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Le PDM du Haut Lignon n’a pas été évalué selon la même méthodologie que les PDM de la Montagne Bourbonnaise et du Haut Livradois pour deux raisons. D’une part, la quatrième tranche diagnostiquée en 2008 est extrêmement différente des deux premières tranches de ce PDM diagnostiquées en 2005 et 2006 sur le plan pédo-climatique, des types de peuplements et des propriétaires. La comparaison avec/sans n’avait donc que peu d’intérêt dans ces conditions. Par ailleurs, ce PDM est le seul pour lequel une politique spécifique a été mise en œuvre : les actions par sous-massifs. Sur les sous-massifs de la première tranche, sélectionnés pour leurs problématiques de gestion particulières (petites parcelles, peuplements jeunes), des actions d'animation supplémentaires ont été confiés à des acteurs économiques (coopérative et experts forestiers). Sur la deuxième tranche, des sous-massifs ont été délimités, mais seule l’animation réalisée par l’animateur PDM a eu lieu, les actions sur les sous-massifs n'ayant pas été poursuivies. L’objectif de l’évaluation est d’estimer l’effet propre des actions entreprises par les acteurs économiques sur les sous-massifs de la tranche 1 par rapport à l’effet de l’action de l’animation PDM « classique ». Pour cela, les réalisations observées en 2009 sur les sous-massifs des deux tranches sont comparées.

5.1 Les données relevées

Pour réaliser cette comparaison, des relevés ont été réalisés début 2009 simultanément sur 400 points des tranches 1 et 2 du PDM, situés à la fois dans et hors des zones sous- massifs. La figure 2 représente la carte des deux tranches, des sous-massifs et des points sélectionnés pour l’échantillonnage. L’échantillonnage a été réalisé sur la base de points et non selon les unités de gestion délimitées au préalable car le fort morcellement avait conduit à des unités de gestion extrêmement larges, contenant des peuplements de nature très différentes. Pour ces micro-parcelles, l’échantillonnage par point est plus adapté, car il permet de refléter la diversité des peuplements rencontrés sur le massif. Les points ont été choisis sur une grille régulière de pas donné, et les zones en sous-massifs ont été sur-échantillonnées (le pas retenu est plus faible). La grille de pas régulier est une procédure d’échantillonnage spatial qui garantit la représentativité des surfaces échantillonnées. Elle est plus précise que la méthode d’échantillonnage aléatoire lorsque les peuplements sont répartis de manière homogène, ce qui est le cas pour ces massifs.

Figure 2 : délimitation des tranches 1 et 2, des sous-massifs et des points échantillonnés

Note : la tranche 1 est en gris clair, la tranche 2 en hachuré. Les sous-massifs de la tranche 1 sont en vert foncé, les sous-massifs de la tranche 2 en bleu clair. Les cercles noirs représentent les points d’échantillonnage.

5.2 La méthodologie utilisée

Deux types de méthodes ont été utilisés pour cette évaluation :

1. Une comparaison entre sous-massifs des deux tranches « toutes choses

égales par ailleurs » : les pratiques de gestion dans le sous-massif de la tranche 1 sont comparées aux pratiques recensées sur les points du sous- massif de la tranche 2 qui ont les mêmes caractéristiques (peuplement, accessibilité, taille de la parcelle). Il est malgré tout possible que ces deux zones diffèrent pour d’autres caractéristiques (types de propriétaires…).

2. Une comparaison en « double-différence » : la différence de taux de gestion

entre les zones en sous-massif et les zones hors des sous massifs est d’abord calculée sur chaque tranche. La différence mesurée dans la tranche 1 est comparée à celle mesurée dans la tranche 2. Cette méthode permet de prendre en compte le fait que les deux tranches diffèrent peut-être pour des caractéristiques non observées : elle mesure l’effet propre sans biais si l’écart de niveau de gestion dû aux caractéristiques inobservées dans et à l’extérieur des sous-massifs est identique dans chaque tranche. Par contre, elle peut-être biaisée si l’action sous-massif sur la tranche 1 a changé l’animation reçue par les parcelles situées en dehors des sous-massifs.

5.3 Les résultats obtenus

Les résultats de ces comparaisons effectuées selon les méthodes 1 et 2 sont présentés dans le tableau 11. Les taux de coupes rases réalisées dans les sous-massifs sont très faibles, et aucun effet significatif de l’animation sous-massif n’est détecté. Par contre, les niveaux de premières éclaircies sont plus élevés et des différences importantes apparaissent : dans les sous-massifs de la tranche 1, qui ont bénéficié d’une animation spécifique par les acteurs économiques, les taux d’éclaircies réalisées sont plus faibles que dans les sous-massifs de la tranche 2, qui ont bénéficié uniquement de l’animation PDM classique. L’animation supplémentaire réalisée par les acteurs économiques semble en relation avec un taux moindre d'éclaircies dans les sous-massifs par rapport à l’action PDM. La différence de 10% des taux d’éclaircie n’est malgré tout pas estimée avec suffisamment de précision. On peut simplement affirmer qu'il ne semble pas y avoir d'effet détectable des actions supplémentaires réalisées sur les sous-massifs par rapport à l'action PDM classique.

