• Aucun résultat trouvé

DU CABINET D’HISTOIRE NATURELLE AU MUSEUM :

Dans le document Muséum de Grenoble : une histoire naturelle (Page 136-199)

CHAPITRE QUATRE

LES CHAMPOLLION AU CABINET 1808-1822

En 1808, Ducros et Champollion-Figeac se côtoyaient dans les locaux du Collège où étaient installés la bibliothèque et le cabinet d’histoire naturelle. Ducros avait pris sa retraite en 1807 mais Fourier avait laissé à sa disposition le logement du bibliothécaire jusqu’en 1809. Ducros habitait donc à la bibliothèque où Champollion-Figeac venait d’être nommé bibliothécaire adjoint. On sait maintenant par ailleurs, grâce à un manuscrit inédit de Villars que nous avons découvert aux Archives municipales de Grenoble, que Villars a lui aussi habité au Collège jusqu’à son départ pour Strasbourg en 1805. La présence des gardes et des savants du cabinet à la même période au Collège a facilité les relations amicales entre eux, permis la transmission scientifique des connaissances entre les deux générations. Villars et Ducros ont ainsi pu travailler ensemble jusqu’en 1805. Ducros a pu former Champollion-Figeac jusqu’en 1809. On connaît les relations amicales qui liaient également les frères Champollion à Villars, Villars ayant été le professeur du jeune Jean-François à l’Ecole centrale. Une correspondance régulière et assidue l’atteste, à la fois amicale et savante, entre Champollion-Figeac et Villars depuis 1806, date de l’installation de Villars à Strasbourg jusqu’en 1811, peu avant la mort du botaniste115.

Deux interrogations organiseront alors notre réflexion. La première est de l’ordre de l’héritage : quelles furent les manifestations de la transmission savante entre les deux générations ? En quoi Champollion-Figeac fut-il l’héritier de Ducros ? De quelle façon Villars conseilla-t-il et forma-t-il les Champollion ? Notre deuxième interrogation portera sur les champs nouveaux explorés par Champollion-Figeac : fort de l’héritage transmis par les pionniers, dans quel domaine Champollion-Figeac a-t-il investi sa capacité créatrice ? En quoi s’inscrivait-elle dans la tradition de la Bibliothèque publique de Grenoble et quels sont les travaux qui l’illustrèrent ?

1 - LA POURSUITE DE LA CONSTITUTION DES FONDS SCIENTIFIQUES

Les acquisitions d’ouvrages du père Ducros pour la bibliothèque, nous l’avons vu, avaient essentiellement porté sur les ouvrages scientifiques. De 1772 à 1790, le père Ducros avait attribué en moyenne la moitié de son budget d’acquisitions en livres aux ouvrages de sciences. Pour le cabinet d’histoire naturelle, il s’était employé à en constituer les collections, rassemblant les cabinets de curiosités dauphinois et développant les collections minéralogiques, enfin à les classer selon le modèle établi par Buffon. Les ouvrages de la bibliothèque de Grenoble avaient alimenté pendant cette première période le cabinet d’histoire naturelle en outils d’étude. Ils avaient été révélateurs de la vitalité du cabinet. L’analyse des acquisitions de la bibliothèque de 1808 à 1816, période pendant laquelle Champollion-Figeac fut à la fois bibliothécaire et garde du cabinet, devra nous permettre de constater si, après le décès du père Ducros, l’intérêt pour les sciences se poursuivit à Grenoble.

115 Trois institutions à Grenoble se partagent l’ensemble de cette correspondance : la Bibliothèque Municipale, le Muséum d’histoire naturelle et les Archives départementales de l’Isère.

Pour le cabinet d’histoire naturelle, une double analyse, conduite à la fois à l’intérieur des collections alpines et des collections étrangères, devra vérifier le rôle de garde du Cabinet d’histoire naturelle confié à Champollion-Figeac : au cabinet, Champollion-Champollion-Figeac se cantonna-t-il dans un emploi de façade, préférant réserver ses talents à la bibliothèque, ou bien, conscient et respectueux de sa mission, fut-il un véritable acteur du cabinet ? Quelle fut sa contribution à l’enrichissement des collections scientifiques ? Toute la question est de savoir si nous pouvons inscrire le nom de Jacques Joseph Champollion-Figeac à la suite de celui de Ducros dans la lignée des gardes et des conservateurs du Muséum d’histoire naturelle de Grenoble.

