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I. 4.1.2.3. Les pourritures molles

V.2. Effet des extractibles sur les termites Reticulitermes flavipes

Toujours dans l’optique de mieux cerner la durabilité naturelle de C.edulis et valoriser ses

substances extractibles, des essais de screening rapide en laboratoire ont été réalisés au CIRAD

pour évaluer les propriétés anti-termites des extractibles. Les mêmes concentrations d’extraits

500 ppm et 1000 ppm ont été testées. 70 μL de solutions d’extraits à différentes concentrations

ont été imprégnées sur des papiers filtres Whatman avant exposition de ces derniers aux

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termites. Les essais ont été arrêtés lorsque tous les termites ouvriers dans les boîtes témoins

sont morts environ (21 jours). Les résultats de ces essais sont consignés dans le tableau 16.

Tableau 16: Activité anti-termite des différentes fractions d’extraits de C.edulis vis-à-vis de

Reticulitermes flavipes (moyenne de 3 essais ± écart type).

Compartiment Solvant Concentration Taux de survie (%) Pertes de Masse (%)

Ecorce

Eau 500 ppm 80,0 ± 2,9 41,6 ± 2,7

1000 ppm 71,7 ± 5,3 37,3 ± 8,7

Toluène/Ethanol

(2/1, v/v)

500 ppm 65,0 ± 4,0 28,9 ± 4,8

1000 ppm 8,3 ± 7,6 8,3 ± 1,8

Acétone 500 ppm 58,3 ± 4,6 22,1 ± 8,1

1000 ppm 6,6 ± 7,6 6,7 ± 1,6

Dichlorométhane 500 ppm 30,0 ± 3,0 14,6 ± 3,3

1000 ppm 1,7 ± 2,9 8,6 ± 2,0

Duramen

Eau 500 ppm 80,0 ± 5,0 44,2 ± 4,9

1000 ppm 68,3 ± 2,9 37,0 ± 1,0

Toluène/Ethanol

(2/1, v/v)

500 ppm 56,7 ± 4,4 22,4 ± 7,8

1000 ppm 65,0 ± 0,0 20,3 ± 5,8

Acétone 500 ppm 60,0 ± 5,0 17,6 ± 1,2

1000 ppm 18,3 ± 6,1 12,1 ± 6,5

Dichlorométhane 500 ppm 83,3 ± 2,9 40,9 ± 5,0

1000 ppm 73,3 ± 2,9 34,6 ± 0,9

Aubier

Eau 500 ppm 78,3 ± 7,6 39,4 ± 5,5

1000 ppm 83,3 ± 2,9 33,5 ± 5,3

Toluène/Ethanol

(2/1, v/v)

500 ppm 90,0 ± 4,0 29,4 ± 3,4

1000 ppm 45,0 ± 5,0 7,4 ± 1,1

Acétone 500 ppm 81,7 ± 5,4 32,5 ± 4,8

1000 ppm 63,3 ± 3,5 15,2 ± 1,8

Témoin

Virulence n.c 70,0 ± 6,1 37,3 ± 6,8

Ethanol n.c 78,3 ± 5,9 28,3 ± 4,3

Diète n.c 0,0 ± 0,0 0,0 ± 0,0

n.c : non concentré

Les résultats obtenus indiquent que l’activité anti-termite varie avec la partie du bois étudiée,

le solvant d’extraction et la concentration des extraits utilisés comme souvent rapporté dans la

littérature (Andréa et al, 2009). Globalement, de faibles activités anti-termites ont été observées

avec les extraits d’aubier et du duramen de C.edulis comme le témoignent les forts taux de

survie et les différentes pertes de masse des papiers Whatman enregistrées, en dehors de

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l’extrait acétonique du duramen qui présente une activité anti-termite légèrement meilleure avec

un taux de survie à 18,3% et une perte de masse de papier Whatman de 12,1% à 1000 ppm. A

l’inverse, les extraits d’écorce présentent des activités beaucoup plus intéressantes. Les plus

fortes activités anti-termites ont été enregistrées avec les extraits d’écorce à 1000 ppm

comparativement aux essais réalisés à 500 ppm. En effet, des taux de survie de 30,0 , 58,3 et

65,0% pour des pertes de masse de papier Whatman de 14,6 , 22,1 et 28,9% ont été mesurés à

500 ppm alors que, dans le même temps, des taux de survie de 1,7 , 6,6 et 8,3% pour des pertes

de masse de papier Whatman de 8,6 , 6,7 et 8,3% à 1000 ppm respectivement pour les extraits

dichlorométhane, acétone et toluène/éthanol (2/1, v/v) étaient enregistrés.

