• Aucun résultat trouvé

Le discours des sportifs est très intéressant pour comprendre les mécanismes en jeu dans le dopage. Premièrement, on remarque que certains évoquent des motivations différentes par

rapport au sport. La pratique sportive est censée participer à l’amélioration de leur santé et la

prise de produits ne va pas dans ce sens mais néanmoins l’objectif d’un professionnel est de

gagner. D’autres pensent que les produits de récupération sont essentiels pour le sportif car ils

permettent d’accélérer ce processus. Et par conséquent ces produits ne sont pas, pour eux,

dopants. Le produit pharmacologique est utilisé comme une technique à part entière dans la

performance. Cette vision dichotomique nous permet de mieux comprendre pourquoi certains

sportifs ne se conçoivent pas comme dopés. De plus, ces croyances se reflètent également

dans les produits festifs qui peuvent conduire à un usage de drogue (exemple : le pot belge).

D’une autre manière, les produits dopants côtoient le rythme des entraînements. Un plan

d’entraînement complet (bilan physiologique, protocole de dopage) comprend des produits

tels que les hormones peptidiques (EPO) ou l’hormone de croissance (GH). On constate que

les produits sont insérés scientifiquement dans les plans d’entraînements. Dans un autre

discours, on peut remarquer que certains sportifs font la distinction entre professionnel et

amateur dans le sens que celui-ci n’a pas de bonnes de raisons pour prendre des produits. La

quantité d’entraînement et les besoins physiologiques supérieurs chez le professionnel

expliquent de fait la différence de statut et la prise de produits dopants. (Brissonneau, 2004).

Dans les interviews à la télévision ou à la radio, les sportifs partagent des formules qui

alimentent le milieu sportif notamment le cyclisme comme par exemple « déboucher ou

cracher dans les poignets » renvoyant à la lutte, la combativité dans le peloton. Néanmoins,

des expressions comme « saler la soupe » renvoyant, quant à elles, à la pratique même du

dopage provoque un mutisme chez les sportifs (analyse du discours des cinq colonnes à la une

du 07 juillet 1961 par Benhaouala & Wille, 2004). Ces expressions codées, réservées aux

professionnels montrent l’existence de valeurs, de règles de conduites spécifiques à une

culture sportive constituant elle-même une identité professionnelle. D’après ces auteurs, le

dopage devient également une cause de la médiatisation du sport de haut niveau. Le dopage se

caractérise par son industrialisation. L’athlète ayant recours aux produits dopants, n’est pas

seulement un « hors-la-loi » vis-à-vis de l’éthique sportive, il est désormais acteur associé au

trafic de stupéfiants. Ce qui pose un problème de santé publique car le milieu sportif se voit

rattraper par les affaires et la frontière devient floue entre la société et le monde sportif.

Parler de dopage n’est pas chose simple. Les problématiques spécifiques au monde sportif

associées aux problématiques « classiques » de dépendance rendent très difficiles les études et

les mises en œuvre de systèmes de prévention efficaces.

3. Les produits psycho actifs et leurs consommations en France et à l’étranger

L’utilisation de drogues devient problématique dès lors que l’on passe d’un simple usage à un

abus. Et ces abus se retrouvent aussi bien avec des produits améliorants la performance

qu’avec d’autres produits psycho actifs. On consomme pour diverses raisons mais on a

toujours les mêmes conséquences négatives pour la santé. Il est extrêmement difficile pour un

utilisateur de renoncer à ses habitudes. Au contraire, l’habitude s’entretient d’elle-même ce

qui contribue à accentuer ses effets. Les individus qui recherchent des sensations fortes

aiment se mettre à l’épreuve et expérimenter de nouvelles choses. De tels individus

expérimentent parfois les drogues par curiosité.

3.1. Les grandes catégories de drogues

Les drogues sont classées en deux grandes catégories en sport, drogues qui améliorent la

performance sportive et les drogues récréatives, sociales ou populaires. Parmi les drogues qui

améliorent la performance se retrouvent les stéroïdes anabolisants, les bêtabloquants et les

stimulants. Les drogues récréatives sont des substances que les personnes recherchent et

utilisent pour leur plaisir personnel. Ces personnes cherchent à fuir la pression, à faire comme

leurs amis ou recherchent des sensations fortes dans leur vie quotidienne.