1.1. Champollion-Figeac et les ouvrages scientifiques

Le départ du père Ducros laissa en effet un grand vide à la direction du cabinet d’histoire naturelle de Grenoble. La responsabilité du cabinet fut confiée au bibliothécaire Champollion-Figeac qui essaya de maintenir l’héritage du père Ducros116. Champollion-Figeac héritait d’une bibliothèque très inspirée par la pensée cosmogonique de Buffon, une bibliothèque dont les érudits qui l’avait rassemblée – Ducros, Gagnon, Villars – avaient été fascinés par la formation de la Terre mais aussi par la question des origines, s’étaient interrogés sur l’émergence des premières sociétés, l’origine des langues et l’histoire des religions. La lecture des registres de la bibliothèque de Grenoble nous a permis ainsi d’observer, après le départ de Ducros et jusqu’à la fin de l’Empire, la poursuite de la constitution des collections d’ouvrages scientifiques. Cette activité est à mettre au bénéfice de Jacques Joseph Champollion-Figeac, bibliothécaire adjoint puis bibliothécaire de la bibliothèque de Grenoble de 1808 à 1816. Son frère pousserait plus loin la question sur l’origine des langues.

Avant d’être nommé bibliothécaire, Champollion-Figeac entretenait déjà des relations amicales avec le savant Dominique Villars. Une correspondance s’en était suivie, depuis le départ de Villars à Strabourg en 1805 jusqu’à la nomination de Champollion-Figeac au poste de bibliothécaire à Grenoble en 1808. Cette correspondance atteste les liens toujours forts entre la bibliothèque et les sciences à Grenoble. S’appuyant sur les liens personnels qu’ils avaient noués au sein de la communauté savante de la ville, un intérêt réciproque pour les travaux des deux hommes nourrit le regard bienveillant de la bibliothèque de Grenoble pour les sciences. Jacques Joseph Champollion était secrétaire depuis 1806 de la Société des Sciences et des Arts de la ville de Grenoble, société issue de son union en 1800 avec l’ancienne Académie delphinale dont faisait partie Villars. La correspondance de Figeac à Villars datée de 1806 évoque la figure du jeune Champollion son frère, futur égyptologue, ancien élève et ami de Villars à l’Ecole centrale de Grenoble. Une certaine complicité de l’apprentissage unit le jeune Champollion et Dominique Villars autour de la bibliothèque : de même qu’une bonne connaissance des collections de celle-ci fut utile aux travaux du botaniste, la mise à disposition du jeune Jean-François des richesses en égyptologie de la bibliothèque de

116 C’est Dubois-Fontanelle qui avait été nommé bibliothécaire en 1808, mais il avait laissé l’entière responsabilité de la Bibliothèque publique à Champollion-Figeac. A sa mort en 1812, Champollion-Figeac endossa officiellement une responsabilité qu’il avait déjà de fait.

Grenoble par son frère Figeac contribua à l’avancée des travaux du jeune égyptologue. La période très courte de cette correspondance qui va de 1806 à 1808 permet de mesurer le phénomène propulseur que fut la bibliothèque dans la progression fulgurante du jeune Champollion. Les lettres montrent l’estime profonde qui unissait les frères Champollion et Villars. Elle atteste des envois d’exemplaires de leurs œuvres respectives auxquels ils procédèrent. Ainsi Figeac adressa à Villars un exemplaire de sa lettre sur l’Inscription de Denderah, sa Notice d’un manuscrit latin et ses Antiquités de Grenoble. En retour, il reçut pour la bibliothèque le Catalogue des plantes de Strasbourg. Le secrétaire de l’Académie sollicita le savant botaniste de travailler pour la société littéraire à un Mémoire comparatif de l’Agriculture du Bas-Rhin et de l’Isère. Figeac, qui assurait avec beaucoup de soin l’éducation de son frère, communiquait à Villars l’avancée des travaux de celui-ci, de son apprentissage des langues orientales – arabe, hébreu, syriaque et chaldéen, et de la publication qu’il avait faite à l’Institut d’Egypte d’un mémoire sur l’Etat de l’Egypte avant l’invasion de Cambyse. Figeac sollicitait l’aide de Villars et lui demandait d’intercéder pour son frère auprès de Fourcroy, chimiste et homme politique, assuré qu’il était que Villars favoriserait, au sein du réseau savant, la promotion des talents.

