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Effet des mesures de lutte et d’aide au sevrage sur le tabagisme

Dans le document DIPLÔME D’ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE (Page 43-47)

Rappelons qu’après des baisses entre 2000 et 2005, puis des hausses entre 2005 et 2010, les prévalences du tabagisme quotidien et du tabagisme actuel sont restées stables entre 2010 et 2016 parmi l’ensemble des 15-75 ans. Cette stabilité était observée aussi bien parmi les hommes que parmi les femmes.(8)

Comme l’illustre le graphique 3, chez les adolescents de 17 ans, la prévalence du tabagisme quotidien global tout sexes confondus reste élevée malgré une baisse constante modérée depuis 2000.

Devant cette persistance de la haute consommation de tabac en France on peut s’interroger sur l’efficience des mesures de lutte prises pour aider les fumeurs à quitter le tabac.

Rappelons qu’en Australie la prévalence du tabagisme quotidien chez les adultes est de 12.2% et en baisse constante. En Grande-Bretagne elle est passée en dessous des 20% et continue de diminuer.

Néanmoins, la proportion de fumeurs quotidiens ayant fait une tentative d’arrêt dans l’année est en hausse (51) : ils sont 29% parmi les 15-75 ans en 2014 vs 25% en 2010. Cette hausse est particulièrement importante chez les 15-24 ans : 54% en 2014 contre 41% en 2010. L’envie d’arrêter chez les fumeurs quotidiens est stable et concerne 59,5% d’entre eux. Au cours de l’année, 14% des personnes ayant envie d’arrêter de fumer ont cherché des conseils ou de l’aide sur Internet. Cela représente 8% des fumeurs quotidiens. Internet devient ainsi une importante source d’information et de conseils pour les fumeurs.

Les sevrages tabagiques effectués avec l’aide d’un professionnel du soin s’effectuent le plus souvent en médecine de ville. Ainsi, en 2009, près de 67 % des MG ont vu au moins un patient

44 dans le cadre d’un sevrage tabagique au cours des 7 jours précédant l’enquête ; 17,4 % en ont vu au moins trois.(52)

Les données relatives à l'activité des consultations de tabacologie ne sont étudiées que depuis 2006 à partir de l'informatisation d'une centaine de structures.

En 2016, ce sont ainsi 14,4 nouveaux patients qui ont été accueillis en moyenne chaque mois dans chaque consultation, un chiffre en hausse par rapport à 2015.(53)

En 2015, l’analyse de l’activité de 100 consultations de tabacologie (54) montrait que :

- Le nombre moyen de nouveaux consultants fumeurs était de 13,6/mois, en augmentation

après deux ans de baisse (12,8 en 2014 ; 13,3 en 2013 ; 15,2 en 2012).

- L’initiative de la consultation revenait à un professionnel de santé dans 59 % des cas, à

la personne fumeuse dans 36 % des cas, à l’entourage de la personne fumeuse dans 5 % des cas.

- Chaque consultation de tabacologie suivait en moyenne 23,2 personnes pour un sevrage

tabagique (versus 22,8 en 2014 ; 28,3 en 2012).

La question de la prise en charge du tabagisme peut aussi être observée à partir des chiffres de ventes de médicaments pour l'aide au sevrage.

En 2016, le nombre de personnes ayant recours à un médicament d’aide à l’arrêt du tabac a augmenté de 16,5 % par rapport à 2015, année déjà marquée par une forte progression. Les principaux médicaments demeurent les substituts oraux (60 %), devant les patchs (35 %), en nette hausse.(54)

En 2017, pour la troisième année consécutive, les ventes de médicaments pour l’arrêt du tabac réalisées en pharmacie ont augmenté sensiblement : on compte 2 726 417 « patients traités » contre 2 138 868 en 2016, soit 28,5 % de plus à jours constants (diagramme 4).

Cette évolution, serait liée à plusieurs événements : la commercialisation mi-novembre 2017 de quatre nouvelles références de MNS (gommes), l’augmentation fin 2016 du

remboursement forfaitaire des substituts prescrits, le rétablissement de la prise en charge de la varénicline par l’Assurance maladie et l’augmentation du prix du tabac.

45 Diagramme 4 : Ventes de traitements pour l’arrêt du tabac, en équivalents « nombre de

patients traités » (source : OFDT)

Concernant le remboursement forfaitaire de 150€ annuels pour tous, en 2016, 229 450 personnes ont bénéficié du dispositif de remboursement forfaitaire des MNS sur prescription, soit un quart de plus qu’en 2015 (182 891).

En 2017, les progressions par rapport à 2016 sont manifestes : le nombre de bénéficiaires a quasiment doublé au premier trimestre 2017 (+ 92,6 %, soit 107 140 personnes), il a augmenté de 72,0 % au second trimestre et de 61,7 % au troisième.

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette augmentation du nombre de remboursements forfaitaires : l’élargissement de la population bénéficiaire du montant de remboursement maximum et une grande mobilisation des professionnels de santé qui sont plus nombreux et divers (médecins, sages-femmes, chirurgiens-dentistes, infirmiers(ères) et

masseurs-kinésithérapeutes) à pouvoir prescrire des médicaments depuis la loi de santé 2016.

On a constaté une nette augmentation du recours au dispositif Tabac-Info-service ces dernières années.

En 2017, 48 659 appels concernant l’arrêt du tabac ont été traités en premier niveau par la ligne téléphonique Tabac info service, un chiffre en nette augmentation par rapport à 2016 (+ 18,5 %).

Par ailleurs, le site internet tabac-info-service a reçu 3 890 300 visites, soit une hausse de11% par rapport à 2016.

Pour s’adapter au recours croissant au smartphone, Santé publique France et la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAM-TS) ont lancé en septembre 2016 une nouvelle version de l’application mobile, téléchargée 385 000 fois en 2017. Le coaching, proposé via l’application mobile Tabac info service, a permis de recruter 248 800 fumeurs souhaitant arrêter leur consommation, soit 13 fois plus qu’en 2014, année où ce service était disponible uniquement via le site Internet

46 Pour conclure, si l’on se réfère à la prévalence du tabagisme ces dernières années, on constate que malgré l’augmentation des aides, des consultants en tabacologie, de la plus grande implication des soignants, en particulier des MG et de la plus grande utilisation des MNS, nous n’arrivons pas à diminuer le nombre total de fumeurs de manière significative.

Ce qui souligne une forme d’inefficacité des mesures en place qui sont nécessaires mais apparemment non suffisantes et pas assez efficientes.

Il n’existe à ce jour aucun traitement médical validé permettant d’obtenir les mêmes effets que la cigarette fumée dans un but de sevrage. A l’instar des traitements de la maladie alcoolique, il n’existe pas de traitement miracle du sevrage tabagique.

Une combinaison de plusieurs approches est nécessaire afin de mieux aider les patients dans leur démarche d’arrêt du tabac.

De nouvelles méthodes sont à envisager pour enrichir et améliorer la prise en charge.

L’usage de la cigarette électronique pourrait permettre de diminuer le nombre de fumeurs en France, s’il est réalisé dans de bonnes conditions, avec les bons outils.

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II. LA CIGARETTE ELECTRONIQUE

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