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Un des éléments ayant motivé l’interdiction du LSD et des autres psychédéliques à la fin des années 60 était l’inquiétude de la communauté scientifique quant au risque de suicide, de psychose, de flashbacks, d’altérations chromosomiques et de tératogénicité. Dans cette revue, aucune étude incluse n’a rapporté d’effet indésirable grave.

De plus, en classant les drogues en fonction de leur dangerosité, les substances psychédéliques semblent moins dangereuses que la plupart des autres

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psycholeptiques et psychoanaleptiques utilises (Figure 13) (218). Elles sont ainsi évaluées par les experts, ainsi que dans des études épidémiologiques, à faible risque de dépendance psychologique et physique, possèdent un faible rapport dose active/dose létale, et sont peu dangereuses pour la société (coût économique, difficultés familiales, crime…). Peu de décès sont retrouvés en lien avec les psychédéliques. Nichols a recensé 5 cas de décès attribués à la toxicité du LSD : 2 cas correspondaient à une overdose massive (jusqu’à 2000 fois la dose active), 2 cas à une contention physique par les forces de l’ordre, et 1 cas à la substitution du LSD par un nouveau produit de synthèse (219).

Figure 13. Comparaison des drogues classées par leur risque total. Contribution du risque pour l’usager en bleu et du risque pour les autres en rouge (218).

b. Intoxication

L’intoxication par les substances psychédéliques s’accompagne d’effets somatiques et physiologiques. On retrouve principalement des signes sympathiques : mydriase, augmentation de la pression artérielle systolique et diastolique (de l’ordre de 10-30 mmHg), augmentation de la fréquence cardiaque (autour de 85 battements

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par minute) (220). On observe également des nausées et parfois des vomissements, des bâillements, des tremblements, une hyper-réflexie tendineuse, des vertiges, une somnolence, un flou visuel. L’électrocardiogramme, l’ionogramme sanguin et la glycémie ne semblent a priori pas perturbés. Certaines drogues comme la MDMA sont également responsables d’une hyperthermie, d’une sudation et d’un bruxisme. L’hyperthermie est une des principales causes de décès liés à la MDMA, ces derniers restant néanmoins rares (221). Ces effets restent transitoires, et n’ont jamais nécessité d’intervention pharmacologique ou médicale dans les essais inclus.

c. Suicide et troubles mentaux

En 1966 déjà, le Docteur Cohen publiait les résultats d’une enquête auprès de 44 psychiatres américains et européens ayant traité 5000 patients avec du LSD (222). Il retrouvait une incidence de tentatives de suicide chez 0,12 % et de suicides chez 0,04 % des sujets souffrant de pathologies mentales. Ces taux étaient nuls chez des sujets sains. Les troubles psychiques prolongés concernaient 0,18 % des sujets souffrant d’une pathologie mentale.

Dans les études observationnelles, on observe une diminution significative du risque suicidaire chez les usagers de psychédéliques. Le risque de survenue de psychose semble également rare. Une revue de cas cliniques et séries de cas rapporte quelques épisodes psychotiques, principalement chez des personnes ayant des antécédents de psychose personnels ou familiaux (223). Aucun cas de trouble délirant persistant ou de schizophrénie n’a été rapporté. Comme nous l’avons vu, il semble que dans un contexte approprié les substances psychédéliques pourraient être efficaces pour traiter des troubles psychiatriques ou addictifs.

En dehors de ce contexte thérapeutique, les drogues psychédéliques ne sont pas associées à des pathologies mentales. Une étude a évalué le lien entre consommation

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de psychédéliques et troubles psychiatriques chez 130.152 sujets aux États-Unis (224). La prise de psychédéliques sur la vie entière ou la dernière année n’était associée à aucun trouble mental (thymique, anxieux, psychotique), à un traitement psychiatrique ou à une détresse psychologique. Les auteurs rapportaient au contraire une incidence plus faible de détresse psychologique, de traitement psychiatrique ambulatoire ou hospitalier, d’attaques de panique et d’agoraphobie chez les usagers de LSD, psilocybine ou mescaline.

d. Flashbacks

Les flashbacks ont été inclus dans le DSM-IV-TR comme « trouble persistant des perceptions dû aux hallucinogènes » (HPPD, hallucinogen persisting perception

disorder) (Annexe 4) (225). Les données sont très variables à ce sujet. Différents

auteurs rapportent des prévalences allant de 15 à 77 % (226). Les manifestations peuvent comporter des perturbations visuelles (hallucinations géométriques, impression de mouvement en vision périphérique, traînée derrière les objets, halos, flashs de couleur, macropsie, micropsie), mais également parfois des manifestations cognitives et émotionnelles. On en retrouve différents niveaux de sévérité, et l’expérience peut être vécue de manière agréable ou désagréable. Leur apparition est favorisée par l’obscurité, l’intention du sujet, la prise de drogue, l’anxiété et la fatigue. Divers traitements ont été proposés et sont réservés aux cas sévères, comme le clonazépam, la clonidine, ou les antipsychotiques de seconde génération (227).

e. Altérations génétiques, carcinogénèse et tératogénèse

Les dommages chromosomiques et leurs possibles conséquences ont rapidement été réévalués (12). Les premières études mentionnant ces altérations utilisaient des doses de LSD anormalement élevées. De nombreuses autres études n’ont pas réussi à répliquer ces résultats. Aucune donnée en faveur d’une

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carcinogénèse n’a jamais été publiée. Des études épidémiologiques de grande ampleur n’ont pas retrouvé de mortalité, de malformation ou de retard de croissance chez les nouveau-nés de parents ayant reçu un traitement par LSD.

f. Toxicité cardiaque

Quelques données retrouvent un possible risque cardiaque associé à la MDMA (228). Récemment, plusieurs médicaments anorexigènes comme la fenfluramine ou le benfluorex ont été mis en cause dans l’apparition de valvulopathies et d’hypertension artérielle pulmonaire. Le mécanisme impliqué est un agonisme des récepteurs sérotoninergiques 5-HT2B (229). Les substances psychédéliques

classiques possédant une affinité pour ce récepteur, la survenue de cet effet indésirable est à surveiller.

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