• Aucun résultat trouvé

Économie politique et facultés de droit · BabordNum

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Économie politique et facultés de droit · BabordNum"

Copied!
128
0
0

Texte intégral

(1)
(2)

■, . . . -

:

. .

-''A-

-

'

:■

\

.

\ /'v ^' ■■'■"■- ; VA- .

KAA'-' ■'

/' ■ :: A'v-:

* ,.

■d & ';»<

■■.■"■,.■ '' ■■>'.-■: -,

. .A,<'i "

:(^lli '

' S' ' . ' ';:'V-:'V"

\ ' ' '

., ". : -'iip

^ I

iSilil

rAïMAAAaBfS

îMii

'

siKtisip:a»;

Sâ||w|H

aaa^^:s-

.. ■:-/.■■■ : .

^ ...V-; AA\aav-: --'

SSftÉSëSSSiA--:;-s ~ÏAAAM:- ' A.AAr

'

-

.., -:.:%''X*;- -. ......-.

',®^< g,

'WmrtM m£m

a^MÉ

^#Sâ»P|fcSÎW;|p. ^ g?..»

AAAA »V

..,:■,.vA.:.: : N >

.--:

^;

<.

A

^"■>A~A.

: :-

A

\;: :

:.,

- ■

A-V;

^

AA

A'A :

■; : A:./;

AA;

^mm-o .j

,vaaaA;lffŒ

1|AAAÏ.AAA;AA.

A' .:■'■ÀAA' A-

s^AAA-AAAÂ -As:'■■■•.v A A , Ar

:#aC-^

' •"'■"■ ■•■

;-, < .- : . . ■.'-."■=■■■• ■-■■■-■ ■■■■ ■■ -■■":■•■-■•• ■-■-'■->"■■■■

mW9tÊÊSÊê

A A/A,;.■ , A; ' •. - :v:î."

r . ' .

....•; .. ;. -■ : ' :■' ..v 4

■:■:■ v

•'. ' ,N. .-, '. 1 .'

-M ïi®l::-II!

m mymm .. ■.,;.-... -

i /. '!. -yyyWlA

im.'&iéiBm mmÊ.

/V'1' . ' ' '.- ' .' -; -' '.'■-;' ....;..'■ ,'«. ■•..

: "

,'i .. ' 1';'.. . .

(3)
(4)

ET

FACULTÉS DE DROIT

(5)

DU MÊME AUTEUR

La Monnaie française depuis la Guerre (1914-1936). Un vol.

in-8° écu de 112 pages. Librairie du Recueil Sirey, 1936.

La Crise du Capitalisme. Un vol. in-8° écu de 201 pages, deuxième édition (avec une préface nouvelle et deux

appendices). Librairie du Recueil Sirey, 1936.

Le Corporatisme. Un vol. in-8° écu de 67 pages. Librairie du Recueil Sirey, 1935.

Nouveaux Aspects du Corporatisme. Un vol. in-8° écu de 51 pages. Librairie du Recueil Sirey, 1935.

Doctrines sociales et Science économique. Un vol. in-8° de 204 pages. Librairie du Recueil Sirey, 1929.

Les Doctrines économiques en France depuis 1870. Un vol.

in-16 de 220 pages. Collection Armand Colin, 3e édition, 1934, avec un appendice surLes Doctrines devant la Crise actuelle.

Georges Sorel (1847-1922). Un vol. in-12 de 67 pages. Collec¬

tion « Etudes sur le devenir social», tome XXII. Paris, Rivière, 1927.

L'Utilité marginale. Un vol. in-8° (autograpbié) de 285 pages.

Editions Domat-Montchrestien, 1932.

Les Théories de l'Equilibre économique. L. Wdiras et V. Pa- reto. Un vol. in-8° de 407 pages (autograpbié). Editions .Domat-Montcbrestien, 1934.

Les Nouveaux Courants de la Théorie économique aux Etats- Unis. Fascicule I. Un vol. in-8'° de 303 pages (autogra¬

pbié). Editions Domat-Montchrestien, 1935.

Fascicule II. Un vol. in-8° de 197 pages (autographie).

Editions Domat-Montchrestien, 1936.

Jean B..., Glanes (Le Monde et la Science. La Vie et la Mort.

Politique et Histoire). Présentation et préface de Gaétan Pirou. Un vol. in-16 de 143 pages. Editions Domat- Montchrestien, 1936.

