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Discussion générale et conclusion sur l'ammoniac anhydre

ETUDE DE CONSERVATEURS POUR FOINS HUMIDES

3.4. CHLORURE DE SODIUM

3.5.1. Essais de laboratoire sur foin en enceintes calorifugées à aération contrôlée

3.5.2.4. Discussion générale et conclusion sur l'ammoniac anhydre

Au cours d'essais de laboratoire menés en enceintes calorifugées à aération contrôlée, nous avons démontré l'effet améliorateur très net de l'ammoniac sur l'échauffement et les pertes de MS de fourrages contenant pour certains seulement 49,7 % de MS. Les doses à employer dans les conditions du laboratoire sont de 1 à 1,5 % pour les fourrages à 65-75 % de MS et de 1,5-2 % pour les fourrages plus humides ; des essais de ce type n'ont pas été rapportés dans la revue bibliographique réalisée.

Les premières expériences effectuées en conditions réelles (traitement sur la presse et traitement sous vide en cuve étanche) se sont soldées par de mauvais résultats, expliqués par l'absence de

confinement des fourrages traités sous atmosphère ammoniacale, selon les conclusions d'essais similaires de KUNTZEL, LESHEM et PAHLOW (1980) et de KOEGEL, STRAUB et SHINNERS (1985). Le traitement par fumigation à l'intérieur de meules bâchées suivi de la conservation temporaire ou intégrale en atmosphère ammoniacale a donc été retenu pour la suite des expériences, à l'exemple de WINTHER et al. (1983, THORLACIUS et ROBERTSON (1984) et WOOLFORD et TETLOW (1984).

Une élévation importante de la température du fourrage est constatée à l'injection, en raison de la chaleur de dissolution de l'ammoniac et peut-être, selon KOEGEL, STRAUB et SHINNERS (1985), du fait de réactions exothermiques de liaison avec les constituants du fourrage (et plus particulièrement la lignine).

Nous avons constaté que l'échauffement augmentait avec la dose apportée et l'humidité du fourrage et qu'il pouvait atteindre 70°C, valeur proche des températures maximales 80 et 86°C citées respectivement par KUNTZEL, LESHEM et PAHLOW (1980) et ATWAL et HESLOP (1984). L'effet inhibiteur de l'ammoniac attribué au relèvement du Ph par WOOLFORD et TETLOW (1984) ou à l'ammoniac "libre" par LANCASTER et al. (1975) augmente avec la dose de traitement et devient extrêmement net à partir de 3-4 % ; cet effet apparaît sélectif aux doses plus faibles, les bactéries se montrant dans l'ensemble, lors de nos essais, plus tolérantes à l'ammoniac que les champignons ; KUNTZEL, LESHEM et PAHLOW (1980) étaient déjà parvenus à une conclusion analogue, non confirmée cependant par WOOLFORD et TETLOW (1984).

Les actinomycètes apparaissent sporadiquement dans nos échantillons sans qu'il soit possible de dégager de tendance ; leur tolérance à l'égard de l'ammoniac semble d'ailleurs controversée (BENHAM et REDMAN, 1980 ; PAHLOW, 1981).

La flore fongique des foins traités ne correspond en aucune manière à celle des foins humides échauffés dans lesquels figurent surtout des espèces thermophiles ou thermotolérantes décrites au chapitre 1 : Aspergillus fumigatus, Rhizomucor pusillus, R. miehei, Absidia corymbifera,

Emericella nidulans, Thermomyces lanuginosus, etc...

Les foins ammoniés hébergent une flore très sélectionnée composée de levures (Rhodotorula

rubra et Candida sp.) auxquelles s'ajoutent principalement Penicillium roqueforti, P. steckii, Eurotium amstelodami et surtout Scopulariopsis brevicaulis, dont l'activité métabolique peut se

traduire par la production d'ammoniac (BOTTON et al., 1985).

Le développement de ces espèces à la mise en aérobiose se traduit par des échauffements limités, constatés au cours de nos essais.

