4. Méthodes de dimensionnement des écrans de soutènement
4.2 Dimensionnement d’une paroi de soutènement à l’équilibre limite
La stabilité d'une paroi de soutènement peut être assurée par plusieurs composantes. Dans le cas d'une
paroi non ancrée, la stabilité est assurée uniquement par la butée des terres sur la fiche (pression du
terrain sur la paroi côté fouille) tandis que dans le cas d'une paroi avec ancrage la stabilité de la paroi
est assurée à la fois par la butée et par la résistance de l'ancrage à l'arrachement (voir la figure 4.1).
Pour assurer la stabilité du soutènement on peut donc jouer sur 3 éléments : la longueur de la fiche, la
rigidité de la paroi et la présence d'un système d'appui (sur un ou plusieurs niveaux de type butonnage
ou ancrage). Deux types de paroi peuvent être distingués : les parois simplement butées en pied (qui
sont obligatoirement ancrées) présentant une faible valeur de fiche, et les parois encastrées en pied
(ancrées ou non) et présentant une valeur de fiche élevée. Costet et Sanglerat (1983), décrivent dans
leur ouvrage la technique de calcul classique d'un rideau de palplanche dans différentes configurations.
δe principe de ces calculs est explicité dans les pages qui suivent pour le cas simple d’un sol
monocouche.
Figure 4.1 Schéma de principe d’une paroi de soutènement avec tirant d’ancrage
Tirant
Paroi
Terrain soutenu
Fiche
Chapitre 1 : Le Briovérien, les techniques de soutènement et leur conception
34
Plusieurs cas simples peuvent être traités à partir de l’équilibre limite μ rideau sans ancrage (§4.2.1),
rideau avec ancrage simplement buté en pied (§4.2.2.1), rideau ancré et encastré en pied (§4.2.2.2).
La première étape du calcul consiste à déterminer la pression des terres, p(z) exercée sur le
soutènement. Cette dernière est différente en poussée (effet déstabilisateur) et en butée (effet
stabilisateur). La pression p(z) est évaluée à partir de coefficients dit de poussée et de butée (ka et kp)
usuellement déterminés à partir des tables de poussée/butée de Kérisel et Absi (Kérisel et Absi, 1990),
et de l’obliquité des efforts par rapport à la paroi de soutènement ( ).
Les valeurs généralement admises pour un soutènement sont celles présentées ci-dessous :
= ± �
′pour un contact sol/rideau rugueux
= pour un contact sol/rideau lisse (4.1)
= ± �
′valeur intermédiaire
δ’expression générale de p(z) s’exprime suivant l’expression 4.2.
=
�+ + ∆ (4.2)
Avec :
�la poussée due au poids du terrain, la poussée due à une surcharge éventuelle et
∆ la poussée due à l’eau.
δ’expression de la pression varie selon que l’on soit en butée ou en poussée. En poussée, la pression
du sol sur la paroi est égale à la somme des expressions présentées en (4.3).
=
�× co�
′+ × co� − × co� + (4.3)
Avec :
�× co� coefficient de poussée du terrain,
′le poids volumique déjaugé du terrain
(kN/m
3),z la profondeur (m), × co� le coefficient de poussée de la surcharge, q la surcharge
(kN/m²), × co� le coefficient de poussée lié à la cohésion C (kN/m²) du terrain, le poids
volumique de l’eau (kσ/m
3).
En butée, la pression du sol sur la paroi est égale à la somme des expressions présentées en (4.4).
=
�× co�( )
′+ × co�( ) + × co�( ) + (4.4)
Avec :
�× co�( ) le coefficient de butée du terrain et
�× co�( ) le coefficient de butée de la
surcharge.