(6)

fP

.

j 426802

GAETAN PIROU

PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE DROIT DE L'UNIVERSITÉ DE PARIS

ÉCONOMIE POLITIQUE

ET

FACULTÉ S DE DROIT

LIBRAIRIE DU RECUEIL SIREY, PARIS

(7)
(8)

Des deux études groupées dans cette plaquette,

la première reproduit un article écrit pour le vo¬

lume spécial de la Revue d'Economie politique publié en janvier 1937 et consacré à L'Enseigne¬

ment économique en France et à l'étranger. La

seconde est le texte d'une conférence faite le

12 janvier 1937 au Centre polytechnicien d'Etudes économiques. On constatera aisément entre l'une

et l'autre une certaine différence de ton. Ce n'est

pas que nous ayons voulu, comme le personnage de Courteline, prononcer successivement, dans la

même affaire, le réquisitoire et la plaidoirie. Nous

adressant aux lecteurs de la Revue d'Economie

politique nous avons insisté principalement sur les lacunes de notre organisation actuelle afin d'in¬

citer les pouvoirs publics à les combler. Parlant à

d'anciens polytechniciens, nous avons cru devoir défendre nos méthodes d'enseignement et de re¬

cherches contre des critiques mal fondées ou excessives. Mais il n'y a aucune contradiction entre

ces deux exposés. Ils décrivent une même réalité

vue sous deux éclairages différents. Les écono¬

mistes des Facultés de droit ont tiré le moins mau-

(9)

FACULTÉS DE DROIT vais parti possible de conditions de travail à beau¬

coup d'égards défectueuses. Nous croyons qu'ils

ont contribué d'une manière efficace au progrès

de la science économique. Nous pensons qu'ils pourraient faire davantage encore si l'on mettait

à leur disposition des instruments meilleurs.

(10)

Bilan et

Suggestions

(11)

' ,

,,'r *

*V ) ■' ,r

^■wm:

'

\--.-■■

m

JÉIfe

5 ;®3'vv:s-.*|É|$wv< ff§ V '

'

< S <H5

â-,-. '

fe

'>'wv-ï-'V.■■■■>■:

1S

.

»

H

"

ISœÉ®

®y >- * -

n

ISSiS Slil?

&^y;v-vyy

y^-yy-

. ■',-.''1■!' . ... 'V, " ■•' :T v. . -:.; .'• "v- ./■•'■■'". ■""•".' ■•■.vyy-:

■yy\îyyy yy

S*;.-

il

ayyïyyy- .««y.

(12)

française de l'enseignement économique est, sans

aucun doute, son insertion dans les Facultés de

droit. Assurément, l'économie politique a sa place également dans d'autres établissements publics ou

privés d'enseignement supérieur. Mais, c'est à

la

Faculté de droit qu'elle a reçu le développement

le plus large et qu'elle s'adresse au plus vaste public. Cette solution n'a pas été

adoptée

sans

de

grandes hésitations et de longs débats. Tour à

tour, suivant les époques, elle s'est heurtée aux résistances les plus diverses : hostilité des juristes qui voyaient en elle une manière

d'intruse x; dé¬

fiance des économistes libéraux, qui craignaient

que l'ambiance juridique n'infléchisse

les disci¬

plines économiques vers un

pragmatisme régle¬

mentaire qui sous-estimerait la puissance et

la

vérité des lois économiques naturelles; protesta-

1 Parlant del'accueil réservé à l'économie politique par les représentants des disciplines juridiques, M. Henri Truchy,

donton connaît lamodération, s'est exprimé en ces termes :

(t On eût dit, en certaines occasions (mes collègues de la

Faculté de droit me pardonneront l'irrévérence de la compa¬

raison), Cendrillonen face d'une marâtre sans aménité et de

belles-sœurs jalousesde sajeunesse. » (Notice sur la vie et les

travaux de M. Auguste Souchon, Comptes rendus de l'Acadé¬

mie des Sciences morales et politiques, 1935).

(13)

ÉCONOMIE POLITIQUE ET FACULTÉS DE DROIT

tion, enfin, des philosophes, des historiens, des mathématiciens, qui jugeaient plus rationnel son

rattachementauxFacultés de lettres ou de sciences.

Il serait d'un haut intérêt que l'histoire de ces

controverses nous fût retracée avec quelque détail.

Nous avons le ferme espoir que M. le doyen Allix, qui possède enla matièreune abondante documen¬

tation, aura le loisir de l'écrire un jour prochain

pourles lecteurs de la R.E.P. Nous nousbornerons ici à en rappeler, en quelques mots très brefs, les principales étapes. Nous nous appliquerons ensuite

à établir, aussi impartialement que possible, le

bilan des avantages et des inconvénients que pré¬

sente, pour la science économique, cette sorte de mariage avec les études proprement juridiques.

