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de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, si l'on y

1 Chevalier-Marescq, 1903, pp. 131-132.

ÉCONOMIE POLITIQUE ET FACULTÉS DE DROIT

créait une sectionjuridique et économique étant entendu qu'à l'intérieur de cette section les études

économiques s'organiseraient en pleine indépen¬

dance et sans aucune subordination aux études

juridiques, la formationtechnique d'un économiste relevant, comme nous l'avons montré précédem¬

ment, de méthodes très différentes de celles qui conviennent aux juristes.

Au surplus, ilne serait nullement nécessaire que les exercices de cette section eussent lieu dans le local même de l'Ecole pratique des Hautes Etudes.

On sait que, des cinq sections dont se compose à l'heure actuelle l'Ecole, deux seulement (sciences historiques et

philologiques,

sciences

religieuses)

sont centralisées à la Sorbonne. Les autres

(sciences mathématiques,

physico-chimiques,

na¬

turelles et

physiologiques),

sont constituées par des enseignements et des laboratoires disséminés

auMuséum, au Collège de France, dans les diverses Facultés de Paris et même des départements. Cette solution a été adoptée pour permettre aux direc¬

teurs d'études et à leurs élèves d'avoir à leur

disposition les outillages et instruments de travail appropriés. Or, précisément, si nous voulons que les recherches économiques et sociales prennent le caractère de rigueur et de positivité que pos¬

sèdent les sciences de la nature, il est indispensable

que l'on dépasse le stade des exposés didactiques

et que l'on exerce les étudiants au maniement des

statistiques et à l'élaboration des graphiques, qu'on les guide dans l'analyse et l'interprétation,

extrêmement délicates, des uns et des autres, ce

qui ne peut se faire que dans une sorte de labo¬

ratoire seront groupés et tenus à jour les ins¬

truments de la recherche positive. De fait, nous

disposons à l'heure actuelle, à Paris, de deux

centres de documentation et d'études qui seraient particulièrement aptes à remplir cette fonction.

D'une part, les salles de travail d'économie poli¬

tique et de statistique de la Faculté de droit pos¬

sèdent une riche collection de documents statis¬

tiques. (On sait que naguère, à l'instigation de

Fernand Faure, la bibliothèque de la Société de statistique de Paris leur a été confiée.) D'autre part, l'Institut scientifique de recherches écono¬

miques et sociales, plus récemment constitué, a

déjà réuni unedocumentationtechnique abondante

et organisé des services qui établissent, au jour le jour, la courbe des principaux éléments de

l'activitééconomique, tant en France qu'à l'étran¬

ger. Il estsouhaitablequ'une collaboration cordiale

s'institue entre ces deux organismes. Au reste, c'est grâce à l'appui généreux de l'un d'eux que l'autre a pu être réorganisé et doté du concours permanent d'une bibliothécaire spécialisée. Il faut également quela liaison soit établie avecle Centre

de documentation sociale, créé à l'Ecole normale supérieure, dont les travaux sont plutôt orientés

POLITIQUE ET FACULTÉS DE DROIT

du côté des courants d'idées et de la politique sociale, mais qui apporte à ses investigations le

même souci d'exactitude documentaire et d'ob¬

jectivité scientifique. Nous admettrions fort bien, quant à nous, que les candidats à l'agrégation

soient astreints à faire un stage dans l'un de ces centres et à y fournir une collaboration qui per¬

mettrait d'apprécier leurs aptitudes au travail scientifique. L'essentiel, en effet et je veux, à

nouveau, y insister en terminant c'est moins

encore de multiplier les enseignements que d'en perfectionner les méthodes. Le cours magistral est absolument indispensable pour l'initiation aux éléments d'une science. Il devient insuffisant

quand il s'agit de pénétrer dans le détail de cette

science, et surtout de rendre les jeunes capables

de la faire progresser à leur tour. Assurément, on doit se garder de pousser jusqu'à l'exagération les comparaisons et les analogies entre les sciences de la société et les sciences de la matière. Privés,

comme nous le sommes, des ressources de l'expé¬

rimentation véritable \ nous ne pouvons espérer

mettre à la disposition des chercheurs l'équivalent

de véritables laboratoires. La part du

raisonne-if

ment, de l'intuition, de la conjecture, demeurera

nécessairement toujours plus grande dans notre

discipline que dans les sciences physico-chimiques.

1 Cf. G. Prnou, Une Théoriepositive du Salaire, loc. cit., pp. 1274-1276.

La part du coefficient personnel y sera

toujours

plus forte. Si bien dotés que

puissent être les

cen¬

tres de documentation et de recherche, ils ne fourniront jamais de recettes techniques qui assu¬

rent le chercheur contre les erreurs d'interpréta¬

tion. Les risques, pourtant, seront d'autant

moins

grands que l'outillage sera plus

soigné

et sa con¬

naissance plus parfaite, et c'est en

s'astreignant,

par une discipline sévère, à

la précision dans les

termes, à la rigueur dans les constatations, à la patience et à la prudence

dans les analyses,

que

les jeunes qui nous succéderont auront

chance

d'apporter une contribution

utile

à

l'édification

d'une science économique vraiment explicative de

la réalité \ Toute réforme des études économiques

1 Nous avonsvolontairement laissé decôté, dans cetexposé,

leprojetdecréationd'uneEcole supérieure d'Administration.

Cette école pourra rendre de grands services si elle donne

aux futurs fonctionnaires une formation technique, qui les

mette en mesure de bien exercer leur métier. Et puisqu'il

existe des écoles spéciales pour le recrutement des officiers

et des ingénieurs de l'Etat, nous trouvons tout naturel que

les pouvoirs publics ne laissent pas à une école privée, quels

que soient par ailleurs ses mérites, le monopole de fait de

cette formation. Mais la future Ecole supérieure d'Adminis¬

tration se tiendra sur un tout autre plan que celui où nous

sommes placé ici. Par la force des choses, elle seraplus pro¬

fessionnelle que scientifique, et elle donnera tout naturelle¬

ment la première place dans ses enseignements au droit

public, et particulièrement au droit administratif. Pour elle,

l'économie politique demeurera fatalement discipline auxi¬

liaire. Nous craignons aussi qu'elle ne soit amenée à substi¬

tuer à l'orthodoxie alibérale» une orthodoxie « dirigiste»,

ÉCONOMIE POLITIQUE ET FACULTÉS DE DROIT

en France devra être commandée par cette préoc¬

cupation \

et il faut seméfier de toutes les orthodoxies si l'on a le souci du progrès scientifique.

1 J'ai eu connaissance, après la rédaction de la présente étude, d'un article de mon collègue et ami M. André Mou-nier, Quelques Réflexions sur les Etudes d'Economie politique dans les Facultés de Droit, publié dans les Annales de la Section de Droit de l'Association générale des Etudiants de

\Bordeaux, 1935, pp. 15 et suiv. Je suis heureux de me ren¬

contrer sur beaucoup de points avec lui.

Méthodes et Résultats

de l'économie politique tel qu'il est

compris dans

les Facultés de droit, j'ai l'impression

d'avoir

à

défendre un accusé. Il y a quelques années, en un article virulent de l'Etat moderne, M. E. Teilhac déplorait « la grande

pitié de l'économie politique

française ». Plus récemment mon jeune et

bouil¬

lant collègue d'Alger, M.

G.-II. Bousquet, dans

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