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Effets des chocs et politiques économiques sur la de- de-mande agr égée

Dans le document Analyse économique macro- 2ème année (Page 35-43)

La demande agrégée est déterminée par l’équilibre simultané sur le marché des bi-ens et services et sur celui de la monnaie pour un niveau de prix donné. L’équilibre de chacun des deux marchés implique une relation (positive pour LM et négative pour IS) entre le revenu national et le taux d’intérêt et finalement un unique couple (Y,i) permet leur équilibre simultané.

IS : Y =C(Y, t, ρc) +I(Y, i, π, ρI) +G LM : M/P =L(Y, i)

où t, G, M, ρc, ρI, et π sont considérés comme exogènes et P, qui provient de l’équilibre entre offre agrégée et demande agrégée, est pour l’instant considéré comme donné (nous l’intègrerons plus tard).

Le revenu d’équilibre dépend donc non seulement des variables qui affectent directement le marché des biens et services (dépenses publiques, impôts, opti-misme des agents) mais aussi des variables intervenant directement sur le marché de la monnaie (comme l’offre de monnaie M). Le modèle IS/LM est un mod-èle d’équilibre général, qui permet d’analyser les interactions du marché de la monnaie et du marché des biens et services.

On va s’intéresser aux chocs exogènes qui perturbent l’économie, puis aux politiques économiques que les gouvernements peuvent mettre en place pour con-trer l’effet de ces chocs : l’Etat peut jouer sur le niveau des dépenses publiques, des impôts, de l’endettement public et de la masse monétaire. La contrainte budgétaire de l’Etat montre cependant clairement qu’il ne dispose en fait que de 3 instruments indépendants de politique économique (le niveau du 4ème se déduisant comptablement du niveau des 3 autres).

G= ∆M

P + ∆B P +T

avec : ∆B : titres financiers émis par l’Etat et T, l’ensemble des transferts nets des ménages vers l’Etat (impôts nets du remboursement de la dette).

On suppose en général queG, T, et M sont les instruments indépendants (et on en déduit l’émission de titres publics).

3.2.1 Effet des chocs

On va s’intéresser à des chocs de demande défavorable. Exemple : pessimisme des entreprises : ∆ρI <0.

1) Agit tout d’abord sur IS qui se déplace vers la gauche : l’investissement diminue⇒la demande agrégée diminue et par effet multiplicateur, la production et le revenu national sont réduits.

2) Pour le taux d’intérêt initial, le marché de la monnaie n’est plus à l’équilibre : la demande de monnaie s’est réduite (les agents réalisent moins de transactions puisque la demande est plus faible) et il existe alors un excès d’offre de monnaie par rapport à la demande qui tire le taux d’intérêt vers le bas (suite à la diminu-tion de la demande agrégée, les agents, comme ils ont moins de transacdiminu-tions à réaliser, vont chercher à substituer des titres à la monnaie, ce qui crée un excès de demande de titres, accroît leur cours et réduit le taux d’intérêt), jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli.

3) Cette baisse du taux d’intérêt stimule alors l’investissement et accroît la demande.

Remarque 1 : l’effet négatif d’un choc de demande défavorable est tempéré par la réaction du marché de la monnaie.

Remarque 2 : un choc favorable aurait eu des effets symétriques.

Bilan pour chaque variable :

• ∆ρI < 0, est la seule modification de variable exogène (il ne se passe no-tamment rien du côté du déficit budgétaire : ∆G= ∆T = 0). Elle provient d’un choc.

• la consommation décroît car le revenu diminue

• L’effet global sur l’investissement est ambigü car ∆ρI < 0 et ∆Y < 0 le réduisent mais la baisse du taux d’intérêt nécessaire à l’équilibre sur le marché de la monnaie le favorise. Tout dépend des sensibilités relatives de l’investissement à l’optimisme des entreprises et au taux d’intérêt.