L'union existe depuis un temps assez long pour qu'il doive être aujourd'hui possible d'en appré¬

cier les résultats.

I

Dans le schéma sommaire auquel nous enten¬

dons nous borner, six dates doivent êtrerappelées, qui jalonnent le chemin parcouru par l'enseigne¬

ment économique au sein des Facultés de droit et permettent de saisir les grandes étapes de son

développement.

(14)

1819 : Création nominale du premier cours

d'économie politique

Une ordonnance du 24 mars 1819 divise la Faculté de droit de Paris en deux sections, « vu, dit l'ordonnance, l'accroissement du nombre des

étudiants », et pour « donner à l'enseignement

du droit les développements dont il est suscep¬

tible ». Dans la deuxième section, il est prévu un

professeur d'économie politique. Cette innovation s'explique évidemment par la vogue de notre dis¬

cipline à cette date. C'est en la même année 1819

que fut créée, pour J.-B. Say, la chaire du Con¬

servatoire des Arts et Métiers. En fait, pour des

raisons que nous ignorons, la chaire économique

de la Faculté de droit ne fut pas effectivement occupée. Aucune allusion à son institution ne se

retrouve dans les procès-verbaux de la Faculté.

Trois ans plus tard, une ordonnance du 6 sep¬

tembre 1822, tout en maintenant la division de la

Faculté en deux sections, supprimait par prété-

rition un certain nombre de chaires, dont celle

d'économie politique, ainsi que celles de droit

naturel et d'histoirephilosophique du droit, tandis qu'au contraire était crééeunechaire de pandectes.

L'exposé des motifs explique clairement les motifs

de ces modifications : « Considérant, y lit-on, qu'il importe de donner plus de développement

(15)

politique et facultés de droit à l'étude du droit romain, qui a servi de base aux codes français, et voulant disposer les cours de la

Faculté de droit de Paris de manière que les étu¬

diants n'y reçoivent que des connaissances posi¬

tives et usuelles. »

2° 1864 : Création effective

de la première chaire d'économie politique

Le décret du 17 septembre 1864, qui procède

à cette création, est accompagné d'un très impor¬

tant rapport de Victor Duruy, dont le texte fut reproduit par le Journal des Economistes (nu¬

méro d'octobre 1864). Duruyy déclare que l'éco¬

nomie politique ce est à présent une science complète ». Largement enseignée à l'étranger,

elle ne l'est chez nous qu'au Collège de France et

aux Ponts et Chaussées. (La chaire du Conserva¬

toire avait été, en effet, supprimée en 1854.) Duruy estime qu'en stricte logique, la chaire nou¬

velle devrait, selonl'exemple allemand, être placée

(f à la Sorbonne,

entre

celle de philosophie

et

celle

d'histoire. D'un point de vue pratique, il juge

que mieux vaut en doter la Faculté de droit qui compte alors 2.500 élèves. Il est à noter que le

Journal des Economistes, par la plume de Joseph Garnier, salua avec enthousiasme cet avènement de l'économie politique dans nos Facultés. A la

(16)

vérité, la nouvelle chaire s'appelait : « Chaire

d'économie politique et de droit public. » L'en¬

seignement en fut confié à Batbie alors professeur suppléant de droit administratif. Nous

avons la bonne fortune de posséder le texte du premier cours professé par Batbie, puisqu'il le publia deux ans après en volume. Dans les mois qui suivirent, plusieurs Facultés de province, à

l'imitation de Paris, instituèrent des cours volon¬

taires d'économie politique : ils furent faits par Metz-Noblat à Nancy, par Rozé à Toulouse, par Cabantou à Marseillle.

1877: Transformation de l'économiepolitique en matière obligatoire d'examen

Le décret du 26 mars 1877 introduit une ques¬

tion d'économie politique dans l'examen de

deuxième année de licence, ce qui eut comme con¬

séquence l'organisation d'un cours d'économie politique dans toutes les Facultés de droit \ Cette

1 En 1878-1879, Paul Cauwès publia son Cours, et cette publication souleva de vives protestations dans le monde des économistes libéraux « Notre devoirest de dire, écrivit Cour- celle-Seneuil dans le Journal des Economistes, en mai 1878,

, queloind'enseigner l'économie politique àlaFaculté de droit

'> de Paris, on y enseigneson contraire; que cet enseignement,

non seulementantiéconomique, mais antiscientifique, ne sau¬

rait donner aux jeunes gens que des notions fausses et des habitudes intellectuelles déplorables. » Cf., sur ce point,

(17)

économie politique et facultés de

droit

fois, les juristes hésitèrent à donner leur adhésion

à laréforme, et de vives critiques furent formulées

contre l'élévation de

l'enseignement

économique

à la dignité dematière sanctionnée parun examen.

