4.2 Processus d’échappement
4.2.1 Effet tunnel et activation thermique
5
VS [mV]
I p
[
µ
A]
I
c
2∆
R
shunt
V
sg
Figure 4.7 – Caractéristique
courant-tension de l’échantillon
SQB pour un flux de polarisation
de Φp = 0.415Φ0.
extraites dans la suite du manuscrit, est en bon accord avec la valeur mesurée Vsgexp =
180µV.
4.2 Processus d’échappement
Proche du courant critique l’état fondamental de la particule, piégée en fond de puits,
a un temps de vie fini et l’échappement de la particule est un processus probabiliste. Cet
échappement est exponentiellement dépendant de la hauteur de la barrière de potentiel.
La première partie rappellera les deux processus d’échappement : l’activation thermique
et l’effet tunnel macroscopique. Puis nous verrons comment se déroule expérimentalement
la mesure de la probabilité d’échappement. Nous présenterons ensuite les mesures de
pro-babilité d’échappement à courant fini. Nous verrons ensuite que les mesures de propro-babilité
d’échappement à courant nul ont necessité la mise au point d’une nouvelle méthode de
mesure. La comparaison avec les prédictions du modèle MQT nous permettra d’extraire
avec précision les paramètres des SQUIDs.
4.2.1 Effet tunnel et activation thermique
Considérons la situation où la particule est piégée dans un puits de potentiel. On
sup-pose que la particule est localisée en fond de puits dans la direction transverse au chemin
de minimum énergie. On peut alors se limiter à l’étude de la dynamique
unidimension-nelle de la particule le long de ce chemin de minimum énergie. La figure 4.8 représente
schématiquement le potentiel le long de cette direction. Celui-ci présente une barrière de
potentiel ∆U et la particule oscille en fond de puits, caractérisée par sa fréquence propre
longitudinale νk. Le temps de vie de cet état de tension nulle est fini car deux mécanismes
permettent à la particule de s’échapper du puits : elle peut sauter la barrière par activation
thermique (AT) ou la traverser par effet tunnel.
Le taux d’échappement par activation thermiqueΓAT
0 est donné par [71, 43] :
Figure 4.8 – Processus d’échappement par
activation thermique (AT) et effet tunnel
ma-croscopique (MQT). Passage d’un état de
tension moyenne nulle à un état de tension
moyenne finie.
G
0 MQTG
0 ATActivation thermique
Effet tunnel
V = 0s
_
V s
_
2D
e
_
x //
U
DU
//
n
ΓAT0 (Ip,Φp, T) = a⊥νk exp
−∆U
kbT
(4.6)
où kb est la constante de Boltzman. Le préfacteur a⊥ est égal au rapport entre les
fréquences du mode transverse en fond du puits et au point col.
A basse température, l’activation thermique devient négligeable. Ce processus est alors
relayé par l’effet tunnel macroscopique (MQT, pour Macroscopic Quantum Tunneling).
Dans la limite où le potentiel du SQUID dans la direction longitudinale ne comporte qu’une
famille de puits, il a été vérifié que l’effet tunnel était bien décrit par la loi
unidimension-nelle connue pour les jonctions Josephson sous amorties [64]. Le taux d’échappement par
effet tunnel ΓM QT0 est donné par [72] :
ΓM QT0 (Ip,Φp) = 12
s
6π∆U
hνk
νk exp
−36
5
∆U
hνk
(4.7)
La transition entre le régime MQT et le régime d’activation thermique a lieu pour une
température T∗donnée par :
T∗ = hνk
2πkb (4.8)
La fréquence du mode longitudinal proche de l’échappement est au minimum de10GHz
pourSQB et de 5GHz pour S2D. On obtient alors des températures de transition
respec-tives deTQB∗ = 80mK etT2∗D = 40mK. La température du cryostat est deT = 40mK et
il faudra donc tenir compte de la contribution résiduelle de l’échappement par activation
thermique dans le SQUID S2D.
La probabilité d’échappement pendant une durée ∆t s’écrit :
Pech(Ip,Φp,∆t, T) = 1−exph−(ΓAT0 + ΓM QT0 )∆ti (4.9)
Cas du potentiel quadratique-quartique Comme nous l’avons décrit dans le chapitre
2, proche du courant nul et d’un demi quantum de flux plusieurs états de flux peuvent
coexister. Un potentiel type dans cette zone est présenté dans la figure 4.9. Celui-ci est
très différent d’un potentiel en tôle ondulée et cela a deux conséquences.
Figure 4.9 – Forme du potentiel proche du
courant nul et d’un demi quantum de flux.
La particule peut s’échapper à travers deux
barrières de potentiel.
//
n
x //
U
G
G
G
D
DU DU
G D
D’une part deux chemins d’échappements sont possibles. Nous considérerons ici que
le taux d’échappement total ΓM QT0 est simplement la somme du taux d’échappement à
travers la barrière de potentiel de gauche ΓG et à travers la barrière de potentiel de droite
ΓD :
ΓM QT0 (Ip,Φp) = ΓD+ ΓG (4.10)
D’autre part, la loi MQT pour un potentiel cubique (4.7) n’est plus valable pour
estimer ΓG et ΓD. En effet le potentiel ne peut plus être localement approximé par un
potentiel de type quadratique-cubique. Il faut alors prendre un compte un terme quartique
supplémentaire. Nicolas Didier a, durant sa thèse[73], calculé le taux d’échappement tunnel
dans un potentiel général, quadratique-cubique-quartique, en utilisant le formalisme des
instantons. Hors de la zone de coexistence entre deux états de flux, ces résultats convergent
vers la loi pour un potentiel quadratique-cubique. A l’opposé, il existe une limite analytique
lorsque que l’on se trouve dans la situation particulière où le potentiel est totalement
symétrique par rapport au minimum dans lequel est piégée la particule (casIp = 0). Dans
ce cas ∆UG = ∆UD et ΓD = ΓG. Le taux d’échappement ΓM QT0 est donné par la loi
suivante :
ΓM QT0 = 16
s
2π∆U
hνk
νk exp
−16
3
∆U
hνk
(4.11)
La différence la plus notable avec la loi de MQT dans un potentiel quadratique-cubique
est le préfacteur dans la fonction exponentielle, qui vaut maintenant 16/3au lieu de36/5.
Entre les deux cas limites, les formules sont plus complexes et sont résolues
numéri-quement. Pour de plus amples détails, nous renvoyons au manuscrit de thèse de N. Didier
[73].
Dans le document
Dynamique quantique dans un dcSQUID : du qubit de phase à l'oscillateur quantique bidimensionnel
(Page 85-88)