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Du rôle et de la place des professionnels

2. LA TRADUCTION DES TEXTES DANS LES GUIDES ELABORÉS

2.2. Les questions que pose la lecture du guide pour le néophyte

2.2.3. Du rôle et de la place des professionnels

C’est la partie logiquement attendue par le professionnel : trois pages dédiées à la constitution et aux modalités de travail du groupe ! Qu’en retient-on ?

L’introduction permet de disposer des informations s’agissant des modalités de création d’un groupe et du rôle qu’y jouent les CPC et les services de l’Education nationale.

Même si on se doute que les organisations professionnelles, qui sont souvent à l’origine de la demande de création d’un diplôme, ont leur mot à dire, la composition du groupe de travail est présentée comme une prérogative de l’Education nationale : « La désignation du chef de projet et la composition du groupe résultent d’un accord entre l’inspection générale de l’Education nationale et le secrétaire général des CPC, sous la responsabilité du directeur de l’enseignement scolaire ». Sans doute cette procédure a-t-elle été jugée

jusque là insuffisamment rigoureuse puisque le guide précise que « désormais, la liste des membres, l’objectif de travail et le calendrier prévisionnel des journées de travail feront l’objet d’une note à l’intention de l’inspection générale et des président et vice-président de la CPC ». De ce fait, le groupe de travail apparait moins informel qu’auparavant et l’on comprend que les participants sont désignés nominativement.

La note lui confère donc un caractère moins officieux et l’existence d’un calendrier prévisionnel incite les participants à une participation régulière aux réunions. Informés, les président et vice-président, élus par les collèges salariés et employeurs, veilleront logiquement à la présence des professionnels dans le groupe.

La première section est consacrée aux membres des groupes de travail : elle précise les modalités de leur composition, donne un certain nombre de recommandations sur le fonctionnement des groupes de travail et énonce les missions dévolues au chef de projet. Il est intéressant de noter que ces recommandations ne s’adressent qu’au chef de projet, comme le montre ce type de formulation : « il est souhaitable que les professionnels soient présents tout au long des travaux, même si leur nombre peut décroître après la rédaction du RAP » ou encore, « les inspecteurs et enseignants ne doivent pas être majoritaires lors de l’élaboration du RAP ».

Par ailleurs, dans cette première section, seules les missions du chef de projet sont précisées.

Pour le néophyte, que retient-on ?

 La taille optimale du groupe de travail : une dizaine de personnes,

 La composition du groupe de travail : elle peut varier en fonction des phases du processus,

 Le rôle clé du chef de projet et du responsable de la CPC qui travaille « conjointement » avec le chef de projet.

Cette première section ne permet pas de clarifier le rôle des professionnels, si ce n’est qu’ils doivent, dans la mesure du possible, participer à l’ensemble des travaux et particulièrement à l’élaboration du RAP.

La deuxième section en dit un peu plus sur le rôle des membres du groupe et sur les modalités de travail, à condition d’en lire très attentivement le contenu. Concernant le calendrier, le seul élément précisé concerne l’objectif d’achèvement « pour une mise en œuvre à la rentrée de l’année n ».

S’agissant du rôle des participants au groupe de travail, le texte précise que ceux-ci devront :

 valider les modalités de travail et le calendrier proposé par le chef de projet et le responsable de CPC,

 débattre des propositions,

 arbitrer des divergences,

 imaginer des pistes de travail,

 et, si on se reporte à la ligne 25 de la page 49 (!!), valider le référentiel de certification ou l’ensemble des textes.

Sur les modalités de travail, le choix entre plusieurs options est laissé à l’appréciation du chef de projet, en fonction de critères d’efficacité et de coût : un groupe, plusieurs sous groupes… Dans tous les cas le chef de projet sera responsable de l’ensemble des travaux.

