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Cette recension des écrits regroupait onze articles empiriques publiés entre 1998 et 2004 identifiés par l’intermédiaire des moteurs de recherche MEDLINE et

PsycINFO, et tous publiés dans des revues dont la sélection s’effectue par des comités de pairs. La qualité générale de ces publications a été jugée satisfaisante.

Suite à une analyse systématique des articles, nous avons observé que les enfants en garderie semblaient présenter un patron cortisolaire atypique, c’est-à-dire que le cortisol augmentait pendant la journée les jours de semaine à la garderie, alors qu’il diminuait pendant la journée les jours de fin de semaine à la maison.

Au même moment où paraissait notre méta-analyse; une revue systématique de cette même littérature était également publiée dans le journal Early Childhood Research Quartely (Vermeer & van Ijzendoorn, 2006). Les conclusions tirées par les chercheurs sont comparables à celles tirées dans notre méta-analyse, ce qui ajoute à la validité des deux recensions. Cependant, la taille d’effet moyenne rapportée dans cette seconde étude est sensiblement plus petite (d =.37) que celle rapportée dans notre recension des écrits (d =.72). Cette divergence s’explique en partie par le fait que Vermeer &

Ijzendoorn (2006) n’ont pas inclus l’étude de Dettling et collaborateurs (2000) dans le calcul de la taille d’effet moyenne. Nous avions inclus cette étude et obtenu des informations additionnelles auprès des auteurs puisque les statistiques présentées dans l’article ne permettaient pas de calculer la taille de l’effet. Par ailleurs, Vermeer et Ijzendoorn (2006) ont intégré deux études supplémentaires au calcul de l’ampleur de l’effet moyen et pour lesquelles une taille d’effet nulle (d = .00) avait été observée (Lundberg, 1983; Lundberg, Westermark, & Rasch, 1993). Nous avions choisis de ne pas inclure ces études dans le calcul de la taille de l’effet moyen puisqu’elles

s’appuyaient sur un seul échantillon de cortisol dans toute la journée et que l’appréciation du patron cortisolaire diurne nécessite un minimum de deux

prélèvements, soit un le matin et l’autre l’après-midi. Dans ces deux études, le cortisol était recueilli entre 9h00 et 14h00, mais le plus souvent le matin. Or, il est normal que ces études n’aient pas montré de différences entre la maison et la garderie, puisque l’effet de la garderie sur le niveau de stress s’observe surtout sur la différence entre la production cortisolaire en début et fin de journée.

Bien que la moyenne des tailles d’effet de notre méta-analyse suggérait une différence notable (d=0.72) dans la production de cortisol des enfants les jours de semaine à la garderie et les jours de fin de semaine à la maison, la grande variabilité observée dans les tailles d’effet (d=0.10 à 1.91) laissait suggérer la présence d’effets différentiels. La méta-analyse a permis d’identifier trois conditions selon lesquelles l’association entre la fréquentation des services de garde et la production de cortisol des enfants pouvait varier: a) la qualité des services de garde; b) le

tempérament/comportements de l’enfant et c) l’âge de l’enfant.

Dans la section qui suivra, nous discuterons du rôle des trois modérateurs potentiels en intégrant les résultats des nouvelles études, qui ont été publiées sur le sujet depuis la parution de notre article en 2006 (Ouellet-Morin et al., 2009; Roisman et al., 2009; Sims, Guilfoyle, & Parry, 2006;Groeneveld, Vermeer, van Ijzendoorn, & Linting, 2010; Gunnar, in press; Watamura, Kryzer, & Robertson, 2008).

a) La qualité des services de garde

Nous avons observé que les élévations de cortisol à la garderie semblaient moins prononcées chez les enfants qui fréquentaient des services de garde de bonne qualité (Dettling, Parker, Lane, Sebanc, & Gunnar, 2000; Legendre, 2003; Tout, de Haan, Campbell, & Gunnar, 1998) comparativement aux enfants qui fréquentaient des services de moins bonne qualité. Toutefois, ces conclusions reposaient sur un petit nombre d’études, dont le niveau de qualité des services de garde avait été jugé moyen à élevé.

Parmi les nouvelles études qui ont été publiées depuis parution de notre article en 2006, deux n’ont pas détecté d’association entre la qualité des services de garde et la réponse de stress des enfants (Ouellet-Morin et al., 2009; Roisman et al., 2009).

