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Après avoir analysé les résultats, nous sommes en mesure d’affirmer que notre première hypothèse selon laquelle les enseignants d’éducation physique sont moins à risque de burnout que les enseignants d’autres disciplines est partiellement validée. En effet, nous avons relevé que le score total de burnout ne présente pas de différence significative entre les deux groupes. Les enseignants d’EPS ne sont pas moins à risque de burnout que les enseignants d’autres disciplines. Toutefois, la lassitude cognitive, une des trois dimensions du burnout s’est révélée être significative. Les enseignants d’EPS ressentent moins de lassitude cognitive et sont donc partiellement moins à risque de burnout. Cette conclusion va dans la même direction que l’étude menée par le Ministère de l’Education Nationale (MEN, 2010) qui explique que la majorité des enseignants d’EPS montre une bonne santé mentale. Seul 8% des enseignants d’éducation physique ont évoqué le stress ou encore la dépression. Le fait que les enseignants d’éducation physique ressentent moins de lassitude cognitive est peut-être dû à certains critères de satisfaction que nous avions relevés dans notre cadre théorique et donc concrètement à la marge d’autonomie qu’ont les enseignants d’EPS, au fait de ne pas être cloisonnés dans une salle de classe et à la relation différente qu’à un enseignant de sport avec ses élèves par rapport aux autres enseignants. La santé mentale des enseignants d’éducation physique est donc moins affectée que celle des enseignants d’autres branches. De notre point de vue d’étudiantes qui s’apprêtent à devenir enseignante d’EPS ainsi que de géographie pour l’une, et enseignante d’EPS et d’anglais pour l’autre et de part nos expériences personnelles dans le milieu de l’enseignement, nous sommes également en accord avec ce résultat. En effet, depuis nos débuts dans l’enseignement à la fois en EPS ainsi que dans notre deuxième discipline, nous avons toutes les deux remarqué le fait que les enseignants d’éducation physique et sportive semblent toujours être passionnés par cette discipline qu’ils enseignent. Nous irions même jusqu’à dire qu’il nous semble que les enseignants d’EPS sont plus

passionnés par leur branche que les enseignants d’autres disciplines. Ceci pourrait s’expliquer par les nombreuses possibilités de variations en éducation physique que nous ne retrouvons pas nécessairement dans l’enseignement d’une autre branche. De plus, un enseignant d’éducation physique a peut-être un lien plus fort avec le domaine du sport que simplement l’enseignement. Ce dernier pourrait par exemple être un sportif de haut niveau dans une discipline qui lui est propre, lui donnant une envie particulière de partager cette passion avec ses élèves. En ce qui nous concerne nous sommes passionnées par le monde du sport, l’une d’entre nous étant éprise par le sport en tant que loisirs variés et l’autre étant sportive d’élite. Ceci nous mène à dire que dans notre cas, nous nous sentons enthousiaste de partager cette passion que nous avons pour le sport avec nos élèves, et que nous ne nous imaginons pas un jour nous lasser d’enseigner cette discipline. Enseigner l’EPS n’est pas un travail, c’est une passion.

Concernant notre deuxième hypothèse selon laquelle nous pensons que les enseignants de toutes branches et disciplines confondues pratiquant une activité physique régulièrement sont moins à risque de faire un burnout car ils seraient en meilleure santé, nous sommes en mesure de prouver que cette dernière est réfutée. En effet, aucun résultat n’est significatif et la pratique sportive n’a donc pas d’incidence sur le risque de burnout. Ce résultat est très surprenant d’autant plus que de nombreuses recherches ont prouvé les bienfaits de l’activité physique sur le corps humain, et que certaines maladies peuvent être évitées grâce à la pratique d’une activité physique. De plus l’activité physique modérée est utilisée comme traitement contre le stress et le burnout, elle permet d’évincer les tensions physiques dues à l’amas de stress et notamment de cortisol, cette molécule de stress qui a des conséquences néfastes si elle n’est pas éliminée. Quant au docteur Joachim Leupold, il explique dans sa brochure destinée aux personnes touchées par le burnout ainsi qu’à leurs proches que « le mouvement est le meilleur antidépresseur ». De notre point de vue personnel, ce résultat est