4.2.1 Dimensionnement d’un rideau sans ancrage
Le fonctionnement de ce type d'excavation est simple puisqu'il s'agit, comme pour les murs de
soutènement, d'un basculement de la paroi vers l'excavation autour d'un point fixe. Sous l'action de la
poussée des terres, la paroi mobilise deux forces : la butée du sol en avant de la paroi et la contre butée
du sol en arrière (si la fiche est suffisamment importante). L'action combinée de ces deux sollicitations
est équivalente à un appui encastré de la paroi (le pied de paroi est maintenu par deux forces
opposées). L'instabilité de la paroi est alors considérée soit comme la conséquence d'une fiche
Chapitre 1 : Le Briovérien, les techniques de soutènement et leur conception
35
insuffisante (dans ce cas on aboutit au pivotement de la paroi autour d'un axe située au-dessus du pied
de paroi et une rupture du terrain) soit la conséquence d'une inertie de la paroi insuffisante (dans ce cas
on aboutit à une rupture structurelle de la paroi). Dans le cas d'un rideau non ancré et en considérant
un milieu homogène et pulvérulent, on considère le diagramme présenté sur la figure 4.2.
Les sollicitations mécaniques dans la paroi à la profondeur d, le moment fléchissant M et l'effort
tranchant T, se calculent selon les formules présentées respectivement dans les équations 4.5 et 4.6
(cas général avec nappe affleurant au niveau du terrain naturel).
= ∫
++ − − (4.5)
Soit la différence entre le moment généré par la poussée et celui généré par la butée.
= = ∫
+− (4.6)
Pour déterminer la fiche (unique inconnue du problème de stabilité) minimale de la paroi aboutissant à
sa stabilité, c’est à dire où les forces de poussée et de butée s’annulent parfaitement, il faut résoudre
l'équation M(f
r)= 0 avec f
rla fiche réduite telle que présentée sur la figure 4.2.
Figure 4.2 Diagramme des efforts s’exerçant sur la paroi (en vert la pression de butée et en rouge la
pression de poussée). H : hauteur soutenue, f : fiche, f
0: fiche minimale sous le point de pression
différentielle nulle nécessaire à l’équilibre des moments en pied de l’écran, e : point de pression
nulle, fr : fiche réduite, C : contre butée (modifiée d’après Costet et Sanglerat, 1983)
En déterminant la position e du point de pression nulle, c'est à dire le point où la pression générée par
la poussée des terres et celle générée par la butée des terres sont égales, on peut en déduire,
connaissant f
r, la valeur de f
0et calculer enfin la fiche totale selon l'expression suivante : f = e + 1,2f
0.
Après avoir réalisé cette vérification de la stabilité générale du soutènement vis-à-vis de la rupture du
terrain, il ne reste plus qu’à vérifier la résistance structurelle du rideau.
Chapitre 1 : Le Briovérien, les techniques de soutènement et leur conception
36
4.2.2 Dimensionnement d’une paroi avec ancrage
Dans le cas de certains soutènements de grande hauteur, dans des terrains peu cohérents ou en
présence d'ouvrages mitoyens limitant les déplacements admissibles, la fiche seule ne suffit pas à
assurer la stabilité du soutènement. Il est alors nécessaire d'ajouter un (ou plusieurs) appui
supplémentaire (prenant la forme de tirant ou de buton) et qui est mise en place à un (ou plusieurs)
niveau de la paroi.
4.2.2.1 Rideau ancré, simplement buté en pied
Il s'agit du cas où la fiche de la paroi n'est pas très importante et nécessite donc la mise en place d'un
ancrage pour assurer la stabilité générale du soutènement. Les deux inconnues du problème sont la
longueur de la fiche et la force d’ancrage nécessaire. La situation présentée sur la figure 4.3 est
considérée.
Figure 4.3 Soutènement avec ancrage simplement buté en pied. H : hauteur soutenue, f : fiche, A :
force d’ancrage (modifiée d’après Costet et Sanglerat, 1983)
δe moment fléchissant et l’effort tranchant dans la partie en fiche sont exprimés dans l’ensemble
d’équations (4.7) et (4.8).