Tableau 11 : résultat de l’estimation de l’effet propre des actions sous- massifs sur la première tranche du PDM du Haut Lignon

Hors sous-

massif Sous-massif Méthode 1 Méthode 2 Tranche 1 0.010 0.001 Taux de coupes rases réalisées Tranche 2 0.022 0.007 -0.006 (0.010) 0.006 (0.009) Tranche 1 0.26 0.18 Taux d’éclaircies réalisées Tranche 2 0.12 0.28 -0.10 (0.07) -0.23 (0.09) Tranche 1 0.46 0.22 Taux de jardinages réalisés Tranche 2 0.27 0.32 -0.10 (0.18) -0.29 (0.19)

Note : les écarts-types des effets propres estimés sont entre parenthèses. La méthode 1 est la comparaison simple entre points des sous-massifs des tranches 1 et 2. La méthode 2 est la double-différence : l’écart entre le sous-massif de la tranche 1 et le reste de la tranche 1 est comparé à l’écart entre le sous-massif de la tranche 2 et le reste de la tranche 2. Chacune de ces comparaisons est faite en contrôlant pour la composition en essences, le niveau d’accessibilité des parcelles, leur taille et leur âge. Les taux de coupes rases et d’éclaircies sont estimés sur l’ensemble des peuplements en futaie régulière, alors que le taux de jardinages réalisés est calculé sur l’ensemble des peuplements en futaie irrégulière.

Les résultats obtenus grâce à la méthode de double-différence (2) semblent montrer un écart négatif encore plus accentué entre l’effet des actions réalisées dans les sous-massifs par les acteurs économiques et l’action PDM. Le taux de premières éclaircies en dehors des sous- massifs est plus élevé dans la tranche 1 que dans la tranche 2 (0.26 contre 0.18). Avec la méthode de double-différence, cet écart est interprété comme l’effet de caractéristiques inobservées qui font que les peuplements de la tranche 1 ont plus de probabilité de subir une coupe rase. Comme le taux d’éclaircies dans les sous-massifs de la tranche 2 est beaucoup plus élevé que dans ceux de la tranche 1, l’utilisation de la méthode de double-différence conduit à interpréter ces écarts comme un signal de la plus grande efficacité des actions PDM classiques par rapport aux actions conduites par les acteurs économiques dans les sous- massifs. L’effet mesuré avec la méthode 2 est de 23 points de pourcentage d’éclaircies supplémentaires grâce à l’action PDM classique par rapport aux actions des acteurs économiques, effet significativement différent de zéro.

Malgré la divergence des résultats obtenus grâce à ces deux méthodes, la première conclusion est que l’effet des actions des acteurs économiques dans les sous-massifs de la tranche 1 ont eu un effet limité sur les premières éclaircies, par rapport à l’action PDM classique. L'interprétation la plus probable de ces résultats est la suivante : sachant que des actions supplémentaires seraient réalisées sur les sous-massifs de la première tranche, l'animateur du CRPF a sans doute exercé une animation plus réduite sur les sous-massifs, ce qui n’a pas été le cas sur la tranche 2. Sur la tranche 1, un temps d’animation plus important a été réalisé en dehors des sous-massifs, permettant d’atteindre des niveaux élevés d’éclaircies sur cette zone. Sur la tranche 2, les sous-massifs ayant été privilégiés, le niveau d’éclaircies en dehors des sous-massifs est plus faible sur cette tranche. La différence de niveaux d’éclaircies en dehors des sous-massifs entre les deux tranches est donc sans doute due à une différence d’intensité d’animation et non pas à des caractéristiques inobservées influençant aussi le niveau d’éclaircies sur les sous-massifs. Dans ce cas de figure, les résultats de la méthode 2 sont biaisés et ceux obtenus par la méthode 1 sont à privilégier. Ainsi, les animations réalisées sur les sous-massifs de la tranche 1 par les acteurs économiques n'ont pas été plus efficaces que les actions PDM classiques réalisées sur la tranche 2. Les mêmes résultats sont obtenus sur le tableau 11 pour les taux de jardinages réalisés : l’action des acteurs économiques n’a pas eu d’effet significatif sur les jardinages.

6 L’effet propre de la mise en œuvre des SMGF sur la

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