Cependant, les autres études suggèrent que la production de cortisol des enfants diminue au fil de la journée, tel qu’attendu selon les principes de cette hormone, dans les

services de garde de bonne qualité alors qu’elle tend à augmenter dans les services de garde de moins bonne qualité (Sims, Guilfoyle, & Parry, 2006; Watamura, Kryzer, & Robertson; Groeneveld, Vermeer, van Ijzendoorn, & Linting, 2010).

Une question importante sur le plan clinique consiste à déterminer quels sont les indicateurs de la qualité des services de garde, qui sont les plus associés à la production de cortisol des enfants. D’abord, il faut savoir que la qualité des services de garde peut- être mesurée selon des aspects structuraux (par exemple, la taille du groupe, le ratio enfant-éducatrice) et de processus (par exemple, la qualité de la stimulation, la sensibilité de l’éducatrice envers l’enfant) (Vandell, 2004).

Les nouvelles études suggèrent que la variabilité dans les aspects de processus de la qualité des services de garde (notamment, le degré auquel l’éducatrice est intrusive ou contrôlante ou sensible au besoin de l’enfant) (Gunnar, in press; Watamura, Kryzer, & Robertson, 2008) sont les plus associés à la réponse de stress des enfants.

b) Le tempérament de l’enfant

Les données méta-analytiques du premier article suggèrent que la réponse au stress à la garderie est modulée par le tempérament/comportement des enfants. Les enfants anxieux, repliés sur eux-mêmes, éprouvant des difficultés de contrôle de leur comportement et qui sont particulièrement susceptibles d’être rejetés par les pairs présentent une réponse de stress marquée les jours où ils fréquentent les services de garde. Cependant, les résultats n’étaient pas toujours consistents et semblaient varier selon le sexe des enfants. Une nouvelle étude menée par Gunnar et ses collègues (in

press) a détecté auprès d’un échantillon de 151 enfants âgés entre 3 et 4 ½ ans fréquentant un service de garde en milieu familial des différences sexuelles dans la réponse de stress des enfants, en fonction du tempérament. En effet, dans cette étude ce sont les filles anxieuses et hypervigilentes et les garçons agressifs et colériques qui vivent le plus grand stress à la garderie.

c) L’âge de l’enfant ou le passage du temps

Une situation nouvelle a le potentiel de déclencher une forte réponse de stress, mais normalement celle-ci s’atténue lorsque l’individu s’y habitue et comprend mieux les exigences du milieu (McEwen, 1998; Wüst, Federenko, van Rossum, Koper, & Hellhammer, 2005).

Dans l’ensemble, les résultats suggèrent en effet que la réponse de stress des enfants à un nouveau milieu (à la garderie ou à l’école) est transitoire, et qu’elle tend à disparaître au fur et à mesure que l’enfant s’adapte à son milieu (Gunnar, Tout, de Haan, Pierce, & et al., 1997; Ouellet-Morin et al., 2009). Une étude longitudinale menée dans le contexte d’un échantillon d’enfants montréalais a mis en évidence l’existence d’un patron atypique de cortisol pour les enfants de deux ans et fréquentant la garderie (Ouellet-Morin et al., 2009). Cependant, le patron n’était plus atypique l’année suivante (à l’âge de 3 ans) pour ces mêmes enfants. Ce résultat suggère que la réponse de stress serait temporaire et qu’elle représente les efforts ponctuels des enfants afin de s’adapter à leur environnement de garde. Inversément, une autre étude montre que les enfants qui avaient fréquenté des garderies en installation pendant les années préscolaires

affichaient des niveaux de cortisol matinal plus faibles à l’âge de 15 ans que ceux qui n’avaient pas fréquenté de tels services de garde (Roisman et al., 2009). Dans cette étude une association similaire avait été observée pour les enfants dont la mère était moins sensible (Roisman et al., 2009). Toutefois, la signification de tels niveaux faibles de cortisol en matinée demeure inconnue.

En somme, cette première étude de type méta-analytique suggère que les effets de la garde non-parentale sur la réponse cortisolaire des enfants peuvent varier en fonction des caractéristiques des enfants et des milieux de garde. Le prochain objectif de recherche vise à examiner si les effets des milieux de garde varient également en fonction du milieu familial d’où provient l’enfant. Nous avons examiné cette question en étudiant les associations entre la garde non-parentale et le développement cognitif, plus précisément l’acquisition du vocabulaire réceptif au préscolaire.

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