3.2. Etats des lieux de la consommation de produits chez les jeunes en France et en Lorraine

3

3.2.1. Le tabagisme

D’après le baromètre santé (2005 ; CFES), chez les jeunes âgés de 12 à 17 ans, 24,1 % fument

et 17,5 % au moins une cigarette par jour. Pour les filles, la prévalence du tabagisme reste

marginale avant 16 ans (10,9 % de fumeuses dont la moitié occasionnelles). Entre 2000 et

2005, toujours parmi les femmes, la prévalence du tabagisme a notablement diminué pour les

12-15 ans (de 18,1 % à 10,9 %), et dans une moindre mesure pour les 16-25 ans (de 44,2 % à

38,0 %). Avant 16 ans, la prévalence du tabagisme s’avère plus faible encore parmi les

garçons que pour les filles (6,5 % vs 10,9 %). Les comportements se rejoignent à l’âge de

dix-huit à 20 ans. Entre 2000 et 2005, parmi les hommes, la prévalence du tabagisme a

notablement diminué pour les 12-15 ans (de 10,9 % à 6,5 %). Globalement, entre 2000 et

2005, le recul du tabagisme se concentre donc sur la population adolescente, ce qui rejoint les

résultats l’enquête de Beck, Legleye & Spilka (2005) portant sur cette population et s’avère

en outre plus marqué pour les femmes. Dans l’enquête Escapad 2001, l’âge moyen de la

3

première consommation de tabac est de 13,7 ans ce qui correspond également à l’étude de

l’Ireb (2001), l’âge de la première cigarette se situant vers 13 ans ½. Une autre constatation de

l’Ireb montre que l’expérimentation n’implique pas forcément l’usage récent mais plus l’âge

avance, plus l’usage se répand. Les plus âgés sont plus nombreux à déclarer en avoir fumé

plus de dix cigarettes. En Lorraine, les données (29,1%) se démarquent par une prévalence

significativement supérieure à celle de la France (26,1%) de fumeurs réguliers parmi les

15-75 ans). Le début du tabagisme est précoce : 25% des adolescents fument à 16 ans. La

proportion de jeunes fumeurs va en croissant pendant toute l’adolescence. A dix-neuf ans, un

jeune sur deux fume, quel que soit le sexe. Le nombre de cigarettes est en moyenne de l’ordre

de 10 par jour à 19 ans. On remarque que le tabagisme des jeunes est un peu plus fréquent en

Moselle.

3.2.2. L’alcool

Si la consommation quotidienne est moindre chez les jeunes en revanche, elle est élevée en

fin de semaine. Les jeunes adultes de 20-25 ans déclarent en moyenne boire 3,1 verres le

vendredi et 4,5 le samedi et atteint 5,5 parmi les hommes de cette tranche d’âge lorsqu’il

s’agit de leur dernier jour de consommation (contre 3,1 verres en moyenne pour les femmes;

p<0,001). Les préférences pour les boissons varient avec le sexe et l’âge : si le vin et, dans

une moindre mesure, les autres alcools (cidres, liqueurs, etc.) sont les boissons des

générations âgées, la bière et les alcools forts sont celles des 20-25 ans. En 2005, la question

de l’ivresse permet de renseigner les consommations intensives d’alcool, à savoir le cumul

d’au moins 6 verres au cours d’une même occasion de boire.

La proportion de personnes déclarant au moins un épisode d’ivresse au cours de l’année

écoulée culmine à 20-25 ans : 60,6 % des hommes de cette tranche d’âge en déclarent au

moins un épisode, 34,7 % au moins un par mois, versus 30,2 % et 10,4 % parmi les femmes.

De plus, l’ivresse alcoolique est surtout le fait des jeunes générations. Ainsi, si 14,4 % des

personnes interrogées disent avoir été ivres au cours des douze derniers mois, cette proportion

est trois fois plus élevée parmi les hommes que parmi les femmes (21,6 % vs 7,5 % ;

p<0,001), et elle culmine à 48,3 % parmi les hommes de 20-25 ans (vs un maximum de 20,1

% atteint entre 20 et 25 ans pour les femmes). Ainsi, les jeunes sont peu nombreux à

consommer de l’alcool quotidiennement, mais leurs consommations les mènent plus souvent à

l’ivresse. La première ivresse se fait avec les produits consommés habituellement (bière) et en

compagnie des amis. L’ivresse augmente avec l’âge passant de 9% à 13/14 ans à 66% chez les

jeunes de 19/20 ans. Elle est plus fréquente chez les garçons que les filles. (Ireb, 2001). La

consommation d’alcool évolue avec l’âge mais reste festive. L’initiation se fait généralement

en famille mais le lieu de consommation se déplace avec l’âge, à 15/16 ans, les jeunes

consomment davantage chez des amis et à 19/20 ans la majorité de la consommation se fait à

l’extérieur. En Lorraine, quel que soit le département, l’alcoolisation pose un problème. On

remarque une alcoolisation massive des jeunes de 20-25 ans, le samedi soir en particulier.

Cette consommation majeure est un comportement de type « défonce » du week-end. On

constate que la bière est la boisson la plus régulièrement choisie (47% des garçons et 38% des

filles). En ce qui concerne l’ivresse, un jeune sur deux avant 16 ans a connu une ivresse. Les

garçons ont une fréquence d’ivresse par an plus élevé que les filles (Lorente & al, 2003).

3.2.3. Le cannabis

Le cannabis est la substance illicite la plus consommée en France et sa consommation a