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Nous avons choisi, pour mesurer la biodiversité dans l’écosystème cultivé de Larrau, la méthode Shannon et Weaver (voir annexe 12).

2.1. Choix des zones et parcelles de relevés.

Nous avons procédé à 33 relevés sur des parcelles de la zone axiale. Les parcelles choisies l’ont toujours été par rapport à une mention historique figurant dans les documents d’archives.

Les landes qui affichent comme nous l’avons vu une certaine stabilité sont aussi mentionnées dans différents documents historiques au niveau notamment des confronts des censiers et terriers successifs en tant que : herm royal, pâtures, terres communes ou terres royales. Nos relevés ce sont portés sur les landes des lieux dits ou limitrophes : Orpune (Fin du XVIe s.) Arbide (1517) Galhare (1530) Bortelles (1515) Sakhartia (1515 incertain) Doronde (milieu du XVIIe s. et probablement Moyen Age) Ustarbe (1515-1635) Jauréguy (1540 – 1675).

Toutes les parcelles choisies sont encore en nature de lande en 1830 mais à des degrés d’ouverture / fermeture différents. Les prés et prairies sont plus difficiles à dater, compte tenu de leur nature changeante notamment parce que les parcelles en prés peuvent alterner avec les labours et être intégrées au système de jachère triennale. Nous nous sommes contenté des datations des bordes et borde-bordaar auxquels ils étaient reliés. La recherche de cette profondeur historique doit nous permettre de cerner au mieux une éventuelle usure du biotope à la suite d’usages sur du long terme qui auraient influencé significativement la biocénose et donc modifié la biodiversité.

Nous avons reporté les points de relevé sur la cadastre napoléonien, les changements majeurs depuis le cadastre napoléonien portent sur : une partie de lande mises en prairie (A)

alors qu’une autre (B) s’est boisée au point qu’elle n’existe plus qu’au stade de clairière. Un relevé, le plus au Nord sur la carte est situé au dessus de 800m. nous l’avons néanmoins conservé dans les tableaux et différentes fiches de relevés (figure 40)

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Tableau 19. Cartographie des relevés en fonction des modifications constatées à deux siècles d’intervalle.

Nature Nbre 1830 2009 Transformations reconnues

Landes 11 11 11 1 lande sous Oronitze = hêtraie et clairières

Prés et

prairies 6 3 6 2 prairies par transformation ancienne des landes 1 prés après transformation connue d’un labour

Bois 16 16 16 1 bois en bois futaie

1 bois taillis en bois

Les relevés sont dispersés sur l’ensemble de la zone d’étude sans pour autant la couvrir entièrement. Nous avons délaissé les zones encore mal renseignées du point de vue historique à l’époque des relevés. Néanmoins la couverture reste assez bonne et surtout nous avons équilibré la répartition entre les parties excentrées avec peu d’activités comme Coltat au Sud et les parties plus exploitées au dessus du village (au-delà de la zone de fermeture) ou encore

A

B

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à Borthèle. Nous avons volontairement délaissé l’ancienne partie d’openfield à proximité du bourg.

Sur 33 relevés 29 ont été réalisés entre le 12 et le 20 Mai, et 4 relevés de contrôle les 2 et 18 juin 2009 (figure 41). Nous avons effectué ces quatre contrôles après nous être aperçu que tous les relevés forestiers, y compris dans les talwegs portaient des traces d’exploitation. Nous avons donc cherché des boisements plus « naturels », recherche vaine lors de cette campagne. D’autre part, les conditions météorologiques des semaines précédentes, marquées par le froid et la pluie, ont retardé la levée des végétaux herbacés. Certaines plantules trop jeunes n’ont pu être identifiées pour ces raisons mais cela reste anecdotique.

2.2. Analyse des relevés de terrain

L’analyse des relevés comporte deux niveaux : - Une courte analyse quantitative.

© A. Bousquet. D. Cunchinabe. ITEM 4-5-19 10 11-12 28 30 1-2-3-29 31 14 13-15-16-17-18 24 22 20-9 6-7-8 21 26 23-27 25 33 32 12-11 N° des relevés Source cartographique : Fond IGN 1 / 25 000.

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- Une analyse qualitative qui s’appuie sur les relevés et met en parallèle les travaux des hommes et la biodiversité

2.2.1. Analyse quantitative brute. Nous avons relevé 252 espèces:

- 212 plantes herbacées (y compris les fougères et sont exclus les lichens). - 40 plantes ligneuses (arbrisseaux, arbustes, arbres)

- 165 espèces peuplent les milieux ouverts des prés, prairies landicoles et landes - 87 sont inféodées plus ou moins fortement aux milieux forestiers.