Enfin, cette deuxième section s’achève sur « trois points clés » :

 la validation régulière des travaux par la CPC concernée (mais à quelles étapes précisément ?) après la rédaction du RAP,

 la remise du présent guide aux membres du groupe (mais à quel moment ?),

 l’information à faire sur les modalités de défraiement.

Cette deuxième section permet donc de disposer des informations de base sur le rôle des différentes parties dans le cadre des groupes de travail et d’appréhender la dynamique souhaitée du groupe de travail : « il est nécessaire que chacun se sente engagé et accepte le cahier des charges ». Elle permet en outre de clarifier les modalités effectives de travail et le rôle clé du chef de projet dans ce cadre. Néanmoins comme évoqué précédemment, une lecture attentive de tout le document est indispensable du fait que la mise en page ne permet pas de mettre en exergue les éléments clés s’agissant en particulier du rôle des différentes composantes du groupe de travail et des modalités de travail possibles.

La section trois est l’occasion d’attirer l’attention sur la confidentialité des travaux et productions du groupe et rappelle au chef de projet et au responsable de CPC, les principes de diffusion de l’ensemble des productions.

En résumé

 Une grande densité d’informations et le choix d’un style littéraire privilégiant les exemples et illustrations mais pas de schémas récapitulatifs ni de synthèse des points clés à retenir en particulier pour un professionnel néophyte

 Des concepts, notions et productions pour une part explicités mais une importante complexité pour un néophyte qui se retrouve rapidement dépassé s’il s’engage dans la lecture de l’ensemble du guide.

 Sans recours au guide à destination des membres de la CPC, pas de possibilité d’appréhender le champ complexe des diplômes professionnels et le rôle des différentes parties associées à leur création et rénovation.

 Un grand nombre de recommandations et de prescriptions mais qui ne s’adressent pas aux professionnels qui vont devoir suivre les recommandations du chef de projet et s’adapter pour apporter leurs témoignages et leur propre expertise au regard de ce qu’ils appréhenderont des enjeux de la démarche à laquelle ils sont conviés.

 Très peu d’explicitations sur le processus de travail et sur le déroulement des groupes de travail si ce n’est un cadre général avec une description des options possibles.

 Pas d’information sur la durée des travaux en nombre de séances ni sur les délais de production des référentiels.

Pas de recommandation particulière destinée aux professionnels, pas de point de vigilance ou autre complément utile pour eux : à première lecture, ils se retrouvent dans une position de contributeurs

« passifs », avec en perspective une complexité à affronter lors du déroulement du groupe de travail.

 Des fonctions et rôles de chacune des parties certes énoncés, mais de façon peu explicite.

Cette lecture met en évidence un décalage entre les objectifs affichés en début de guide (« remarques générales ») et les explicitations ou recommandations effectivement fournies.

Présenté comme un « outil » au service des membres des groupes de travail, ce guide propose en réalité une

« formalisation de la procédure de construction des diplômes ». Son examen révèle finalement peu d’éléments permettant d’expliciter le rôle des professionnels. Un certain implicite caractérise également le vocabulaire. De nombreux termes utilisés, dans les référentiels eux-mêmes (comme savoir-faire, capacités, compétences terminales…) ne sont pas définis.

Le professionnel néophyte se retrouve donc seul face à la complexité de ce qui l’attend, sûrement avec un peu d’appréhension, surtout s’il ne dispose pas d’une expérience des CPC lui permettant d’appréhender, a minima, le système complexe dont les groupes de travail sont une composante.

Il ne dispose que de très peu d’élément pour se préparer et ce d’autant plus que nous avons constaté lors des échanges avec les professionnels qu’ils n’avaient – pour une large partie d’entre eux – pas connaissance du guide.

En réalité, cette communication parait plus orientée vers les chefs de projets, comme si son enjeu principal était celui de l’uniformisation d’une démarche dont on souhaite qu’ils soient les garants. D’ailleurs, il est la résultante, dans sa rédaction, d’une collaboration entre la Dgesco et l’inspection générale.

II - La place des professionnels dans le