En 1889, l'économie politique fut transférée de deuxième en première année.

1895 : Création du doctorat en droit

(sciences politiques et

économiques)

Le décret du 30 avril 1895, instituant un nou¬

veau régime du doctorat, fut pris à la suite d'une

large consultation des Facultés. A la Faculté de

Paris, une commission nommée au début de 1894

et composée dequatre membres (Esmein, Bufnoir,

Lyon-Caen,

Beudant) procéda à une étude appro¬

fondie des projets de sectionnement du doctorat.

Esmein fut chargé du rapport. La Faculté adopta

un projet de création de deux doctorats, l'un de droit privé, l'autre de droit public et science éco¬

nomique. Caen, Montpellier, Rennes, en deman¬

dèrenttrois, et Dijonquatre. Lerégime finalement institué fut très voisin du système de la Faculté de Paris, dont Fernand Faure semble avoit été i,

l'inspirateur.

Gaëtan Pirou, Les Doctrines économiques en France depuis 1870, 3e éd., 1934, pp. 191-192 et infra, p. 62

(18)

5° 1905: Extension del'enseignement économique

de licence sur deux annees

Le décret du 1er août 1905, qui réorganisait les

études de licence, doubla la place qu'y occupait

l'économie politique en lui attribuant deux cours obligatoires annuels, en première et en deuxième

année. Il n'est pas sans intérêt de noter que la

Faculté de Paris, sur un rapport de M. Léveillé,

avaitproposé une extension plus grande encore et dressé le programme détaillé d'un enseignement économique étalé sur les trois années de licence.

6° 1925 : Création du diplôme d'études supérieures d'économie politique

La réforme de 1925 a consisté à disloquer les

deux doctorats institués trente ans auparavant,

pour y substituer quatre certificats, entre lesquels

les étudiants peuvent choisir les deux qui ont leur préférence, sans être contraints, comme aupara¬

vant, à l'association obligatoire entre les sciences politiques et les sciences économiques, ou entre le

droit privé et les études romano-historiques. Le

certificat de sciences économiques ainsi créé ne diffère pas d'ailleurs substantiellement de l'exa¬

men économique qu'avaient à subir antérieure-

(19)

POLITIQUE ET FACULTÉS DE DROIT ment les candidats au doctorat avec mention :

sciences politiques et économiques. La réforme de 1925 présente cependant une grosse importance pratique en ce qu'elle permet aux étudiants de doctorat l'accouplement, précédemment impos¬

sible, entre l'étude approfondie du droit privé et celle de l'économie politique. L'expérience devait

montrer que cette combinaison était de nature à séduire un grand nombre de candidats.

II

Les gains que comporte, pour l'économie poli¬

tique, son insertion dans les Facultés de droit ne sont certes pas négligeables.

Enumérons les plus notables :

Les Facultés de droit ont procuré à l'écono¬

mie politique l'audience d'un large public, qu'elle

n'eûtpas trouvéailleurs; publicnon seulementtrès

important en quantité, mais d'une qualité inté¬

ressante, puisque de lui sort une élite destinée à occuper les postes supérieurs dans les fonctions administratives et judiciaires;

2° Les économistes n'ont pas été sans tirer profit du contact direct et constant avec les spé-

1 cialistes des diverses disciplines juridiques. Un bon

|

économiste

ne peut

ignorer

ni le droit privé, qui

: fixe le statut de la propriété et du contrat, cadres

(20)

juridiques de l'activité productrice, ni le

droit

public, qui décrit la physionomie et les

pouvoirs

de l'Etat et des collectivités locales dont l'inter¬

vention dans la vie économique sefait chaque jour plus insinuante;

3° Au sein des Facultés de droit, les économistes

ont trouvéun milieu fort agréable, que caractérise

une haute tenue morale, une excellente éducation,

une extrême courtoisie;

Au terme des extensions successives que nous

venons derappeler, l'économie politiqueaconquis,

dans le cadre des Facultés de droit, un domaine

assez vaste, et obtenu une certaine autonomie

favorable à son essor. L'enseignement de l'éco¬

nomie générale, étendu, en licence, sur quatre

semestres, permet un exposé suffisamment

précis

et détaillé des grandes lignes de la science écono¬

mique, que complètent plusieurs

enseignements

de troisième année d'un caractère juridico-écono¬

mique (législation industrielle,

financière, colo¬

niale). Les cours spéciaux organisés à partir de

1895 pour le doctorat (sciences

politiques

et économiques), et qui conduisent

aujourd'hui

au certificat d'études supérieures économiques, per¬

mettent de traiter d'une manière approfondie et scientifique quelques grandes questions

d'écono¬

mie théorique ou pratique, sous leurs aspects historiques ou actuels;

5° Pour ce qui est des professeurs, ils reçoivent

(21)

POLITIQUE ET FACULTÉS DE DROIT une préparation qui les met, semble-t-il, en me¬

sure de bien s'acquitter de leur tâche depuis que,

en 1898, une section spéciale de l'agrégation a été créée, dont les épreuves ressortissent unique¬

ment aux disciplines économiques lato sensu.

