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Les « maisons atandes » au pied des montagnes connaissent les aléas de production dus à leurs implantations : climat et pente grèvent durablement le développement de l’agriculture. Reste l’élevage comme activité principale. La proximité des estives démarque ce système d’altitude de celui du bas. Si quelques fermes disposent de bordaltia, comme dans le système valléen, la majorité des exploitations se passera de ce prolongement de la « maison ».

L’éleveur atandes utilise la totalité de la montagne dans le périmètre communal et s’affranchit des droits de pacage. Cette singularité est acceptée dans la mesure où le statut particulier de l’atandes s’accompagne d’un ensemble de services qu’il rend à la communauté pastorale des transhumants. Le chevauchement des parcours avec les cayolaristes est une pratique généralisée par les atandes. Elle ne posait pas de problèmes particuliers dans la mesure où il était admis par tous que l’éleveur de montagne n’a d’autre choix que de libérer les bêtes dès la sortie de l’hiver pour les conduire à la montagne.

Pour toutes ces raisons, l’atandes était totalement intégré au système global d’élevage souletin. Mais cette intégration s’est délitée ces dernières décennies, les règlements de gestion, les aménagements de la montagne, les nouveaux systèmes de production ont modifié considérablement le système d’élevage. L’atandes s’est trouvé fragilisé, il a du s’insérer dans le modèle dominant venu du bas de la vallée au risque de perdre une culture locale dont les traces sont encore visibles dans le paysage. Les patrimoines matériels (bâti, arbres, structures spatiales) et immatériels (maîtrise du feu, taille des haies vives, mode d’élevage organisé en parcours) attestent de la vitalité passée mais aussi et surtout de la continuité de ce système.

Plus que tout autre, l’éleveur atandes vit au rythme de la nature dans un paysage à « haute valeur écologique » qui transparaît non seulement dans la biodiversité culturelle mais aussi dans la biodiversité maintenue dans un écosystème cultivé montagnard créé par et pour lui.

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En 2011, 24 exploitations de Larrau utilisent encore la quasi-totalité des terres des anciennes exploitations au niveau des l’Etxaltia et Bordaltia. Les terres communales sont elles aussi utilisées au niveau de Uztarbe, Sakartia, Mendicoriague, Logibar, Etcheberrygaray. La taille moyenne de landes privées par exploitation est de 19 ha alors que celle des prairies est de 20 ha. Les cultures représentent 3,5 ha pour un seul exploitant et six exploitants utilisent 49 ha de fougeraie.

Elle correspond à la situation de 2010 où dans 24 exploitations recensées, les landes privées représentent la plus grande superficie pour quatre d’entre elles tandis que six autres possèdent des fougeraies. 20 fermes au total possèdent encore des landes privées de superficies variables, les quatre restantes bénéficient exclusivement des landes communales. C’est dire l’importance des landes dans l’économie familiale, les landes communales restant majoritairement ouvertes, entretenues et utilisées. Si la « maison » Mendiondo a pu transformer une partie de ses landes privées en prairies, c’est bien parce que l’usage des landes de parcours communales ou de celles de grands domaines privés compense la mutation des landes attachées à la « maison ». Dans ce cas, l’usage des landes perdure et seul change leur statut, car elles représentent toujours une ressource non négligeable. Aussi, leur

Usages de la montagne 2011

Légende:

Limite communale Terres utilisées

Sources: Entretiens auprès des éleveurs de Larrau_Avril-Mai 2011

 D. Cunchinabe MP. Lavergne Mai 2011

Figure 24. Les usages de la montagne en 2011

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maintien au cœur du système ne traduit pas un éventuel état d’abandon mais bel et bien une forme d’usage des terres totalement adapté à l’élevage.

Les changements apportés par la mécanisation voire à « l’industrialisation » (laboratoire, traite mécanique et insémination artificielle …) des exploitations de montagne ont eu des conséquences sur « l’écosystème cultivé ». Lorsqu’on parle de mécanisation, nos représentations se portent bien évidemment sur les outils : motofaucheuses, tracteurs, machines à traire qui rendent le travail moins pénible dans un monde qui s’accélère d’autant plus qu’il se mécanise.

A Larrau, compte tenu de l’importance du territoire, la mécanisation a été nécessairement accompagnée par la création d’une desserte routière conséquente et de pistes omniprésentes à tous les étages, ce qui a eu pour conséquence de mettre le berger sur la route et son troupeau bien souvent avec lui : en voiture, en tracteur, en camion que ce soit pour les soins aux bêtes dispersées dans différents terroirs de la montagne ou pour le transport du fromage lorsqu’il y en a et du ravitaillement ou encore la transhumance des troupeaux exogènes. Mais cette accélération dans le travail censée compenser le manque de main- d’œuvre bouleverse l’activité et la vie même du berger.

Il ne nous appartient pas ici de statuer sur cette évolution mais nous constatons néanmoins que la route et la piste ont souvent eu pour effet la fin du parcours traditionnel ! Et en y regardant de plus près, en même temps que les routes se multiplient, le txotx, qui est encore une nécessité pour l’utilisation et le partage de la ressource, recule.

Même si la « modernisation » a contribué à changer bien des usages et pratiques de la montagne, la vingtaine d’éleveurs de Larrau encore actifs entendent faire respecter leurs droits sur « leur montagne». Nous venons de mettre en évidence l’importance d’une biodiversité culturelle : organisation du paysage, intégration des végétaux dans la façon de se situer, arbres travaillés, massifs forestiers singuliers, « jardinage de la montagne », liens forts à la nature…

Compte tenu de cette évolution, quel est en 2011 l’état de « l’écosystème cultivé » de Larrau du point de vue de sa diversité biologique ?

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