une heure de sport pour penser à autre chose, se vider la tête, éliminer les tensions et recharger ses batteries. Cet avis est très certainement influencé par le fait que nous sommes deux grandes sportives. Toutefois, il nous est arrivé à plusieurs reprises d’entendre bon nombre de collègues nous dire qu’ils allaient faire du sport ou courir pour se changer les idées. Nous pensons que dans le cadre de notre mémoire, ce résultat pourrait être différent si nous avions différencié la pratique d’une activité physique axée sur la santé et la pratique d’une activité physique dans un but compétitif. En effet, pratiquer un sport en compétition pourrait rajouter une nouvelle source de stress étant donné que le but à la fin de cette pratique est de produire un résultat. Cette approche de la pratique sportive de haut niveau serait un élément qui viendrait contredire les résultats quant au fait que le sport est bon pour la santé car il éliminerait le stress. Au contraire, la pratique d’une activité physique avec pour objectif de rester en bonne santé ou d’améliorer sa santé pourrait diminuer le stress de l’individu et donc être bénéfique pour ce dernier. Selon nous, il serait intéressant de faire la distinction entre ces deux types de pratiques afin de voir dans quelle mesure les résultats sont différents. Finalement, notre troisième et dernière hypothèse selon laquelle il nous semble que les enseignants qui ont moins d’années d’expérience dans le métier sont plus à risque de burnout est rejetée. Il n’y a pas de lien entre l’ancienneté et le burnout que ce soit dans un sens ou dans l’autre. Étonnamment, ce résultat ne va pas dans le même sens que l’étude réalisée auprès d’enseignants d’éducation physique américains. Cette dernière montre que 15% des novices abandonnent l’enseignement après leur première année d’enseignement et ce pourcentage augmente jusqu’à 50 durant les six premières années (Thomas et Kiley, 1994, cité par Sénéchal, Boudrias, Brunet et Savoie, 2008). Toutefois, cette différence peut s’expliquer par les différences de conditions de travail entre la Suisse et les Etats-Unis. D’après ce que nous avons entendu dans le cadre de nos stages ou de nos remplacements, nous retrouvons également le fait que l’ancienneté n’a pas nécessairement une incidence sur la probabilité de faire un burnout chez les enseignants. Nous avons par exemple fait la

connaissance de collègues qui ont été en arrêt de travail pour cause de burnout après 2 mois de travail, ou encore après 10 ans d’années d’expérience voir même plus de 20 ans. Ceci rejoint donc le résultat qui réfute cette dernière hypothèse.

Le résultat que nous nous apprêtons à développer ne fait pas partie de nos trois hypothèses de départ, mais il nous semble pourtant important de relever ce résultat puisqu’il montre un chiffre significatif au niveau d’une des dimensions du burnout : la fatigue physique. En effet, la fatigue physique est significativement plus élevée chez les enseignantes et ces dernières sont donc partiellement plus à risque de burnout que les enseignants. Il faut tout de même relever qu’il n’y a pas de différence significative pour le score total de burnout entre ces deux groupes. En tant que futures enseignantes, notre avis est le suivant. Il semble que les femmes se plaignent généralement un peu plus souvent que les hommes à la salle des maîtres par exemple. Il est vrai que nous avons tendance à entendre plus de plaintes venant des femmes concernant la fatigue, un état psychique et physique plus faible que d’habitude, des maux de tête, etc. Toutefois, nous pensons que ceci vient peut-être du fait que les femmes osent s’exprimer plus facilement et plus ouvertement à propos de leur état de bien-être. Les hommes seraient plus réservés à ce sujet selon nous, ou alors ils ne se sentiraient pas autant à l’aise de parler de leur état de fatigue dans leur milieu professionnel.

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