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1. INTRODUCTION

3.3 Le cotonnier : croissance, développement et caractères de résistance aux ravageurs 10

3.4.3 Earias spp

Le genre Earias compte 24 espèces. Aucune n’est présente sur le continent américain et la majorité des espèces est rencontrée entre les 40ième parallèles Nord et Sud. Bien que sténophages, les espèces du genre Earias ont de nombreuses plantes hôtes appartenant essentiellement aux Malvales (3 familles et 18 genres sont au total concernés) et aux Tiliales

(1 famille et 3 genres concernés). Cinq espèces s’attaquent au cotonnier : E. insulana (Boisduval) est l’espèce la plus répandue mais elle est probablement absente des zones équatoriales et subéquatoriales, E. biplaga (Walker) n’est présente qu’à Madagascar et en Afrique, E. vitella (Fabricius) et E. huegeli (Rogenhöfer) ne sont pas présentes en Afrique et E. cupreoviridis (Walker) n’a été signalée sur ce continent qu’en Afrique du Sud. Dans les zones cotonnières au sud du Sahara les deux premières espèces coexistent mais elles présentent des exigences différentes pour les principaux facteurs climatiques : E. insulana supporte des températures élevées et basses mais pas des hygrométries élevées tandis qu’E. biplaga ne s’accommode pas à des températures élevées et supporte des hygrométries élevées. Ces différences d’exigences expliquent leurs fréquences respectives dans les différentes zones cotonnières mais aussi leur succession au cours d’une saison de culture dans une même zone de culture.

Chez les adultes des deux espèces des variations d’aspect, de forme, de proportion, de taille, de silhouette et surtout de coloration répondent aux variations des conditions climatiques rencontrées (Figure 6A et B). Ils sont plus petits que ceux des deux espèces précédemment décrites (H. armigera et D. watersi) puisque leur envergure, plus petite chez E. insulana que chez E. biplaga, ne dépasse pas 25 mm. Les adultes de E. insulana ont une coloration non liée au sexe qui change du vert au jaune au gré des saisons, mais dans certains pays la coloration verte est la plus répandue. Les adultes de E. biplaga, plus petits en saison des pluies qu’en saison sèche, offrent des colorations très variables en fonction de la période de l’année et du sexe : pour le type de saison des pluies, le plus répandu dans les zones de production de coton en Afrique, les mâles ont des ailes antérieures vertes, devenant jaunes à leur base, bordées de marges violacées et les femelles présentent des ailes uniformément vertes avec une tache sanguine à acajou dans leur partie médiane. Malgré ces différences, les biologies de ces deux espèces présentes dans les zones cotonnières au sud du Sahara sont assez voisines. Les adultes n’ont d’activité que la nuit et durant la journée ils restent à l’abri sous le couvert du feuillage du cotonnier. Une femelle peut s’accoupler dès la nuit qui suit son émergence (en laboratoire il peut y avoir jusqu’à 6 accouplements par femelle mais il y en a probablement moins dans les conditions naturelles). Sa fécondité, qui prend en compte une longévité variable mais en général assez longue (jusqu’à plus de 100 jours), est de l’ordre de plusieurs centaines d’œufs (jusqu’à 450 œufs par femelle en laboratoire car difficile à apprécier dans les conditions naturelles). Les œufs sont déposés individuellement sur différents organes de la plante : les rameaux ou le bourgeon terminal en début de campagne

puis, plus tard, au niveau des organes fructifères et des feuilles mais très rarement sur les capsules. Un mucus secrété par la femelle permet leur adhésion aux endroits où ils ont été déposés.

L’œuf subsphérique, aplati à sa base, est de petite taille (0,5 mm). Il est d’abord de couleur bleu turquoise (Figure 6) puis à l’approche de l’éclosion il devient légèrement foncé en laissant voir la néonate par transparence. L’incubation est d’une durée variable car elle dépend de la température. Pendant la période de culture en Afrique cette incubation est de l’ordre de 2 à 4 jours.

Les premiers stades larvaires des deux espèces sont très semblables. Pour les stades larvaires suivants, les chenilles des deux espèces présentent des épines latérales et dorsales sur presque tous les segments abdominaux et le thorax (Figure 6E et G). Elles sont généralement plus longues chez E. biplaga que chez E. insulana et sur le huitième segment abdominal les épines sont blanches chez E. insulana et noires chez E .biplaga. Les chenilles sont renflées à l’avant et effilées à l’arrière mais de manière plus prononcées chez E. biplaga que chez E. insulana. Les chenilles de E. insulana sont de couleur plus claire avec une teinte générale plutôt gris jaune alors que celle de E. biplaga est plutôt brun orange. Enfin une bande transversale blanche ivoire apparaît uniquement chez E. insulana au niveau de la capsule céphalique brun-noire. En début de campagne les chenilles de Earias spp. peuvent s’attaquer à la cime d’un cotonnier et provoquer soit un écimage si le forage de la tige est profond (Figure 6 F) soit l’activation des bourgeons axillaires qui donnent ensuite naissance à de nouveaux axes monopodiaux si seul l’apex est détruit. Par la suite les chenilles de Eariasspp.se nourrissent aux dépens d’organes fructifères qu’elles perforent comme le font les chenilles de H. armigera mais sans rejeter leurs excréments à l’extérieur. Parfois leurs attaques ne concernent que la surface des organes fructifères (Figure 6 G). Au terme de son développement (environ deux semaines après l’éclosion) une chenille de Earias spp., qui mesure moins de 2 cm, tisse, pour se nymphoser, un cocon de soie en forme de coque inversée de navire (Figure 6 D) généralement au niveau du cotonnier où elle s’est développée car elle migre très rarement vers le sol. Comme il n’y a pas de diapause, la nymphose dure en moyenne deux semaines.

Les auxiliaires parasites de Eariasspp.sont beaucoup plus nombreux que les auxiliaires prédateurs. Ils appartiennent principalement aux familles suivantes : Braconidae, Ichneumonidae, Trichogrammatoidae, Chalcididae et Tachnidae. La plupart des parasites vivent aux dépens des larves de Earias spp.mais n’entrainent pas plus de 20 % de mortalité alors qu’avec des Trichogrammes (parasites d’œufs) on a pu enregistrer des mortalités supérieures à 50 % dans les conditions naturelles.

Figure 7 : quelques dégâts et stades de Earias spp. (A = adultes de E. insulana, B = adultes de E. biplaga, C = œuf de Earias spp., D = chrysalide de Earias spp., E et G = chenille épineuse de Earias spp., F = écimage provoqué par Earias spp.). Source : Couilloud (1987)