Cette agrégation jouit d'uneréputation incontestée

d'absolue impartialité doctrinale et ses épreuves

sont aménagées de manière à garantir la valeur pédagogique des élus.

Quand nous aurons ajouté qu'à la Faculté de Paris existe, en fait, une sorte de « département économique », formé des dix à douze professeurs, agrégés, chargés de cours, dont l'enseignement,

de licence ou dedoctorat, se rapporte aux matières économiques; que les membres de ce département

se réunissent, sous la présidence du plus ancien

d'entre eux, toutes les fois que se pose une ques¬

tion de programme ou de recrutement touchant à l'économie politique, et que le plus souvent leurs propositions sont entérinées par la Faculté, nous

en aurons dit assez pour nous permettre de con¬

clure que, du mariage entre l'économie politique

et les Facultés de droit, celui des deux conjoints (\ dont nous examinons ici la situation a retiré des

avantages réels qu'il seraitinjuste de méconnaître.

(22)

III

Mais il faut, avec la même franchise, faire voir

lereversdela médaille. Peut-êtremême convient-il d'y insister davantage, du fait que,

généralement,

on a tendance à le passer sous silence.

En premier lieu, il est trop certain

qu'à l'inté¬

rieur des Facultés de droit, l'économie politique

a gardé le caractère d'une discipline

auxiliaire.

Essentiellement et principalement, la Faculté de

droit a pour fonction de former des juristes : ma¬

gistrats, avocats, administrateurs.

Elle manquerait

à sa mission si ellene se proposait comme objectif

dominant defournir à ses élèves des connaissances de droit, et surtout de leur inculquer l'esprit ju¬

ridique. Qu'il soit utile, pour le

juriste, de

ne point ignorer

l'économie politique,

que

même il

soit indispensable au futur magistrat,

qui

aura à appliquer une législation sur la

spéculation illicite

ou sur la propriété commerciale, d'être au

fait du

mécanisme des prix, c'est ce

qu'aujourd'hui

per¬

sonne ne conteste plus sérieusement. Encore faut-

il que ces notions économiques ne

débordent

pas la place qui, rationnellement,

leur revient dans

l'éducation et la formation du juriste. Quant à

nous, nous comprenons parfaitement les résis¬

tances et les inquiétudes des professeurs de

droit

(23)

ÉCONOMIE POLITIQUE ET FACULTÉS DE DROIT

lorsqu'ils ont vu la nouvelle venue pousser ses tentacules dans des directions diverses, s'étendre,

entant que cours général, de deux à quatresemes¬

tres, et se tailler, dans un doctorat qui continue

de porter le titre de doctorat « en droit », un domaine distinct des études strictement juridiques.

Nous sommes porté à comprendre l'état d'esprit

de certains juristes, précisément parce que nous

sommes absolument convaincu et sur ce point

notre certitude s'accroît à mesure que notre expé¬

rience augmente de l'opposition profonde qui

'<j sépare le droit et l'économie politique.

Gonsidère-t-on la nature deces deux disciplines ?

L'économiepolitique, si elle est autrechose qu'une

vaine littérature, a le caractère d'une science.

Entendons par là qu'elle étudie les faits avec le

souci de découvrir les relations de causalité qui

les enchaînent. Le droit, au contraire, n'est en aucune manière une science au sens précis du

terme. Seule la sociologie juridique pourrait pré¬

tendre à ce qualificatif. Mais, dans les Facultés de droit, on fait peu de sociologie juridique. Le droit qu'ony enseigne est une techniqueet un art. Pour

ce qui est du droit positif (légal, jurisprudentiel, coutumier), l'objet de l'enseignement est l'exposé

des règles juridiques d'un pays et d'une époque systématisées et clarifiées par le dégagement d'un

certain nombre de principes. Quant à la philoso-

(24)

phie du

droit

ou au

droit naturel,

que

beaucoup

de juristes continuent

de considérer

comme

le

point de départ ou

le couronnement des études

juridiques, ce sont

des spéculations théoriques qui

n'ont pas non plus le caractère

d'une science, à

moins que l'on n'estime

qu'il

y a une «

science

»

(

de ce qui doit être, ce

qui

nous

paraît

une erreur

determinologierecouvrant une

confusion de fond.