Ce risque d'instabilité des foins traités selon la dose, la durée du confinement, puis le temps de conservation en aérobiose, a été signalé par WINTHER et al. (1983) et THORLACIUS et ROBERTSON (1984). Il semble donc préférable, sauf contraintes particulières, de laisser les meules bâchées durant le stockage et de ne découvrir les foins qu'environ 1 à 2 semaines avant l'utilisation par les animaux pour permettre à la majeure partie de 1'ammoniac libre de s'échapper (et éviter ainsi des phénomènes d'inappétence).

L'ammoniac apporté en quantité excédentaire, n'est pas valorisé par les animaux et passe dans les fèces et dans l'urine ; la mauvaise utilisation de l'azote apporté par l'ammoniac est également signalée par LECHTENBERG et al. (1978), WINTHER et al. (1983), DULPHY, ROUEL et BONY (1985). Ce phénomène pourrait être dû, d'une part, à l'effet thermique du traitement (Réactions de Maillard), amplifié par la présence d'ammoniac (cité par DEMARQUILLY et ANDRIEU, 1986), d'autre part, à une plus faible synthèse bactérienne dans le rumen, liée à une dépression de l'activité cellulolytique (BENHAMED et DULPHY, 1985).

Il est donc préférable de limiter la dose de traitement à une valeur juste suffisante pour inhiber la majeure partie de la microflore ; 2 % du poids brut représente de ce point de vue, un compromis acceptable qui correspond sensiblement aux valeurs recommandées par THORLACIUS et ROBERTSON (1984) et par KUNTZEL, LESHEM et PAHLOW (1980).

température du fourrage, n'a pas eu d'effets sensibles sur la préservation de la valeur azotée ; cette technique pourrait en outre, être à l'origine d'une moins bonne stabilisation du fourrage (DULPHY, ROUEL et BONY, 1985).

Les foins traités ont, dans nos essais, été mieux ingérés par les moutons que les foins humides témoins ou même que les foins secs témoins ; des résultats analogues ont été obtenus par JONES et al. (1985), LECHTENBERG et al. (1978) ; par contre, DULPHY, ROUEL et BONY (1985) signalent, sur vaches laitières, une moins bonne ingestibilité des foins traités par rapport aux foins témoins secs.

L'ingestion de quantités trop importantes de fourrages traités n'est cependant pas souhaitable en raison des dangers d'intoxication ammoniacale (CORDESSE, 1982). Pour cette raison, DULPHY, ROUEL et BONY (1985) recommandent que la part du foin traité ne représente pas plus de 50-60 % de la ration de base.

En conclusion, même si la valeur azotée réelle des fourrages traités n'est pas encore parfaitement connue (BENHAMED et DULPHY, 1986), le traitement à l'ammoniac d'un foin récolté trop humide, sous la menace de conditions météorologiques défavorables, peut être pratiqué, avec les meilleures chances de réussite en respectant les précautions suivantes :

 traiter des fourrages d'humidité inférieure à 35-40 % pour éviter les problèmes de fixation préférentielle ;

 traitement sous bâche étanche avec 2 % d'ammoniac (par rapport au poids brut de fourrage), effectué dans les 24 heures suivant la récolte ;

 maintien des fourrages sous bâche jusqu'à utilisation par les animaux ;

 limitation de l'apport du foin traité à 50-60 % de la ration de base.

Ces travaux menés dans le domaine de la conservation des foins humides ont également eu pour résultat d'ouvrir de nouvelles perspectives dans l'emploi de l'ammoniac.

En 1985, nous avons ainsi réalisé, conjointement avec la Société LIMAGRAIN et le CRZV de Theix (M. CHENOST) une opération portant sur la conservation et la valorisation pour l'alimentation animale de 2000 t de spathes humides de mais traitées à 2 % d'ammoniac avec le système ARMAKO (cf. photographie 2).

Photographie 2 : Vue générale du chantier de traitement de spathes de maïs avec le système ARMAKO

3.6. CONCLUSION DES ETUDES DE CONSERVATEURS POUR FOINS