voie d’explication de la précocité en épiaison du LC. Selon Gate et al., (2008), la hausse des températures due au changement climatique a conduit à un avancement des stades des cultures au cours des 25 dernières années. Pour Monneveux (1997), la précocité chez les céréales à paille cultivées en zones méditerranéennes est un mécanisme d’esquive ou d’échappement, qui a d’ailleurs été largement exploité par les agriculteurs. Pour la culture de petit pois la précocité au stade de floraison a été observée pour le SD avec une différence de 6 jours. Cela est dû à l’effet du couvert végétal en faveur d’une atténuation du phénomène d’évaporation et d’un maintien d’une humidité du sol.

La date de maturité est un autre paramètre phénologique important dans le cycle végétatif des espèces végétales. Les résultats obtenus pour les deux campagnes montrent que la précocité de matu- rité du blé est observée dans les parcelles menées en LC. En fait, un sol dépourvu d’un couvert végétal est un sol exposé aux différents facteurs climatiques (pluie, chaleur, vent, …etc). En effet, les hautes températures enregistrées durant cette phase de maturation, accentuent l’évaporation et diminuent l’humidité du sol. En réaction, la culture de blé accélère l’achèvement de son cycle de vie. Wardlaw et Moncur (1995), notent que dans les conditions semi-arides méditerranéennes, la précocité de l’épiaison et celle de maturité sont souvent utilisées comme critère de sélection et citées comme mé- canismes importants dans l’esquive ou l’échappement des contraintes climatiques. En contrepartie, la présence du paillage en surface des parcelles menées en SD, constitue un sauveteur des cultures sou- mise au stress hydrique qui prolonge ainsi leur cycle végétatif. Ce qui explique que la majorité des corrélations positives trouvées entre l’humidité du sol et la précocité de la maturité concernaient par- ticulièrement les stades de fin de cycle végétatif pour les deux campagnes (r = 0,91 ; 0,70 ; 0,81 res- pectivement pour le blé campagne 1 et 2 et le petit pois).

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