Les analyses antérieures notamment le criblage phytochimique et l’analyse GC/MS des

différents extraits de l’écorce de C.edulis ont permis d’identifier les composés terpéniques tels

que le stigmastérol et le β-sitostérol dans l’extrait au dichlorométhane qui pourrait expliquer la

bonne activité anti-termite de cet extrait. En effet, selon les données de la littérature, il a été

démontré que les phytostérols possèdent des propriétés toxiques, antifédives et répulsives

contre les termites et d’autres insectes (Lajide et al, 1995; Viegas, 2003; Blaske et al, 2003;

Park et Shin, 2005; Watanabe et al, 2005). Pour les extraits acétoniques et au mélange

toluène/éthanol de l’écorce, les analyses antérieures et précisément l’analyse GC/MS ont permis

de mettre en évidence la présence de composés phénoliques comme l’acide gallique et l’acide

ellagique, pouvant indiquer la présence de tannins hydrolysables permettant d’expliquer la

bonne activité anti-termite de ces extraits. Ces résultats sont corroborés par la littérature qui

explique que les tanins, en raison de leurs propriétés de liaison aux protéines et de l'inhibition

de plusieurs enzymes digestives, sont connus pour être fortement astringents (Monteiro et al,

2005). Ayres et al, (1997) ont vérifié que la forte mortalité des insectes traités avec des tanins

condensés et hydrolysables semble être due aux propriétés toxiques de ces composés et non à

l'inhibition de la digestion. De plus le criblage phytochimique a révélé la présence de composés

phénoliques comme les flavonoïdes dans ces extraits qui ont un potentiel intéressant comme

agents de lutte contre les termites (Simmonds, 2001 ; Ohmura et al, 2000). Selon Ohmura et al.

(2000), les flavonoïdes présents dans le bois ont montré de fortes activités de dissuasion

alimentaire contre les termites souterrains (Coptotermes formosanus Shiraki), et ont suggéré

que ces derniers ont des activités anti-germes contre les termites souterrains. D'autres études

antérieures ont également signalé l'activité anti-termite des flavonoïdes (Chen et al. 2004;

Morimoto et al. 2006) ; il a été démontré que les flavonoïdes, tels que la catéchine, interagissent

avec le récepteur de l'ecdysone des termites à l'aide d'un test de gène rapporteur et de lignées

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cellulaires sensibles à l'ecdysone (Oberdorster et al. 2001). Compte tenu de la capacité des

flavonoïdes à se lier au récepteur de l'ecdysone, les flavonoïdes peuvent affecter d'autres

systèmes biologiques chez les termites (Boué et Raina 2003). Ragon et al, (2008) ont émis

l'hypothèse que les termites détectaient et évitaient les bois contenant des extraits riches en

molécules antioxydantes, car ces derniers pouvaient interférer avec la digestion de la

lignocellulose par les symbiotes des termites. Ces résultats expliquent parfaitement l'importance

des composés terpéniques et phénoliques dans la résistance du bois aux termites. Dans la

littérature, les extraits de bois présentant une très bonne résistance aux termites ont été étudiés

pendant de nombreuses années et offrent une certaine garantie en tant que sources de

développement d’agents de lutte contre les termites parce qu’ils constituent un réservoir riche

en composés bioactifs qui présentent, conjointement ou indépendamment, une toxicité, une

dissuasion alimentaire ou une répulsion (Scheffrahn, 1991; Escoubas et al, 1995; Chen et al,

2004). En revanche, le mécanisme exact par lequel les extractibles tuent, dissuadent ou

repoussent les termites n'est toujours pas clairement défini. La figure 68 ci-dessous montre

l’aspect des observations visuelles effectuées sur les papiers Whatman imprégnés d’extraits lors

des différents essais effectués.

Figure 68: Aspect des papiers Whatman imprégnés d’extraits d’écorce après exposition aux

termites. (a) extrait aqueux ; (b) extrait acétone ; (c) extrait toluène/éthanol ; (d) extrait

dichlorométhane

(a) (b)

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