Cette divergence cle nature s'accompagne

d'un

contraste de méthode. La méthode favorite des juristes est la

déduction. En présence d'une diffi¬

culté donnée, l'esprit juridique

consiste à recher¬

cher quelle solution

découle de la combinaison des

principes et

des

textes.

Plus particulièrement

quand il

s'agit de la formation de l'avocat, la

qualité

principale

que

l'on s'attache à développer

en lui est une certaine subtilité d'esprit, qui per¬

mettra d'apercevoir

rapidement,

et

d'ajuster har¬

monieusement, les arguments et les

raisonnements

grâce auxquels pourra

être présenté et défendu de

la manière la plus efficace

l'intérêt dont il

a

la

charge. N'hésitons pas à

déclarer qu'un tel art

demande plus

d'habileté

que

de bonne foi, plus

d'aptitudes à la

déduction

que

de patience dans

l'observation et de scrupule dans

l'affirmation. Et

c'est dire que les

qualités qui font le bon juriste

ne sont pas

nécessairement celle qu'on exige du

(25)

POLITIQUE ET FACULTÉS DE DROIT savant \ En fait, parmi les spécialistes des disci¬

plines juridiques, seuls les historiens se rappro¬

cheraient des hommes de science, par la nature de leurs études etla forme de leuresprit, parle carac¬

tère non utilitaire de leurs recherches, par le rela¬

tivisme de leurs analyses, par la préférence qu'ils

donnent à l'observation prudente sur la construc¬

tion hardie. Aussi bien, les juristes purs ont-ils

souvent la même défiance des historiens que des

économistes. Non pas, bien entendu, qu'ils jugent

nécessairement illégitimes ou stériles les études

historiques ou économiques. Ils soutiennent sim¬

plement que, dans la préparation du juriste, l'histoire et l'économie politique ne peuvent être placées au premierplan, parcequ'elles formeraient

des esprits trop scrupuleux et trop critiques, tout

en nuances et en hésitations, alors qu'il faut au

juriste une haute dose de dogmatisme.

1 Est-il nécessaire de préciser que nous ne mettons nulle¬

ment en doute la «bonne foi » de nos collègues juristes? Il ne s'agit pas, ici, de la valeur morale des hommes, mais uniquement de la nature des disciplines. Quand, par ailleurs,

nous dénions au droit le caractère d'une science, nous ne le mésestimons pas pour autant. Nous neprétendons pas queles sciences représentent la forme la plus haute des spécula¬

tions humaines. Dire, par exemple, que la philosophie, ou la morale, ou l'art, ne sont pas des sciences, ce n'est nulle¬

mentles rabaisser. Ainsi qu'aimait à leproclamer unhomme dontnos collègues juristesnecontesteront pasl'autorité, Léon Duguit : « Il faut appeler du même nom les choses sem¬

blables et de noms différents les choses différentes. »

(26)

De cette opposition latente de méthode et

d'es¬

prit 1, bien des preuves

pourraient être données.

Un de ses symptômes les plus significatifs me paraît être la divergence

d'appréciation

que

l'on

peut fréquemment constater aux soutenances

de

thèses, lorsque s'y rencontrent juristes et écono¬

mistes. Lejuriste se résigne malaisément à

admet¬

tre qu'une thèse puisse être un bon

travail

et présenter une réelle

originalité lorsque l'auteur

n'y soutient pas une «thèse», au sens

traditionnel

du terme. Une monographie d'industrie, l'analyse

d'une institution financière, abstraction faite de

la réglementation qu'elle reçoit

du droit positif

ou des problèmes contentieux

qu'elle soulève, lui

semblent d'ordinaire indignes de valoir à son au¬

teurle titre de docteur avec une brillante mention.

Et redisons encore que cette opinion est

parfaite-

1 Pour plus de développement sur la question des rapports

entreledroitetl'économie politique, on me permettrade ren¬

voyer à mon étude Léon Duguit et l'Economie politique,

Paris, Librairie du Recueil Sirey, 1933. Sur les relations de

ces deux disciplines avec la morale, cf. la série d'articles en

cours de publication dans la Revue d'Economie politique,

amorcée par G. Del Vecchio, continuée par L. Einaudi, et

qui se poursuivra pardescontributions de F. Yito et F. Garli.

