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Le choix des variables est au centre de la réussite de la construction d’un indice de stress financier. Pour ce faire, il faut choisir diverses séries temporelles qui pourraient faire ressortir le plus possible le stress financier sur le marché canadien. Les données sont mensuelles puisque ceci permet de sélectionner les variables parmi un plus vaste répertoire, en opposition aux données hebdomadaires de l’étude américaine. L’échantillon de 35 variables s’étend de janvier 1998 à avril 2013. Ce choix permet la comparaison entre notre indice de stress financier et celui de la Réserve fédérale de St-Louis, en plus d’inclure la crise financière de 2008. Les variables sont divisées en trois grandes catégories : les taux d’intérêt, les écarts de rendement et les autres variables.

Le choix des données sous la catégorie TAUX D’INTÉRÊT est majoritairement tiré des données du gouvernement du Canada. En effet, la première variable est le taux directeur de la Banque du Canada. C’est le taux d’intérêt au jour le jour fixé par la banque centrale du Canada, qui lui permet de réguler l’activité économique. Les autres donnés de cette catégorie sont les taux de rendement des obligations du gouvernement net de l’inflation.

Ces trois séries temporelles sont basées sur les obligations de type gouvernemental et ont des échéances de 2 ans, de 10 ans et de plus de 10 ans, respectivement, il est important d’avoir différentes échéances d’obligations gouvernementales puisque ceci permet de faire ressortir de l’information complémentaire sur les marchés. Les obligations à plus courte échéance donnent des indications sur la santé économique à court terme. Les obligations long terme affichent un taux de rendement plus volatile, puisqu’elles sont influencées beaucoup plus longtemps par une augmentation ou une diminution des taux d’intérêt. Ces taux apportent donc de l’information sur la confiance des investisseurs face à l’économie du pays pour un horizon éloigné. L’inflation a été soustraite de ces variables pour capter uniquement les changements de rendement dû à la conjoncture économique et pour contrôler pour la croissance nominale du pays.

Le deuxième sous-groupe est le celui des ÉCARTS DE RENDEMENT. C’est dans cette catégorie qu’il est possible de comparer les différents types de variables. Le premier écart est la différence entre le rendement des obligations gouvernementales à échéance 10 ans et 3 mois. Cet écart permet de mesurer la différence entre des obligations de 3 mois, dont le rendement est moins volatile et des obligations beaucoup plus sensibles au choc, celle à échéance 10 ans. Une grande variance entre ces rendements indique une période d’instabilité sur le marché canadien.

Un autre écart important à inclure dans l’indice de stress financier est la différence entre les taux de rendement des papiers commerciaux et les obligations gouvernementales 3 mois. Les papiers commerciaux sont un outil financier qui permet aux entreprises d’emprunter directement à des investisseurs sans avoir à passer par les institutions financières, dans des conditions semblables à celles sur le marché monétaire. Si la différence entre ces deux taux est élevée, alors les entreprises canadiennes sont en mauvaise condition à court terme. Ce qui peut être un indicateur de stress pour les entreprises et les investisseurs.

Le prochain écart pour bâtir l’indice de stress financier (FSI) est celui entre le LIBOR-OIS. La première variable est le « London InterBank Offered Rate ». Le LIBOR est calculé en faisant la moyenne du taux d’intérêt auquel les banques privées les plus solvables peuvent emprunter pour une échéance entre une journée et un an. L’« Overnight Indexed Swap » utilise la même idée, mais c’est une moyenne géométrique du taux d’un jour pour les échanges entre les banques centrales des autres pays. Dans ce cas-ci, le taux OIS est la moyenne de la différence de taux entre les banques canadiennes et les autres. L’écart entre ces deux variables est souvent utilisé comme indicateur de santé du système bancaire, en utilisant le LIBOR comme variable de référence.

