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I.1 Introduction

Dans le but de comprendre et d’analyser la structure et les variations de la distribution des larves de S. marocana dans le sol de la Mamora, un échantillonnage de la population a été effectué dans les cinq cantons au cours des campagnes de plantations 2007-2008 et 2008- 2009. Les résultats ont permis de dresser des cartes de densités du ravageur durant les deux années et d’expliquer les variations de l’importance des dégâts d’une année à l’autre. En outre, ces cartes devraient permettre d’évaluer le risque de dégâts pour les programmes futurs de plantations, et de contribuer à la mise en place d’une technique de lutte standard pour toute la Mamora quelque soit les variations de la pluviosité, de la profondeur du plancher argileux et de la structure des peuplements.

I.2 Matériel et méthodes

L’étude de la distribution spatiale des larves de S. maroccana a été effectuée dans 19 parcelles réparties entre les cinq cantons de la Mamora. En raison de l’affinité du ravageur à l’humidité du sol de la Mamora qui diminue de l’ouest vers l’est (les vers blancs sont plus denses dans le canton A à l’ouest que dans le canton E à l’est), le nombre de placettes prises pour échantillonnage est plus important dans le canton A (sept parcelles) que dans le canton E (une parcelle). Dans les cantons B, C et D, le nombre de placettes étudiées est respectivement de 5,4 et 2 (tableau 14).

L’échantillonnage a été réalisé durant deux années successives (2007-2008 et 2008-2009) en saison humide (fin d’automne à début du printemps), lorsque les larves sont proches de la surface. Dans chaque parcelle, le sol superficiel (sablonneux) a été retourné à la charrue sur des sillons parallèles de 100 m de longueur, 50 cm de largeur et 40 cm de profondeur chacun, avec un intervalle entre les sillons de 4 mètres environ. Au fur et à mesure de l’avancée du tracteur, toutes les larves de S. maroccana sontrécoltées et dénombrées.

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Au cours de la campagne d’échantillonnage 2007-2008 (période avec une pluviosité de 515 mm en 2007, la moyenne annuelle à Salé étant de 486 mm pour la période 1979 - 2009), entre 40 et 160 sillons ont été prospectés selon les parcelles (tableau 13). En 2008-2009 (période pluvieuse, plus particulièrement en 2008 avec 849 mm de pluie), le nombre de sillons a été réduit à 30 pour chacune des 19 parcelles échantillonnées.

Tableau 13. Parcelles échantillonnées par canton et distribution du nombre de sillons

effectués par parcelle dans la Mamora

Parcelles étudiées

Superficie totale de la parcelle (ha) Nombre de sillons/parcelle 2007/2008 2008/2009 AI8 80 ha 160 30 AI9 33 ha 66 30 AI7 45 ha 90 30 AIII4 90 ha 100 30 AIV10 210 ha 120 30 AV1 120 ha 60 30 AVII5 280 ha 50 30 BI11 190 ha 50 30 BIII11 184 ha 100 30 BV10 120 ha 40 30 BVI15 130 ha 60 30 BVI18 150 ha 50 30 CII1 82 ha 50 30 CVI6 120 ha 120 30 CI3 90 ha 64 30 CIII2 110 ha 140 30 DIII9 250 ha 160 30 DVIII3 120 ha 120 30 EVI17 228 ha 160 30

Les dénombrements ont permis de calculer la densité larvaire par hectare, avec extrapolation aux parcelles voisines de mêmes caractéristiques pédoclimatiques. Des classes de densités des larves à hauteur de 500 larves/ha ont été crées. C’est ainsi que, selon les variations du niveau de populations du ravageur, 5 classes ont été obtenues en 2007-2008, et 6 classes en 2008- 2009.

La cartographie de densités des larves a été réalisée par la méthode de dessin par power point, en utilisant une carte vierge interactive de la Mamora, où les contours représentant les limites

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des parcelles sont redessinés. Les parcelles ayant la même densité larvaire ont été affectées par le même contour, et ce quelques soit le canton et l’année d’échantillonnage.

La distribution des densités a été corrélée avec la profondeur du plancher argileux sur la base d’une carte de l’épaisseur du sol (figure 40). Cette carte a été reconstituée sur le même principe, par power point en utilisant les données fournies par la Direction Régionale des Eaux et Forêts et de la Lutte Contre la Désertification de la région Nord-Ouest.

I.3 Résultats

Au cours de la première campagne d’échantillonnage (2007-2008), on a relevé les plus fortes densités larvaires à l’extrême nord des cantons B et D (supérieures à 2000 larves/ hectare). Ces cantons sont caractérisés par des sols profonds supérieurs à 3 mètres (figure 38). Dans ces mêmes cantons, les densités larvaires diminuent à mesure que la profondeur du plancher argileux diminue : au niveau des secteurs où la profondeur du plancher argileux est située entre 2 et 3 mètres, les densités sont de l’ordre de 1000 à 2000 larves/hectare ; dans les zones où la profondeur de l’argile est comprise entre 1 et 2 mètres, les densités larvaires sont inférieures à 1000 larves/hectare (figure 40).

Au cours de la campagne 2008-2009, les densités larvaires enregistrées étaient nettement plus élevées que l’année précédente (jusqu’à 3500 larves/hectare dans le nord des cantons B et D), notamment dans les secteurs où la profondeur du sol était supérieure à un mètre (figure 39). Cette plus grande abondance des larves est liée à des précipitations abondantes enregistrées durant cette période.

73 Figure 38. Densité larvaire dans les cantons A à E au cours de la campagne 2007-2008

74 Figure 40. Epaisseur du sol au-dessus du niveau du plancher argileux (en mètres).

I.4 Discussion et conclusion

En comparant les deux cartes de distribution spatiale du ravageur, et au vu des données bioclimatique et pédologique de la subéraie de la Mamora, on constate que les distributions des densités des larves de S. maroccana dépendent de l’humidité du sol et de la profondeur de la couche argileuse. Quand l’humidité et la profondeur du sol sont élevées les densités larvaires sont généralement importantes. C’est ainsi que les densités larvaires relevées sont supérieures à 2000 larves/ha au nord des cantons A et B où l’humidité est élevée et la profondeur de la couche argileuse est généralement supérieur à 3 mètres. Au sud des cantons A, B et C où l’humidité est faible et la profondeur de l’argile est en moyenne de 2 mètres, les densités larvaires sont comprises entre 500 et 1500 larves/ha.

L’évaluation des densités de S. maroccana devrait être poursuivie sur quelques années afin de couvrir toutes les variations interannuelles possibles et leurs effets sur ces densités. Le but ultime est l’élaboration d’une carte de répartition spatiale du ravageur permettant de définir une technique de lutte efficace en fonction des régions.

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