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3. Méthodologie

3.6. Difficultés rencontrées et limites

Comme dans toute recherche, j’ai dû accepter de travailler avec certaines contraintes et j’ai rencontré plusieurs difficultés. Je traiterai de celles-ci, car il me semble qu’il est nécessaire d’expliquer en quoi ma recherche a pu être limitée par elles et il m’est évident qu’avec d’autres contraintes et obstacles, ma recherche n’aurait pas du tout été la même.

Ainsi, je dirais que ma plus grande difficulté a été au niveau du recrutement de participants, ce qui a une influence énorme sur la collecte de données, donc sur les résultats de la recherche. Au début de mes tentatives de recrutement, je comptais beaucoup sur la coopération d’associations pour rejoindre directement ma population cible en grand nombre et rapidement. Après plusieurs appels et envois de courriels qui n’ont pas vraiment reçu d’attention, j’ai dû me rendre à l’évidence que je devais me débrouiller autrement pour trouver des participants et que je ne recevrais pas d’aide de la part des associations. Après avoir commencé ma collecte de données, je suis aussi allée rencontrer un médecin qui fait de la recherche sur une de mes populations en espérant, entre autres, pouvoir accéder à sa banque de participants. Je croyais que cette rencontre m’aiderait à surmonter les difficultés

de recrutement de participants et obtenir une collaboration à d’autres niveaux aussi. Malheureusement, cette tentative n’a pas porté fruits.

Donc, j’ai trouvé tous mes participants grâce à mes contacts personnels (amis, famille et collègues). J’ai réussi à obtenir un nombre raisonnable de participants, même s’il est en dessous de celui que je visais. À travers mes contacts personnels, j’ai clairement vu qu’il manquait d’incitatifs pour susciter ou augmenter l’intérêt de certaines personnes qui auraient pu participer à ma recherche. Si j’avais eu accès à des fonds de recherche quelconques pour octroyer un petit montant compensatoire à la participation, je crois que j’aurais eu plus de facilité à effectuer mon recrutement (quoique cela pose des problèmes éthiques particuliers). La réalité est telle que beaucoup de gens n’ont pas envie de donner une heure ou deux de leur temps sans compensation financière, même si c’est pour aider les étudiants à accomplir la recherche qui est nécessaire pour l’obtention de leur diplôme. La conséquence de mes limites financières et de mes difficultés au niveau du recrutement est que je n’ai pas eu autant de participants pour ma recherche que ce que j’aurais souhaité.

Une autre limite s’est imposée d’elle-même dès le début de ma recherche et de mon recrutement de participants : le transport. Il y a plusieurs personnes qui m’ont été suggérées pour participer à ma recherche et que je n’ai pas pu inclure puisque je n’ai pas accès à une voiture et qu’elles habitaient en dehors de Montréal. Il m’était impossible d’aller les rencontrer et de faire leur entrevue, donc j’ai automatiquement refusé les personnes qui vivaient en dehors de Montréal ou qu’il était impossible de rencontrer à Montréal.

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Aussi, j’ai me suis rendue compte qu’il était plus difficile, au niveau du recrutement, de trouver des adultes vivant avec des allergies alimentaires sévères, que d’en trouver avec la maladie cœliaque. J’ai été plutôt surprise de ce constat, puisque je m’attendais à l’inverse. Cette difficulté découle probablement d’une réalité statistique, mais il est possible aussi que cette population ressente moins le besoin de partager un vécu qui est mieux connu de la masse, contrairement aux cœliaques dont la maladie en soi est encore très peu connue du grand public.

Sinon, ma recherche est aussi limitée dans le temps pour deux raisons. Premièrement, étant une recherche de maîtrise, j’ai une limite de temps pour terminer mes études, ce qui m’a forcée à circonscrire ma collecte de données et ma rédaction dans un temps donné et m’a empêchée de pousser le tout plus loin. Aussi, quoique n’ayant pas manqué de disponibilités pour faire mes entrevues, je suis fortement limitée dans mon temps de travail à la maîtrise parce que je ne suis pas seulement étudiante à la maîtrise, mais j’occupe également un emploi à temps plein dans un autre secteur de recherche.