Finalement, un amalgame de taux de rendement obligataire canadiens a été créé pour tirer le plus d’information possible du marché de la dette au Canada. Pour ce faire, plusieurs indices d’obligations, d’échéance très courte ou d’échéance très longue ont été sélectionnés. Les indices sont composés d’obligations fédérales, d’obligations corporatives, etc. Certains indices mélangent tous les types de titres à revenu fixe, mais ont une échéance commune. Après avoir sélectionné les indices de titres à revenu fixe, chacun d’eux a été soustrait par le taux de rendement des obligations canadiennes qui correspond à leur échéance. Par exemple, un indice court terme a été soustrait par le taux de rendement des obligations canadiennes 2 ans, moyen terme avec les taux 5 ans et long terme avec le taux 10 ans. Les indices avec une échéance de moins d’un mois ont été soustraits par le taux de financement à un jour du Canada, c’est-à-dire le taux directeur. On soustrait les taux de rendement gouvernementaux au taux de rendement corporatif puisque les obligations gouvernementales sont beaucoup moins risquées que les obligations corporatives et qu’un écart élevé entre ses deux variables peut démontrer que les entreprises canadiennes sont en difficulté. Alors, elles doivent emprunter à un taux d’intérêt plus élevé pour pallier au risque supplémentaire encouru par les détenteurs de ce type d’obligations. Par contre, si les émetteurs d’obligations des entreprises ne sont pas en situation de détresse, elles peuvent se permettre d’offrir un taux qui se rapproche plus du rendement offert par le gouvernement canadien.

Parmi les variables incluses dans le troisième sous-groupe AUTRES, notons la présence du VIX américain : cette donnée est utilisée pour donner une mesure de la volatilité du marché. En effet, lorsque le marché est volatil plus il a y de l’instabilité et plus les investisseurs l’utilisent pour spéculer sur les marchés. C’est donc un indicateur avancé de la confiance des investisseurs envers le système financier. On ne peut pas utiliser le VIXC (canadien), puisqu’il existe seulement depuis 2008. Il est quand même pertinent d’utiliser celui des États-Unis puisque l’économie du Canada est fortement liée à celle des États- Unis.

Il est de plus, important d’inclure le canal par lequel ces deux économies sont liées, c’est-à- dire le Taux de change entre le dollar canadien et le dollar US. De forts ajustements du taux, à la hausse ou à la baisse, peuvent signifier qu’une des deux économies est affectée par un épisode de stress financier.

De plus, pour avoir une variable qui représente mieux la spécificité de l’économie canadienne, la variable Composite Price Index de la Banque du Canada (BCPI)1 est la

meilleure option. Cet indice est une moyenne pondérée en dollars américains des prix des matières premières produites au Canada, mais vendues à l’international. Cet indice conçu par la Banque du Canada regroupe les différents secteurs de matières premières en importance au pays. Les marchés sont l’énergie avec le pétrole, le gaz naturel et le charbon, ensuite, il a y les métaux et les minéraux. Les trois derniers secteurs sont la foresterie, les produits agricoles et la pêcherie.

Le prix de certaines valeurs mobilières a aussi été inclus pour aller chercher encore plus la volatilité sur les marchés et complète l’ajout de plusieurs variables du marché des revenus

fixes. Les actions choisies sont celles des secteurs les plus importants pour l’économie canadienne, telle que le secteur bancaire, de l’aviation, de l’énergie, financier, des assurances, hypothécaire et des services publics. Lorsque ces secteurs sont touchés par un épisode de stress financier, l’effet se fait ressentir rapidement au sein du marché financier canadien.

Finalement, la dernière variable qui compose notre indice de stress financier est un autre indice, mais celui-ci est basé sur la performance des institutions financières du Canada. En effet, le S&P/TSX Financial Index divisé par le S&P TSX est composé des rendements des banques, des compagnies financières et des compagnies d’assurances du Canada. Ce ratio a été incorporé aux variables explicatives puisqu’il a été démontré que la crise de 2008 fût en grande partie répandue et aggravé par la faiblesse du système bancaire de certains pays. Ce qui est probablement un bon canal à surveiller lors de période de stress. De plus, le système bancaire est un marché très important pour le Canada puisqu’il est composé de seulement quelques institutions avec une très grande capitalisation boursière.

Le graphique 3 présente un échantillon de variables en niveau et d’écarts, provenant des 3 sous-groupes. Elles sont normalisées, mais pas agrégées par l’analyse en composantes principales. On remarque que plusieurs d’entre elles ont une forte augmentation de leur niveau pendant la crise financière. Le VIX et de taux de rendement de l’indice d’obligation corporative à moyen terme fluctue plus fortement et avant les autres. Le taux directeur a subi une forte baisse pendant la crise financière, tandis que la variable d’écart entre le rendement des bons du trésor 10 ans et 3 mois, reflétant une augmentation de risque pour les taux court terme et une préférence pour les taux long terme. L’indice boursier S&P TSX finance divisé par le S&P TSX est beaucoup moins volatile que tous les autres variables présentées puisque les entreprises financières canadiennes sont restées stables malgré la crise.

Graphique 3 Variables canadiennes en niveau normalisées

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