= ∫
++ − − − + (4.7)
Différence entre le moment dû à l’action déstabilisante (poussée) et le moment dû aux actions
stabilisantes (butée et ancrage).
= − =∫
+− − (4.8)
δes inconnues à déterminer pour vérifier la stabilité de l’ouvrage sont la fiche et la force d’ancrage.
Celles-ci sont déterminés à partir de la résolution des équations suivantes : T(a)=0 et M(f)=0.
δa résistance structurale de l’écran est déterminée en résolvant T(d
m)=0 afin d’obtenir dmet calculer
ainsi le moment maximum que subit la paroi : M
max=M(d
m).
Chapitre 1 : Le Briovérien, les techniques de soutènement et leur conception
37
4.2.2.2 Rideau ancré et encastré en pied
C'est le cas le plus complexe que l'on peut traiter en utilisant la méthode de l'équilibre limite. Dans ce
cas, trois paramètres sont inconnus (la fiche, l'effort dans l'ancrage et la force de contre butée) alors
que seule deux équations sont disponibles pour la résolution (une équation sur le moment et une
équation sur l’effort tranchant). Pour la résolution du problème, il est donc nécessaire d'ajouter une
donnée supplémentaire. La méthode usuelle (méthode de la poutre équivalente, Blum, 1931) consiste
à faire l'hypothèse d'un appui fictif au point de moment nul, en considérant, que ce point de moment
nul coïncide avec le point de pression nulle. L'instabilité se développe par pivotement de la paroi
autour du point de fixation de l'ancrage et au niveau de la fiche. Le cas d'un rideau encastré en pied
avec un ancrage est présenté sur la figure 4.4.
Figure 4.4 Soutènement avec ancrage encastré en pied (d’après Blum, 1931). H : hauteur soutenue, f :
fiche, e : point de pression nulle, f
0: fiche minimale sous le point de pression différentielle nulle
nécessaire à l’équilibre des moments en pied de l’écran, fr : fiche réduite, C : contre butée, A : force
d’ancrage.
La connaissance de la position du point de moment nul permet donc de simplifier le problème en se
ramenant à l'étude de deux tronçons isostatiques assimilables à deux poutres sur appuis juxtaposées
(tronçon allant de la tête de paroi jusqu’à la profondeur e et de e jusqu’en pied de paroi). δa résolution
de l'équilibre en moment de chaque tronçon est faite séparément.
4.2.3 Conclusion
Cette première partie permet de se rendre compte des limites du dimensionnement de soutènement par
la méthode de l'équilibre limite. En effet, cette technique est avant tout destinée à des cas simples ou à
un prédimensionnement rapide d'ouvrage. Elle ne permet pas de prendre en compte d'interaction
sol-structure, ni la présence de discontinuités ou le caractère anisotrope des terrains soutenus. Cette
méthode de calcul est néanmoins rendue obligatoire par la norme NF-P94-282 pour la vérification de
la stabilité d’écrans autostables ou avec un niveau d’ancrage. Pour les parois présentant un ou
plusieurs niveaux d’appuis (buton, tirant), le dimensionnement se fait, dans la majorité des cas, par la
Chapitre 1 : Le Briovérien, les techniques de soutènement et leur conception
38
4.3 Dimensionnement d’une paroi par la méthode du coefficient de réaction
La méthode de calcul au coefficient de réaction est basée sur la théorie de Winkler (1867). Le principe
repose sur le fait que la réaction d'un solide par rapport à un autre correspond à un profil de pression
dont l'intensité est directement proportionnelle au déplacement de la surface d'interaction de ces deux
solides. En conséquence, l’interaction entre ces deux solides peut être modélisée par une rigidité. En
transposant ce concept au domaine des soutènements, cela signifie que la pression horizontale du sol
sur la paroi est proportionnelle au déplacement horizontal de cette dernière. Le coefficient de
proportionnalité entre ces deux grandeurs est appelé le coefficient de réaction du sol. L'utilisation de
cette méthode pour le dimensionnement des soutènements a longtemps été limitée par deux
problèmes : la définition du coefficient de réaction qui est, aujourd'hui encore, sujette à débat (Simon,
1995 ν même si une formulation a été retenue pour la norme d’application nationale des Eurocodes
pour les écrans de soutènement) et une réalisation aisée des calculs qui n'a été permise que par
l'apparition du calcul informatique.
