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La recherche des symptômes discordants comporte :

– un entretien formel semi-structuré de 30 à 40 minutes avec le patient, au cours duquel il est

tout d’abord invité de façon non directive à commenter son passé, les circonstances de son

hospitalisation, sa vie et ses symptômes, pour explorer ensuite de façon systématique les

différents domaines pathologiques de sa symptomatologie ;

– l’observation des fonctions affectives, de la perception et de l’attention, du comportement, de

l’apparence et de l’hygiène personnelle, de l’attitude et de la tenue vestimentaire du patient,

et de ce que l’équipe soignante en expose avec précision ;

– la lecture de documents écrits de la main du patient (hors contexte de création artistique ou

thérapeutique) ;

– la lecture du dossier, dés lors que les symptômes ont été décrits précisément, sans ambiguïté,

et dans leur dimension sémiologique et non exclusivement psychopathologique ou

phéno-ménologique (par exemple "M. X. nous a dit en souriant avoir été coupé en morceaux" et

non "M. X. présentait ce jour des propos évocateurs d’un morcellement psychique et d’une

souffrance teintée de dissociation") ;

– un entretien avec l’équipe soignante visant à vérifier la symptomatologie constatée

préala-blement.

Le diagnostic de discordance repose sur la présence au cours de l’histoire clinique d’au moins

10 symptômes sur les 29 cités ci-dessous, à partir de l’âge de 17 ans.

Discordance psychomotrice

1. Apparition inopinée d’un accès de tachyphémie faisant suite à un

mutisme ou à une réticence.

2. Apparition, sans aucun prodrome, d’un état d’agitation

catatonique en contraste avec un stupeur préexistante.

3. Interruption d’un état de négativisme par la survenue d’une

suggestibilité.

4. Interruption d’un flexibilité cireuse par une rigidité entravant

la mobilisation du membre.

5. Prise volontaire et maintien de postures inadéquates ou bizarres,

sans but intelligible, en l’absence de retard mental ou de

trouble neurologique (par exemple accroupissement, station sur

la pointe des pieds, tête renversée).

6. Ambivalence dans la finalité des actes dont l’objet est lui-même

contradictoire (par exemple se diriger avec hésitation vers

une porte pour l’ouvrir et la fermer brutalement immédiatement

après).

7. Mouvements intentionnels, répétitifs et sans finalité, en

l’absence de retard mental ou de trouble neurologique (par

exemple balancer le corps ou la tête, se cogner ou se mordre

la main). Sont donc exclus les tics (mouvements involontaires),

les dyskinésies secondaires au traitement par neuroleptiques

(troubles neurologiques), sucer son pouce ou se mettre les doigts

dans le nez (notion de finalité).

8. Mimique inappropriée au contenu idéique (par exemple dire en

souriant qu’on vient d’être coupé en morceaux).

9. Posture ou gestuelle inappropriée au contenu idéique (par exemple

tenir des propos euphoriques en restant complètement immobile).

10. Inflexions, rythme ou intonation de la voix inappropriée au

contenu idéique (par exemple dire avec un ton monocorde qu’il

est urgent qu’on puisse sauver la Terre de l’invasion des

extra-terrestres).

Discordance verbale

11. Incohérence des propos malgré la conservation des capacités

intellectuelles du patient, en dehors de toute excitation

psychomotrice (maniaque ou autre)

12. Néologismes ou phrases néologisantes, calembours, sur une forme

morphologique et syntaxique correcte (par exemple définir un

"azène" comme "là où se loge l’argile quand on le fait courir"

ou un "aide de camp vétéran" comme une "mare en Simée").

13. Altérations des processus associatifs : les idées passent d’un

sujet à l’autre sans aucun rapport ou avec un rapport lointain

de l’un à l’autre, sans que le locuteur ne manifeste la moindre

conscience de cette absence de relation (par exemple dire "je ne

m’occupe pas des élections et de la politique. Ca me fait de la

peine, mais ça m’a tellement embrouillé cette histoire de cuisine

à repeindre ; et puis pourquoi le réprimander quand ça a coulé.

L’Elysée, l’Elysée, l’Elysée, toujours des réunions, mais moi je

leur ai appris à glisser dans la cuisine avec un saut périlleux")

14. Diffluence : propos se développant en divergeant et en ouvrant

une suite de parenthèse qui ne se ferment pas.

15. Distractibilité des propos, digressions, égarements de la pensée

ou réponses à côté.

16. Barrages : brusque suspension du fil du discours.

17. Fadings : diminution rapide du débit de la phrase et de

l’intensité de la parole, qui s’interrompent totalement pour

reprendre d’une façon progressive.

18. Répétition de mots ou de phrases sans finalité, en l’absence de

trouble mental organique (par exemple dire "je pense que je vais

mettre mon chapeau, mon chapeau, mon chapeau, mon chapeau").

Discordance du délire

19. Dépersonnalisation : altération de la perception et de la

conscience de soi en l’absence d’obnubilation de la conscience,

d’état confusionnel d’origine toxique, ou d’épilepsie (par

exemple dire "mon corps est sans vie, il me regarde").

20. Déréalisation : altération de la perception et de la conscience

du monde extérieur en l’absence d’obnubilation de la conscience,

d’état confusionnel d’origine toxique, ou d’épilepsie (par

exemple dire "mes parents, j’ai l’impression qu’ils ont changé,

ils sont comme des robots").

21. Idées délirantes non apparentées entre elles, du fait de

l’absence de thème délirant central, rendant l’histoire délirante

désordonnée.

22. Mécanisme délirant interprétatif sans explication précise.

23. Présence d’hallucinations dont l’origine n’est pas désignée

clairement (par exemple ne pas savoir si des hallucinations

auditives proviennent d’une partie du corps ou d’un persécuteur

nommé).

24. Degré d’adhésion au délire inconsistant ou variable selon les

moments de l’évolution.

25. Evolution du délire vers des propos répétitifs et sans finalité

(par exemple finir de raconter une histoire délirante en répétant

sans cesse "cheval mort").

Discordance comportementale

26. Maquillage ou tenue vestimentaire bizarre, excentrique ou

singulier, sans raison culturelle ou dyssociale apparente, en

l’absence d’altération des fonctions supérieures et de trouble

de l’identité sexuelle (par exemple s’habiller avec un pantalon

de pyjama et un manteau de fourrure en été, mettre des chaussures

dépareillées, se maquiller des parties entières du visage).

27. Attitude inappropriée, froide, distante ou familière, en

l’absence de troubles de l’humeur (par exemple se retourner

brusquement au cours d’un entretien en se mettant à tutoyer

l’interlocuteur vouvoyé au préalable).

28. Accès de violence ou de comportement menaçant, en l’absence de

critique préalable par autrui, sans aucune raison apparente et

de manière imprévisible (par exemple donner un coup de pied à un

tiers de façon soudaine).

29. Bizarreries dans les habitudes alimentaires, en dehors de tout

contexte d’angoisse ou de préoccupation persistante concernant

l’alimentation (par exemple manger de la viande sans l’avoir

coupée).