- 17 espèces affichent un caractère ubiquiste (habitat dans tous les milieux): Fougère aigle, Achillée mille feuilles, Véronique petit chêne etc. … (voir tableau des relevés en Annexe 12)

Surface moyenne des aires minimales :

S< 10m² - 12 relevés (milieux ouverts jusque landes arbustives) # 100m2

30m² < S < 32 m² - 5 relevés (landes arbustives à légèrement arborées) # 153 m²

130 m² < S < 140 m² - 16 relevés (landes arborées, bois paysans et boisements forestiers parcourus).

Cette présentation met en évidence une forme de répartition de la biodiversité. Celle-ci n’est pas seulement liée à l’écosystème forestier. La biodiversité est le fruit de l’hétérogénéité du système forestier et leur biodiversité dépend essentiellement de l’existence sur un territoire donné des différents stades d’évolution de la forêt allant de la clairière à la futée mature316. Les prairies et les landes bien que majoritairement (vu leur taille) de formation anthropique sont à considérer comme étant les pendants des clairières et prairies des forêts primitives alors que les haies, bois et bosquets plus ou moins travaillés accueillent la végétation des différentes séquences constitutive des séries forestières : séries du hêtre et du chêne (figure 42).

Si l’on excepte les ligneux et plantes inféodées au milieu forestier, ce sont 125 espèces qui peuplent environ 250m² (cumul des aires minima représentatives) de milieux ouverts. Dans les milieux fermés les plantes forestières inventoriées sont au nombre de 127 pour une superficie de relevés ne dépassant guère les 2000m².

316 Lefeuvre, 1992

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Figure 42. Planche photographique : représentation des faciès des différentes landes et parcours

II.

2.2.2 Analyse qualitative.

A. Classement et interprétation des indices de biodiversité.

En abscisse, les relevés sont classés selon le gradient d’ouverture/fermeture du milieu (figure 43). Ce gradient démarre au plus bas par les prés (en jaune) de 0 à 2, viennent ensuite les prairies et landes (jaune pour prairies et orange pour landes) échelonnées de 2 à 4. Les landes présentent toutes des séquences à épineux, celles les plus hautes dans le gradient sont celles présentant des arbres et arbustes formant des accrus forestiers potentiels même si le stade de développement ne dépasse pas le scion317 de 1 à 3 ans. En vert, le recouvrement par les arbres de 4 à 6 domine, les points les plus bas sur le gradient correspondent à des taillis et séquences de colonisations pionnières à post pionnières pour aller vers les points les plus hauts représentés par : la forêt galerie des ripisylves, les boisements mixtes des talweg et la hêtraie dense et mature de haute futaie ou basse futaie (héritage des bois taillis318 du cadastre de 1830).

317 Tige jeune droite et flexible, les embranchements sont à l’état de bourgeons.

318 … qui sont, par leur nature même, destinés à être coupés au fur et à mesure qu’ils repoussent…A Larrau, les

bois taillis soit parce qu’ils sont soumis au régime forestier qui en réglemente l’usage soit parce qu’ils sont sous Forêt parcourue caractérisée par la présence de nombreuses trouées. Prairie naturelle sans ligneux

Lande arborée au dessus de la maison

Lande arbustive légèrement arborée

Bois paysan (châtaigneraie) pacagé Lande arbustive à séquence pionnière

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© Grandeur Nature. Juin 2009. D Cunchinabe. Synthia Olhasque.

En ordonnée les indices se répartissent autour d’une valeur moyenne absolue de 4 (mais tous les indices pourraient être relevés comme nous l’avons vu précédemment suite à la modification du mode de calcul). La grande majorité se situe au-delà de cette valeur moyenne.

Analyse des écarts par groupe : Nous avons choisi d’analyser les écarts qui apparaissent nettement entre les points réunissant le plus de biodiversité (flèches bleus) et ceux en présentant le moins (flèches violettes) par nature de faciès. Les points 1 et 5 sont des prés, 23 et 3 sont respectivement une lande arbustive et une « pseudo lande » issue de la déprise d’une pâture autour d’un bordaar, les relevés 20 et 24 ont été effectués dans l’ordre

régime privé avec abandon des pratiques d’émondage, les bois taillis en déprise reconstituent une hêtraie mature. De Bortoli et al, 2008