Ormis la correspondance, les achats en livres faits par Champollion-Figeac nous renseignent sur l’intérêt très vif que le bibliothécaire portait au cabinet. Une étude approfondie des ouvrages achetés par Champollion-Figeac pour la bibliothèque montre en effet que le bibliothécaire employa plus de la moitié de son budget livres aux ouvrages scientifiques. Il permit en cela à la bibliothèque de Grenoble de rester jusqu’à la fin de l’Empire un outil de références pour le cabinet d’histoire naturelle.

1.2. Champollion-Figeac et les collections d’histoire naturelle : la complicité de Fourier et de Faujas de Saint-Fond

Il découla en 1792 de la loi sur la départementalisation le projet d’établir, dans chaque département, des bibliothèques et des musées sur les biens saisis lors des confiscations révolutionnaires. Un arrêté consulaire de l’an XI prescrivit de remettre à la disposition (et donc à la charge) des municipalités les bibliothèques, les musées et les jardins botaniques issus de ces confiscations ou créés avant la Révolution. L’arrêté de 1803 institua officiellement les bibliothèques municipales, remettant aux communes les fonds devenus propriété de l’Etat. Confiés à Grenoble au maire Renauldon, ces fonds furent placés sous l’autorité du préfet. Fourier, préfet de l’Isère à son retour d’Egypte de 1802 à 1815, décida par arrêté la création d’une commission afin d’administrer la Bibliothèque publique et le Musée des Arts. La première commission se réunit et élit les personnalités parmi les plus connues de la sociabilité grenobloise : Gagnon président, de Barral vice-président117 et Gattel secrétaire118. La Bibliothèque publique s’entendait alors « bibliothèque et cabinet d’histoire naturelle ». Le musée d’art, avec à sa tête le conservateur Jay

117 Il s’agit à nouveau de Joseph de Barral, marquis de Montferrat, qui fut maire de Grenoble en 1800 puis démissionnaire la même année, président du tribunal d’appel de l’Isère et enfin député en 1804.

118

était, quant à lui, un autre établissement. Le bibliothécaire était tenu d’informer le maire de ses activités à l’intérieur du cabinet d’histoire naturelle, de consulter les membres de la commission administrative pour toute question concernant le cabinet. Les délibérations prises par la commission assuraient alors le fonctionnement du cabinet d’histoire naturelle de Grenoble.

Le Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble à l’intérieur de la Bibliothèque publique, après être passé de 1773 à 1792 d’un statut privé à un statut départemental, évolua de 1792 à 1803 d’un statut départemental à un statut municipal. Nous avons déjà analysé l’essor favorable au cabinet qui caractérisa cette époque, en étudiant dans un premier temps les ouvrages scientifiques de la bibliothèque publique puis en montrant l’intense activité déployée autour du savant Dominique Villars. Si nous considérons le climat philosophique favorable qui avait présidé en 1773 à l’établissement du cabinet, nous retrouvons en 1803, avec la présence du préfet Fourier, ce même climat. Les appartenances philosophiques des principaux acteurs animant ou contrôlant le cabinet d’histoire naturelle de Grenoble de 1803 à 1805 (le préfet Fourier, le savant Ducros, le maire Renauldon, le vice-président de la commission Barral de Montferrat puis le bibliothécaire Champollion-Figeac, tous francs-maçons), nous permettent ainsi d’observer une continuité favorable aux sciences et à l’essor du Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble. Cet accompagnement poursuivi depuis la Révolution et maintenu jusqu’à la fin de l’Empire a été observé par Jean et Nicole Dhombres dans leurs travaux consacrés aux sciences pour la même époque. Ces deux historiens ont montré, aussi bien dans la biographie de Fourier que dans leurs ouvrages sur des institutions scientifiques muséales comme le muséum de Nantes, la même continuité philosophique que celle que nous avons observée à Grenoble.

