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Les durées de travail atypiques

LES INSTITUTIONS DU MARCHE DU TRAVAIL ET L’EMPLOI

2.3. LA DUREE DU TRAVAIL

2.3.5. Les durées de travail atypiques

Comme nous venons de voir, la distinction temps partiel/temps complet gomme la diversité des durées du travail et la diversité des modèles de durées du travail dans les différents pays de l’Union européenne. C’est pourquoi nous avons choisi d’analyser la durée du travail sans prendre en compte cette distinction temps partiel/temps complet et en ne nous fondant que sur le nombre d’heures de travail habituelles déclarées par les individus (en moyenne sur 1995-97).

Les analyses des temps de travail des hommes et des femmes dans les pays de l’Union européenne font ressortir leur degré de dispersion relativement élevé. L’analyse suivante est centrée sur le recours aux durées atypiques, qu’elles soient longues ou courtes (graphiques 2.5 et 2.6). Ces utilisations des durées longues et courtes peuvent suggérer que les modalités d’insertion sur le marché du travail en termes de durées modifient plus ou moins fortement les performances des pays en matière d’emploi et de chômage. La dichotomie durées longues/hommes et durées courtes/femmes apparaît toujours aussi nettement. Si pour les femmes, seuls l’Espagne, la Grèce, l’Italie et le Portugal sont les pays où plus de 10% de la population occupée travaillent plus de 48 heures par semaines, pour les hommes dans tous les pays de l’Union européenne 10% de la population au moins travaillent dans des durées de plus de 48 heures hebdomadaires. En fait, les proportions les plus élevées d’hommes travaillant plus de 48 heures par semaine se retrouvent dans les quatre pays précédemment cités (à savoir l’Espagne, la Grèce, l’Italie et le Portugal) auxquels s’ajoutent l’Irlande et le Royaume-Uni (ces six pays frôlent et dépassent les 15% de population occupée dans des durées de travail longues).

Pour ce qui est des durées de travail courtes et réduites, on retrouve pour la main-d’œuvre féminine le schéma classique, avec en tête des pays : les Pays-Bas (10% des femmes occupées travaillent moins de 8 heures par semaine et autant travaillent entre 8 et 12 heures par semaine), le Royaume-Uni (5% des femmes occupées travaillent dans des durées courtes et 5% dans des durées réduites) et dans une moindre mesure le Danemark, l’Allemagne et l’Irlande. Au niveau des effectifs masculins, les plus fortes proportions d’hommes occupés dans des durées courtes et

stable et continue entre l’employeur et l’employé. C’est en outre un emploi salarié, ce qui exclut les indépendants et bénévoles. D’autre part, la durée de ce travail est sensiblement plus courte que la durée normale d’un temps complet. La recommandation n°116 de l’OIT définit la durée normale du travail « le nombre d’heures fixé dans chaque pays par la législation, par accords collectifs, par sentences arbitrales ou en application de ceux-ci (...) le nombre d’heures au delà duquel tout travail effectué est rémunéré au taux des heures supplémentaires ou constitue une exception aux règles ou usages admis par l’établissement ou les travaux considérés ».

réduites se distinguent dans des pays comme le Danemark et les Pays-Bas (ainsi que dans une très faible mesure en Suède et au Royaume-Uni).

GRAPHIQUE 2.5. DUREES DU TRAVAIL LONGUES ET REDUITES. HOMMES

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

40%

45%

AT BE DE DK ES FI FR GR IE IT LU NL PT SE UK Total

01-07 08-12 48-97

GRAPHIQUE 2.6. DUREES DU TRAVAIL LONGUES ET REDUITES. FEMMES

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

AT BE DE DK ES FI FR GR IE IT LU NL PT SE UK Total

01-07 08-12 48-97

En conclusion, cette étude des relations entre temps de travail et performances d’emploi dans les pays de l’Union européenne met en évidence trois groupes de pays relativement cohérents et autour d’eux une multitude de pays avec chacun des caractéristiques qui leur sont propres (voir aussi annexe C) :

Le groupe des pays méditerranéens (Grèce/Espagne/Portugal) combine durée du travail longue, faible recours au temps partiel, durées atypiques longues, grande amplitude des taux de chômage (fort pour l’Espagne, faible pour le Portugal et moyen pour la Grèce), et peu de différenciation sexuée.

Le regroupement de l’Europe du Nord (Danemark/Pays-Bas/Suède) combine courte durée du travail, fort recours au temps partiel, durées atypiques courtes, taux de chômage relativement faibles, baisse du taux de chômage et forte différenciation sexuée.

Le groupe intermédiaire, à durées de travail normales, est moins fortement structuré et la proximité ne vaut que pour un ou deux critères. C’est le cas de l’Allemagne, la France, l’Italie par exemple : durée du travail normale, recours au temps partiel « normal + » (pour la France et l’Allemagne) et faible (pour l’Italie), durée atypiques courtes (pour l’Allemagne et l’Italie ; aucune durée atypique pour la France), taux de chômage normal, variation du taux de chômage fort, différenciation sexuée nette pour l’Allemagne et peu marquée pour la France et l’Italie.

Il ressort de cette analyse de la durée du travail que si certaines différences dans les performances d’emploi entre les différents pays de l’Union Européenne peuvent être mises en relation avec des organisations originales de temps de travail, aucune relation automatique entre performance d’emploi et durée du travail ne peut être établie. Dans notre analyse du Top3, on s’aperçoit que les éléments communs sont : une forte différenciation sexuée et une utilisation forte des durées atypiques (et pas spécialement un recours fort au temps partiel du point de vue global). Le résultat en termes de durée moyenne du travail est mitigé : en effet alors qu’au Danemark et qu’aux Pays-Bas la durée du travail moyenne est courte, en Irlande en revanche la durée moyenne du travail est longue. La différenciation entre les Pays-Bas et le Danemark à l’égard de l’Irlande s’accentue lors de la comparaison des taux d’emploi : alors que dans les deux premiers pays, le taux d’emploi est globalement élevé, en Irlande il est relativement bas (inférieur à 50%). En fait, l’utilisation de la main-d’œuvre est fortement différenciée dans ces pays : le taux d’activité de la main-d’œuvre féminine aux Pays-Bas et au Danemark est supérieur à 51% en 97 alors qu’en Irlande le taux d’activité est de 42.6% en 97.