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Discussion Objectifs atteints

Dans le document « Communication, information et savoir : (Page 24-28)

En somme, l’expérimentation de la classe inversée a été extrêmement positive et révélatrice. La problématique du manque de temps a pu être en grande partie résolue. En fait, la classe inversée a permis une récupération d’environ 80%

du temps de classe dans des cours du sigle ANGL 1021 où habituellement la théorie en format magistral avait lieu. Avec cette récupération de temps, le processus de communication et d’information a pu basculer et être mis davantage au service des savoirs. Conséquemment, les activités d’approfondissement qui favorisent la rétention de l’information bonifiant l’approche communicative de l’enseignement d’une langue seconde déjà utilisée en salle de classe ont pu avoir lieu plus fréquemment. Du coup, par ces activités ainsi que par les capsules vidéo, les autres éléments requis à une meilleure transmission des savoirs ont aussi été grandement bonifiés: soit la motivation des étudiants, des apprentissages plus actifs et la prise en charge des apprentissages par les étudiants. D’ailleurs, le professeur Korotckv confirme que ces trois éléments sont essentiels à la transmission des savoirs à long terme (2014). Enfin, avec cette récupération du temps de classe, la satisfaction de la professeure d’aider suffisamment les étudiants éprouvant des difficultés et la satisfaction de transmettre la matière efficacement a été plus importante. La classe inversée est donc une stratégie d’enseignement plus que satisfaisante qui peut servir davantage les savoirs ainsi que leur durabilité de par une approche différente de l’organisation de l’information et de la communication. Pour tous ses points, le cours ANGL 1021 se déroulera désormais de façon inversée.

Critique

Cependant, pour que la classe inversée serve bien les savoirs, il faut bien l’exécuter pour ne pas tomber dans les pièges évoqués par la critique. Une des critiques de la classe inversée est la professeure Ellen S. Hoffman qui, dans un article où elle se réfère à plusieurs autres critiques, évoque trois arguments en défaveur de cette méthode d’enseignement (2014). Premièrement, elle analyse

© COSSI 2015 24 avec l’aide des articles de Manjinder et de Tucker la classe inversée comme un enseignement encore trop centré sur l’enseignant et non sur l’étudiant, car le savoir est encore transmis magistralement, mais cette fois avec les technologies (2012). Bien qu'il soit vrai que dans le format expérimenté, les savoirs n’ont été transmis que par la professeure sous forme de capsules vidéos, les processus d’apprentissage ont été centrés sur l’étudiant, car celui-ci était responsable d’assimiler le contenu de chaque capsule vidéo, à plusieurs reprises s’il le jugeait nécessaire, et d’effectuer les activités d’approfondissement en classe reliées au contenu. Ceci rend déjà plus efficace et plus active l’apprentissage des étudiants par opposition à la passivité des classes en magistral. Puis, en agissant comme un guide, la professeure a pu faire de la différenciation en offrant un apprentissage plus centré sur l’étudiant. Deuxièmement, avec l’aide de l’article de Mackice, madame Hoffman critique la partie technologique de la classe inversée en évoquant que les capsules vidéos sont faites juste pour attirer l’attention des étudiants et qu’ils ne sont pas mieux que la lecture (2012). Comme mentionné précédemment, les étudiants sondés après l’expérimentation de la classe inversée ont majoritairement allégué avoir été plus motivés par les capsules technologiques. L’outil technologique sert donc la motivation qui en retour aide les étudiants à mieux apprendre et à mieux retenir l’information (Korotckv 2014). De plus, une bonne diversité dans l’utilisation des TIC permet de faire plus de différenciation. Troisièmement, par le biais de Tucker, elle évoque que souvent les professeurs implémentant la classe inversée gardent les mêmes devoirs qu’en format traditionnel et que ce qui change est seulement le calendrier des cours qui se retrouve inversé (2012). Une partie des devoirs traditionnels comme les exercices de grammaire peuvent certainement être rapportés en classe inversée pour que les étudiants bénéficient de la présence du professeur en tant que guide et pour ainsi faire davantage de différenciation. Néanmoins, il est certain que pour ancrer les savoirs, un renouveau dans les activités d’approfondissement en classe doit être implémenté.

Changement de paradigme

En fait, la classe inversée n’est pas une solution miracle, mais un début de stratégie pour de meilleurs apprentissages. Comme le mentionne Marcel Lebrun, il y a plusieurs niveaux de classe inversée et tous sont déjà mieux qu’une structure traditionnelle en magistral (2014). Une fois de plus, comme ont mentionné les auteurs Guichon (2014) et Lebrun (2014), ce qui est de mise est un changement de paradigme dans le renouvèlement des pratiques pédagogiques, nécessaire pour accéder à une plus grande durabilité des savoirs. Ce changement est aussi concluant d’après l’expérimentation de la classe inversée dans le cours ANGL 1021. Il est possible que certaines matières puissent moins se prêter à ce format, de même que chaque professeur a droit à ses propres préférences et croyances.

Toutefois, que ce soit par la classe inversée ou par une autre méthode d’enseignement qui encourage un apprentissage actif comme l’approche par problème utilisé en médecine et en science infirmière ou le « scale-up » utilisé dans les cours d’entrepreneuriat, il faut revisiter les pratiques pédagogiques et considérer les changements. Avant d‘entreprendre tout changement, il faut

© COSSI 2015 25 réfléchir longuement et examiner comment une nouvelle forme d’organisation de l’information et de la communication servira les savoirs. Par exemple, le changement virtuel des organisations et de l’ère numérique appelle à d’autres outils pour accompagner l’apprentissage. La culture de communication et d’information traditionnelle actuelle est très ancrée dans nos institutions d’enseignement et comme le mentionne la professeure Jeanne Godin, en basant son affirmation sur plusieurs recherches, avec tout changement vient une résistance (2015). Cependant, il est possible de changer les manières de faire sans compromettre les apprentissages à long terme.

Appel à l’interdisciplinarité

Cette communication appelle à un renouvèlement des pratiques pédagogiques, mais aussi à l’interdisciplinarité. Étant donné le peu de travaux interdisciplinaires entre les sciences de l’information et de la communication et la classe inversée, une réflexion sur leurs interrelations dans l’apprentissage des savoirs en éducation s’impose. Cette interrelation comme processus intégré à la pédagogie est malencontreusement souvent oubliée. L’unique examen de la pédagogie seule n’est pas suffisant, il faut revoir l’approche pour organiser l’information autrement et l’approche pour communiquer ce contenu autrement, pour ainsi réorganiser les savoirs. Pour que l’enseignement soit en constante évolution et plus durable, cette réflexion est de mise. L’organisation de l’information et de la communication en salles de classe dans les institutions d’enseignement doit se renouveler profondément afin de bâtir un avenir durable, sans mettre en péril l’avenir de ces dernières ou celui des individus ou des collectivités, avec des apprentissages qui valent le coup. Comme le proposent Diemer (2012) ainsi que Ullmann, Vidal et Bourcier (2008), pour que le concept de durabilité soit transversal, surtout en région et dans de petites institutions, il faut qu’il y ait un changement profond de paradigme axé sur la durabilité dans la façon d’apprendre. Comme débutée dans l’expérimentation de la classe inversée du cours ANGL 1021, l’interdisciplinarité décrite ci-haut a pu permettre de se rapprocher davantage d’un tel changement, grâce aux bénéfices tangibles et réels observés qui dépassent ceux de l’enseignement magistral malgré le besoin d’une expérimentation plus poussée.

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Les organisations « durables » à la lueur du concept d’autogestion : le cas des

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