L’ampleur de l’effet du choc dépend notamment:

• ”positivement” de la sensibilité de l’investissement aux anticipations des entreprises concernant leur environnement futur

• ”négativement” de la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt

• ”positivement” de la sensibilité de la demande de monnaie au taux d’intérêt 3.2.2 Politique monétaire

2 types de politiques monétaires :

• réduit l’offre de monnaie : ∆M <0. C’est une contraction monétaire.

• accroît l’offre de monnaie : ∆M >0. C’est une expansion monétaire.

On s’intéresse à une expansion monétaire. Les autorités monétaires peuvent accroître l’offre de monnaie en pratiquant une politique d’open market : ∆M =

−∆B : la banque centrale rachète des titres publics pour injecter de la monnaie dans l’économie. Comme les prix sont supposés fixes, l’offre réelle de monnaire M/P s’accroît dans les mêmes proportions

1) C’est sur LM que∆M agit tout d’abord,qui se déplace vers le bas. L’offre de monnaie est en effet en excès par rapport à la demande de monnaie et le taux

d’intérêt est tiré vers le bas : comme l’offre de titres diminue, la demande se trouve en excès, ce qui provoque une augmentation du cours des titres et donc une baisse du taux d’intérêt. Cette dernière permet de rééquilibrer le marché des titres et de la monnaie (la baisse du taux d’intérêt réduit la demande de titre et accroît celle de monnaie). Cette baisse du taux d’intérêt suite à une expansion monétaire est parfois appeléeeffet Keynes.

2) La baisse du taux d’intérêt affecte alors le marché des biens et services car elle favorise l’investissement privé. La demande agrégée et la production ou le revenu (par effet multiplicateur) augmentent jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli sur le marché des biens et services.

3) La hausse du revenu national accroît la demande de monnaie ce qui accroît le taux d’intérêt.

Remarque : l’effet initial sur les taux d’intérêt est un peu tempéré par la réaction du revenu national qui vient accroitre la demande de monnaie.

Bilan pour chaque variable :

• ∆M >0, est la seule modification de variable exogène. Elle provient d’une politique économique.

• La consommation s’accroît car le revenu augmente.

• L’investissement s’accroît car le revenu national augmente et globalement, le taux d’intérêt diminue (on n’a plus l’effet ambigü présent dans le cas d’un choc de demande).

L’efficacité de la politique monétaire dépend notamment :

• positivement de la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt

• négativement de la sensibilité de la demande de monnaie au taux d’intérêt.

3 cas particuliers :

a) le cas du modèle keynésien élémentaire (IS verticale)

L’investissement est alors très peu (à la limite, pas du tout) sensible au taux d’intérêt. L’expansion monétaire est alors totalement inefficace. Cela explique pourquoi la sensibilité de l’investissement par rapport au taux d’intérêt est un important sujet de controverse.

b) le cas de la trappe à liquidité

Dans ce cas, la sensibilité de la demande de monnaie au taux d’intérêt est élevée (à la limite, infinie) : une variation très petite (à la limite infinitésimale) du taux d’intérêt suffit à résorber le déséquilibre sur le marché de la monnaie ⇒ l’investissement reste inchangé et l’activité économique n’est pas relancée. D’où provient cette trappe ? Il existerait un taux d’intérêt minimalrm tel que tous les agents anticipent que le taux d’intérêt ne puisse pas descendre plus bas.

Remarque : cela correspond à une situation conjoncturelle particulière.

c) le cas monétariste (LM verticale)

Il n’y a alors pas de coût d’opportunité à détenir de la monnaie plutôt que des titres et l’efficacité de la politique monétaire est alors maximale. Le revenu d’équilibre est uniquement déterminé par le marché monétaire. On peut consid-érer ce cas comme représentatif de la vision de court terme de Milton Friedman et de l’école monétariste. Elle renvoie à la théorie quantitative de la monnaie : les variations du produit nominal sont uniquement déterminées par les variations de l’offre de monnaie ; et si le niveau général des prix est fixe, c’est le volume des transactions qui est déterminé par M. Le taux d’intérêt permet alors d’ajuster la demande de biens à ce niveau de production (donné par M).