Cf. également levolume Droit, Morale, Mœurs (Paris, Librai¬

rie du Recueil Sirey, 1936), qui reproduit les travaux de la

seconde session tenue par l'Institut international de philo¬

sophie du droit et de sociologie juridique. Les Archives de

Philosophie du Droit et de Sociologie juridique, que dirige

mon collègue M. Le Fur, se sont également beaucoup occu¬

pées de ces problèmes.

(27)

POLITIQUE ET FACULTÉS DE DROIT ment fondée lorsque le doctorat dont il s'agit porte, comme c'est le cas actuellement, la qualifi¬

cation de doctorat « en droit ». Le plus souvent, dans la vie courante des Facultés, la divergence

netournepas autragique, et leschoses s'arrangent

en raison de cette courtoisie que nous avons pré¬

cédemment signalée. Mais pourquoi dissimuler

que sous ces formes courtoises se cache souvent,

en réalité, un dédain réciproque. Au fond, le juriste tend généralement à considérer l'écono¬

miste comme un bavard ou un rêveur, cependant

que l'économiste tient fréquemment le juriste

pourun empirique ou un sophiste ou unmétaphy¬

sicien.

S'il en est ainsi, on comprend que les juristes

souhaitent que l'économie politique ne prenne pas

trop de place dans le programme des enseigne¬

ments et des examens de la Faculté de droit, et

on comprend aussi que les économistes supportent

malaisément d'être considérés comme des parents pauvres, condamnés à la portion congrue. Nous admettons, disent ces derniers, que l'économie politique est, pour le droit, une discipline

auxi-^

liaire. Mais nous prétendons qu'elle mérite, par

ailleurs, d'être étudiée en dehors de toute attache

avec le droit, qu'elle a sa méthode et son objet

propres, et que la formation d'un économiste

implique un ensemble de connaissances suffisam-

(28)

ment nombreuses, et d'une technique assez

déli¬

cate, pour suffire, à

elles seules, à

occuper un

étudiant pendant plusieurs années.

Que les Facultés de droit

n'offrent,

au

jeune

homme désireux de recevoir une culture écono¬

mique, ni les

enseignements théoriques, ni la

formation pratique que cette

culture implique, il

est facile de le montrer.

Pendant les trois années de licence, le jeune

étudiant la Faculté de droit suit des cours qui,

pour la plus

large

part,

assortissent

aux

disci¬

plines juridiques :

c'est ici qu'apparaît de la

ma¬

nière la plus éclatante le

caractère secondaire et

subordonné que présente

(et

ne peut pas ne pas présenter) un

enseignement économique encastré

dans un ensemble juridique. Mais

il

y a

plus

:

les

cours d'économie politique eux-mêmes se ressen¬

tent nécessairement de cette ambiance. Parlant à

un auditoire dont il sait qu'en majorité

il

se com¬

pose d'élèves

destinés à prendre des carrières

touchant à la pratique

juridique, le professeur

aura scrupule à

entraîner

cet

auditoire

sur un

terrain trop scientifique et trop

technique. Ajoutez

une difficulté supplémentaire,

spéciale à la Faculté

de droit de Paris : l'auditoire y est beaucoup trop

considérable pour qu'il

soit possible d'envisager

une initiation qui associerait

les auditeurs soit à

(29)

POLITIQUE ET FACULTÉS DE DROIT

des travaux d'économie concrète, soit à des re¬

cherches d'économie abstraite, qui ne peuvent se faire qu'en laboratoire et par petites équipes.

Apprendre aux élèves à dresser un graphique, les préparer au maniement des statistiques, compléter l'enseignement ex cathedra par des visites indus¬

trielles apparaît, dans ces conditions, comme

chimérique.

En dépit de laspécialisation du diplôme d'études supérieures économiques, nous y retrouvons des imperfectionset deslacunes analogues. Ce diplôme

est loin d'opérer la sélection que son libellé paraît impliquer. C'est un fait, tout d'abord, que ceux

qui en abordent la préparation sont souvent

inaptes à suivre avec profit les enseignements spéciaux qui leur sont donnés. Le souvenir des

cours d'économie politique élémentaire, naguère entendus, est souvent assez estompé. Ils sont,

par suite, armés d'un bagage insuffisant pour

aborder avec fruit les études économiques dites supérieures. Les cours spéciaux qui leur sont, à ce moment, offerts n'ont point, d'ailleurs, la

variété qui conviendrait. En province, ils se limitent souvent à deux enseignements. A Paris même, la diversité est plus grande, il s'en

faut debeaucoup qu'elle corresponde à ce que l'on

serait en droit de demander pour un niveau d'étu¬

des économiques vraiment supérieures. L'ensei-

(30)

