• Aucun résultat trouvé

Partie 3 Recueil de données et analyse des résultats

3. Discussion des résultats

Les faits saillants que l’on peut constater dans les retours des différents acteurs sont nombreux mais nous pouvons en dégager principalement trois : problème de matériel, de compétences et de stress.

Les résultats des deux enquêtes nous permettent de remarquer que certains acteurs n’étaient pas équipés en outils informatiques ce qui représente un problème considérable pour pouvoir se former et enseigner à distance. D’une part, certains professeurs ont rencontré des problèmes au niveau de leur connexion à internet quand le débit n’était pas puissant à

61

l’endroit où ils vivaient. De plus, ce souci concernait aussi une petite partie des étudiants qui étaient dans une situation difficile et qui n’avaient pas un accès à internet stable quand d’autres n’avaient pas les outils informatiques permettant de suivre une formation à distance et en ligne qu’il s’agisse d’un ordinateur, d’une tablette ou d’un smartphone. Les questionnaires nous apprennent également que les principaux acteurs n’ont pas tous eu auparavant l’expérience d’une formation à distance. Au niveau des apprenants, cela se traduit dans les résultats par le fait que plus d’un étudiant sur deux (56%) n’a jamais suivi de cours à distance. En effet, selon le pays d’origine, et en fonction des cursus antérieurs, l’utilisation du numérique pour apprendre n’est pas encore ancré dans tous les établissements. C’est souvent l’institution qui organise, et met en œuvre ce type d’enseignements et cette pratique n’est pas encore généralisée partout dans le monde. De la même manière, on remarque qu’au niveau des enseignants seulement 8% avaient déjà donné des cours en visioconférence, ce qui représente une petite minorité.

Par ailleurs, bien que le CUEF dispose d’un espace dédié sur la plateforme Eformation, on constate que moins de la moitié des professeurs (44%) en avait fait usage pour leurs cours. Un parallèle peut ici être fait avec le dispositif eFLE, qui était présent en ligne depuis quelques mois pour enrichir les cours intensifs du CUEF et qui n’avait pas été fortement mobilisé par les enseignants avant la fermeture des classes. Pourtant, à la suite de la période s’étalant de la mi-mars à mai, c’est-à-dire, en deux mois et demi, le taux d’utilisation de la plateforme est passé de 44% à 64%, ce qui constitue une augmentation notable. Concernant les habitudes d’apprentissage des étudiants, elles se sont trouvées bouleversées car avant la fermeture des universités, les professeurs du CUEF n'utilisaient pas tous le numérique dans le cadre de leurs cours. C’est pourquoi les enseignants ont fait un gros travail pour adapter leurs contenus de cours afin, entre autres, de rendre, leurs ressources médiatisées attractives et dynamiques (Bonfils, 2020). Ceci pour motiver et maintenir l’intérêt de l’apprenant tout en favorisant sa compréhension pour lui permettre « d'apprendre devant un écran » (Peraya & Peltier, 2020). Ainsi, en raison des compétences hétérogènes des différents acteurs, une aide à la mise en place de la formation à distance a été utile et nécessaire pour les accompagner progressivement dans cette nouvelle modalité d’enseignement et d’apprentissage. Ceci a été la mission des différents pôles de la continuité pédagogique qui ont fait de leur mieux pour apporter un soutien au niveau des formations, des examens, des ressources et des inscriptions des étudiants. Nous avons vu que cette formation distance a nécessité l’utilisation de plusieurs outils de communication pour continuer les classes. Ainsi, il a fallu pour la plupart des acteurs un temps d’adaptation pour apprivoiser ces nouveaux

62

environnements et pour utiliser de la meilleure façon ces outils afin de les intégrer convenablement aux pratiques. C’est pourquoi des tutoriels, et des formations ont été élaborés mais on se rend compte que les étudiants ont manqué de soutien à ce niveau-là. En effet, comme les enseignants étaient eux aussi novices pour la plupart dans l’utilisation de ces outils, il leur a été difficile de transmettre aux apprenants les différentes manières d’employer ces logiciels pour se former.

Figure 8 Expérience antérieure des enseignants avec les outils en ligne

Figure 9 Expérience des enseignants avec les outils au cours de la continuité

Enfin, le dernier fait saillant est d’ordre plutôt psycho-émotionnel et est lié à la situation de crise sanitaire mondiale et au confinement. On retrouve des points communs dans les retours des deux publics. En effet, le sentiment de solitude exprimé par les étudiants se caractérise par le manque d’interactions et de contact avec les camarades et peut se relier aussi au fait que peu d’heures de cours en visioconférence aient été organisées selon eux. Aussi, certains ont eu le sentiment de ne pas pratiquer assez la langue française à l’oral avec leur enseignant et les autres étudiants du groupe. Ils ont aussi exprimé leur préférence pour les cours en présentiel. Ceci se retrouve également chez les enseignants qui ont verbalisé leur frustration de ne plus faire cours en présentiel, ainsi que leur besoin de bouger et de sentir la classe pour enseigner. Les enseignants auraient également souhaité avoir plus de réunions pédagogiques, ce qui aurait permis de maintenir une certaine cohésion de groupe. Un dernier point commun, toujours d’ordre psycho-émotionnel, concerne le stress ressenti sur la période qui semble lié

8% 44% 88% 92% Cours en visioconférence e-formation/ Moodle Padlet Ressources FLE 0 20 40 60 80 100

L'expérience des cours en ligne

avant la continuité

64%80% 96% 96% eformation/Moodle Mail 0 20 40 60 80 100

L'expérience des cours en

ligne pendant la continuité

63

pour les étudiants à l’isolement et à la nécessité de s’accommoder aux nouveaux outils, en plus d’être confinés pour la plupart dans un pays étranger loin de leurs proches. De la même façon, les enseignants ont eu le sentiment de devoir travailler dans l’urgence, ce qui se manifestait par le fait de recevoir une multitude de mails et par le fait que la préparation des cours était chronophage. Nous faisons le lien avec cette nécessité d’utiliser, d’intégrer et de se former à de nouveaux outils pour travailler de façon précipitée et sans y être au préalable préparé.

Figure 10 Représentation graphique des principales difficultés

Bilan des difficultés des acteurs

fatigue stress

surexposition aux écrans augmentation du temps de travail Manque d'informations Travailler de chez soi

64

Chapitre 8. Leçons à tirer et pratiques mises en place