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Chapitre I : Circulation Océanique dans le Pacifique

I.3 Circulation océanique grande échelle

I.3.6 Effets d’îles

En réalité dans notre région d’étude, parsemée d’obstacles topographiques (

figure I-1), le SEC n’est pas ce large courant décrit dans la littérature. Il va être

fortement contraint par les particularités géographiques de notre domaine, et se diviser en jets zonaux à l’encontre des îles.

La modélisation a été la première à faire état de l’interaction du SEC avec les îles du Pacifique Sud-Ouest. Inoué et Welsh (1993) avaient mentionné à partir de leur modèle à gravité réduite la séparation du SEC en jets mais ce sont surtout les résultats de Webb (2000)

basés sur le modèle OCCAM ¼° (figure I-11) qui ont initié l’intérêt pour cette dynamique

particulière. Il mentionne les jets du nord et Sud Fidji (JNF,JSF) qui interagissent avec le Vanuatu et la Nouvelle Calédonie pour former le Jet Sud Calédonien (JSC, 24°S), le Jet Nord Calédonien (JNC, 18S), et le Jet Nord Vanuatu (JNV) à 13°S. Dans la suite du travail de Webb (2000), Hughes (2002) a utilisé l’altimétrie pour mettre en évidence la signature de ces jets. La signature de ces structures est également visible dans la climatologie malgré la limitation due à la résolution spatiale de ces données (Qu and Lindstrom, 2002 ; Ridgway and Dunn, 2003 ; Kessler and Gourdeau, 2007).

Les quelques résultats à partir d’observations in situ révélant ces structures sont ceux de Stanton et al. [2001] qui décrit un Jet Sud Fidji à l’aide des données ADCP de la section WOCE P21 et ceux de Sokolol et Rintoul (2000) mentionnés plus haut. Ce n’est que très récemment, grâce aux campagnes SECALIS de l’IRD réalisées à bord du N/O ALIS que nous disposons de mesures directes du flux entrant en mer de Corail.

figure I-11 : fonction de courant barotrope pour le modèle OCCAM (Webb [2000]) JSF JNF JNV

JNC

figure I-13 : . Trajectoires de flotteurs Argo à 1000 m déployés durant la campagne Frontalis-3. Les carrés indiquent la position initiale. Les autres flotteurs considérés sont représentés en bleu. La hauteur dynamique moyenne à 1000db relative à 2000db (dyn. cm.) est représentée en couleur de fond. D’aprés Maes et al., 2007.

figure I-12 : Les flèches rouges représentent le courant intégré

sur les 600 premiers mètres le long de la trajectoire du glider. Les croix vertes représentent les stations effectuées lors la campagne Secalis 3. b) Courant géostrophique absolu déduit des mesures du glider. D’après Gourdeau et al., 2007.

Lors de la campagne Secalis 3 (11-24 juillet 2005) à laquelle j’ai participé, les sections entre la Nouvelle Calédonie, les îles Salomon (Guadalcanal) et le Vanuatu (Efaté) ont été échantillonnées permettant d’avoir une description synoptique des Jets Nord Vanuatu et Nord Calédonien. Cette mission fut également l’occasion pour les océanographes de l’IRD Nouméa de mettre à la mer Spray Glider. Un glider est un planeur sous marin autonome dont la trajectoire est ajustée à chacune de ses plongées grâce aux communications satellite. Il a été mis à l’eau à Guadalcanal et a été récupéré au large du récif Calédonien après un voyage de 3 mois et 1640 km. Durant son parcours, il a effectué 573 profils (1 profil tous les 3 km) de température et salinité entre 0 et 600m. La dérive estimée entre deux plongées entre sa position GPS et la route programmée permet de reconstruire le courant intégré sur les 600 m. Les résultats sont décrits dans Gourdeau et al. (2007). Les vitesses absolues déduites par le Glider mettent en évidence la présence d’un intense Jet Nord Calédonien d’une largeur inférieure à 1° avec des vitesses moyennées verticalement de l’ordre de 25 cm/s, ainsi qu’un

Jet Nord Vanuatu de 3° de large avec des vitesses absolues de l’ordre de 15 cm/s (figure I-12,

a). Si le JNV se caractérise par des vitesses de 20 à 25 cm/s dans les premiers 100m et une structure verticale ne descendant pas au delà de 350m. Le JNC présente une structure quasi

barotrope avec des vitesses de 20 cm/s jusqu’à une profondeur de 1000m et plus (figure I-12,

b). Cette description du JNC, possible grâce à un échantillonnage dense, n’avait pas été perçue jusqu’alors. Entre le JNC et le JNV existe une zone de contre courant relativement faible mais assez variable spatialement caractéristique d’une zone turbulente. Il est intéressant à noter que ce contre courant dans le sillage du Vanuatu est absent de la climatologie CARS ainsi que des modèles actuels traitant des jets : OCCAM ¼° (Webb, 2000) et ORCA05 (1/2°) (Kessler and Gourdeau, 2007).

La complexité de la circulation entre les îles du Vanuatu et la Nouvelle-Calédonie est illustrée dans un travail récent (Ganachaud et al., 2007, soumis) à partir de l’analyse des

données de la campagne Secalis 2 (Novembre 2004) (figure I-14). Le transport associé au

SEC est de 20 Sv entre les îles dont seulement 6 Sv bifurque vers le sud de la Calédonie, le reste s’échappant par le nord principalement dans le JNC après de complexes recirculations.

Les travaux récents de Maes et al. (2007) à partir des trajectoires des profileurs ARGO dans le but d’analyser la circulation des eaux Antarctique Intermédiaire (AAIW) aux alentours de 1000m entrant en mer de Corail, confirment la présence de jets en profondeur et

d’une recirculation dans le sillage du Vanuatu (figure I-13). Le JNC apparaît comme un chemin important pour la circulation des eaux de l’AAIW. Ayant participé à la rédaction de cette article, je le joins en Annexe.

figure I-14 : Transport estimé a travers les sections réalisées lors de la campagne SECALIS-2. Les flèches et nombres blancs correspondent au transport au dessus de σθ=26, et les flèches et nombres noirs correspondent au transport entre σθ=26 et 2000m. Les incertitudes sont représentées entre parenthèses. (D’après Ganachaud et al., 2007)

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