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Notre étude porte sur les données du dépistage du cancer du col de l’utérus chez les femmes provenant de la commune IV du District de Bamako. Nos principaux résultats montrent :

6.1.Une faible couverture en dépistage chez les femmes de 50 ans et plus :La nécessité d’accorder une attention particulière aux femmes âgées en matière de dépistage du cancer du col de l’utérus a été stigmatisée dans des pays avec une longue tradition de dépistage du cancer du col. En effet le dépistage du cancer du col est arrêté dans la plupart des pays à l’âge de 65 ans alors que les femmes d’au moins 65 ans représentent le cinquième des cas de cancers du col recensés et la moitié des décès par cancer du col [332]. En commune IV du district de Bamako, 55% des cas de cancer invasif du col utérin sont recrutés parmi les femmes de 50 ans et plus. Dans le contexte du RU une chute de la pratique du dépistage du cancer du col utérin avec l’âge a été rapportée avec une proportion passant de 82,4% entre 50 et 54 ans à 72,7% entre 60 et 64 ans [333]. La couverture en dépistage du cancer du col utérin après 50 ans est inférieure à 10%

selon nos données. Ces différents constats nous ont amené à recommander comme Sherman S et al, la conception de messages de sensibilisation spécifiques aux femmes de 50 ans et plus. La nécessité d’intensifier la communication spécifique envers ces femmes est d’autant plus nécessaire que des auteurs ont rapporté que l’adhésion de ce groupe au dépistage génère un effet protecteur d’environ 5 ans [334, 335].

6.2.Une prévalence élevée d’anomalies cervicales détectées par l’IVA/IVL : Notre étude a trouvé une prévalence des anormales cervicales détectée par l’IVA et l’IVL était respectivement de 5,8% et de 6,1%. Ces résultats sont similaires

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107 avec ceux rapportés dans la littérature africaine.

6.3.Une prévalence modérée des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l’utérus : La prévalence des lésions précancéreuses (néoplasies intra-épithéliales) dans notre population était de 3% et celle des lésions cancéreuses, 0,6%. Cette prévalence est diversement appréciée dans la littérature africaine ; en effet certains auteurs l’évaluent sur la base du pourcentage de femmes ayant présenté des anomalies lors des tests d’inspection visuelle, d’autres sur la base des lésions cytologiques. Nous avons gardé dans ce travail, le trépied IVA/IVL – Colposcopie – Histologie après biopsie pour asseoir le diagnostic des lésions.

Un tel protocole observé dans un centre hospitalier universitaire à Mina en Egypte a permis de rapporter une fréquence de lésions précancéreuses de 4,41%

(CIN I, II et III) qui atteint 5,8% lorsqu’on ajoute les lésions à HPV isolées [336]. Il y a donc une variabilité importante de l’épidémiologie des néoplasies intra-épithéliales dans la littérature africaine sur les critères de définition retenus.

6.4.Un âge moyen relativement jeune au moment du diagnostic : Nous avons observé un âge moyen au diagnostic de 37,8 ans pour les CIN3 et 50 ans pour les carcinomes épidermoïdes. Ces données corroborent la littérature quant au temps suffisant pour diagnostiquer les lésions précancéreuses et les traiter efficacement pour la prévention secondaire du cancer du col utérin. Des données épidémiologiques récentes sont fort encourageantes. En effet, Nowakowski A et al.[337] ont rapporté que quel que soit le type d’HPV oncogène, l’âge médian au diagnostic des lésions intra-épithéliales de haut grade se situe entre 30 et 40 ans tandis que l’âge médian au diagnostic du cancer du col invasif se situe autour de 50 ans.98892364

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108 6.4.Des facteurs de risque dominés par l’âge et la gestité :En ce qui concerne les facteurs de risque, nous avons observé une augmentation quasi-régulière de la fréquence des lésions précancéreuses et cancéreuses selon l’âge (jusqu’à 60 ans) et selon la gestité. Cependant après analyse multivariée seule la gestité était associée aux lésions. Aussi, la littérature rapporte t – elle que les femmes qui ont eu 3 grossesses ou plus ont un risque accru de développer le cancer du col utérin. Plusieurs modifications induites par la grossesse prédisposent à des transformations malignes [338]. Les modifications hormonales de la grossesse sont rapportées comme pouvant rendre les femmes plus susceptibles à l’infection à HPV. Ainsi, la multiparité, qui est un proxy de la multigestitité augmente le risque de cancer du col en maintenant la zone de transformation sur l’exocol. Par contre, le nombre de cellules métaplasiques malpighiennes augmente pendant la grossesse [339]. Au cours de leur phase d’immaturité, les cellules malpighiennes sont plus susceptibles à l’infection à HPV et probablement à la progression vers le cancer invasif du col utérin. La zone de transformation métaplasiqueexocervicale d’une grande multigeste / multipare sera exposée de façon répétée aux agents carcinogènes. Pour cette raison, la grande multiparité peut intensifier les actions carcinogéniques des agents infectieux[340].

6.5.Conclusion :

Notre étude montre une faible couverture en dépistage chez les femmes de 50 ans et plus, suggérant la nécessité de stratégies de communication adaptées à cette population. La fréquence des lésions précancéreuses et cancéreuses reste encore élevée dans notre contexte d’où amélioration des méthodes de dépistage précoce est nécessaire pour réduire l’incidence et la mortalité dues au cancer du col utérin.

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