gnement de la

statistique, inexistant

en

province,

demeure facultatif à Paris. Pas de cours spécial

ni sur les opérations de banque,

ni

sur

le méca¬

nisme des bourses, ni sur les transports, ni sur l'organisation et la

comptabilité industrielles et

commerciales, ni sur les grands marchés

de

ma¬

tières premières, ni sur

l'histoire des faits écono¬

miques, ni sur la

théorie économique. Que l'on

compare cette pauvreté avec

le

programme

des

cours et des diplômes des grandes

universités

étrangères, par exemple

de l'Université Bocconi

à Milan, ou de la London School of

Economies x,

ou même qu'on se reporte à

l'affiche de l'Ecole

libre des Sciences Politiques2, et on sentira

cruel¬

lement notre infériorité. Pratiquement, et bien

quele niveau en

ait

été

sensiblement relevé

en ces

derniers temps, le D. E.

S. d'économie politique

s'obtient trop souvent après

quelques mois de

travail, durant lesquels le

candidat abandonne

momentanément les matières juridiques pour revoir hâtivement, dans un manuel

élémentaire,

l'économie politique

générale

et

absorber quatre

cours spéciauxqui,

lorsqu'ils

sont

de qualité supé¬

rieure, risquent de passer

au-dessus de

sa

tête,

en

1 Cf. Arnold Plant et Lionel Robbins, LaLondon School of

Economies, in L'Enseignement économique en France et à

l'Etranger, Sirey, 1937.

2 Cf. J. Rueff, L'Ecole libre des Sciences politiques, in

'•k> L'Enseignement économique enFrance et àl'Etranger, Sirey,

1937.

(31)

POLITIQUE ETFACULTÉS DE DROIT

sorte qu'il en est parfois réduit à les apprendre

par cœur, sans être en mesure de les comprendre.

Le sommet de l'édifice n'est point exempt des

vices que nous avons rencontrés à la base et à

l'étage intermédiaire. Le candidat à l'agrégation

des sciences économiques (ou plus exactement à

l'agrégation des Facultés de droit, section des sciences économiques) arrive à ce concours par

un étrange chemin. Pendant trois années, on l'a contraint à des études qui ne se rapportaient à l'économique que d'une manière accessoire. En¬

suite, pendant une année, il a pu se spécialiser

en économie politique dans les conditions im¬

parfaites que nous venons de retracer. Mais,

comme pour obtenir son pardon, le voilà, alors qu'il est déjà engagé à fond dans cette spécialité, obligé d'en ressortir pendant plusieurs mois, afin

de se livrer à l'étude (qui ne saurait pour lui qu'être fastidieuse et purement scolaire), de ma¬

tières de droit pur en vue de l'obtention d'un troisième diplôme, faute duquel l'accès à l'agré¬

gation lui serait refusé. Et l'on a vu d'excellents candidats empêchés de se présenter au concours en raison d'un échec à ce troisième certificat. En

revanche, de ce futur économiste, on n'exige

aucuneformation, niphilosophique, ni historique,

ni pratique. Il peut n'avoir jamais pénétré à la Bourse, n'avoir jamais vu l'intérieur d'une usine,

Références

Documents relatifs

En étroite collaboration avec le monde du travail, La Rochelle Université propose une offre diplômante et qualifiante de formations en Droit, Science politique et

- d'autre part, l'église, les voies ouvertes à la circulation, la place Saint Louis, et les parcs de stationnement, qui sont affectés à l'usage direct du public.

Dans le dispositif de Laurent, une onde plane monochromatique, de direction de propagation Oz, tombe sur un polariseur rectiligne A, jouant le rôle d’analyseur, supposé

Doyen de la Faculté de droit et sciences économique et politique Marc Watin-Augouard, Général d’armée (2S), directeur du CREOGN.

Il est communément admis dans le monde des Arts Martiaux que Bodhidharma (Da-mo) ait été à l’origine de plusieurs techniques corporelles : - Le Yi Jin Jing que l’on peut traduire

a) Le bon choix pour des particules libres est de relier l’énergie et la fréquence de la même façon que pour des photons. Définir le vecteur d’onde k. En utilisant

valeur morale de celui dont la mort laisse, dans le cœur de tous ceux qui l'ont connu, un vide aussi grand que dans l'Université de Bordeaux et dans la jeune Ecole des..

Qu'il me soit permis, en terminant ces lignes, de rappeler que Ribéreau était heureux d'être le chef et le créateur d'une sorte de section libournaise dans notre Faculté de Droit :