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 Cette évolution sémantique est révélatrice du changement en cours des pratiques et des catégories légitimes, mais

elle reste encore aujourd’hui un enjeu de lutte de légitimité,

les deux types de catégorisations toxicomane et usager

de drogues pouvant coexister actuellement. Le terme de

toxicomane est encore aujourd’hui largement utilisé dans

le champ judiciaire ou psychiatrique, le terme d’usager de

drogues est plutôt d’usage dans le champ de la réduction

des risques. »

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JAUFFRET-ROUSTIDE Marie

1. Ibid.

02.2 Traitement des drogues et politique en France

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1. Le cas aux Pays-Bas depuis 1986. Ce décalage temporel s’explique par des politiques différentes, en France l’usage de drogue est un délit pénal, on observe un discours d’interdit moral dominant alors qu’aux Pays- Bas il y a une vo- lonté d’efficacité et de normalisation de l’usage de drogues. 2. Décret pris le 19 décembre 2005 puis complété par une circulaire le 2 janvier 2006. 3. Communiqué de presse sur la loi de santé de la préven- tion à la réduction des risques. Publié le 09/03/2015. FÉDÉRATION ADDICTION, 2015, «Addictions et loi de santé. De la prévention à la ré- duction des risques, consolider des réponses coordon- nées», Paris.

//// La loi santé 2004

Le 9 août 2004, une loi de Santé Publique officialise  la RDR comme paradigme de la politique des drogues en France1, elle affirme pour la première 

fois la responsabilité de l’État en matière de santé. Elle va accorder le statut d’établissement de santé publique à ce qui était auparavant des locaux ou simples associations, en les finançant  par l’assurance maladie. Apparaissent alors par décret en 20052 de nouveaux lieux, appelés

Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues (CAARUD).

La loi de 2015 organise donc ensuite le déploiement de ces structures. La Fédération Addiction (FA) et d’autres acteurs de la RDR portent un plaidoyer commun pour expliciter et défendre la RDR et son nécessaire appui sur des outils et expertise partagée entre professionnels et usagers. La loi propose des avancées importantes : la généralisation du dépistage et des Tests Rapides à Orientation Diagnostique (TROP) pour le VHC, l’extension de la RDR en milieu carcéral, et enfin  un cadre pour l’expérimentation des salles de consommation à moindre risque (SCMR)3.

La politique de réduction des risques (RDR) s’adresse à des publics vulnérables dont les pratiques d’usage de substances les exposent à des risques majeurs. Elle s’appuie notamment sur la distribution de matériel stérile à usage unique (seringues, pipes à crack, matériel de sniff, kits d’injection et d’inhalation…) et la diffusion des traitements de substitution aux opiacés. La prévention des pathologies infectieuses repose

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aussi sur l’incitation au dépistage du VIH et des hépatites B et C ainsi que la vaccination contre le VHB. Une autre finalité majeure de la politique  de RDR est de favoriser l’accès des usagers de drogues aux droits sociaux (logement, formation, emploi…), notamment pour les plus démunis et désocialisés.

Approximativement, 11,3 millions de seringues ont été distribuées ou vendues aux usagers de drogues en France en 2016, chiffres en très légère hausse par rapport à 2008. Les ventes de seringues en pharmacie sous forme de kits d’injection, qui représentent un tiers des seringues distribuées aux usagers de drogues en 2016, ont diminué d’un quart en 5 ans, compensées par la hausse de la distribution en CAARUD, en CSAPA, par les automates et par le programme postal d’échange de seringues.

Prise en charge par le traitement, des offres de soins

Deux dispositifs permettent de dispenser des traitements aux usagers de drogues illicites : le dispositif spécialisé de traitement des addictions, c’est-à-dire la mise en place d’établissements spécialisés, les centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA).Environ 132 000 personnes ont été prises en charge dans les CSAPA ambulatoires en 2014 pour un problème avec des drogues illicites ou des médicaments psychotropes détournés de leur usage.

Cependant la prescription des traitements TSO se fait principalement en médecine de ville par les médecins généralistes et leur dispensation a lieu le plus souvent en pharmacie d’officine. En 

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2016, 151 500 personnes ont reçu un traitement de substitution aux opiacés délivré en officine de  ville et 22 900 patients ont eu une dispensation en CSAPA.

Sur le plan de l’offre de traitement en ambulatoire, les pouvoirs publics ont développé une prise en  charge  spécifique  aux  jeunes  usagers  par  la  création des consultations jeunes consommateurs (CJC) en 2004. Il existe à l’heure actuelle environ 540 points de consultation ouverts. Bien qu’il n’existe pas de « programmes » nationaux à destination d’autres groupes cibles, certains CSAPA se sont spécialisés dans une prise en charge adaptée à tel ou tel public (femmes avec enfants, personnes ayant commis une infraction, etc.).

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Nous pouvons constater depuis les années 70 en France une certaine prise de conscience des problèmes de gestion des drogues. La lutte contre la drogue a évolué par la voie des politiques comme du secteur associatif et professionnel, créant ainsi de nouvelles lois, visant à réduire le risque que représentent les drogues.

La nouvelle politique de réduction des risques pose néanmoins la question des créateurs de normes, « les entrepreneurs de morales » de Becker. Quelle est leur véritable idéologie quant à la réduction des risques ? On peut se poser cette question car les partisans de la RDR qui ne visent plus en termes d'idéologie l'abstinence ni la prohibition de la drogue, semblent prôner leur caractère apolitique.

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Ce type d’établissement qui vient en complément d’un CAARUD en France au plus près des lieux de consommation des personnes, a été permis après de longues années de combat. Aujourd’hui Aujourd’hui, le dispositif de la salle de consommation à moindres risques peut être considérée comme l’aboutissement historique de notre politique de santé vis-à-vis des drogues. Elle est l’objet concret et spatialisé de notre réponse aux drogues, aux précaires, à la marge. Ainsi, nous aborderons le déroulé historique qui a permis la mise en place de cette structure. Nous verrons par les acteurs politiques et locaux et son implantation, comment l’initiative de la SCMR est intimement liée au territoire.

« Les salles de consommation à moindre risque (SCMR)