4.3.1 Présentation de la méthode de calcul au coefficient de réaction
L'objectif de cette méthode est de vérifier que la déformée de la paroi est dans un état d'équilibre qui
est compatible avec les différents paramètres du problème: rigidité de la paroi, pression exercée par le
sol sur la paroi, présence de butons ou de tirants, présence d'une nappe... Dans ce type de calcul, le sol
est modélisé comme une succession d'appuis élastiques de raideur k
hqui correspond au coefficient de
réaction horizontal du sol. Le phasage des calculs doit correspondre au phasage prévu des travaux afin
de réaliser les calculs dans les conditions les plus proches possibles de la réalité. Dans le calcul, la
réalisation de la paroi avant excavation est supposée ne pas modifier les contraintes initiales dans le
sol et que la déformation initiale de la paroi est nulle. La contrainte horizontale initiale prise en un
point s'exprime alors suivant l'équation 4.9.
�
′= . �
′(4.9)
Avec le coefficient de poussée des terres au repos
Tant que la contrainte horizontale est supérieure à l'état limite de poussée et inférieure à l'état limite
de butée , elle est calculée suivant la relation de Winkler (1867) présentée dans l'équation (4.10).
�
ℎ′= �
′+
ℎ(4.10)
Avec �
′la pression des terres au repos et y le déplacement horizontal au point considéré.
Le coefficient de réaction horizontal k
h(dimension
− −ou kN/m
3en unités du système
international) n'est pas une caractéristique intrinsèque du sol mais un paramètre calculatoire permettant
de relier la pression horizontale du sol au déplacement horizontal de l'écran au même niveau par la
relation 4.11 (voir également la figure 4.5).
Chapitre 1 : Le Briovérien, les techniques de soutènement et leur conception
39
Figure 4.5 Schéma du déplacement de la paroi (Corté, 1979)
Le terrain est assimilé à une succession d'appuis élastiques de raideur k
h.
La méthode de calcul au module de réaction consiste donc à considérer le soutènement comme une
poutre sur une succession d’appuis élasto-plastiques. Dans le cas d’une poutre élastique, cette loi
d’interaction simple conduit à l’équation différentielle (4.12):
� = , (4.12)
Cette équation est facilement intégrable numériquement. La méthode de calcul au module de réaction
est intégrée dans les logiciels commerciaux d’ingénierie (RIDτ, KRea, …) et est ainsi largement
utilisée dans les bureaux d’étude.
4.3.2 Détermination du coefficient de réaction horizontal
Le module de réaction dépend en théorie de plusieurs paramètres : des caractéristiques intrinsèques du
sol mais également des caractéristiques de la paroi (longueur de la paroi, produit d'inertie EI), de la
profondeur et de la présence de tirants ou de butons à la phase de calcul considérée. Il est toutefois
supposé indépendant de la pression appliquée sur la paroi et souvent considéré comme étant constant
dans une même couche de sol.
La détermination du coefficient de réaction est toujours sujette à débat (Simon, 1995) du fait qu'elle
est davantage basée sur le retour d'expérience sur le comportement d'ouvrages déjà réalisés, que sur
des théories scientifiques irréfutables (Vezole, 1995).
Les principales méthodes de calcul utilisées pour calculer le coefficient de réaction d'un sol varient
fortement, d'un auteur à l'autre et sont présentées dans les paragraphes qui suivent.
