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CHAPITRE I E TUDE B IBLIOGRAPHIQUE

4.2 Les données épidémiologies

Dans cette sous-partie les données épidémiologiques concernant les patients qui ont survécu à un cancer de la zone pelvienne et qui sont en rémission sont précisées. L’objectif principal, malgré le peu de données à notre disposition est l’évaluation de la prévalence, de la sévérité et de l’impact de ces syndromes douloureux successifs aux traitements anticancéreux sur la qualité de vie des patients.

4.2.1 La Prévalence et la sévérité

4.2.1.1 Etudes cliniques concernant les patients ayant survécu à un cancer de la prostate

Les stratégies thérapeutiques, utilisant les rayonnements ionisants afin de traiter le cancer de la prostate, sont la curiethérapie et/ou la radiothérapie externe (cf. annexe 1).

D’une part, l’utilisation de la curiethérapie seule provoque l’apparition de dysuria, définie dans les études cliniques comme une sensation de brûlure à la mixtion, et ceci dans les semaines suivant l’implantation de la sonde radioactive chez ces patients (Arterbery et al., 1993; Kleinberg et al., 1994; Merrick et al., 2003). La moitié des patients de l’étude de Merrick et al., était atteint de dysuria un mois après l’implant radioactif (Merrick et al., 2003). Chez ces patients, la fréquence de ce symptôme est relativement faible et sa sévérité décrite comme légère à sévère (Arterbery et al., 1993; Kleinberg et al., 1994; Merrick et al., 2003). Cependant, le nombre de patients atteint de dysuria diminue dans le temps. De tels symptômes disparaissent en effet au bout de quatre à six mois (Kleinberg et al., 1994).

D’autre part, Pettersson et al., ont étudié la prévalence de l’apparition de douleurs urétrales chez des « survivants au cancer » de la prostate, depuis un an et jusqu’à quatorze ans après la fin de leur traitement. Cette étude a permis d’évaluer l’influence de plusieurs paramètres sur l’incidence de ces douleurs, à savoir (Pettersson et al., 2013) :

 le mode de traitement, i.e. la radiothérapie externe seule ou associée à une curiethérapie,

 l’importance de la dose délivrée et,

74 Trois ans après la fin du traitement 19% des hommes traités par radiothérapie externe et curiethérapie souffraient de brûlures urétrales ou de douleur à la mixtion contre 10% des patients ayant été soumis à la radiothérapie externe seule (10% étant le pourcentage de personnes souffrant de ce type de douleur dans la population Américaine). L’importance du choix du traitement et une relation entre fractionnement et incidence douloureuse sont ainsi mises en évidence à travers cette étude.

4.2.1.2 Les études cliniques concernant les patients ayant survécu à un cancer du côlon

Les études qui s’intéressent aux « survivants du cancer » du côlon sont évoquées dans cette sous-partie. L’attribution des douleurs ressenties par ces patients au traitement de leur cancer, et encore plus particulièrement aux effets de la radiothérapie externe, est difficile. Cependant ces études mettent en avant l’importance numéraire et l’impact négatif considérable de ces douleurs chroniques chez ces « survivants au cancer ».

Phipps et al., dans leur étude de 2008, se sont intéressés aux symptômes à long terme (au moins cinq ans après la fin du traitement) de ces « survivants au cancer ». Dans cette étude, 73% des patients ont subi un traitement par chimiothérapie et seulement 13% des patients ont été traités à la fois par chimiothérapie et radiothérapie. Parmi l’ensemble de ces patients 50% attribuent leurs symptômes à leur cancer et 30% disent souffrir de douleurs physiques. Ces douleurs, comme les problèmes liés aux dysfonctionnements sexuels sont les symptômes décrits par ces patients comme étant les plus sévères (Phipps et al., 2008).

L’étude clinique de Lowery et al., (étude sur la prévalence et le type de douleur) portait sur l’étude des douleurs chez les patients survivant au cancer du côlon sur une période s’étalant de un à dix ans après la fin de leur traitement. Les stratégies thérapeutiques qui ont été utilisées sont : (i) la chirurgie (1/3), (ii) la chirurgie couplée à la chimiothérapie (1/3) ou, (iii) la chirurgie couplée à la radiothérapie (1/3). Dans cette étude, 23% des « survivants au cancer » souffraient de douleurs (jambe, pieds, dos, pelvis, rectum, organes génitaux, bras, abdomen, cou). Parmi eux 39% les attribuaient soit à leur cancer soit à son traitement. Dans cette étude, l’utilisation d’un questionnaire a permis de mettre en avant que 50% des patients avec des symptômes douloureux décrivaient au moins une des caractéristiques des douleurs de type neuropathique. Il est cependant à noter que la très grande majorité de ces patients,

75 décrivant ou pas des sensations de douleur, utilisait un traitement anti-douleur (Lowery et al., 2013).