A Grenoble, l’influence des autorités locales sur le Cabinet d’histoire naturelle se fit directement ressentir par l’engagement personnel du savant et préfet dans l’organisation des collections. Fourier accorda une aide scientifique au père Ducros en lui adjoignant en 1802, en 1808 et en 1809 le savant Héricart de Thury, minéralogiste, auquel il demanda de classer les collections de minéraux du cabinet. Riche de sa première expérience encyclopédique en Egypte avec le corps expéditionnaire de Bonaparte, où tous les aspects de l’Egypte ancienne et moderne avaient été passés au crible, nous pensons que Fourier, arrivant à Grenoble, jugea indispensable de dresser un état scientifique sérieux de toutes les collections minéralogiques rassemblées par les savants grenoblois. Cet état serait le témoin des interrogations faites à Grenoble sur la formation des montagnes, des expériences chimiques qui y avaient été conduites, et dresserait l’inventaire des échantillons rapportés des différents voyages scientifiques. C’est ainsi que l’ingénieur des mines Héricart de Thury remit le premier inventaire et le premier catalogue du Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble selon la méthode de Haüy.

1.2.1 Les collections alpines

Comme nous l’avons fait pour les livres, nous avons retrouvé dans la volumineuse correspondance administrative de la Bibliothèque, les états du cabinet d’histoire naturelle que le bibliothécaire eut à rendre au maire à partir de 1803 jusqu’en 1815. Toutes les activités au sein du cabinet d’histoire naturelle décrites par Champollion-Figeac concernent les collections alpines,

qu’elles soient minéralogiques ou entomologiques. C’est ainsi qu’il relate au maire les soins qu’il a apportés à une collection d’insectes arrivée en don au cabinet. Il a à s’occuper également du don du marquis de Viennois, ancien administrateur de l’Académie delphinale dont le cabinet minéralogique, connu des voyageurs, avait été remarqué par Dolomieu. Il mentionne le classement par le botaniste Jullien119 des formes cristallographiques120 du cabinet d’histoire naturelle d’après la méthode de Romé de l’Isle. De la même façon doit-il remettre en 1809 à Fourier pour le ministre de l’intérieur Fouché les catalogues d’histoire naturelle du département de l’Isère. Il transmet ainsi le Catalogue de Minéralogie, celui des Quadrupèdes, celui des Oiseaux, celui des Insectes, celui des Plantes alpines et l’Herbier. Une correspondance s’engage alors entre le ministre de l’Intérieur et le préfet au sujet du cabinet d’histoire naturelle de Grenoble, correspondance que transcrit Figeac :

J’ai reçu les différents ouvrages imprimés et manuscrits relatifs à votre département que vous avez eu l’attention de m’adresser le quatre de ce mois, et je m’empresse de vous en faire mes remerciements. J’aurai soin, conformément à vos désirs, de vous faire repasser les catalogues des objets d’histoire naturelle déposés au musée de Grenoble, aussitôt que j’aurai pu en faire usage et consulter des naturalistes dont je me propose de recueillir les avis. Les soins que prend M. Champollion-Figeac pour compléter et entretenir en bon état la riche bibliothèque publique de cette ville, méritent beaucoup d’éloges et prouvent le zèle de ce savant pour contribuer aux progrès des sciences. Veuillez, je vous prie, lui témoigner ma satisfaction et le remercier en mon nom de ces utiles travaux.

La quasi totalité des activités et des états du cabinet d’histoire naturelle dont Champollion-Figeac eut à rendre compte révèle l’intérêt des autorités pour la première vocation du cabinet de Grenoble, celle sur laquelle il avait bâti sa réputation : la minéralogie. Il n’est alors pas surprenant de conclure à la participation active de Fourier, le savant qui avait participé à l’Expédition d’Egypte, aux collections locales dauphinoises. Les intérêts scientifiques de Fourier, à l’instar de ceux de tous les Grenoblois attachés au cabinet d’histoire naturelle de Grenoble, s’expriment de cette façon à la fois dans les études égyptiennes qu’il a amplement favorisées, et les collections d’histoire naturelle de l’Isère que le préfet a suscitées. On retrouve ainsi chez lui la double orientation scientifique des travaux des Grenoblois depuis la constitution des premiers cabinets, à savoir les collections exotiques et les collections alpines.

