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L’objectif de cette étude était de décrire l’évolution de la CC au cours du traitement chez des enfants atteints de pathologies malignes afin, à terme, d’améliorer la prise en charge nutritionnelle en ciblant davantage la perte de MM et la prise de MG. Il s’agissait à notre connaissance de la 1ère étude dans la littérature française, et seulement la 2ème toutes langues confondues (3), décrivant les modifications de la CC dans le temps lors du traitement d’un cancer chez l’enfant mesurées par bio-impédancemétrie.

4.1/ Evolution de la composition corporelle:

Cette étude a montré que l’évolution de la CC était la plus importante entre le diagnostic et 6 mois, avec une perte de MM et une augmentation de MG à M3. De plus, nous avons vu qu’il pouvait exister une évolution inverse entre MM et poids, ce qui illustre l’importance du suivi de la MM, dont la valeur pronostique est la plus importante. La MM tendait ensuite à ré- augmenter à M6 puis re-diminuait à M9. Cette évolution avait également été mise en évidence, par Brinksma et al. (3) mais qui observait dans son étude, 17% d’enfants dénutris contre 0% dans notre étude à M3. Les 3 premiers mois correspondant en effet à la période de traitement la plus intensive (phase d’induction) pour la plupart des enfants: traitement par prednisone, déxaméthasone, séances de radiothérapie, chimiothérapie avec effets secondaires indésirables (mucite, asthénie, anorexie).

Dans cette étude, toutes les pathologies tumorales étaient à risque d’augmentation de la MG, en particulier les 3 premiers mois, sans aucune significativité retrouvée concernant l’influence de la corticothérapie et la radiothérapie.

Quatre-vingt pourcent des patients étudiés ont reçu une corticothérapie (protocolaire et dans le cadre de l’HTIC). Nous avons montré, comme d’autres (3,4,6,16) avant nous, qu’il s’agissait d’un facteur de risque de perte de MM et d’augmentation de la MG : en effet, les glucocorticoïdes augmenteraient la consommation d’énergie des patients et auraient un rôle, autre que l’augmentation des ingesta, sur la béta-oxydation des acides gras et la dépense énergétique de repos (12) mais sans atteindre la significativité comme dans d’autres études. La variation plus faible et la chute de MG moins importante tout au long du traitement pour les enfants atteints de tumeurs hématologiques étaient expliquées par l’utilisation de corticoïdes tout au long du traitement contrairement aux enfants atteints de tumeurs cérébrales recevant une corticothérapie seulement durant les premiers jours suivant le diagnostic. Le calcul exact des doses de corticothérapie utilisée dans les tableaux d’HTIC n’a pas pu être

calculé (données informatiques manquantes). Un % de MG plus élevé au diagnostic et une surnutrition étaient observés dans le groupe radiothérapie pouvant être expliqués par un déficit en hormone de croissance, un trouble des hormones thyroïdiennes très souvent présents au diagnostic de ces pathologies liés à la tumeur elle même (3,15).

Ceux qui bénéficiaient d’une radiothérapie initiale (et donc d’une corticothérapie anti-HTIC), correspondaient aux 3 patients atteints de tumeur cérébrale, avaient également une augmentation de leur MG du diagnostic à M3 accompagnée d’un état de surnutrition. Cette évolution de CC anormale chez ces patients peut être attribuée à l’altération de la sensibilité de la leptine au niveau hypothalamique (23,24) induite par la radiothérapie ainsi qu’à l’existence d’un polymorphisme de cette dernière altérant sa fonction et donc la régulation du poids. Cependant, certaines études récentes ne mettent pas en évidence d’association entre radiothérapie et évolution positive de la MG (16).

L’augmentation importante secondaire de M6 à M9 (+7%) de la MG dans le groupe radiothérapie correspondait aux deux enfants ayant reçu de la radiothérapie pendant ces périodes dans le cadre d’une tumeur solide (sarcome d’Ewing) et d’un lymphome de Hodgkin.

L’évolution (de la MG) sensiblement superposable dans ces deux groupes peut être expliquée par la plus grande proportion d’enfants ne recevant pas d’irradiation mais une corticothérapie (inclusion d’un plus grand nombre d’enfants atteints de pathologies hématologiques).

Une MM haute au diagnostic (2 patients avec MM > +2 DS) jusqu’à 9 mois de traitement était observée chez les enfants atteints de tumeurs solides contrairement à certaines études (3) sans modification majeure de leur CC après la chirurgie d’exérèse tumorale. Un enfant évoluait vers une surnutrition de 9 à 12 mois d’évolution pouvant être expliqué par une irradiation focale et pulmonaire protocolaire.

Enfin, ce travail confirme le fait que le poids et l’IMC ne sont pas des reflets fidèles de l’évolution de la CC. A 3 mois en particulier, l’IMC, qui était stable par rapport au diagnostic, ne permettait pas d’apercevoir le changement majeur de CC que subissaient les patients ; il en est de même pour l’ IW. Ceci confirme le fait que la mesure de la CC doit faire partie intégrante de l’évolution nutritionnelle, en particulier chez ces patients au métabolisme très perturbé.

4.2/ Les limites de l’étude:

Cette étude présente plusieurs limites. Tout d’abord, le nombre de patients inclus était faible. En effet, le service d’Immuno-Hémato-Oncologie Pédiatrique du CHU de Grenoble Alpes est un petit centre de recrutement avec une faible proportion de tumeurs solides et cérébrales, et la durée d’inclusion pour ce travail a été limitée dans le temps. De même, le nombre de mesures par patient a diminué au fil du temps car tous les patients n’ont pas encore terminé l’étude. Ce travail présente en effet des résultats préliminaires ; les inclusions et le suivi de la CC se poursuivent.

Les limites de cette étude incluent également de possibles biais de mesure d’impédancemétrie. En effet, la réalisation dans des conditions strictement identiques était difficilement réalisable (mouvements de l’enfant, prises opérateur-dépendant des mesures de tours de taille et de hanche). D’autres facteurs confondants potentiels sont la présence d’hyperhydratation lors des chimiothérapies, la réplétion vésicale, l’heure du dernier repas. L’intérêt de réaliser ces mesures à la fin de chaque phase du traitement protocolaire (fin d’induction, pré/post-chirurgical) doit se discuter pour certaines pathologies malignes. Enfin, par manque de moyens, nous n’avons pas pu étudier deux facteurs majeurs influençant la CC : l’activité physique de l’enfant, et la quantification des ingesta. Il est donc prévu de poursuivre cette étude en y incluant des évaluations de l’activité physique par actimétrie et

questionnaires d’activité, ainsi que des relevés alimentaires à chaque temps. Ceci permettra de mieux comprendre l’évolution de la CC chez ces patients, et à terme d’essayer de l’influencer de façon positive.

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