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Les agriparcs, en favorisant l’accès de jeunes agri-culteurs au foncier périurbain, sont un outil de renouvellement de la population agricole dans la Métropole de Montpellier. À ce titre, et parce qu’inclus dans une démarche de (re)déploiement de filières alimentaires locales, ils sont pour-voyeurs d’emplois et potentiellement favorables à l’économie régionale. De plus, en soutenant des pratiques davantage agroécologiques, les agripacs peuvent constituer un outil de réduc-tion des impacts environnementaux liés à l’agri-culture. En préservant des espaces agricoles et naturels en zone périurbaine, ils participent au refroidissement des villes et réduisent les risques d’inondation.

En mêlant davantage activités agricoles et activités dites « urbaines » (restauration, visites pédagogiques, etc.), les agriparcs évoluent et acquièrent petit à petit les critères multifonction-nels que la Métropole leurs destinait initialement. Ils se construisent « poc a poc » comme le précise Patrick Berger, directeur « Paysage et biodiver-sité » à la Ville de Montpellier (Berger, 2016). Ils reflètent un changement de vision, vers une agri-culture multifonctionnelle et une gouvernance davantage pluridisciplinaire. Ils s’inscrivent dans une gouvernance alimentaire territoriale adap-tative : la politique agroécologique et alimentaire prônée par la Métropole se construit, comme les agriparcs, pas à pas. Cette P2A a d’ailleurs été lauréate de l’appel à projet 2016-17 du Programme national pour l’alimentation (PNA), dans la caté-gorie Projets alimentaires territoriaux (PAT).

Cependant, et au-delà de leurs aspects nova-teurs qui répondent en partie à la question de la production agricole au pourtour des villes, les agriparcs soulèvent des questions plus globales. La première interrogation concerne la solidité et la pérennité du dispositif. Que restera-t-il en cas de changement de mandat politique ? Si l’ins-titutionnalisation est un facteur de pérennité (infrastructures, compétences, contrats, outils), ces projets nécessitent un pas de temps long pour se mettre en place. Ce pas de temps ralentit l’ins-titutionnalisation et fragilise l’inscription de ces projets sur le long terme. La difficulté est de ne

pas laisser retomber les dynamiques avec un changement d’élus. D’autant plus que la réplica-bilité et qu’un changement d’échelle sont compli-qués. Ces projets agriparcs sont liés à des acteurs et terrains spécifiques. Changer d’échelle et accé-lérer la création de nouveaux projets semble complexe. D’ailleurs, malgré dix ans d’évolution sur Montpellier, les agriparcs demeurent au stade d’apprentissage. Réaliser une évaluation de l’im-pact de ces projets en cours permettrait de se prémunir de potentiels effets non anticipés.

Enfin, alors que la collectivité territoriale permet l’institutionnalisation et la cohérence, les agriparcs reflèteraient-ils les limites d’un système apportant une trop grande rupture en termes de décisions politiques ? Le même projet des agriparcs pourrait-il être porté hors décisions politiques ? Et de fait, des systèmes de finance-ment participatif (Miimosa13) et d’épargne soli-daire (Terre de liens14) existent. Les auteurs Coline Perrin et Christophe-Toussaint Soulard (2014), chercheurs à l’Inra, avancent ainsi : « Après avoir

insisté sur le volontarisme politique comme ingrédient essentiel des stratégies alimen-taires urbaines, les recherches anglo-saxonnes insistent aujourd’hui sur le rôle des mouvements citoyens comme lobbies, voire acteurs centraux dans la structuration des stratégies alimentaires urbaines, seuls à même d’assurer la pérennité de la gouvernance alimentaire locale, au-delà des échéances électorales. »

13. https://www.miimosa.com/fr

BIBLIOGRAPHIE

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Disponible sur Internet : https://esa.un.org/unpd/ wpp/Publications/Files/WPP2017_KeyFindings.pdf [consulté en décembre 2016]

Entretiens

BERGER P., directeur « Paysage et biodiversité », Ville de Montpellier, entretien le 22/12/2016 à Montpellier. BOISSON M., technicien en conception et maintenance des espaces naturels et agricoles, Montpellier Méditerranée Métropole, entretien le 08/12/2016 à Montpellier.

BRUN C., chef de service du département de l’Hérault, Safer Languedoc-Roussillon, entretien le 18/01/2017. CAVALIER J-B., coordinateur national RENETA, entretien le 18/01/2017.

DE SAINT-VAULRY V., chargée de mission « Agroécologie et alimentation », Direction du

Développement économique et de l’Emploi, Montpellier Méditerranée Métropole, entretien le 08/12/2016 à Montpellier.

HASNAOUI AMRI N., chargé de recherche action « Agroécologie et alimentation », Montpellier Méditerranée Métropole et Inra, entretien le 13/12/2016 et par téléphone le 11/01/2017. LEBLANC J., Terracoopa, entretien le 27/01/2017. LIGNON L., directeur de la Politique alimentaire, Ville de Montpellier, entretien le 22/12/2016 à Montpellier.

Remerciements

Jeanne Pahun, Damien Conaré et l’ensemble des personnes interviewées pour le temps qu’ils m’ont accordé.