3.2.3 Politique budgétaire

On va étudier les effets d’une expansion budgétaire (voir B&C [2001] pour la consolidation fiscale). 3 modalités de financement peuvent être envisagées :

• par l’impôt : ∆G= ∆T : il n’y a alors pas de déficit budgétaire de créé

• par l’emprunt∆G= ∆BP : un déficit budgétaire est créé. C’est le mode de financement implicite dans IS/LM standard

• par création monétaire : ∆G= ∆MP : un déficit budgétaire est créé

La création d’un déficit budgétaire implique nécessairement une dette publique plus élevée ou une expansion monétaire. On va étudier le cas standard d’un fi-nancement par l’emprunt. Les 2 autres cas peuvent être vus comme une combi-naison de politiques économiques qu’on aura étudiées.

1) C’est sur IS que ∆G agit tout d’abord, qui se déplace vers la droite. La demande agrégée augmente et par effet multiplicateur, la production et le revenu s’accroissent.

2) Pour le taux d’intérêt initial, le marché de la monnaie n’est alors plus à l’équilibre : la demande de monnaie s’est élevée (suite aux transactions supplé-mentaires occasionnées par l’accroissement de la demande agrégée) et se trouve alors en excès par rapport à l’offre. Cela tire le taux d’intérêt vers le haut jusqu’à ce que l’équilibre soit rétabli (suite à l’augmentation de revenu, les ménages vont chercher à substituer de la monnaie à des titres pour pouvoir réaliser leurs trans-actions, ce qui crée un excès d’offre de titres, fait baisser leur cours et augmenter le taux d’intérêt).

3) la hausse du taux d’intérêt décourage l’investissement ce qui réduit la de-mande agrégée.

Remarque : cette fois-ci, l’effet positif est partiellement ruiné par la réaction du marché de la monnaie. On parle d’éviction par les taux d’intérêt.

Bilan pour chaque variable :

• ∆G >0, est la seule modification de variable exogène. Elle provient d’une politique économique. Le déficit budgétaire est cependant affecté. ∆(G− T) = ∆G−∆T >0 : le déficit budgétaire s’accroît.

• la consommation s’accroît car le revenu augmente

• L’effet global sur l’investissement est ambigü car l’augmentation du revenu national le favorise mais la hausse du taux d’intérêt nécessaire à l’équilibre sur le marché de la monnaie le décourage. Tout dépend des sensibilités relatives de l’investissement à la production et au taux d’intérêt.

Une consolidation fiscale (voir B&C [2001]) aurait des effets inverses. Il ex-isterait notamment le même effet ambigü sur l’investissement (lié à∆Y <0, et

∆i <0): on n’est pas sûr qu’en réduisant le déficit, on accroisse l’investissement.

Pourtant, l’idée est répandue que lorsque le déficit public est réduit, cela laisse plus d’épargne disponible pour l’investissement :

⇔ Y −C−GC =I+GI

⇔ Y −T −C

épargne privée

+ T −GC

épargne publique

=I+GI

⇔ épargne privée = investissement+déficit public

...mais l’épargne privée aussi est affectée (via le revenu national, la consomma-tion -qui baisse moins que le revenu- et les impôts) : si l’épargne privée diminue plus que le déficit public, l’investissement privé peut finalement se trouver réduit.

L’efficacité de la politique budgétaire dépend notamment :

• négativement de la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt⇒l’efficacité est maximale dans le modèle keynésien élémentaire (IS verticale) car dans ce cas il n’y a pas d’effet d’éviction par le taux d’intérêt.

• positivement de la sensibilité de la demande de monnaie au taux d’intérêt : si l’économie se trouve dans la trappe à liquidité, il n’y a pas d’augmentation du taux d’intérêt donc pas de baisse de l’investissement.

Remarque : une politique budgétaire expansionniste devrait permettre de rétablir la demande agrégée suite à un choc de demande défavorable (au moins via la con-sommation). C’est ce type d’analyse centrée sur la relance par la demande que mène Keynes dans la Théorie générale en 1935 alors qu’il cherche une réponse économique à la Grande Dépression.