De plus, j’ai éprouvé de la difficulté au niveau de ma recherche littéraire. Il semblerait que la plupart des recherches ayant été faites sur la maladie cœliaque ou les allergies alimentaires portaient presque uniquement sur la nature médicale de ces conditions. Même en ce qui a trait à d’autres conditions ou maladies qui impliquent l’alimentation, je n’ai trouvé que très peu d’information concernant l’impact sur les relations sociales. C’est ainsi que je me suis majoritairement fiée à mes données d’entrevues pour forger mon mémoire.

Pour l’instant, je n’ai pas encore été tellement confrontée à la perception que les autres disciplines se font de l’anthropologie, mais ma rencontre avec le médecin chercheur m’a montré que la vision des autres pouvait aussi être une difficulté. J’ai compris qu’il était souvent difficile pour les anthropologues de faire valoir leur recherche et leur approche en dehors du milieu des sciences sociales (Fortin 2010). Si un anthropologue fait une recherche qui ne nécessite aucune collaboration pluridisciplinaire, ce n’est pas vraiment un problème, mais lorsqu’on recherche une collaboration extérieure, cette difficulté fait partie de la réalité. Les connaissances acquises par le biais des sciences pures et de leur approche me semblent être acceptées d’emblée par le commun des mortels, alors que l’anthropologie doit encore se battre pour se faire reconnaître en tant que science légitime et pour que notre approche ne soit pas automatiquement discréditée.

Compte tenu des difficultés que j’ai rencontrées lors du recrutement de participants, je n’ai pas pu respecter entièrement la méthodologie que j’avais prévue pour ma recherche. Le nombre de participants est différent de celui que j’avais prévu, ce qui affecte la représentativité de ma recherche. Encore une fois, étant une recherche de maîtrise et possédant des moyens limités, on pourrait affirmer à la base que l’échantillon dont j’avais prévu disposer ne serait pas représentatif de la population que j’étudie. Toutefois, en ayant accès à un échantillon plus petit que je ne l’avais espéré, la représentativité s’en retrouve d’autant plus diminuée. L’analyse que j’en ferai ne pourra donc pas être reprise et appliquée de manière générale. Mon travail sera le résultat de l’analyse de mes résultats compte tenu de toutes les limites et difficultés que j’aurai rencontrées.

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Au-delà des limites et difficultés énumérées précédemment, j’ai aussi été limitée dans mes capacités à mener à bien cette recherche parce que mes connaissances dans le domaine de l’anthropologie de la santé et de l’anthropologie médicale étaient minimes lorsque je me suis lancée dans ce projet. J’ai décidé aussi d’être sous la direction d’un excellent professeur, mais dont les domaines de prédilection sont plutôt le changement social et culturel ainsi que le Japon. Quoique m’offrant de très bons conseils et un soutien académique extraordinaire, mon directeur n’avait pas la possibilité de me mettre en contact avec des gens qui auraient pu m’offrir des ressources supplémentaires ou avec des gens qui auraient pu me servir d’informateurs, puisque mon sujet de recherche n’est pas dans tellement relié à ses spécialités. Par contre, il m’a fortement encouragée et supportée dans mes démarches pour développer des contacts. Il a fait tout ce qui était en son pouvoir pour augmenter mes possibilités d’obtenir la collaboration de personnes à l’extérieur de notre champ d’études. Il ne pouvait pas non plus me recommander des lectures dans un domaine qui n’était pas le sien, mais il m’a dirigée vers les personnes qu’il pensait susceptibles d’être capables de m’aider. Ainsi, cette limite n’est pas négative en soi, mais elle a certainement fortement influencé l’angle sous lequel j’aborde et j’analyse mon sujet d’étude.