• Aucun résultat trouvé

Un schéma de dispersion majoritairement à (très) courte distance ponctuée par quelques événements de dispersion à (plus) distance ponctuée par quelques événements de dispersion à (plus)

dispersion efficace au sein d’un site naturel colonisé par Undaria pinnatifida

III. 2. Matériels & Méthodes

III.4.2. Un schéma de dispersion majoritairement à (très) courte distance ponctuée par quelques événements de dispersion à (plus) distance ponctuée par quelques événements de dispersion à (plus)

longue distance

Les tests d‟isolement génétique par la distance géographique sont significatifs sur les deux sites (excepté au site RT en 2008) et sur toutes les zones (excepté pour les zones I et II du site BV en 2007) corroborant les effets discutés dans le précédent paragraphe (i.e. effet Walhund au sein des sites et de certaines zones). L‟isolement par la distance résulte d‟un flux de gène limité et conduit à un assemblage de sous-unités génétiquement différentes résultant de ces barrières à la dispersion. L‟ensemble des analyses de la distribution de la diversité génétique (regroupement spatial, estimation des tailles de voisinage et analyses d‟autocorrélation spatiales) conduisent à des interprétations similaires notamment au travers de la détection de sous-unités génétiques restreintes dans l‟espace ayant un diamètre inférieur à environ 20-30m. Ainsi, les tailles de voisinage sont petites de l‟ordre de quelques dizaines d‟individus et les déviations standards des distances de dispersion généralement de l‟ordre de quelques mètres sont toujours inférieures à 13m (Tableau III.6). Les événements de dispersion à courte distance semblent ainsi modeler le paysage génétique caractérisant U. pinnatifida dans les deux sites étudiés.

Si la majorité des événements de dispersion efficaces semble se produire à courte distance, les mêmes analyses montrent tout de même, de façon mineure, des événements de dispersion à plus longue distance. Les tests d‟assignation ont par exemple permis d‟identifier

un faible pourcentage d‟individus assignés à une zone où ils n‟avaient pas été échantillonnés. De même avec les résultats des analyses par regroupement : un groupe d‟individus est divisé en deux sous-groupes, séparés par une distance d‟environ 30 m.

Ce schéma global de dispersion correspond assez bien aux courbes de dispersion de type II proposées par Bobadilla & Santelices (2005). Ces auteurs ont effectué des estimations de l‟abondance des spores de différentes algues en trois sites et ont construit 258 courbes de distribution de ces abondances en fonction de la distance à leur point d‟émission. Ces courbes ont été ensuite comparées à un attendu théorique (un modèle nul, présenté dans la figure III.8-A). Dans 43,8% des cas, les courbes observées correspondent à celles prédites par le modèle nul, caractérisé par une large concentration de spores à proximité des « sources ». Ce schéma est interprété comme un effet de dilution des propagules en fonction de la distance au point d‟émission. Néanmoins, un grand nombre de courbes (56,2%) sont significativement différentes de la courbe prédite par le modèle nul. Les auteurs les ont regroupées en trois types. Le type II (Figure III.8-B) est caractérisé par des propagules en densité importante près du point d‟émission mais également un autre pic de densité à plus grande distance. Ce modèle correspond assez bien à ce que nous observons chez U. pinnatifida à partir de nos données génétiques, dans les deux sites étudiés ici.

Les données dont nous disposons ne nous permettent pas de déterminer les vecteurs à l‟origine de ces événements de dispersion à plus longue distance. En effet, plusieurs mécanismes pourraient être impliqués:

(1) l‟installation réussie de quelques spores transportées sur de plus grandes distances et qui auraient gardé tout leur pouvoir germinatif

(2) des disséminations de spores à nouveau à des échelles très locales mais produites par des sporophytes matures en épave. Comme nous avons eu l‟occasion d‟en discuter dans les précédents chapitres, les thalles matures dérivants sont en effet des vecteurs de la dispersion influents chez de nombreuses macro-algues brunes. Macaya et al. (2005) ont par exemple montré que les sporophytes matures de Macrocystis pyrifera étaient impliqués dans de tels événements de dispersion sur de longues distances.

Figure III.8 : En A, la figure montre le modèle nul utilisé dans cette étude. Il s’agit d’une courbe de dispersion, représentant une décroissance de la densité en propagules (spores) en fonction de la distance au point d’émission des spores selon la formule : y=a-b.ln(x) où y est la densité en propagules et x la distance au point d’émission.

En B, la figure montre différents exemples de courbes de dispersion de type II, un des types parmi les 3 catégories de courbes observées sur la base des données de terrain.

Figure issue de Bobadilla et Santelices (2005)

Des résultats de même nature ont été observés sur les côtes de Tasmanie par Forrest et al. (2000) et Silwa et al. (2006) chez U. pinnatifida. Ce dernier mécanisme est ici possible du fait de conditions environnementales défavorables (tempêtes, turbulences intenses, fréquentes sur les côtes de Bretagne Nord) qui peuvent faciliter le détachement des sporophytes. Par ailleurs, le transport de thalles peut être aussi facilité lorsque les individus se trouvent en épiphytes sur les extrémités d‟autres algues ; c‟est ce que nous avons observé dans les deux sites avec de nombreux individus en épiphytes sur Dictyota

dichotoma faiblement attachés au substrat. Des individus matures étaient d‟ailleurs

présents dans les laisses de mer dans les deux sites d‟étude.

(3) une dormance des gamétophytes pourrait également contribuer à générer en apparence des flux de gènes à longue distance par des effets de décalage temporel (inter-annuels) entre l‟émission des spores et le développement de sporophytes. Les stades microscopiques des Laminariales (gamétophytes) ont en effet la capacité de rentrer en dormance suite à des perturbations environnementales (température, lumière, nutriments ; Reed 1992). Se comportant comme des particules passives, ces stades microscopiques « dormants » peuvent être remis en suspension par la turbulence de l‟eau associée aux perturbations, être transporté sur de plus grandes distances et se fixer. Des épisodes de recrutement massif ont été documentés après de telles périodes de perturbations (Reed et al. 1988). Si le temps de dormance est supérieur à une génération, la « levée de dormance » de ces gamétophytes pourrait entraîner le mélange de plusieurs générations de sporophytes aux caractéristiques génétiques différentes.