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Relocalisation

Consommer local est souvent perçu comme un acte bon pour l’environnement puisque cela permet de réduire les distances parcourues par les aliments et ainsi l’impact négatif des trans-ports. Cependant, plusieurs études ont montré récemment que les transports (des aliments et des consommateurs) ne représentent que 10 à 20 % des émissions de gaz à effets de serre dans la chaîne de production alimentaire (ADEME, 2011). La production des aliments est bien plus impactante, puisqu’elle représente 60 % des émissions. La reterritorialisation de l’alimentation n’est donc pas entièrement synonyme de moindre impact environnemental et doit s’accompagner de pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement.

Vers des pratiques plus écologiques ?

Dès les débuts du projet, le collectif a décidé de ne pas faire une filière 100 % bio. En aval, les boulangers ne souhaitaient pas faire du pain bio au vu des contraintes du cahier des charges et de la demande pas forcément au rendez-vous. En amont, le collectif a décidé d’impliquer tous les agriculteurs du Causse et de construire ensemble un cahier des charges de production qui s’ins-crirait dans une démarche plus respectueuse de l’environnement.

Les lignes directrices de la première charte étaient : i) l’absence de traitement sur les semences, ii) l’absence de produits phytosani-taires sur la culture en cours, sur la culture précé-dente et pour la préparation du sol et iii) une fertilisation azotée limitée à 90 unités.

Cette première charte ayant été jugée trop contraignante, une deuxième version a été élaborée un an plus tard. Les modifications qui ont été apportées sont : i) l’autorisation de se procurer des semences traitées ou de traiter les semences produites sur l’exploitation, ii) l’auto-risation de traiter la culture précédente et d’uti-liser des produits phytosanitaires sur la culture en cours après avis d’un technicien, le traitement

antifongique étant limité à une utilisation avant floraison et le traitement aux régulateurs de croissance étant interdit et iii) la fertilisation ne doit pas dépasser 180 unités d’azote et doit être fractionnée en deux passages minimum.

Afin de favoriser une réflexion sur l’amélio-ration des pratiques culturales des céréales, la FRCIVAM a organisé des formations sur la connaissance du sol, les couverts végétaux ou encore les itinéraires techniques. Un voyage d’étude sur les semis directs sous couverts végé-taux a également été organisé, ainsi que des jour-nées d’échanges régulières sur les parcelles pour voir l’état des céréales, les difficultés rencontrées et les pratiques utilisées.

Pour aller plus loin : nutrition et santé

Pour l’instant, les thématiques nutrition et santé ne sont que succinctement abordées dans la filière. Il est prévu, dans la suite du projet, que des analyses nutritionnelles sur les farines soient réalisées pour mieux informer les consomma-teurs. Par la suite, une campagne de communi-cation permettra de mettre en valeur les qualités nutritionnelles liées à la mouture sur meule de pierre (préservation de l’enveloppe des grains riches en vitamine A et minéraux).

Par ailleurs, des étapes clés de la filière restent à étudier pour assurer une bonne qualité nutri-tionnelle aux farines comme notamment le stockage de cellesci. En effet, la farine doit être préservée de l’humidité, de la chaleur, du temps, des insectes, etc., ce qui requière des lieux ventilés et secs qui restent à mettre en place.

CONCLUSION

Avant d’être un projet de développement écono-mique, l’initiative du Causse Méjean est avant tout une innovation centrée sur la restauration d’un patrimoine et qui a pour objectif de mobiliser les acteurs d’un territoire dans une dynamique de cohésion sociale.

D’autres initiatives de création de filières de farine locales existent, telles que Raspaillou2, moulin du Cotentin3 ou Coopains bio4. Cependant

2. www.raspaillou.fr 3. www.cotedesisles.com 4. www.coopains.fr

rares sont celles qui conjuguent à la fois restau-ration patrimoniale, agriculture biologique et conventionnelle, implication de tous les acteurs de la filière (producteurs, meunier, boulangers) mais aussi des habitants. C’est certainement ce qui fait la force de l’initiative du Causse Méjean, mais peut-être aussi sa faiblesse. Un travail de capitalisation et de diffusion des résultats du projet permettra à d’autres acteurs de s’inspirer de cette initiative pour la transférer et l’adapter à un autre contexte territorial.

BIBLIOGRAPHIE

ADEME, 2011. Réalisation d’un bilan des émissions de

gaz à effet de serre : filière agricole et agroalimentaire.

Disponible sur Internet : http://www.ademe.fr/ realisation-dun-bilan-emissions-gaz-a-effet-serre-filiere-agricole-agro-alimentaire

COPAGE, 2012. Docob du Causse Méjan (Volume 1),

Inventaire et analyse de l’existant, Enjeux et objectifs.

Mende : COPAGE, 60 p.

MULLE A., 2013. Étude préalable de faisabilité et

co-construction d’une microfilière farine sur le Causse Méjean. Mémoire de fin d’études. Montpellier Supagro,

114 p.

OSTROM E., 1990. Governing the Commons: The

Evolution of Institutions for Collective Action. Cambridge :

Cambridge University Press, 298 p.

Entretiens

BOYER A., boulanger, entretien le 31 janvier 2017 à Meyrueis.

COMMANDRE B., agriculteur, entretien le 19 janvier 2017 à Hyelzas.

COULON T., futur meunier, entretien téléphonique le 27 janvier 2017 et de visu le 31 janvier 2017 à La Borie. JULIER A., boulanger, entretien le 31 janvier 2017 à Florac. MOREAU E., président de l’association la Farine du Méjean et agriculteur, entretien le 19 janvier 2017 à Hyelzas.

MULLE A., animatrice du projet, CIVAM LR, entretien téléphonique le 08 décembre 2016 et de visu le 19 janvier 2017 à Hyelzas.

PRATLONG M., président de la Toile du Méjean, entretien le 20 janvier 2017 à La Borie.

SAUMADE C., agriculteur, entretien le 19 janvier 2017 à Hyelzas.

https://goo.gl/vx9mfP

Vidéo de présentation

L’Insetting via l’agroforesterie :

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