Le Fonds Champollion déposé aux Archives départementales de l’Isère révèle l’importante correspondance scientifique que Champollion-Figeac échangea avec des naturalistes jusqu’en 1815121. Cinq lettres de Villars à Champollion-Figeac de 1808 jusqu’à la maladie de Villars en 1811 prodiguèrent au successeur de Ducros des conseils pour asseoir son autorité au sein des deux établissements ou pour organiser le cabinet. La correspondance de Champollion-Figeac avec Faujas de Saint-Fond totalise quant à elle plus d’une douzaine de lettres de 1808 à 1816. Les conseils du naturaliste permirent à Champollion-Figeac de tenir ainsi le rôle de véritable garde du Cabinet

119 Abbé JULLIEN : professeur de botanique, successeur de Villars au Jardin de botanique de Grenoble.

120 Formes en bois ou en carton servant à l’identification des minéraux d’après leurs figures géométriques.

121 Papiers de la famille Champollion-Figeac : 1772-1867, en 60 vol. (ADI, Fonds

d’histoire naturelle de Grenoble à la suite de Ducros. C’est Faujas de Saint-Fond qui aida Champollion-Figeac à constituer une nouvelle collection pour le cabinet d’histoire naturelle, la toute première collection ichtyologique du département de l’Isère :

L’idée de réunir pour le Cabinet public d’histoire naturelle l’ycthiologie (sic) du département est parfaitement bien conçue. Il faut que vos bocaux en verre soient d’une belle matière. Bien transparente et d’un beau verre. Il vous en faut de toute grandeur : l’on se serre ordinairement de trois portions d’eau distillée et d’un quart d’esprit de vin. Lorsqu’il est bien concentré et tel qu’on en trouve à acheter à Montpellier à meilleur marché qu’ailleurs ; il y a des poissons, les mucilagineux, qui exigent le tiers d’esprit de vin pour se conserver. Il arrive quelquefois que l’esprit de vin se colore, soit avec le tems, soit par la nature de certains poissons. Il faut alors restaurer par la distillation. Les bocaux doivent être fermés avec d’excellents bouchons ; le dessus et les joints recouverts de pâte d’amande faite avec le marc des pains dont on a tiré l’huile d’amande douce. On délaie cette pâte d’amande dans un peu d’eau pour pouvoir l’employer, et on la recouvre avec une coeffe de parchemin bien ficelée.

Pour ce faire, Faujas de Saint-Fond mit en 1815 Champollion-Figeac en relation avec Lacépède, titulaire au Muséum national d’une charge d’histoire naturelle et en charge des Reptiles et des Poissons.

1.2.2 Les collections étrangères

C’est encore Faujas de Saint-Fond qui mit Champollion-Figeac en relation avec Haüy, titulaire de la chaire de Minéralogie au Muséum national. La correspondance entre les trois savants permit au Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble d’échanger des cristaux contre le montage de trois peaux de lions par le Muséum national. Et Faujas de conclure :

Et vous pourrez vous vanter alors [à Grenoble] d’avoir trois objets très rares dans votre Cabinet.

Faite d’entraide, de conseils et d’échanges, cette correspondance de Champollion-Figeac avec les naturalistes continua, après le décès du père Ducros, à alimenter les collections scientifiques. Elle ne devait cesser qu’au décès de ses correspondants. Déjà, une caractéristique générale se dégage de l’ensemble de cette correspondance relative au cabinet : sa contribution aux progrès de l’égyptologie. En précurseur, Champollion-Figeac préparait les collections exotiques du Muséum de Grenoble.

Dans l’ouvrage qu’il a consacré à Mounier, René Bourgeois relate que celui-ci, durant son exil, échangeait des livres de botanique avec Goethe à Weimar. L’anecdote peut paraître banale mesurée à l’engouement généralisé de l’époque pour les sciences naturelles. Elle prend une toute autre importance quand on ajoute avec René Bourgeois, qu’à la mort de Mounier en 1806, on retrouva dans la riche bibliothèque du Dauphinois les Plantes de Dauphiné, l’ouvrage majeur de Dominique Villars. Les acquisitions de la Bibliothèque de Grenoble faites de 1808 à 1816 par Champollion-Figeac reflétèrent encore ce goût généralisé de l’époque pour les sciences. Elles mirent l’accent sur les sciences naturelles, favorisant ainsi la constitution de nouvelles collections pour le cabinet d’histoire naturelle. A côté des collections minéralogiques et botaniques de l’ancienne province du Dauphiné rassemblées par Ducros, une

nouvelle collection vit le jour : la collection ichtyologique du département de

Dans le document Muséum de Grenoble : une histoire naturelle (Page 136-199)

Documents relatifs