Chapitre 1 : Le Briovérien, les techniques de soutènement et leur conception
40
4.3.2.1 Méthode de Ménard et Bourdon
La formule qui a longtemps été la plus utilisée, car s'appliquant à tous les cas de figures à l'exception
des phases de mise en précontrainte des tirants, est celle établie par L. Ménard et al. (1964) et
présentée en (4.13).
ℎ
= [
�.+ .
�] (4.13)
Avec :
α le coefficient rhéologique du sol selon εénard (les valeurs de ce coefficient sont présentées dans le
tableau 4.1 pour les sols et 4.2 pour les roches).
a est la hauteur sur laquelle le sol est sollicité en butée par l’ouvrage et que εénard évalue
forfaitairement à 2/3 de la fiche du rideau.
� est le module pressiométrique exprimé en MPa.
Tableau 4.1 Valeur du coefficient rhéologique suivant le type de sol
Type Tourbe Argile Limon Sable Gravier
α E
M/pl α E
M/pl α E
M/pl α E
M/pl α
Surconsolidé ou
très serré - >16 1 >14 2/3 >14 ½ >14 1/3
Normalement
consolidé ou
normalement
serré
1 9-16 2/3 8-14 ½ 8-14 1/3 8-14 ¼
Sousconsolidé
altéré et remanié
ou lâche
- 7-9 ½ 5-8 ½ 5-8 1/3 - -
Tableau 4.2 Valeur du coefficient rhéologique pour les roches
Rocher
Type α
Très peu fracturé 2/3
Normal 1/2
Très fracturé 1/3
Très altéré 2/3
4.3.2.2 Méthode de Balay
L'expérience acquise au fur et mesure de la réalisation de soutènements a permis d'affiner la
formulation de Ménard afin de mieux correspondre aux observations des ouvrages réels. La
formulation proposé par Balay (1984) est la même que celle de Ménard mais le paramètre a devient
variable (voir la figure 4.6) et l'on considère le module pressiométrique moyen sur la longueur a.
Chapitre 1 : Le Briovérien, les techniques de soutènement et leur conception
41
Figure 4.6 Valeur du paramètre a en fonction de la géométrie du problème (Philipponat, 1979)
4.3.2.3 Méthode de Schmitt
Schmitt (1995) a démontré, pour des valeurs du paramètre a supérieures à 2 m, que la formule de
Ménard est quasiment équivalente à la relation (4.14):
ℎ
=
.�(4.14)
Le suivi d'ouvrages réels a permis à Schmitt de formuler une expression de a reliée aux
caractéristiques de la paroi et définie comme présenté en (4.15).
= min [ � ℎ ; , �
� ,] (4.15)
Le calcul du coefficient de réaction dans le cas général s’effectuant avec la formule (4.16).
ℎ
= ,
⁄�(4.16)
Avec EI le produit d’inertie de l’ouvrage de soutènement.
Cette formulation pour déterminer le coefficient de réaction du terrain présente l’intérêt de prendre en
compte l’inertiede la paroi dans le calcul (via le terme EI). δa prise en compte de l’inertie de la paroi
dans le calcul est en effet considérée comme étant indispensable par certains auteurs (Dhouib, 1995).
Cette formulation est celle qui a été retenue dans les règlements européens, notamment l’Eurocode 7
désormais d’application pour le calcul des soutènements avec un ajustement qui fait passer le
coefficient 2.1 (de l’expression 4.16) à 2.
4.3.2.4 Méthode de Chadeisson
Une méthode alternative pour calculer le module de réaction du sol a été proposé par Chadeisson dans
les années 1970 et est utilisée depuis par les professionnels. Cette formulation, qui s'applique
principalement aux soutènements réalisés en paroi moulée, s'affranchit de l'utilisation de la fiche et est
reliée uniquement aux paramètres du critère de Mohr-Coulomb que sont la cohésion et l'angle de
frottement en conditions drainées notées respectivement C’ et φ’. δa formulation de Chadeisson se
Chapitre 1 : Le Briovérien, les techniques de soutènement et leur conception
42
chantiers instrumentés. Cet abaque a été publié par Monnet (Monnet, 1994) qui en a proposé une
formulation analytique présentée au travers de l’équation (4.17).