4.2.1.3 Récapitulatif pour les patients ayant survécu à un cancer de la zone pelvienne

Parmi les symptômes de la « pelvic radiation disease », Andreyev et al., ont rapporté que 8 à 52% des patients ayant été traités pour des cancers de la zone pelvienne (cancers gynécologiques, recto/ anaux et urologiques) souffraient de douleurs diverses (abdominales, rectales, anales ou périanales) dès trois mois après la fin de leur traitement. L’incidence de ce symptôme sur la qualité de vie des patients a d’ailleurs aussi été évaluée (tableau 4) (Andreyev, 2007).

Tableau 4 : Fréquence des douleurs chez les patients ayant subi une radiothérapie pelvienne à partir de 3 mois après la fin de leur traitement pour différents types de cancers, et, impact de ces douleurs sur la qualité de vie des patients (d’après (Andreyev, 2007)).

Douleur

(abdominale, rectale, anale or périanale)

Fréquence (%) Proportion des patients souffrant de douleurs affectant selon eux leur qualité de vie (%)

Cancers gynécologiques 34-52% 28-77%

Cancer rectal et anal 13-27% 0

Cancers urologiques 8-18% 10%

4.2.2 L’intérêt des études cliniques et leurs facteurs limitant

L’interprétation des études cliniques précédemment citées doit se faire avec beaucoup de précautions.

76 En effet, dans la majorité des études certains paramètres ne sont pas pris en compte et d’autres manquent de précision :

 les différents traitements anti-tumoraux ne sont pas toujours spécifiés ; et, lorsque c’est le cas, l’ensemble des données obtenues est fourni de manière « globale » sans corrélation avec le ou les co-traitements auxquels sont soumis les patients,

 les temps d’étude après la fin du traitement varient grandement (même au sein d’une même étude) et pourtant il semble que la douleur puisse être dépendante de ce paramètre,

 dans certains cas, seule l’étude d’un paramètre douloureux est considérée (par exemple la douleur à la mixtion) alors que les douleurs viscérales sont sourdes et diffuses. L’étude d’un seul paramètre ne semble ainsi pas suffisante pour retranscrire ce phénomène biologique, enfin,

 au moment de l’étude, les patients peuvent être sous traitements médicamenteux (exemple : antalgique, anti-inflammatoire, antidépresseur), et ce point n’est pas toujours mentionné alors qu’il est indispensable à l’interprétation des symptômes douloureux.

Ces différentes limites rendent l’interprétation et la comparaison des études difficiles.

Néanmoins, elles permettent malgré tout de rendre compte d’un certain nombre d’informations importantes :

 un lien semble exister entre le protocole de radiothérapie mis en place (type de radiothérapie i.e. brachythérapie ou radiothérapie externe, fractionnement) et la fréquence des patients développant des syndromes douloureux ainsi que l’intensité de ces douleurs,

 l’importance de l’utilisation de questionnaire qui permet de mettre en avant les caractéristiques de la douleur pour améliorer son traitement est mis en avant dans l’étude de Lowery et al., 2013. Il est cependant regrettable qu’aucune corrélation ne soit donnée entre le type de douleur (neuropathique ou non) et le type de traitement(s) des patients considérés,

 enfin, si on considère d’une part, l’augmentation croissante du nombre de patients survivants au cancer, et, ceci, de plus en plus longtemps après la fin de leur

77 traitement ; et, le pourcentage de personnes souffrant de douleur dans ces études, un état de fait important est traduit: le nombre de patients, en valeur absolue, affecté par ces douleurs pathologiques est considérable. Ces études permettent de mettre en avant de manière efficace la nécessité d’une meilleure prise en charge de la douleur chez ces « survivants au cancer ».

Dans ce contexte, l’objectif est bien entendu de trouver une stratégie thérapeutique permettant la diminution de la douleur et ayant un minimum d’effets secondaires dans l’objectif d’améliorer la qualité de vie de ces patients.

4.3 Les stratégies thérapeutiques de lutte contre les douleurs