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Chapitre IV – Présentation du travail empirique

Chapitre 1 La résolution d’additions par les adultes

IV. Discussion des expériences 1 & 2

Le but principal de ces études était d’évaluer les types de stratégies utilisées par des adultes pour résoudre des problèmes additifs à l’aide d’un nouveau paradigme ne reposant ni sur des protocoles verbaux ni sur des temps de résolution. Les résultats obtenus sur les petits et grands nombres attestent la validité de ce paradigme.

Nos résultats confirment et étendent les conclusions de LeFevre, Sadesky et al. (1996) qui montraient que les adultes n’utilisaient pas systématiquement la procédure de récupération pour résoudre des problèmes additifs simples. Nous montrons qu’il n’est pas plus difficile de reconnaître de petits opérandes (i.e., nombres dont la somme est inférieure à 10) après leur addition qu’après leur comparaison avec un troisième nombre, ce qui suggère que les adultes résolvent ces problèmes très simples en récupérant la réponse en mémoire à long terme. Au contraire, des taux plus faibles et/ou des temps plus longs de reconnaissance des opérandes sont observés lorsque des grands nombres (i.e., nombres à deux chiffres) et des nombres moyens (i.e., nombres dont la somme est supérieure à 10) sont auparavant impliqués dans des additions comme dans des comparaisons. Ce résultat conduit à la conclusion que les adultes s’en remettent à des procédures autres que la récupération pour résoudre ces problèmes.

De plus, dans la seconde expérience, les sujets qui obtenaient un faible score au test arithmétique ne résolvaient pas les additions composées de taille moyenne de la même façon que ceux qui avaient obtenu un score élevé. Ainsi, les participants présentant de faibles habiletés arithmétiques misent sur des procédures de non-récupération pour résoudre des

habiletés sont capables de résoudre de tels problèmes par la récupération. Ce résultat est intéressant et permet de mieux comprendre ce qu’est un bon calculateur. En effet, est-ce qu’un bon calculateur est une personne qui est capable d’utiliser des « back-up » stratégies rapidement et de façon précise ou est-ce une personne qui est capable de récupérer plus souvent des résultats en mémoire à long terme ? Les études chronométriques ne nous permettent pas de faire la lumière sur cette question, mais les résultats de notre étude nous permettent d’envisager quelques réponses. En effet, nous avons montré que la difficulté de reconnaissance des opérandes n’était pas exclusivement due à des périodes de rétention plus longues dans le cas de procédures de non-récupération (i.e., le deuxième opérande est moins bien reconnu après une addition qui nécessite une procédure de non-récupération qu’après une comparaison, même si le temps écoulé depuis sa première présentation est le même pour la comparaison et pour l’addition). Par conséquent, lorsque l’un de nos participants éprouve des difficultés pour reconnaître un opérande, ce n’est pas seulement dû au fait qu’il a pris trop de temps pour résoudre ce problème (i.e., dégradation mémorielle). La seule explication alternative possible est qu’une partie de ses ressources attentionnelles sont allouées à des informations comme la façon dont sont constitués les opérandes et les résultats intermédiaires, étapes nécessaires pour parvenir à la résolution du problème. Ainsi, si les “bons calculateurs” sont uniquement des personnes qui calculent très rapidement, ils devraient manifester quelques difficultés à reconnaître le second opérande dans notre étude, après avoir calculé des additions avec retenues. Comme il semble aussi facile pour eux de le reconnaître après une comparaison qu’après une addition avec des nombres moyens, c’est qu’ils retrouvent manifestement le résultat en mémoire à long terme.

En conclusion, nous avons développé un nouveau paradigme qui nous permet d’évaluer si les participants font appel à des stratégies de récupération ou de non-récupération pour résoudre des problèmes arithmétiques. Le principal avantage de ce paradigme est qu’il

évite les biais associés au recueil des temps de latence et des protocoles verbaux. Nous avons montré que la difficulté à reconnaître des opérandes n’est pas seulement due à une période de rétention plus longue dans le cas de l’utilisation de procédures autres que la récupération. Par conséquent, nos mesures ne sont pas des mesures indirectes de temps de latence qui sont considérées comme trop variables pour être moyennées (LeFevre, Sadesky, et al., 1996 ; Siegler, 1987, 1989). De plus, le fait que nos données ne soient pas reliées à des temps de latence nous donne la possibilité d’éviter la difficulté d’interpréter des temps de résolution trop longs comme étant soient des procédures de non-récupération soit des processus lents de récupération. En outre, le fait que nous n’utilisons pas de protocoles verbaux écarte les biais de «reactivity» et «veridicability» décrits par Kirk et Ashcraft (2001) et nous permet de constater que nos participants ne sont pas conscients de l’objet de notre étude. Dès lors, il n’est plus possible de mentionner que « la demande induit le biais » décrit par les mêmes auteurs. Ce biais a récemment été signalé par Campbell et Austin (2002) qui notent que cette « demande » introduit une grande variabilité dans l’estimation des stratégies mise en place par les adultes pour résoudre de simples problèmes arithmétiques (voir Campbell & Xue, 2001 pour une revue).

Ainsi, ce paradigme de reconnaissance des opérandes semble tout à fait adapté pour étudier les stratégies mises en place pour résoudre des problèmes arithmétiques. Les recherches suivantes vont étendre son utilisation à d’autres opérations arithmétiques et nous allons également comparer les résultats obtenus grâce à ce paradigme de reconnaissance avec ceux obtenus par le biais de protocoles verbaux et regarder si ce nouveau paradigme est plus informatif et s’il permet de mettre en évidence des comportements qui ne pouvaient pas être révélés par les paradigmes utilisés auparavant.

Chapitre 2 – La résolution de soustractions par

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