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 Car toute distance et mise à distance est construite socialement, faisant de la marge et de la marginalité les

expressions de la dissidence, de la contestation, parfois de

la déviance »

1 CANDELIER-CABON Martine GAUDIN Solène. 1. CANDELIER- CABON Martine, GAUDIN Solène, La France Des Marges, op. cit., p.8.

01.2 La déviance. Refuge, rejet ?

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/ Tentative de définition de la déviance

La déviance est subordonnée à la norme, or la norme revêt différents aspects. Une norme peut être dictée par la loi, les institutions, mais aussi être la source plus informelle de comportements établis par tradition, autorité par la position, l'âge...

Becker s'intéresse dans un premier temps à ces normes informelles1 : des groupes qui main-

tiennent certaines normes et les font respecter. La déviance est alors complexe car il existe plusieurs degrés d'étrangeté : sommes-nous tous «l'Outsider» de quelqu'un ?

Beaucoup de théories se sont essayées à la définition de la déviance. Certaines ont supposé  que l'acte déviant découlerait d'une caractéristique propre à l'auteur de l'acte déviant, induisant donc que la réalisation de la déviance est plus ou moins inévitable pour certaines personnes. Ce qui est dénoncé dans cette théorie, c'est qu'elle part de la nomination de la déviance comme une donnée. Plusieurs  définitions  de  la  déviance  ont  été  théorisées, et il nous a semblé intéressant de les retranscrire brièvement.

La première est que la déviance relèverait de la pathologie, en prenant exemple le comportement d'un homosexuel ou d’un toxicomane considérés comme malades mentaux. Les psychiatres ont qualifié  de  maladie  tout  ce  qui  présentait  un  signe de dysfonctionnement par rapport à la norme établie. Or l'homosexualité est-elle une maladie parce que l'hétérosexualité est la norme ? Certains  sociologues  ont  défini  comme  déviant 

1. Dans BECKER Howard S., Out- siders : Etudes de sociologie de la déviance, Paris, Editions Métailié, 1985, 250 p. Première Paru- tion en 1963 aux éditions Free Press of Glencoe.

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toute forme de répression envers la stabilité et la norme, le déviant étant assimilé à des symptômes de désorganisation sociale pour eux. Une théorie plus relativiste a défini la déviance  comme le défaut d'obéissance aux normes du groupe. Elle est la plus proche de Becker. Après analyse des normes qui s'appliquent à un groupe, on peut juger si la personne a transgressé ces normes  ou  non  et  donc  si  elle  est  qualifiée  de  déviante au sein du groupe.

Ainsi, nous pouvons comprendre que la déviance - et sa réalisation - sont intimement liées aux personnes qui émettent le jugement de déviance. Pourtant, notre société se compose de différents groupes (sociaux, regroupement, cercle, associations culturelles, cultuelles …) et donc de différentes normes, et on se demande donc si une personne peut interagir avec plusieurs groupes, c'est à dire transgresser une norme d'un groupe comme la respecter dans un autre.

Au fond, de qui est-elle la déviante ? Est-elle même déviante ?

Becker insiste sur le fait qu’il ne croit pas aux normes reconnues par tous, qu’il n’y a pas de norme générale, absolue. Ce qui nous ramène en conclusion à être tous le déviant d’un autre. Une définition qui traite toutes les situations de  normes et donc de déviance est-elle alors possible ? Si la déviance est la conséquence des réactions face à l’acte d’un individu, les déviants ne sont pas homogènes, mis à part leur dénomination commune.

Qu’y a t-il de commun à tous ceux qui sont rangés sous l’étiquette de déviant ? Peut-être que la

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déviance mérite de dépasser le nom commun, la déviance se distingue peut-être plus sous la forme d’un processus ?

// Etre déviant, de qui, par qui ?

Le point de départ de l'analyse de Becker est de considérer la déviance avant tout comme un processus, le produit d'une transaction entre un groupe social et un individu qui, selon le groupe, a transgressé une norme.

On s'intéresse moins aux caractéristiques personnelles et sociales des déviants qu'au processus par lesquels ils sont considérés comme étrangers au groupe, ainsi qu'à leurs réactions face à ce jugement.

La réaction face à un acte peut varier dans le temps : le déviant peut être traité avec plus d'indulgence à un moment donné qu'il ne l'aurait été à un autre moment. Par exemple ceux en charge de l'application de la loi peuvent à tout moment lancer une offensive plus ou moins répressive contre une catégorie de personnes considérées déviantes. Le traitement des toxicomanes ou des prostitués par exemple, nous montre que la loi tend à certains moments - dans un intérêt précis - à l'éviction de ces déviants par des mesures plus fortes  qu'auparavant  et  cela  par  la  justification  d'une loi, qui n'a pas changé, ni évolué…

Nous pouvons ainsi comprendre que le choix d'un instant t pour faire respecter la loi, comme le choix d'un instant t pour stigmatiser sont des processus de création de déviants.

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Les normes sont donc créées par des groupes sociaux  spécifiques,  groupes  aux  normes  différentes, par leur histoire et environnement, tradition, ethnie et classe sociale.

Dans quelles mesures la collectivité tente t-elle d’imposer ses normes à d’autres individus qui n’y souscrivent pas ? Quels groupes en sont capables ? Cette question de pouvoir - politique et économique - conforte-t-elle l’idée que la majorité est un fondement inopposable ?

« Le délinquant de classe populaire qui se bat pour