ℎ
= ( − ) [ � . (
��
) ] +
′ℎ��′
��
(4.17)
Avec :
γ : Poids spécifique du sol.
: Coefficient de butée
: Coefficient des terres au repos
�
: Déplacement caractéristique lié à l’angle de frottement interne du côté de la poussée.
: Déplacement caractéristique lié à la cohésion du côté de la poussée.
C’ : Cohésion drainée
: Terme de cohésion
: Cohésion de référence
Figure 4.7 Abaques de Chadeisson (tiré du manuel d’utilisation de K-Rea)
4.3.2.5 Conclusion
Cette partie a permis de présenter les différentes méthodes disponibles pour calculer le coefficient de
réaction d'une couche de terrain. Pour un même terrain, l’utilisation de l’une ou l’autre de ces
Chapitre 1 : Le Briovérien, les techniques de soutènement et leur conception
43
méthodes conduit à des valeurs du coefficient de réaction très variables. De plus, la limitation de
l’utilisation de cette méthode pour des terrains anisotropes, tels que les schistes du Briovérien, apparaît
clairement puisqu’elle ne permet pas de prendre en compte une éventuelle anisotropie du terrain. Le
calcul au coefficient de réaction demeure néanmoins la méthode la plus couramment utilisée en
France. Les dimensionnements réalisés avec cette méthode se sont révélés être fiables dans la mesure
où aucun incident majeur n’a été observé sur des chantiers de soutènement qui soit imputable au
principe du calcul en lui-même. Toutefois, depuis maintenant plusieurs années le calcul de
soutènements par la méthode des éléments finis se développe particulièrement pour les projets
complexes ou à risques importants et pour lesquels une modélisation par la méthode du coefficient de
réaction ne permettrait pas de prendre en compte tous les éléments influents du projet. En effet, la
modélisation aux éléments finis permet (notamment en 3D) de se rapprocher au plus près des
conditions réelles du projet (géométrie, conditions limites, modèles de sol utilisés variés...). Le calcul
de soutènements par la méthode des éléments finis est donc aborder dans la dernière partie de ce
chapitre.
4.4 Dimensionnement de soutènements par la méthode des éléments finis
Les premiers travaux sur l'utilisation de la méthode des éléments finis pour le calcul géotechnique et
plus précisément pour les soutènements, datent du début des années 1970 (Clough et Duncan, 1971).
Toutefois, leur utilisation de manière plus intensive dans les bureaux d'études pour le calcul de
soutènements n'a vraiment débuté que dans les années 1990 avec le développement de l'informatique
et de la puissance de calcul des ordinateurs nécessaire à l’utilisation de la méthode des éléments
finis. Le recours à cette méthode pour le dimensionnement de parois de soutènement dans les projets
classiques reste toutefois limitée dans la mesure où la méthode au coefficient de réaction lui est
souvent privilégiée du fait de sa plus grande simplicité d'utilisation (moins de données nécessaires,
modélisation plus rapide...). Néanmoins, pour les projets plus complexes la méthode aux éléments
finis permet une modélisation plus fine du problème que la méthode au coefficient de réaction. Dans
cette partie, les points importants d’une modélisation éléments finis sont tout d’abord présentés avant
de poursuivre avec le modèle de comportement du sol le plus couramment utilisé.
4.4.1 Points clés de la modélisation éléments finis
A l'inverse de la méthode au coefficient de réaction où la géométrie du problème n'est pas
rigoureusement prise en compte, à l’exception éventuellement de celle de l’écran via le coefficient de
réaction, la modélisation éléments finis permet de la prendre en compte (géométrie complète pour une
modélisation 3D, calcul en déformations planes dans le cas d'une modélisation 2D).
Dans le document
Etude du comportement mécanique des terrains anisotropes lors de travaux de génie civil
(Page 39-200)