3.2.4 Aspects dynamiques

Suite à des chocs ou à des politiques économiques, les ajustements sont-ils immé-diats ?

a) Sur le marché des biens et services :

L’ajustement du revenu national n’est pas immédiat. En effet, il faut du temps :

• pour que la production réponde aux variations de la demande

• pour que les consommateurs réagissent aux variations de leur revenu (sans doute)

• pour que les entreprises modifient leur programme d’investissement suite à des modifications de la demande

En résumé : il faut du temps pour que la production s’ajuste à la demande et pour que la demande s’ajuste au revenu (= production) : l’économie gagne lentement la ”nouvelle” courbe IS.

b) Sur le marché de la monnaie :

• Faut-il du temps pour que le taux d’intérêt s’ajuste ? Non, car la banque centrale vend et achète des titres sur un marché qui ajuste à chaque instant l’offre à la demande ⇒ le taux d’intérêt s’ajuste presqu’instantanément.

L’économie est toujours sur la courbe LM pertinente.

3.2.5 Le modèle IS/LM est-il un bon modèle ?

Voir le B&C (2001). Ils reprennent l’étude de Christiano, Eichenbaum et Evans (1996). C’est une étude récente et une référence pour l’étude de l’impact des chocs de politique monétaire. En résumé ils observent :

• une relation négative immédiate entre niveau des ventes et taux d’intérêt

• une relation négative plus tardive (effet le plus important après 4 trimestres) de la production

• pas de réaction des prix à court terme.

A court terme, cela ne contredit pas les prévisions qualitatives du modèle IS/LM. Dès qu’on s’intéresse au moyen terme cependant, l’hypothèse de prix fixes n’est plus raisonnable⇒il faut considérer une offre plus réaliste que l’offre parfaitement élastique postulée dans IS/LM.

3.2.6 Le chiffrage des multiplicateurs

Pour mesurer précisément les effets à attendre d’une politique ou d’un choc don-nés on doit utiliser desmodèles chiffrés et incorporant des comportements économiques plus élaborés que ceux qui sont explicitement pris en compte dans les petits modèles théoriques. Les modèles macroéconométriques, dont la tradition remonte à Jan Tinbergen (prix Nobel d’Economie 1969) et à Robert Klein (Prix Nobel d’Economie 1980) sont l’un des outils dont disposent les écono-mistes pour chiffrer précisément les effets des politiques et des chocs économiques.

Chaque comportement économique(l’investissement des entreprises, l’offre de travail des ménages, la consommation des ménages)est représenté par une équation qui décrit les effets des autres grandeurs économiques sur ce com-portement. Par exemple, la consommation des ménages dépend généralement du revenu des ménages (comme c’est le cas dans le modèle étudié dans ce chapitre) mais aussi du taux de chômage, de l’inflation, du patrimoine des ménages ainsi que de la distribution des revenus entre les ménages et de la structure par âge de la population.

Les techniques économétriques permettent d’une part, de sélectionner parmi la très longue liste des variables susceptibles d’influencer un comporte-ment donné celles qui (dans le passé) semblent avoir effectivecomporte-ment influencé ce comportement, et, d’autre part, de mesurer l’intensité des effets du changement d’une variable donné (par exemple le taux de chômage) sur une autre variable (la consommation). L’ensemble des équations représentant les différents com-portements sont alors exactement rassemblées (certains modèles comptent plus de 1000 équations).

On peut alors donner des ordres de grandeur quant aux effets des mesures de politique économique. Qualitativement cependant, les effets sont de même nature que ceux prédits par les petits modèles. Le modèle INTERLINK de l’OCDE évalue qu’un accroissement des dépenses publiques égal à 1% du PIB engendre un effet multiplicateur de :

• 1,4% en France

• 0,9 au Royaume-Uni

• 1,8% aux Etats-Unis et au Japon

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